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Citations sur 14 (134)

Quand il s'est mis à pleuvoir, le sac a presque doublé de charge et le vent s'est levé en masse autoritaire, si pesamment gelé qu'on s’étonnait qu'il fût mobile : il faisait un froid bleu quand on a atteint la frontière belge où les douaniers, le jour de la mobilisation, avaient allumé un grand feu qu'ils n'avaient pas depuis laissé s’éteindre, et le plus près duquel on a tenté de dormir en se pelotonnant serré.
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Le tocsin, vu l’état présent du monde, signifiait à coup sûr la mobilisation.
Comme tout un chacun mais sans trop y croire, Anthime s’y attendait un peu mais
n’aurait pas imaginé que celle-ci tombât un samedi.
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Le jour tombait cependant, qu'on ne voyait pas tomber dans ce désordre, et au moment de sa chute un calme relatif a paru se rétablir un moment.
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Anthime a vu, cru voir encore des hommes en trouer d'autres juste devant ses yeux, tirant aussitôt après pour dégager leur lame des chairs par effet de recul. Lui-même crispé sur son fusil se sentait maintenant apte à perforer, embrocher, transfixer, le moindre obstacle, des corps d'hommes, d'animaux, des troncs d'abres ou tout ce qui se présenterait - disposition fugace mais absolue, aveugle, en excluant toute autre -, toutefois l'occasion ne lui en a pas été donnée.
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Se laissant plutôt aller à surveiller les signes du printemps - c'est toujours émouvant à observer, le printemps, même quand on commence à connaître le système, c'est une bonne façon de se changer les idées -, Arcenel s'est montré tout aussi attentif au silence, silence à peine teinté par les grondements du front jamais si loin, et qui ce matin d'ailleurs tendaient à s'atténuer.
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Dès lors il a bien fallu y aller : c'est là qu'on a vraiment compris qu'on devait se battre, monter en opération pour la première fois mais, jusqu'au premier impact de projectile près de lui, Anthime n'y a pas réellement cru. Quand il a été bien obligé d'y croire, tout ce qu'il portait sur lui est devenu très lourd : le sac, les armes, et même sa chevalière sur son auriculaire, pesant une tonne et n'empêchant nullement que s'éveillât encore, et plus vive que jamais, sa douleur au poignet. (p.59)
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On s'accroche à son fusil, à son couteau dont le métal oxydé, terni, bruni par les gaz ne luit plus qu'à peine sous l'éclat gelé des fusées éclairantes, dans l'air empesté par les chevaux décomposés, la putréfaction des hommes tombés puis, du côté de ceux qui tiennent encore à peu près droit dans la boue, l'odeur de leur pisse et de leur merde et de leur sueur, de leur crasse et de leur vomi, sans parler de cet effluve envahissant de rance, de moisi, de vieux, alors qu'on est en principe à l'air libre sur le front. Mais non : cela sent le renfermé jusque sur sa personne et en elle-même, à l'intérieur de soi,....
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Et le lendemain matin, on s’est tous retrouvés à la caserne. Anthime s’y est rendu de très bonne heure, ayant rejoint en chemin ses camarades de pêche et de café, Padioleau, Bossis, Arcenel – ce dernier se plaignant à mi-voix d’avoir fêté l’événement trop tard la veille : hémorroïdes et gueule de bois. Padioleau, sujet frêle, un peu timide, visage maigre et cireux, affichait tout le contraire d’une prestance de garçon boucher quand c’était, justement, son métier. Bossis, non content de détenir quant à lui un physique d’équarrisseur, l’était authentiquement, Arcenel exerçant pour sa part la profession de bourrelier qui ne suppose pas d’habitus particulier. Ces trois-là, en tout cas, s’intéressaient beaucoup aux animaux chacun à sa manière, en avaient beaucoup vu, allaient en rencontrer pas mal d’autres.
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Le tocsin, vu l'état présent du monde, signifiait à coup sûr la mobilisation. Comme tout un chacun, mais sans trop y croire, Anthime s'y attendait un peu mais n'aurait pas imaginé que celle-ci tombât un samedi.
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On ne quitte pas cette guerre comme ça. La situation est simple, on est coincés: les ennemis devant vous, les rats et les poux avec vous et, derrière vous, les gendarmes
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