C'est le prénom de mon père,
Donato. Né dans les Pouilles et venu travailler en France à 19 ans.
C'est évidemment cette résonnance inouïe entre l'histoire de mon père et le personnage d'Eléonore de Duve qui m'ont portée vers ce roman.
Mais au-delà de cette tendre coïncidence, je me suis délectée de l'inventivité foisonnante de l'autrice belge. Les mots se combinent, s'entrechoquent et se déploient pour dire la vie de
Donato, sa terre, sa jeunesse et ses rêves, ses émotions et sa langue maternelle. Son départ des Pouilles pour la Belgique, et son travail dans le noir des mines de charbon.
Il faut bien tout l'art du langage déployé par sa petite-fille pour dire la vie d'un grand-père qui ne se raconte pas.
Donato est silencieux, il laisse entrevoir ce qu'il a été avant l'arrivée en Belgique, avant la naissance de sa petite Clio, mais maintenant il ne parle presque plus du tout dans la maison de repos où il termine ses jours. Alors c'est la jeune femme qui prend en charge le récit du grand-père, dans un conditionnel merveilleux, de ce qui aurait pu être, de ce qui a pu arriver.
Quel émerveillement que ce texte dont on ressort gonflée de tendresse et de nostalgie, convaincue de la puissance de la littérature, la boucheuse de trous de mémoire, la pourvoyeuse de souvenirs qui font défaut. Mais aussi avec l'envie de recueillir vite vite les mots tant qu'il est encore temps.
Un premier roman remarquable et puissant! Un coup de coeur.