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Je n'avais jamais osé lire Marguerite Duras. "Le vice-consul" est mon 1er essai, et il est très concluant. C'est magnifiquement écrit. Ce livre est réputé être un des plus complexes et opaques de Marguerite Duras. Personnellement, je ne l'ai pas du tout trouvé difficile. Il faut juste accepter de quitter les standards de l'écriture et se laisser bercer par la plume de l'écrivaine, comme une plume promenée au gré du vent. Magnifique lecture que je conseille. J'en redemande.
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Toujours dans mon obsession de Duras, ce livre était le prochain gros ouvrage de ma visée. J'en avais bien entendu parler de multiples fois, mais toujours sous un signe d'étrangeté, et je voyais bien la récurrence qu'il avait dans l'Oeuvre de son auteure, et donc son importance. Je le possède depuis de très nombreux mois, mais j'ai toujours été quelque peu effrayé pour me lancer à sa découverte. Je me suis décidé car je compte l'étudier pour un mémoire de recherche (entouré d'autres oeuvres de l'auteure), il fallait donc bien que je m'y mette un jour où un autre, presque dos au mur. Je me suis alors lancé dans une aventure absolument étouffante de dénonciations et de prises de position. D'un côté, le monde de la mendiante de Calcutta, de la lèpre, de la faim et de la chaleur ; de l'autre côté, le monde des diplomates, dans le désir, l'oisiveté, la mondanité et le rafraichissement. Il y a en ce livre des figures récurrentes dans l'oeuvre de Marguerite Duras, tant immatérielles qu'humaines : le désir, Anne-Marie Stretter, Michael Richard, le Gange… Il y a en ce roman bon nombre de choses très intéressantes à analyser : il y a des digressions linguistiques, de ponctuation, narratives… le but de ce livre est de clairement déjouer les attentes des lecteurs et lectrices, car s'il y a bien un sens de lecture et de compréhension, rien n'a de fin, et tout est statuaire, comme figé, on assiste à des scènes qui servent à donner un mot d'ordre à l'ensemble, mais il ne faut pas comprendre cette oeuvre comme quelque chose avec un début et une fin. C'est un livre presque sociologique, où les personnages de différents milieux sociaux et différentes classes ne font que s'observer et se poser des questions par rapport à l'autre. Qui sont les gens qu'on observe en question ? Pourquoi la mendiante à l'air si heureuse, dans la chaleur étouffante de la nuit, à même le sol des fleurs, dans la lèpre, à chanter dans le Gange ? se demandent les diplomates qui l'observent depuis leur fenêtre à l'ambassade. Pourquoi leur vie si flamboyante semble si solitaire, dans une réception festive et mondaine, à l'ambassade de France à Calcutta ? se demande la mendiante qui les observe depuis la rue. Tout est une question de classe, comme cela n'est qu'un prétexte pour conter les destins. Ces destins n'ont d'ailleurs rien de spécial, c'est une confrontation entre la pauvreté qui frôle le bonheur d'absence et la convenance du statut qui complique tout. Il y a également beaucoup de désirs, dans ce livre, et j'ai trouvé très forte cette figure d'Anne-Marie Stretter, qui reste si mystérieuse alors qu'on connait toute sa vie, et qui représente tout ce qu'il y a de plus charnel mais en même temps de réservé. Tout gravite autour d'elle, même la mendiante de Calcutta, elles se connaissent, et en même temps non. La mendiante reste sur le côté, mais elle est importante également ; elles sont les deux pôles de cette histoire qui n'a ni début ni fin. C'est, je pense, pour cela que je n'ai pas réussi – en haut de cet article – à disposer de sous-genres convenables pour ce roman, car il n'en a pas. Et je n'ai su écrire de mise en situation, j'ai dû disposer de la quatrième de couverture puisque je ne saurais absolument pas résumer ce texte, et je ne saurais pas dire de quoi il parle. Parce que tout est déjoué, toutes les attentes des lecteurs sont fichées et disparues : de l'amour qui reste statuaire, des désirs qui ne sont que très rarement exaucés, des personnages qui restent inactifs, des horreurs faites par le vice-consul de France à Lahore qui ne seront résolus, des destins immobiles.

Au gré de ce roman qui n'a ni début ni fin, les caractères se dévoilent. Anne-Marie Stretter qui représente le désir, la mendiante qui statue dans le délire : voici les deux pôles de lecture du roman. C'est une confrontation entre les classes et milieux, mais en même temps… ce n'est rien de tout cela. C'est au fil des actions que l'on se rend compte que c'est un portrait immobile que nous dresse l'auteure. {19}
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Le vice-consul débute sur l'errance d'une adolescente, répudiée par sa famille pour être tombée enceinte, et qui va entreprendre un périple de dix ans de sa Thaïlande natale au bord d'un lac, pour les ombrages des arbres où dorment les lépreux, sous les fenêtres de l'ambassadeur de France à Calcutta. Taraudée par la faim, une vilaine blessure au pied, elle abandonnera son enfant et laissera sa raison et ses cheveux sur le bord du chemin. Plus avant, on découvre la figure d'un vice-consul que le comportement inquiétant et la personnalité erratique durant l'exercice de ses fonctions à Lahore, ont rendu impossible le maintien à son poste. Il attend que le représentant des autorités française à Calcutta décide de son sort pendant qu'il est l'objet de la curiosité de la communauté d'expatriés de la capitale du Bengale-Occidentale qui le tient à l'écart. Il a pour seul confident le directeur du Cercle européen. Une soirée à l'ambassade à laquelle il sera étrangement convié sera l'illustration de l'ostracisme dont l'énigmatique vice-consul est l'objet et le théâtre de ses déportements.

Le vice-consul, après une entrée en matière poussive tendant à rendre les divagations sans but d'une âme en peine, devient relativement plus intéressant, avec le portrait du singulier personnage que dressent les personnes qui l'entourent, tout particulièrement lors de la soirée où les commentaires indiscrets circulent sur son compte, alors qu'il reste en retrait, regardant avec fascination l'épouse de l'ambassadeur. C'est, à ce jour, la moins pénible de mes lectures de Marguerite Duras que je ne persiste pas à comprendre. Non que ses textes soient particulièrement compliqués, mais son univers reste elliptique et allusif. Son succès et l'aura d'artiste dont elle est entourée demeure pour moi un mystère.
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C'est du Duras , dès les premières lignes , on lit en musique et on sent les odeurs du Vietnam .
c'est un film , une émotion .
On voudrait tout savoir de se vice-consul , ce qui lui est arrivé pourquoi il crie toutes ses nuits mais rien n'est dit tout est suggéré , soufflé.
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"Le Vice-Consul" peut se diviser en trois parties – un roman cyclique :

- 1er mouvement : Chap. 1 à 11 –

- 2ème mouvement : Chap. 12 à 16 –

- 3ème mouvement : Chap. 16 à 21 -

– le lieu de début de fin est également similaire :

C'est un récit composite où les voix finissent par s'entremêler.
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Pas le livre de Marguerite Duras que j'ai préféré.
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Un vice consul de France, déplacé de Lahore à Calcutta.
Des tirs du balcon vers les jardins de Shalimar, refuge de lépreux et de chiens.
Une beau personnage de femme Anne-Marie Stretter, un air Indiana'song, des souvenirs de Venise, la chaleur suffocante, le delta, etc.
Un ensemble, des personnages, que l'on retrouvera, comme d'incertaines variations, inscrites sur pages, d'autres livres de Maguerite Duras. Une écriture et une ambiance lancinante comme ce chant de Savannakhet
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J ai lu ce livre 2 fois à 20 ans d intervalle, et j ai été ceux fois envoûté par l écriture de Duras, et cette histoire vaporeuse aux Indes
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J'ai retrouvé ici le style parfois alambiqué de Duras. Il m'a même fallu relire une phrase pour la comprendre, comme si l'auteur voulait nous perdre dans le méandre de ses phrases, comme se perd la mendiante:
N'a-t'elle pas marché davantage avant de trouver le fleuve qu'elle n'a marché en le suivant pour retrouver le nord?
Ce désir de nous perdre par la plume me semble être au coeur du roman même. Si le titre semble mettre le vice-consul au centre de l'histoire, il ne m'a pas semblé plus important dans le roman que la mendiante ou Anne- Marie; si on sait qu'il a un passé trouble, on n'apprend rien de ce qu'il a fait, si Anne-Marie Stretter est si triste, on n'en comprendra pas la raison, tout comme on ne comprendra pas vraiment le lien qui semble se tisser entre elle et le vice-consul sans que rien ne se produise réellement. Et puis, il y a ces passages entre le vice-consul et le directeur qui m'ont laissée dubitative. Duras oppose avec talent les espaces infinis de l'Indochine que traverse la mendiante aux villes indiennes étouffantes dans lesquelles vivent ambassadeur et vice-consul. Je vais encore avoir besoin de quelques romans pour totalement apprivoiser son univers. Peut-être que ce roman est en fait un tableau fragmentaire d'impressions vécues par Duras lors de sa vie en Orient puisqu'il semble qu'elle ait été obsédée par la vision réelle d'une mendiante vendant son enfant.
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