Voilà... C'est fini (ça ressemble un peu trop au début d'une chanson)..
C'est donc une écriture qui nous fait douter, sur la réalité des faits, qui se dédouble, pour qu'on y voit trouble. Une écriture faite de paradoxes, de contradictions, des visions morbides qui surgissent en plein repas dans un restaurant branché.
L'auteur, le narrateur, le personnage, on ne sait plus bien, nous égare, égrène des sachets de coke pour nous montrer le chemin et puis nous voilà face à de la bouillie humaine, des flaques de sang, des narines prêtes à imploser en même temps qu'elles reniflent. Nous voilà dos au mur, acculés aux limites de la raison, de la sienne, de la nôtre, "qu'est-ce qui le pousse à commettre ces atrocités, et moi, qui suis-je pour les lire sans broncher"
Portrait violent, et d'autant plus violent qu'autoportrait. Sans concession, sans pitié envers lui-même, mais sans remords non plus. Un être à sang froid qui s'abreuve à la fontaine de sang qui jaillit des ventres, des yeux, des jambes de ces corps à l'agonie, spasmodiques. La vie quitte ces corps comme la raison a depuis longtemps déserté son âme. Douloureusement.
Des scènes de torture sexuellee trash, détaillées, très détaillées, trop peut-être. Un Marquis de
Sade croisé avec Pantagruel, entre Massacre à la tronçonneuse et le Jardin des Supplices. Une perversité qui décline dans le vulgaire, dans le grotesque. Est-ce pour révéler l'inconsistance des vies avant qu'elles ne soient ôtées ? Je ne sais pas bien encore. de la part d'un maniaque, je m'attendais à des scénarii plus "esthétiques".
Le "héros"-narrateur se lasse de ces orgies autant que je m'en suis lassée. Il va jusqu'à dire que le duo de femelles en chaleur ne l'excite plus comme avant. J'ai fini par ne plus trop porter d'attention aux scènes de violence ; était-ce là également une intention de l'auteur ? de nous montrer à quel point nous pouvons être monstrueux sans le savoir ?
Cela dit, j'ai apprécié la fusion progressive des deux personnalités, le Bateman du jour, de la nuit, et puis du jour ET de la nuit, et puis le Je qui parfois dérape en Il. Bien tourné.
Un livre donc qui me laisse perplexe, il a au moins le mérite de m'intriguer encore après lecture, et pour ça je ne peux le juger trop sévèrement.
Il m'aura sans cesse fait m'interroger sur les intentions de l'auteur en ayant fait ce choix d'écriture. Voulait-il nous choquer, nous montrer à quel point nous étions des monstres de pouvoir lire de telles choses ? Voulait-il nous rendre compte de ce qui peut se passer dans la tête d'un psychopathe mâle, américain et dans la finance ? Etait-ce juste une satyre, un délire ? Avait-il une intention ?
Eh bien pour une fois, je vous l'avoue, je ne sais pas bien....
(oct 2006)
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