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3,37

sur 581 notes

Voilà un petit livre bien sympathique - très court, qui se lit comme on mange un bonbon. Il est forcément bien écrit avec des personnages rocambolesques, une histoire qui se lit avec plaisir. Un fond de politique et la vie de Gérard - dont le début on sent que ce n'est pas gagné pour lui!

Maintenant, si j'avais un reproche ou plutôt un manque, c'est que les personnages sont tellement attachants que l'on a envie des les suivre tous individuellement, on envie d'en savoir plus sur tout. Ce livre est riche en tangente, mais il reste sur le début de toutes ces tangentes. C'est probablement un de ces atouts, mais aussi ce qui est un peu frustrant. En tout cas bravo, Jean. En écrivant, je me rends compte que le 3.5 que j'avais initialement mis est un peu faible et que ce livre mérite un 4!
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Un nouveau ECHENOZ est toujours une sorte d'événement littéraire. Aussi je me suis empressé de l'acquérir le jour même de sa sortie et n'ai pas résisté à l'envie de l'ouvrir illico, ne pouvant rapidement plus détourner les yeux de ces pages.

On ne résume pas un ECHENOZ, car forcément tout va de travers. le maître de la digression en tous genres est un diablotin pour vous faire tourner en bourrique. Cette fois-ci, le point de départ est un satellite russe, reliquat de la guerre froide, s'écrasant sur un hypermarché, vingt tonnes sur le magasin, comme ça, d'un coup, sans même prévenir. L'une des victimes est Robert d'Ortho, propriétaire de Gérard Fulmard.

S'il vous faudra rapidement oublier le personnage de d'Ortho, gardez en revanche celui de Fulmard en mémoire, ce sera lui le héros malheureux de ce roman casse-tête. le Fulmard en question a été entre autres steward, puis auto-entrepreneur, mais tout a périclité, et il est présentement au chômage. Il se voit approché de manière singulière par des membres d'un parti politique, la F.P.I., autrement dit la Fédération Populaire Indépendante, tout un programme (politique) ! La secrétaire générale du parti, Nicole Tourneur, vient d'être enlevée. Mais on me dit dans l'oreillette (droite) qu'elle aurait déjà été assassinée par ses ravisseurs.

Les dirigeants de cette mystérieuse F.P.I. peuvent bien entendu faire penser à des politiciens existants, les scènes aussi : magouilles, intrigues, coups bas, intimidations. Vous ferez connaissance avec le gratin du parti : le bureau exécutif, le secrétariat général, la sécurité, la coordination inter-sections, les tendances au sein du même parti, etc. Fulmard peut être vu comme l'un de ces quidams sans aspérités, un poil naïf, avec ce petit côté Pierre Richard qui ne peut que le rendre attachant.

En de courts chapitres modernes et rythmés, ECHENOZ prend son lectorat en permanence à contre-pied : alors que nous nous attendons à une chute, l'auteur part sur un autre décor, parfois de nouveaux personnages, puis revient, mais comme habillé différemment, avec d'autres objectifs, que bien sûr là aussi il abandonne bien vite. Avant de reprendre. Plus loin. L'écriture, c'est là le talon d'Achille d'ECHENOZ : d'une précision chirurgicale (clin d'oeil pour la fin du roman), riche et dense, enrobée et savoureuse, elle a un goût de miel pour parler du tragique. On rit beaucoup, on en finit presque par oublier le scénario, impatients de parvenir au prochain calembour, à la prochaine scène burlesque.

L'auteur dissèque chaque action à la perfection, jouant avec les mots, construisant un puzzle littéraire déconcertant : « Louise Tourneur nage vraiment très bien, sans zigzaguer ni se balancer gauchement ni procéder en force, travers classiques lorsqu'on s'aventure dans ce style, sans plier les jambes ni trop immerger ses épaules. Elle sait orienter ses surfaces motrices et ses appuis, ses bras la tractent latéralement sans aller se perdre en profondeur, ses mains s'extraient de l'eau par le pouce comme il convient pour y replonger par l'auriculaire. Ses voies aériennes sont dégagées, ses yeux fixent le ciel couvert et sa tête, gouvernail de son corps, demeure parfaitement immobile. Elle a eu de toute évidence un excellent professeur ».

Si ce roman n'est pas explicitement politique, il est une sorte de boutade acerbe qui en observe de loin les tracas, il n'est pas militant, il est une farce dégagée, libre, et comme je l'ai écrit plus haut, chirurgicale : « Arrive un temps où tout s'érode un peu plus chaque jour, là encore est l'usure du pouvoir : du royaume digestif à l'empire uro-génital, de la principauté cardiaque au grand-duché pulmonaire, sous protection de plus en plus fragile de limes fortifié de l'épiderme et sous contrôle bon an mal an de l'épiscopat cérébral, ces potentats finissent par s'essouffler ». Même Mike BRANT vient faire une apparition (par la fenêtre), c'est dire.

Un roman tout en acronymes, débutant avec un engin estampillé U.R.S.S., se poursuivant par la F.P.I. et se terminant (non je ne donnerai pas plus d'indices) par une I.R.M. ECHENOZ a encore frappé, et c'est tant mieux. Comme tous ses romans, celui-ci est sorti au éditions de Minuit, en ce tout début de 2020, l'année pourrait fort être foisonnante.

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Gérard Fulmard. Imaginez l'homme derrière ce prénom et ce nom: vous visualiserez par exemple, un fonctionnaire en complet gris, le teint délavé, les cheveux - rares - collés comme de longs cils sur un crâne chauve, gratte-papier d'une administration quelconque ou contractuel ensommeillé vautré derrière le guichet d'une poste de province. En somme un type banal, sans intérêt, un peu triste. le parfait "loser".

La rue qu'habite Gérard Fulmard a été le théâtre de plusieurs faits divers tragiques. Un hasard? Imaginez ensuite une déflagration qui détruit un supermarché situé non loin de l'appartement de notre personnage, celui où il fait ses courses. En cause, la chute d'un gigantesque débris de satellite soviétique qui vient de s'écraser sur Paris. Improbable?

Comment fusionner ces éléments de base en une histoire? Demandez à Jean Echenoz, il en possède la recette absolue.

Gérard Fulmard. La cinquantaine désoeuvrée, dénué de tout potentiel esthétique. Au chômage depuis plusieurs mois après avoir été licencié pour faute grave d'un poste aussi insipide que semble l'être sa vie. Il cherche à se remettre en selle et imagine son métier idéal. Un sauvetage ultime qui lui permettrait d'éviter la rue. Et pourquoi pas détective privé? Divagations d'un alcoolique dépressif accoudé au fond d'un bar en pleine conversation avec lui-même? Aucunement. Avec les moyens du bord, notre anti-héros fonce dans son projet avec la fougue d'un jeune candide éberlué. Il parvient même à nous y faire croire. À moitié.

C'est sur ce ton que débute l'intrigue, qui embarque notre personnage dans l'univers d'un petit parti politique en légère ascension. Ses porte-drapeaux pensent occuper un royaume, une meute d'opportunistes y gravite à l'affût d'un morceau de pouvoir. Pourquoi pas moi?, semble songer Fulmard. Lui aussi pourrait y trouver sa place et son compte. C'est tout-à-fait consciemment qu'il revisite son sens moral et plonge en eaux troubles, goûte aux bassesses et usages communs de ce microcosme où puissants et moins puissants se courtisent, se reniflent sous la queue et ensuite se fustigent. Un petit monde merdeux et minable où l'on use de chacun comme on se sert d'objets pour nourrir ses propres fins et gravir quelques paliers. Un monde où les circonstances déplacent les curseurs, font varier les poids et mesures des individus, tantôt à protéger, suivre et soutenir, tantôt à éliminer. Un monde où les règles de déontologie les plus élémentaires sont retournées comme des chaussettes avec la fluidité des flux sur les comptes bancaires. Fulmard traverse cette jungle en dilettante, avec une candeur à la fois bouffonne et tragique.

Jean Echenoz saisit l'humanité moderne et la palette de ses formes médiocres avec un humour noir, une incroyable finesse d'observation et une sorte de désinvolture que l'on retrouve jusque dans le phrasé de son écriture. Jean Echenoz "s'en fout" avec grand art et c'est à travers ce j'en-foutre ciselé que nous entrons en empathie avec son anti-héros, qui ne parviendra jamais à complètement se distancier de son sens éthique. Au fil de son périple foutraque, nous nous attachons à ce "loser" moderne, tremblons et espérons pour lui à mesure qu'il s'enfonce - sans véritablement se débattre - dans la vase d'où personne ne viendra le retirer. le personnage assume les conséquences de sa naïveté et de ses choix jusqu'au bout, explore et subit les règles d'un jeu dont il démontre l'absurde en payant de sa personne, sans broncher ou à peine. Une passivité déconcertante qui nous renvoie, en négatif, à l'intensité que peut atteindre la violence et la vacuité d'une humanité en voie de perdition. Splendide satire qui complète l'oeuvre d'un écrivain exceptionnel.
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La langue qu'Echenoz manie en virtuose nous enchante encore une fois ; recherchée, parfois complexe, vivante, moderne, pleine d'ironie et d'humour, c'est un plaisir de lecture. J'ai aimé les histoires que l'auteur nous a contées dans ses précédents romans mais cette fois, je me suis perdue dans les méandres de la FPI, Fédération populaire indépendante, un petit parti politique. Heureusement que Gérard Fulmard, contre héros sans éclat s'invite au milieu de ce fatras politique, ponctuant le récit de fantaisie. Et le plus pittoresque, ce sont les anecdotes des événements qui se sont passés dans la rue Erlanger, rue du XVI° arrondissement de Paris où vit Gérard Fulmard. C'est vraiment la VBI du roman !
Lien : http://www.levoyagedelola.com
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L'anti-héros est de sortie, porteur de poisse, cerné par la scoumoune. Il est philosophe ce garçon, non sujet à la déprime, voit un "conseiller" régulièrement, transparent jusqu'au jour où...Ne pas se fier à la fausse indifférence d'un interlocuteur au pouvoir de nuisance aussi improbable que l'intérêt suscité par sa propre personne. Fulmard est un individu quelconque, inoffensif, qui ne sait globalement pas faire grand chose et ne peut que chercher une occupation accessible à ses faibles capacités, occupation qui devient un atout dans les magouilles d'un parti politique dont le programme se réduit à des luttes intestines pour un pouvoir aussi minable qu'illusoire. Entre médiocres, on se comprend, ce qui ne manque pas de saveur, connaissant la suffisance et la fatuité des politiques en général. Toute ressemblance avec des personnages existants n'est pas une coincidence mais, comment dire, une mise en perspective intéressante. Les péripéties savoureuses qui émaillent ce roman, assez jouissif, permettent à tout un chacun de se sentir au dessus de la mêlée mais attention, ne jamais baisser la garde sous peine de ressembler à nos anti-héros.
Un vrai bonheur de lecture, détente assurée.
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C'est un objet littéraire (Ô combien) singulier que cette Vie de Gérard Fulmard. Ce titre sonne d'ailleurs ironiquement comme celui d'une Vie de saint. Mais Gérard n'est pas vraiment Saint-Vincent de Paul ! Il n'a pas la foi inébranlable d'un Lieutenant de Dieu. Ancien steward licencié pour faute (une faute que l'on ne saura jamais), il cherche un emploi à sa vie et monte une petite officine de détective dans la rue Erlanger, rue qui a son importance dans le roman. de fil en aiguille, il entre à travers une mission qui lui est enfin confiée dans le marigot d'un petit parti politique, la Fédération populaire indépendante, où se trament les intrigues les plus absurdes et rocambolesques.
Si vous avez été lectrices, et parfois lecteurs, de 14, de Courir et de Ravel, vous serez sans doute un peu désarçonné.e.s par le caractère imprévisible et loufoque de ce roman, pas éloigné de l'absurdie.
Mais au-delà de l'histoire un peu décousue, on lit Echenoz pour ses bonheurs d'écriture : la description de l'urbanisme parisien, une balade dans une forêt de Bornéo, un réveil dans un manoir du Tardernois, l'attaque inopinée d'un squale… tout est transfiguré par le style et la poésie.
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Vie de Gérard Fulmard est un roman drôle et absurde où le style précis et les tournures de phrases géniales de Jean Echenoz font mouche à chaque fois. Intrigues politiques, air b'n'b (air, bassesse, nullité et banalité), mélancolie de l'enquêteur et historique de la rue Erlanger, à Paris - tout y est et plus encore, pour se régaler.
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Une parodie de polar, dont Gérard Fulmar est l'antihéros, intéressante, sans plus. Mais surtout, une satire du jeu politique et médiatique, et notamment du Rassemblement National.
Un style particulier, jouissif, riche en jeux de mots, avec une syntaxe souvent précieuse et un peu surannée ; et un déroulement du roman où l'auteur, tel un metteur en scène, décrit très précisément tout ce qui entoure l'action, et prend le lecteur par la main pour lui expliquer où l'on en est.
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On retrouve la nonchalance du récit propre à Echenoz mais trop de nonchalance peut mener à l'ennui. Là où "14" réussit à s'emballer par son propos et sa description d'hommes dépassés par la violence et l'incongruité des combats, la vie de Gégé Fulmard n'apporte pas grand chose au lecteur, pire on en vient à se demander si elle méritait un livre.

Une intrigue politique creuse, des personnages sans relief, des digressions inutiles, une histoire vide de sens et d'impact, absurde plus que drôle...

Que reste-t-il ? Bien peu de choses pour ce livre que je qualifierais de paresseux. Mr Echenoz s'est-il ennuyé lui-même en l'écrivant ? Probablement !
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Ce n'est pas tant l'histoire mais la façon de la raconter. J'ai attendu quelques jours avant d'écrire cette critique et je n'aurais peut-être pas dû. J'ai oublié la moitié de l'intrigue et des événements rocambolesques de ce roman. Je me souviens que j'ai apprécié la prose passionnante et amusante de l'auteur (Gerard Fulmard se décrit comme une personne très ordinaire, un “n'importe qui banal”, mais son vocabulaire montre bien qu'il ne l'est pas). J'ai aimé la description des personnages, et les petits encarts sur ce qu'il se passe rue Erlanger. Mais je n'ai rien retenu de l'histoire.

Un avis mitigé donc, un moment très agréable de lecture, qui s'efface sitôt terminé.
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