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Alaa El Aswany est l'auteur de l'Immeuble Yacoubian que j'ai beaucoup aimé.

Automobile Club d'Egypte est construit sur le même plan : unité de lieu où de nombreux personnages se croisent (ou pas), où des histoires se déroulent en parallèle, dans divers milieu sociaux. Roman à tiroirs, ou kaléidoscope de l'Egypte de la fin des années 40 sous le règne du roi Farouk et la domination anglaise.

Le roi, grand amateur d'automobiles, et joueur, fréquente assidûment cet établissement où il peut s'affranchir du protocole. El-Kwo, le chambellan du roi, a aussi pour fonction de superviser le personnel égyptien du club. Malgré ce patronage royal, le Club est dirigé par un britannique Mr Wright, et quasiment fermé aux Égyptiens, pour en être membre, des conditions draconiennes sont imposées.

L'auteur s'attache à tout le personnel, domestiques, serveurs, cuisiniers, portiers.... nubiens pour la plupart, recrutés par El-Kwo, et dressés avec dureté et tyrannie. mais la patience des serviteurs aura une limite!


Abdelaziz Hamam, d'une famille noble de Haute Egypte, ruiné par sa trop grande générosité est venu avec ses trois fils et sa fille Saliha, au Caire pour donner une bonne éducation à ses enfants. Il travaille à la réserve. Sa famille et ses voisins seront les héros égyptiens du roman. Trois fils, trois destins très différents : Saïd, l'aîné, égoïste et arriviste, Kamel, le brillant étudiant, Mahmoud, le benjamin, simplet et naïf. Au décès du père les deux derniers seront embauchés, par charité à l'Automobile Club qui ne donne pas de retraite à la famille du personnel décédé.

Leur histoire s'entremêle avec celle de James Wright, dont la seule faiblesse est d'avoir pour maîtresse Odette Fattal, professeur au lycée français, anticonformiste qui lui impose son protégé Abdoune. Quand l'entremetteur du roi, Botticelli, qui est aussi mécanicien, remarque Mitsy Wright, pour la mettre dans le lit du roi, son père n'y voit qu'une occasion d'ascension sociale.

On croise aussi un Prince, photographe dilettante, qui s'avère être un nationaliste militant. Il réunit aussi bien wafdistes que communistes dans la lutte contre l'occupation britannique. Sous le vernis, des forces s'organisent. La prise de pouvoir par les militaires en 1952 et la déchéance du roi corrompu s'annoncent. Les étudiants s'agitent. Même le personnel si stylé, si soumis de l'Automobile Club finira par se mettre en grève.

On peut faire une lecture politique de ce roman. Ce serait très réducteur de ne le lire qu'à travers la grille de la lutte sociale, la lutte pour la dignité des travailleurs qui ne veulent plus être battus comme des enfants ou comme des animaux. La vie quotidienne n'est pas oubliée, les journées rythmées par les prières de ces égyptiens très pieux, la cuisine. Étonnantes sont les visites sur la terrasse, des visiteurs de Haute-Egypte, des amants, des femmes qui étendent le linge...

Les femmes ne sont pas oubliées par le romancier. Saliha, jeune fille intelligente et instruite, raconte son histoire. Sa mère, Oum Saïd, est un modèle de courage et de force. Aïcha, la salace, bonne voisine, Faïqa qui prendra un mari dans ses filets....mais aussi les étrangères : Mitsy l'anglaise mais aussi les vieilles femmes riches recherchant un gigolo...Le récit de ces histoires de femmes me met mal à l'aise. Les Égyptiens décidément ne sont pas à l'aise avec la sexualité. le chemin entre la fille modèle, la mère et la putain, est très étroit pour les jeunes hommes.
Un roman riche, complexe, foisonnant.




Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Comme il sait si bien le faire, Alaa el Aswany dresse un tableau de la société à travers le trajet de quelques personnages dans un lieu déterminé. Ici, l'Automobile club d'Egypte dans les années 40 permet de peindre les relations entre colons britanniques et Egyptiens à la veille de l'indépendance, les injustices, le racisme ordinaire, la débrouille, les vexations en tout genre et l'éveil des populations opprimées qui préfigure l'Egypte nassérienne.
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Fabuleux, savoureux, Alaa El Aswany est un magicien de la littérature lorsqu'il raconte son pays, l'Égypte!! J'ai lu tous ses livres et je suis tombée sous son charme dès les premières lignes de L'immeuble Yacoubian pour ensuite savourer Chicago et J'aurais voulu être égyptien, entre autre... Mais avec L'automobile Club d'Égypte, Je trouve qu'il a encore développé son talent.
Sa peinture de l'Égypte des années 40, que ce soit du côté de l'occupation britannique et ses conséquences, comme de la société égyptienne en tant que telle, est juste formidable. On y trouve tout le recul nécessaire pour la critique de ce pays qui est le sien mais aussi toute la tendresse qu'il a pour ce même pays et sa population, tiraillée entre la révolte et la soumission parce qu'on ne leur a appris que ça. Je suis bluffée par cette façon qu'il a de traiter les sujets difficiles au travers de la vie d'une famille du Caire, qui a du quitter la Haute-Egypte car le père était ruiné, comme le mariage sans amour que va devoir affronter Saliha, la place de la femme, la tyrannie et le racisme de l'occupant britannique, parfaitement incarné par James Wright, la force de la mère, base de la famille, représentée par Oum Saïd, l'égoïsme de Saïd qui ne pense qu'à asseoir sa position vis à vis des autres, Abdelaziz, le père, qui se bat pour que ses enfants puissent réussir dans leur vie future, Mahmoud, simple d'esprit mais si gentil, qui se laisse dépassé par les évènements de sa vie, et enfin Kamel, l'homme fort de la famille, intelligent, préoccupé par le bien-être de sa famille, mais aussi par le bien-être de son pays.
Et cette famille va graviter autour d'une institution du Caire, l'Automobile Club d'Égypte, dirigée par James Wright, anglais typique de l'époque colonial, arrogant, raciste, qui a une fille Mitsy, tout le contraire de son père et qui trouve dans ce pays tout ce qu'elle cherche, une vie atypique mais si riche d'enseignement. Et à la tête de la cohorte de serviteurs du club, il y a l'horrible El Kwo, personnage ignoble, bras droit du roi d'Égypte et qui n'a aucun respect pour le peuple, surtout pas pour les serviteurs du roi, mauvais et violent, qui dirige à la peur son institution.
Même les personnages "secondaires", tels Abdoune, Odette, le prince Chamel sont si vivants, si vrais...
Je suis vraiment une inconditionnelle de cet auteur, lisez-le, et vous allez voyager avec lui dans cette Égypte magique qui malheureusement traverse encore aujourd'hui des jours bien difficiles .
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Ce roman dense retrace la vie d'une famille égyptienne habitant au Caire entre les deux guerres mondiales sous occupation Anglaise.
Alaa el Aswany adopte une structure éclatée : il saute d'un membre de la famille à l'autre en choisissant de rompre le récit aux moments les plus piquants.
La famille Hamam se situe dans la petite bourgeoisie cairote ruinée et tente de conserver sa dignité. L'auteur construits des trajectoires opposées : le fils ainé traditionaliste manigance pour ses intérêts, Kamel le second étudie le droit et participe à un complot pour mettre à bas la royauté, Saliha la jeune soeur est ballotée entre les deux tendances. le plus jeune frère Mahmoud découvre la sexualité dans les bras de femmes bourgeoises âgées...
Le parcours de cette famille est lié à celui de l'automobile club d'Egypte où le père puis Kamel sont employés.L'auteur décrie les difficultés des hommes à s'opposer à la tyrannie et l'injustice quand ils ont commencé à en accepter le fonctionnement. Il dépeint les étroites relations qu'entretiennent pouvoir et sexualité et la place prépondérante de la religion dans la société égyptienne.
En variant les focalisations, El Aswany ancre le lecteur au beau milieu d'un inextricable chantier humain mêlant idéologie, croyances religieuses, sentiments, sensations et émotions. de ce fait, le texte ne cesse de perturber l'histoire que le lecteur imagine et le laisse au milieu de la place en ébullition.
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Nous sommes à la fin des années 40, les anglais sont partout et dirigent tout, surtout l'Automobile Club, dont le roi est le propriétaire, et dirigé par un certain James Wright. Des européens se mêlent aux égyptiens du moment qu'ils sont tous aristocrates ou diplomates. le roi y passe toutes ses soirées, dans ce cercle très fermé il y joue au poker quand il n'est pas a la recherche d'une femme a qui il fera l'honneur de partager sa nuit et surtout son lit ! Et puis parallèlement à tout ce beau monde il y a les serviteurs, dirigé par une main de fer appelé El-Kwo. Il est nubien mais très respecté car très proche du roi, en effet le chambellan du roi peut lui retourner le cerveau et lui faire admettre n'importe quoi très facilement. Tous ces serviteurs n'ont aucune forme d'importance pour le chambellan, le roi et tous ces étrangers fortunés, ils sont transparents. Mais la révolte commence à se faire entendre contre ce maître inhumain et violent à l'image de l'Egypte entière qui n'en peu plus de l'opression des anglais et de ce roi irresponsable.
C'est assez difficile de parler d'un livre aussi foisonnant et fourni, les personnages et les péripéties sont nombreux. On change de personnage à chaque chapitre et parfois de narrateur, mais tout s'imbrique formidablement. Tous ont un lien étroit avec ce club qui s'immice dans leur vie à un moment ou un autre. Tous sont sous tension et sentent le point de non retour arriver. Mais dans ce tableau assez noir il y a aussi beaucoup de lumière, avec de l'amour, de la joie et des moments drôles. Les femmes sont notamment indispensables à cette histoire, elles sont fortes et commencent à s'émenciper dans cette société qui les enferme. Les questions du mariage et du divorce sont très bien traités. le sujet politique est omniprésent mais pas pesant, les personnages revendiquent des idéaux justes. Bon j'ai mis du temps à en venir à bout mais je ne regrette pas ces quelques 550 pages, c'était un moment de plaisir bouleversant.
Lien : https://lesmotschocolat.word..
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Du grand El Aswany ! un de ces livres qu'on ne lâche plus une fois commencé.
C'est aussi une peinture des moeurs de cette société de la fin de la monarchie Egyptienne avec le roi Farouk. En prenant comme pivot de l'intrigue une famille désargentée de la haute Egypte qui vient se réfugier au Caire, l'auteur nous raconte la vie de chacun de ses membres au fil des chapitres. Il arrive a faire monter un climax au fil des pages qui tient le lecteur en haleine.
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Un recit passionnant sur l'Egypte de la fin des années 40,sous tutelle anglaise avec à la tête un roi qui passe son temps entre femmes et table de poker.Un récit polyphonique avec une écriture simple,foisonnant de personnages,ou l'attention est soutenue continuellement avec des chapitres qui alternent divers personnages et divers évènements.J'ai adoré comme tout ses autres livres...
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Honnêtement, il était peu probable que Alaa El Aswany puisse surpasser la force de son premier roman L'immeuble Yacoubian. Ce qu'il avait écrit depuis, de très bonne qualité, certes, l'avait démontré. Mais en se penchant sur le passé de son pays, la fin des années 40, en l'occurrence, il vient de signer avec Automobile Club d'Egypte, un roman qui fait mieux qu'égaler son chef d'oeuvre. Un ouvrage polyphonique, foisonnant, d'une richesse inouïe qui dresse un tableau complet d'une nation sous tutelle anglaise et gouvernée par un roi, Farouk, fantasque et libidineux. Une époque pré-révolutionnaire, qui en rappelle une autre, évidemment, toute récente, qui prend vie à travers une bonne vingtaine de personnages dont les destins ne cessent de se croiser. Ce pavé de 500 pages, une fois passés les chapitres d'introduction, se dévore avec passion. Comme un Balzac, un Tolstoï ou un Dickens, El Aswany nous fait découvrir toutes les strates de la société cairote : riches et pauvres, maitres et serviteurs, conservateurs et rebelles, égyptiens et britanniques. Automobile Club d'Egypte passe avec une aisance stupéfiante du drame à la comédie dans une veine à la fois politique, sociale, sentimentale, religieuse, etc. le contraire d'un livre fourre-tout, pourtant, l'auteur est un alchimiste qui utilise ses différents ingrédients dans un tempo parfait, sans jamais ennuyer ou perdre son lecteur. Et le souffle du romanesque nous emporte très loin, au bord du Nil et au comble du bonheur. Autrement dit, c'est une pure merveille.
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