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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel mélimélo que ce livre là...
En cours de lecture, je suis revenue aux premières pages pour constater qu'il est bien étiqueté roman, quand il s'apparente pour moi à un recueil de nouvelles ou de 'je ne sais pas quoi" !
Un peu compliqué d'en trouver le fil rouge...
Heureusement, l'élégance narrative de Benoît Duteurtre est bien présente dans cette façon de mettre en scène des petites histoires de rencontres, de ressentis et de réflexions sur le monde qui l'entoure.

Il nous propose son propre constat, à la fois triste et clairvoyant, de la condition humaine, depuis la naissance jusqu'à l'inéluctable finalité. C'est un peu perturbant de suivre sa condamnation argumentée sur la nécessité de procréer, et son interrogation sur une existence, si belle soit-elle, qui inflige une punition si radicale. La nostalgie se glisse aussi dans le regret de sociétés qui se transforment, des êtres qui disparaissent, des habitudes qui évoluent.

L'ensemble est donc un peu fourre-tout mais chaque thématique est un plaisir de lecture, porté par un ton gentiment ironique et décalé. J'ai particulièrement apprécié son expérience de croisiériste de masse, confronté à l'universalité de la langue anglaise .

Passéiste, notre auteur? Réfractaire aux mutations? Sans doute car il semble ne pas s'en cacher. Accroché à ses souvenirs et aux petits bonheurs, il vitupère élégamment, agacé ou amusé. Et n'en reste pas moins un amoureux de la vie.
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Livre pour adultes : ce titre bien mystérieux cache-t-il quelque propos licencieux ? Non, pas du tout ! le sujet est tout autre et le voici : avant… disons approximativement… cinquante ans (je ne veux vexer personne !), on vit plutôt tourné vers l'avenir, on a du temps devant soi (ou on croit en avoir), des projets en nombre, des illusions, beaucoup d'illusions même, on se croirait presque immortel… Ah, vanitas vanitatum !
Et puis, un matin, au lever du lit, quelques douleurs physiques surgissent ici et là qui nous rappellent discrètement que notre corps vieillit. Parents et membres de la famille un peu âgés disparaissent peu à peu, nous laissant vraiment … j'allais dire « adulte ». Est-on d'ailleurs vraiment adulte tant que l'on a ses parents vivants ? Je ne sais pas, je me pose parfois la question.
Tandis que l'on prend de l'âge, le monde autour de nous change au point que l'on se sent parfois légèrement « à côté » et on a vite fait de se sentir « à côté » dans ce monde du numérique, des nouvelles technologies, de la consommation à gogo, de l'invasion des marques, des loisirs-parcs-d'attractions, du tourisme de masse, de l'uniformisation des villes et j'en passe… On sent confusément, au fond de soi, que l'on ne partage pas tout à fait les « valeurs » - si tant est que l'on puisse parler de « valeurs »- du monde qui est le nôtre.
Pour moi, l'expérience fut concrète et en trois points : j'ai commencé par ne plus comprendre les publicités, quel était l'objet vanté et en quoi consistait son usage. Ensuite, dans le cadre du travail, ce sont les sigles que j'ai eu du mal à décrypter jusqu'à ce que je me constitue une espèce de petit lexique auquel que je me reporte quand besoin est. D'ailleurs, je ne l'ouvre plus, considérant que, soit le propos est clair et je le comprends, soit il ne l'est pas et il n'avait qu'à l'être. Enfin, j'ai commencé à recevoir les invitations du Conseil Général de ma région pour aller faire tel et tel examen de santé.
Visiblement, j'étais (je suis) sur la mauvaise pente….
Pour en revenir au livre - mais je ne m'en suis guère écartée -, Benoît Duteurtre dit que c'est une bonne chose que de moins aimer son époque car on ne s'en détachera que plus facilement au moment de la mort. Pourquoi pas ? Il est bon, à défaut d'être croyant, d'être philosophe.
Vieillir, puisque c'est de cela qu'il s'agit, c'est prendre de la distance par rapport au monde, s'amuser de loin de la comédie humaine et par là même, acquérir une certaine sagesse, refuser le rythme effréné de l'existence, accepter que les autres ne soient pas tels qu'on les idéalisait, ne plus chercher à paraître ce que l'on n'est pas, être capable de contempler un paysage ou d'apprécier un bon mets.
Finalement, dommage que la vieillesse ou l'âge mûr ne dure pas plus longtemps car c'est sans doute le moment le plus agréable et le plus reposant de la vie.
Duteurtre a à peu près mon âge (même s'il est un peu plus âgé, je le précise quand même, on a son orgueil !) et donc, son propos m'a « parlé » comme on dit : la disparition ou la maladie des proches, la perte des illusions, l'incapacité à comprendre le fonctionnement souvent absurde et complètement dépourvu de bon sens du monde moderne. (J'aurais une sacrée liste d'exemples à fournir mais je vous en fais grâce !)
Enfant, Duteurtre n'a cessé d'aller pour les vacances dans les Vosges et il évoque de façon très sensible ce monde rural qui disparaît, ces paysans qu'il aimait et qui ne sont plus (extraordinaires propos d'un inspecteur de l'hygiène criant aux oreilles de Josette Antoine, une vieille agricultrice : « Je vous laisse continuer, mais n'oubliez pas que c'est une tolérance. Après, ce sera fini !», nostalgie de voir ces fermes s'effacer du paysage et être remplacées par des élevages intensifs aux NORMES (ah que notre époque aime les normes !) ou par des résidences secondaires très design : « Quand nous avions dix ou douze ans, mon cousin Jean-René, inséparable compagnon des vacances vosgiennes, lisait « le Dernier des Mohicans ». Ce titre me fascinait par son évocation de la fin d'un peuple, processus lent et complexe qui, pourtant, prend chair au moment où disparaît son ultime représentant. Toute notre vie est ainsi jalonnée par les extinctions d'êtres, d'objets, d'habitudes, comme autant de petits mondes qui s'éteignent pour toujours. »
Livre pour adultes évoque le passage, le tournant de la vie, la prise de conscience soudaine qu'il reste moins que plus, quoi qu'on fasse : « J'ai repoussé continuellement l'arrivée du moment où tout bascule, j'ai construit des échafaudages, des armatures, des murailles pour y résister. Évidemment, je suis dans l'erreur, comme ma mère. Car j'ai compris, au fil du temps, que la souffrance et la mort l'emportent toujours in fine. L'adulte sait qu'il court à sa perte et que le monde court à sa perte, lui aussi. Il peut s'enfermer dans le ressassement de la catastrophe à venir, ou tâcher de saisir une lueur d'espoir. Il sait néanmoins que tout cela finira mal. »
Une oeuvre intimiste qui mêle des genres différents : souvenirs personnels, réflexions et petites fictions satiriques qui disent ce qu'est notre monde devenu. Un texte, comme vous l'avez senti, emprunt de nostalgie et de mélancolie face à la disparition de ceux qui nous sont chers, à l'effacement de ce que nous aimions et au vieillissement qui est le nôtre.
Reste que les adultes sont peut-être les seuls capables d'apprécier le simple plaisir d'être avec la personne aimée, de déguster un bon verre de vin en contemplant un ciel étoilé ou de lire tranquillement près d'un feu de cheminée.
Autant ne pas s'en priver…

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Le dernier Duteurtre est un mélange de souvenirs, d'essai, de fiction, teinté de nostalgie et de désenchantement. On y retrouve les thèmes de prédilection de l'auteur de "L'été 76" et des "Pieds dans l'eau" (la famille, la musique, les lieux de villégiature, la critique du monde moderne...). C'est surtout l'oeuvre d'un auteur qui est à un stade de sa vie où il observe et analyse la vieillesse, la déchéance et la mort, avec une grande lucidité d'adulte (d'où le titre du livre). Tant il est vrai qu'il n'y a qu'un sujet sur lequel s'attarder: le temps qui passe... Livre sombre et crépusculaire ? Pas seulement. Il y a également des moments drôles, comme cette histoire du "fou de musique" ou celle de la découverte d'une pseudo tribu primitive. Dans sa liste des plaisirs qu'il déroule dans un chapitre, Duteurtre met au plus haut la nostalgie qu'il juge "un fruit délicieux". On le suit volontiers sur ce terrain-là.
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Adultes, nous prenons la mesure du temps passé, enfui à jamais et enfoui en nous, en sursis. Adultes, nous percevons l'écoulement vers la chute contre lequel nous ne pouvons rien. Enfance et adolescence s'estompent, en accord avec le monde d'alors, un monde qui s'est écroulé et renaît de ses cendres, un autre monde, une autre façon de vivre, une campagne qui se modernise sous le poids écrasant du béton, des fermes qui se transforment en laboratoires, même le temps semble courir plus vite grâce aux réseaux de communication, la rumeur se déploie promptement, la langue se détériore elle aussi, galvaudée, le tourisme de masse altère et abîme, les normes envahissent notre espace vital, oppressantes...
La mère du narrateur s'est éteinte. Elle, qui était la joie de vivre incarnée, s'est consumée doucement perdant peu à peu sa mémoire, ses repères, son enthousiasme. Ses souvenirs et son optimisme lui furent ôtés, avec violence par la maladie d'Alzheimer. La perte d'une mère, la perte d'un monde.
Réminescences personnelles et histoires inventées se chevauchent au fil de ce livre « pour adultes ».
Réflexions et observations sur la vie, la vieillesse et la mort. Un souffle de nostalgie mêlé d'humour et de satire. Les vibrations de la musique, de la poésie et de la nature. Une pointe de polémique, une dose d'ironie et ici et là des absurdités qui jalonnent les existences. Une galerie de personnages tour à tour touchants, drôles, admirables, désenchantés. de la tendresse, de l'autodérision, de la mélancolie.
Un roman où les genres se mélangent, les histoires résonnent entre elles et la vie des gens se fait volontiers miroir. Un roman à l'image de la vie, sinueux, ombreux, lumineux, heureux, facétieux, tumultueux.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Quel drôle de roman!! "éparpillé façon puzzle" aurait pu dire Audiard!! Comme un recueil de nouvelles (plus ou moins régulières quant à leurs contenus) qui ,pourtant , forme un tout cohérent !
Mais il y a ,avant toute chose , le "mode" Duteurtre!! incisif, provocateur, "second degré" ,avec une langue qui roule et coule, mélange réussi de nouveauté et de classicisme....de la bien belle ouvrage, qui ,cependant nous laisse un peu sur notre faim (qu'il est difficile à un grand sensible, tel que lui, de briser la carapace d'humour qui le protège!)
Il m'a semblé, à certains moments , y voir surgir l'ami Desproges , ce tendre aux mots féroces....

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Objet livresque non identifié, ce "livre pour adulte" est un ouvrage bâtard entre le recueil de nouvelles, l'essai ou l'autobiographie, ses genres se croisant au fil des chapitres.

Les thèmes abordés sont multiples :

- le Montmartre d'entant
- Les maisons de retraites et la fin de vie
- Une nouvelle racontant les déboires d'un mélomane au prise avec un musicien de rue
- Un texte misanthrope sur fond de côte Normande
- L'amitié
- Les chanteurs du début du vingtième
- le déclin de la langue Française face à l'hégémonie de l'Anglais
- Un regard désabusé sur le tourisme de masse
- Une nouvelle très bien ficelé sur les contradictions des conservateurs et des progressistes face à une tribu récemment contactée par la "civilisation"
- Les souvenirs d'enfance avec les grands parents
- le déclin de la vie rural Vosgienne, entre suicide paysans, alcoolisme et épiceries
- Un panégyrique de la ferme traditionnel
- Une critique du tourisme de masse
- Une nouvelle sur un milliardaire bunkerisé dans une île privé
- Une réflexion sur la vie et la mort
- Un cimetière pour chien...

Si l'on devait tout réduire à un mot se serait le mot de nostalgie qui viendrait tout de suite à l'esprit. C'est le fil conducteur de tout l'ouvrage. Une sensation que Benoit Duteurtre sait très bien transmettre aux lecteurs qui doit s'accrocher parfois pour ne pas sombrer dans la sinistrose. Heureusement les nouvelles, pleines d'humours redonnent le sourire.
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Un livre sympathique, chatoyant, un brin dandy et souvent candide. Glissant sans plan apparent de la fiction à l'essai ou à l'autobiographie, ce "Livre pour adultes" séduit par sa liberté, son anticonformisme, et n'a d'autres défauts que ceux de ses qualités : nous offrir une échappée nostalgique, vibrante et légère, hors du fatum auquel nous sommes promis, comme individus et comme espèce. Remontant le fil de lui-même et de son époque, l'auteur révèle une pensée circulant en permanence entre tragique et épicurisme, les deux pôles se nourrissant l'un l'autre pour nous offrir cette élégante fantaisie, à la fois tableau d'un radeau de la Méduse et robinsonnade (parisienne, vosgienne ou égéenne) tendre et pétillante. Une écriture limpide, peu apprêtée, pour un livre pour "adultes" d'évidence marqué par une innocence sincère.
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