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sur 581 notes
Il s'en passe des choses rue Erlanger dans le 16ème arrondissement de Paris. Gérard Fulmard, qui y réside, peut en témoigner. Récemment, un gros fragment de satellite soviétique est venu s'écraser sur le centre commercial d'Auteuil. Cela n'a pourtant pas perturbé le stoïque Gérard qui a préféré suivre l'événement sur son téléviseur plutôt que de sortir. Son intérêt pour la disparition du supermarché vient surtout du fait qu'un morceau du satellite a tué son propriétaire. Gérard Fulmard étant au chômage, la catastrophe d'Auteuil est une bonne nouvelle pour ses finances. Après avoir dû quitter son travail de steward, Gérard veut se reconvertir. Il va devenir détective privé et pour lancer son agence, il met une petite annonce dans un journal gratuit. Cela ne lui rapportera que peu de clients mais, en revanche, l'entraînera dans un imbroglio mêlant son psychiatre et les membres d'un petit parti politique : la Fédération populaire indépendante.

« Vie de Gérard Fulmard » est une lecture absolument réjouissante et enthousiasmante. Jean Echenoz s'amuse ici avec les codes du roman noir sans pour autant virer à la parodie. le narrateur de son roman est un anti-héros, un homme sans qualité (malgré le terme de « vie » qui est habituellement dévolue aux saints ou aux héros) : il est aussi terne et dépourvu d'intérêt que la rue Erlanger : « A A part ce nom, je ne suis pas sûr de provoquer l'envie : je ressemble à n'importe qui en moins bien. Taille au-dessous de la moyenne et poids au-dessus, physionomie sans grâce, études bornées à un brevet, vie sociale et revenus proches de rien, famille réduite à plus personne, je dispose de fort peu d'atouts, peu d'avantages ni de moyens. » Et pourtant, cet homme naïf va se retrouver impliquer dans de rocambolesques aventures dont il ne maîtrise aucunement l'enchaînement des faits. Il croisera sur son chemin, outre de multiples embûches, des personnages tous aussi improbables les uns que les autres : un psychiatre véreux, des garde-du-corps coréens passionnés par le jeu de go, une femme fatale au léger strabisme, des politiciens avides de pouvoir dans une organisation qui, elle, n'en a aucun sur l'échiquier politique.

Comme toujours, le style de Jean Echenoz est un régal. Il allie une épure de la langue à une redoutable précision dans les termes choisis. Se dégage de ses phrases une élégante désinvolture toujours teintée d'un humour irrésistible. Parfois, l'auteur reprend la main sur la narration du navrant Gérard, il s'adresse directement à nous pour nous éclairer quant à son roman : « Voici donc qu'après le coup de l'arme à feu, figure imposée dans ce genre d'histoire comme l'a pertinemment fait observer Gérard Fulmard, voici qu'on va vous faire le coup de l'exotisme. Ne manquait plus maintenant qu'une scène de sexe pour remplir tous les quotas (…). » Un dernier point à soulever : la rue Erlanger qui est bien plus qu'un simple décor dans ce roman. Je ne vous révélerai pas ce qui s'y déroula, cela fait partie du plaisir de la lecture mais son histoire irrigue celle de Gérard Fulmard et elle en est le parfait miroir (à noter également : le fait que la mère de notre anti-héros est toujours là au bon moment…).

« Vie de Gérard Fulmard » est mon premier coup de coeur de l'année 2020. J'apprécie depuis longtemps le talent de Jean Echenoz et son dernier roman est un très grand cru !


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Lire Jean Echenoz c'est entrer dans une littérature différente, burlesque, inattendue, surprenante...
Mais c'est aussi entrer dans une littérature vraie où chaque mot a sa place, chaque phrase a son sens, chaque non-sens sa raison d'être.
Il faut être prêt, avoir l'esprit ouvert car on prend un grand bol d'absurdité dans la figure, et ne vous méprenez pas, j'adore !!!

Je partage d'ailleurs tout à fait l'analyse de Laure Adler dans son podcast "l'heure bleue" où elle dit que le démarrage de ce livre est extravagant mais finalement lorsqu'on le referme on a le sentiment d'avoir lu en substance une analyse précise de notre société, de notre politique.
Ce n'est donc pas tout à fait n'importe quoi, en fait pas du tout, derrière les bizarreries de ce monde littéraire il y a une histoire, des histoires, et tout s'emboite à la fin.

Gérald Fulmard est un homme quelconque, pas très malin, ancien steward. Il a perdu son travail pour une sombre raison et depuis végète dans son appartement entre deux rendez-vous chez son psy. Cependant il doit bien payer son loyer et pour cela il décide de s'improviser détective...

Dans le même temps, la secrétaire générale d'un petit parti politique pas très propre se fait enlever, et c'est le branle-bas dans cette drôle de "famille" où l'on ne sait plus trop qui manipule qui et pourquoi.

Il se trouve aussi que Gérard Fulmard habite dans une rue où des choses bien étranges se sont déjà produites, mais je n'en dirais pas plus, à vous de découvrir.

Ce livre est loufoque, drôle et grave. Une littérature que j'aime, qui change et qui fait du bien.
C'est la deuxième fois que je lis Echenoz, je suis conquise !

Les éditions de Minuit, 235 pages. Janvier 2020
Lien : https://enviedepartagerlesli..
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Drôle et délicieux sont les mots qui me sont rapidement venus à l'esprit après avoir débuté la lecture du dernier livre de Jean Echenoz. On y suit les aventures improbables de Gérard Fulmard, un personnage qui ne suscite pas l'envie, mais auquel on s'attache quand même : il « ressemble à n'importe qui en moins bien ». Ancien steward déchu de ses droits civiques et licencié pour faute grave (mais on ne sait pas laquelle), Gérard s'est reconverti en détective privé, profession qu'il découvre et dans laquelle il improvise beaucoup. Après une série d'événements inattendus, il devient l'homme de main d'un petit parti politique. L'histoire est assez banale, le suspense léger et si vous êtes amateur de polar traditionnel, passez votre chemin. La vie de Gérard n'est pas très intéressante, les remous du parti politique à peine plus, on nous trimballe de fausses pistes en cul-de-sac et pourtant, tout est plaisant et réjouissant. Car le vrai moteur de ce roman, ce n'est pas l'histoire, ce n'est pas l'intrigue, c'est la langue incroyablement drôle, millimétrée et libre de Jean Echenoz. On y trouve un nombre incalculable de pirouettes de style, de drôleries, de tournures de phrase déconcertantes, de descriptions qui s'interrogent sur elles-mêmes, une liberté d'écriture qui se permet d'ouvrir et de fermer des parenthèses, d'aller et venir entre les personnages, de passer du coq à l'âne et de retomber sur ses pattes. Une langue pleine de vie pour cette "Vie de Gérard Fulmard". le personnage lui-même est un autre moteur puissant du roman, un type minable auquel on s'attache et qui nous narre ses ratages successifs. Gérard est pour partie narrateur, car quelqu'un d'autre, l'auteur lui-même peut-être, raconte également et joue le désabusé du récit dans un style fort joyeux : « Voici donc qu'après le coup de l'arme à feu, figure imposée dans ce genre d'histoire comme l'a pertinemment fait observer Gérard Fulmard, voici qu'on va vous faire le coup de l'exotisme. Ne manquerait plus maintenant qu'une scène de sexe pour remplir tous les quotas – mais alors une vraie scène de sexe, bien sûr, savamment menée, moins déprimante et ratée que celle de Franck Terrail à Pigalle. Nous verrons cela plus tard. Gardons-la en réserve si l'occasion se présente. » Jean Echenoz joue avec son lecteur et l'on aime ça.
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Il m'arrive très rarement d'abandonner un livre en cours de route, mais c'est ce qui est arrivé avec ce roman. N'étant pas une lectrice particulièrement friande de littérature générale, c'est peut-être aussi pour cela que je n'ai pas non plus beaucoup insisté. Néanmoins, c'est avant tout à cause de l'histoire elle-même que j'ai mis fin à cette lecture. Impossible pour moi de trouver le véritable fil conducteur. L'auteur commence par introduire son personnage principal, un homme ridicule au possible, avant de finalement présenter une ribambelle de personnages évoluant dans une sphère politique aux intrigues plus que troubles. Tout ce petit monde se croise, se mélange, à tel point que j'ignorais totalement qui est qui, qui fait quoi, et surtout, pourquoi ! J'ai été incapable de trouver le sens de l'intrigue et ai rapidement été agacée par le style pompeux de l'écriture.
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Echenoz ... Je l'aime ... mais pas tout le temps ... un lecteur de babelio parle d'élégante désinvolture ... oui, certes ... mais je ne coucherai pas avec monsieur Fulmard (Je lis au lit) ... la désinvolture recouvre vite l'élégance. Tiens, je vous conseille un livre peu lu qui m'a plû, lulu... "en votre aimable règlement" de Bruno Léandri... un petit côté légèrement désuet, décalé et qui vous emmène tambours battants dans une sacrée aventure dont on se souvient longtemps et avec bonheur.
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#Chronique : Vie de Gérard Fulmard écrit par Jean Echenoz et lu par Dominique Pinon - Éditions Audiolib

Découvert dans le cadre du Prix Audiolib 2020, ce livre audio ne me laissera pas un grand souvenir...
Mon avis : http://www.leslecturesdelily.com/2020/04/vie-de-gerard-fulmard-ecrit-par-jean.html#more
Bonne lecture et bon week-end !
Lien : http://www.leslecturesdelily..
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Gérard Fulmard ! Quel anti-nom, plus kitch, attention, tu peux mourir ! L'anti-héros dans sa plénitude et sa beauté !
Qui est Gérard Fulmard ? « Je ressemble à n'importe qui en moins bien », ainsi se décrit-il. Demandeur d'emploi en passe de se reconvertir depuis qu'il a été viré de son poste de steward pour faute grave.
Il ouvre un cabinet enquête en tout genre « Cabinet Fulmard Assistance ». Il va voir de temps à autre son psy, Jean-François Bardot à qui il dit tout, enfin, pas complètement.
Bardot le recrute pour surveiller une demoiselle qui n'est rien moins que Louise Tourneur, la fille de Nicole Tourneur, présidente de la F.P.I. (Fédération Populaire Indépendante), genre F.N. . Cette présidente a disparu, enlevée comme en témoigne une vidéo. « Il ressortait de ses propose qu'elle était retenue par un groupe dont la nature et le but m'ont paru flous, les revendications elliptiques et l'idéologie brumeuse, mais qui semblait ouvrir la porte à des négociations : la nature de celles-ci serait précisée dans un prochain communique. Tout cela était bien vague à moins que je n'aie sur l'analyser. ». Plus tard, on apprend son décès
La course à la succession est ouverte, les requins sont prêts à mordre et… Notre cher Fulmard se trouve en première ligne. le voici embarqué dans une autre affaire avec le parti. Bardot le charge de s'occuper « à mon idée » de quelqu'un… Et ce quelqu'un, il en recevra la photo à l'heure dite. Pour l'instant, on lui met entre les pattes une enveloppe de 3000 euros et un pistolet d'alarme à gaz modifié. L'affaire est conclue. L'opération commencer lorsqu'il reçoit ladite photo.
Voilà un pan de la vie de Fulmard. Voyons du côté de sa rue, la rue Erlanger dans le 16ème arrondissement de Paris. Dès l'ouverture du livre, je suis prévenue. Un débris de satellite soviétique tombe sur le supermarché de la rue Erlanger. Plus tard, j'apprends que c'est la rue où Mike Brant, chanteur à minettes s'est jeté par le fenêtre !!
L'Absurdie est un pays que j'adore fréquenter. Jean Echenoz m'en fait visiter un pan avec une maestria parfaite, tonitruante. Je nage dans l'imprévu du plus kitch, car, il faut bien le dire Fulmard est très absurde, idiot et réussir à faire un bouquin sur sa vie confine à l'oeuvre d'art.
J'avais déjà été plus que séduite par Envoyée spéciale où il y avait parodie des polars avec tout ce qu'il faut d'improbable, d'exotisme, de canulars, de hasards, de dés pipés…
Jubilatoire. L'impression qu'Echenoz a pris un pied pas possible en écrivant ce bouquin excellemment bien écrit. Chaque phrase fait mouche. Echenoz sait avec ses anti-héros habituels, faire du neuf et du très bon tout en parlant des dessous de la politique. J'adore sa parodie du polar, avec les évènements improbables savamment lancés qui oscille entre oss117, le Grand blond avec une chaussure noire, inspecteur La Bavure...
« Soudain la lumière change et vire à toute allure vers un gris de plus en plus sombre, du perle vers l'anthracite via le fer pendant que les gouttes se multiplient, s'alourdissent, de plus en plus denses et compactes, la surface du bassin commence de se moucheter accelerando, bientôt on ne va même plus pouvoir s'entendre. » Vous la sentez sur vous la pluie ??
Un super coup de coeur !

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Je me suis beaucoup amusé à la lecture de ce roman, dernière production de Jean Echenoz.

Dans ce court roman, il conte l'histoire de Gérard Fulmard, steward au chômage, qui s'improvise détective privé, et qui va, par l'entremise de son médecin, se trouver impliqué dans les intrigues et coups bas d'un parti nationaliste dont la responsable a disparu.

Jean Echenoz y joue avec les codes du roman noir.
Ce qui rend la lecture de ce livre décalé agréable, amusante et surprenante. Beaucoup de situations sont totalement invraisemblables.

Et on y retrouve bien entendu le style de Jean Echenoz.

Une très belle lecture !
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J'ai trouvé que Vie de Gérard Fulmard est un bon Echenoz, un bon exemple de sotie à la sauce moderne, c'est un plongeon en Echenozie qu'il faut lire au deuxième degré. le personnage de Gérard Fulmard, un super anti-héros, m'a paru un peu évanescent (Fulmard= fumiste?), assez insaisissable et inapte à monter une telle affaire.

C'est l'histoire d'un steward assez nullard qui est banni de sa compagnie aérienne et nous ne saurons jamais le pourquoi du bannissement. Se retrouvant au chômage forcé, il se démène pour monter un business lucratif avec ses pauvres moyens de bord.

Le bonhomme va tomber dans un complot où il va jouer le rôle du justicier pour des gens qui n'ont absolument aucun scrupule. Dans quel milieu se trouvent ces gens ? Dans la politique, étant tous inscrits à un petit parti qui ne fait que du 2% d'électorat, mais qui néanmoins agit comme une vraie mafia avec ses sbires, ses caisses noires, et même ses assassins (Oh là là là).

La teneur du livre m'a paru assez floue, mais le récit est mené de main de maître par quelqu'un qui sait manier la langue française avec panache et beaucoup d'humour. Sapristi quelle écriture.

Et sous ces décors en carton pâte sentant les bons ripoux, il en suinte quelques vérités et malheureuses évidences sociétales qui ne sont pas toujours agréables à entendre.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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J'ai beaucoup aimé ! Un livre et un auteur très attachants. Chaque phrase est pensée, ciselée, il y a à la fois de l'exigence et du plaisir, c'est assez difficile à définir.
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