Roman de
Marguerite Duras publié en 1993, "
Yann Andrea Steiner" est d'abord une histoire autobiographique puisqu'elle commence par sa rencontre avec Yann, sont dernier amant qui l'a accompagnée durant 16 ans, jusqu'à sa mort.
Les lettres qu'ils ont échangées sont reprises dans le livre. Elles servent de matière à la création du personnage fantasmé de Yann Levée, devenu
Yann Andréa, dorénavant héros littéraire :
Yann Andréa Steiner.
Leur histoire est hors du commun. Ils ont 38 ans d'écart et il est homosexuel mais on ne doute à aucun moment de leur relation passionnelle.
Cela s'est passé l'été 80 et comme un prolongement de leur rencontre, c'est l'écriture qui devient le sujet du roman.
D'ailleurs, le livre trouve ses sources dans des textes qui datent de l'époque de leur rencontre, notamment ceux de "L'été 80" qui est un recueil des chroniques quotidiennes que
Marguerite Duras a publiées durant cet été là dans le journal Libération. Il y a l'enfant aux yeux gris des colonies de vacances, la plage de Trouville, la monitrice qui raconte des histoires... On retrouve aussi la guerre et la déportation des juifs, thème qui a beaucoup marqué
Duras.
Ces différentes histoires imbriquées peuvent perturber le lecteur mais elles restent dans la lignée de toute son oeuvre.
J'avait déjà lu ce roman au moment de sa parution mais j'avais besoin de cette nouvelle lecture pour me remémorer le passage concernant Capri, la chanson d'
Hervé Vilard que
Duras adorait, puisque je viens d'y aller en vacances. Elle disait que c'était la plus belle chanson d'amour. Ici elle l'évoque comme le fond sonore d'une fête d'été, quand
l'amour est la chose la plus importante du monde : "Quelquefois c'est au bord de la mer. Quand la plage se vide, à la tombée de la nuit. Après le départ des colonies d'enfants. Sur toute l'étendue des sables tout à coup, ça hurle que Capri c'est fini. Que C'ÉTAIT LA VILLE DE NOTRE PREMIER AMOUR mais que maintenant c'est fini. FINI.
Que c'est terrible tout à coup. Terrible. Chaque fois à pleurer, à fuir, à mourir parce que Capri a tourné avec la terre, vers l'oubli de
l'amour."