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3,62

sur 3245 notes
Selon Frédéric Beigbeder, il s'agit là du « meilleur livre de tous les temps ». Ouais, bah moi, j'dois pas avoir tout à fait les mêmes goûts… Ou sinon, il y a des subtilités que je n'ai pas comprises.

J'ai lu le livre il y a maintenant quelques années mais j'avais été marquée par la vulgarité et les scènes pornos : Bateman, qui bosse chez (feu) Lehman Brothers, a 27 ans et tout ce qui l'intéresse c'est sniffer de la blanche et comparer la grosseur de son sexe avec celui de ses collègues.
Mouais, ça me laisse septique mais bon…

Son autre kiff, c'est tuer des gens en les torturant : le sdf, les femmes (qu'il a violées au préalable sinon c'est moins drôle !). Là, on comprend mieux pourquoi les éditeurs étaient frileux à l'idée de publier un tel livre. Il fallait oser mais ça a été un succès donc c'est que c'était sans doute bien. Mais pas pour moi.
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De ce roman je ne connaissais que le titre, qui m'évoquait une psychose grandissante dans une Amérique huppée soumise à folie meurtrière d'un psychopathe tueur en série. A présent je peux le dire, j'ai fait la mystérieuse rencontre de Pat BATEMAN, et elle m'a posé plus de questions que prévu... Jeune et riche prodige de la bourse le jour, Pat tente désespérément de s'intégrer aux gens de pouvoir qu'il admire et même de les surpasser, mais des pulsions s'emparent de lui la nuit, dont toute la gigantesque folie s'exprime au-delà de vos pires cauchemars…

Au premier coup d'oeil, Pat Bateman ne semble pas être différent des autres jeunes de son âge, avec qui il travaille, sort, drague, se drogue, et flambe son argent de manière ostentatoire. Certes, celui qui se décrit comme une sorte d'Apollon prend un peu plus soin de son corps grâce à la muscu et une alimentation qui se veut saine. Certes, au fil des pages, il semble être un peu maniaque du détail : élégance vestimentaire, chaine hifi dernier cri, séduction à la chaine pour se rassurer, etc… Mais il s'est forgé une vie sociale qui rentre tout à fait dans le moule de cette jeunesse dorée, une personnalité qui, grâce à une parfaite maîtrise des codes sociaux : cartes professionnelles, habits de luxe, resto en vue etc.… devient tout aussi lisse que les autres. Rien ne dépasse.

Tellement que, finalement, plus rien ne le distingue des autres. Tout le monde d'un même milieu se conforme à une image et tout le monde se confond dans cette image : Au restaurant, était-ce untel ? Mais non c'était bidule. Mêmes fringues, mêmes coupes de cheveux, mêmes attitudes. Qui est qui ? Les gens se résument à ce qu'ils portent - et que Bateman ne cesse d'ailleurs d'énumérer, comme si le costume faisait la personne plus que n'importe quel autre élément. Pat Bateman se fait d'ailleurs souvent passer pour quelqu'un d'autre de plus important pour obtenir des réservations au restaurant. Mais s'il semble admirer ce qui brille et montrer sa réussite sociale, exercer son pouvoir, tout paraît dans le même temps lui paraître ennuyeux et vide de sens. Il ne semble pas trouver de sens à la vie, et cette vacuité le pousse à s'évader de plus en plus loin dans ses fantasmes. La pornographie rejoint bientôt la violence, qui déjà ne lui suffit plus et aboutit rapidement à des crimes de sang froid. Mais bientôt, même l'envie de sang ne suffit plus, et Pat Bateman le sanguinaire torture ses victimes encore conscientes pour finir pour en faire littéralement de la chair à pâté consommable…

*****

La plume désincarnée de l'auteur nous aurait-elle endormis...?

Là, on commence à se demander… Comment ne se fait-il pas prendre ? Comment transporte-t-il son ancien ami mort dans un sac de couchage sans se faire repérer ? Parfois, il parvient à se contrôler en société à l'aide de la drogue ou de calmants. Mais cela fait de moins en moins d'effet, et Pat Bateman rêve de répondre aux gens qu'il veut leur défoncer le crâne et leur arracher littéralement les yeux. Parfois il croit le dire, parfois il le dit. Mais personne ne le prend au sérieux. Etrangement, personne n'en a même réellement peur. Aucune réelle panique dans son entourage, même relativement aux séries de meurtres…

Et puis, l'ami qu'il est censé avoir tué réapparaît. Alors quoi ? Il a juste rêvé son meurtre ? Il fantasme ses crimes mais est « juste » fou ? Ou en a-t-il vraiment tué certains ? le doute s'immisce. On finit par se dire que, peut-être, Pat a simplement un problème psychologique mais n'est pas passé à l'acte, qu'il est juste potentiellement dangereux. Car, il le dit lui-même :

« Il existe une idée de Patrick Bateman, une espèce d'abstraction, mais il n'existe pas de moi réel, juste une entité, une chose illusoire et, bien que je puisse dissimuler mon regard glacé, mon regard fixe, bien que vous puissiez me serrer la main et sentir une chair qui étreint la vôtre, et peut-être même considérer que nous avons des styles de vie comparables, je ne suis tout simplement pas là. »

Peut-être même qu'il ne passera jamais à l'acte et a juste été insensibilisé par cette vie. Que, même s'il n'aime pas cette vie, il n'en voit pas d'autre possible, comme l'exprime la dernière phrase du roman :

« Au dessus d'une des portes, masquée par des tentures de velours rouge, il y a un panneau, et sur ce panneau, en lettres assorties à la couleur des tentures, est écrit : SANS ISSUE ».

L'interprétation métaphorique de ce roman :

Dans ce cas Pat Bateman ne serait plus totalement monstrueux, mais simplement humain, avec parfois des envies de meurtre face à des gens mortellement superficiels… Comme nous tous, parfois, non ? Et alors le récit ne serait plus celui d'un criminel froid et incapable de ressentir la douleur, mais au contraire le récit métaphorique d'un être douloureusement enfermé dans une société vide de sens qui ne le satisfait plus et dont il veut se libérer... « American psycho » serait alors ce syndrôme, ce tiraillement insoluble entre, d'un côté, cette prétention d'être unique au monde, et de l'autre, cette sensation d'être obligé de faire comme tout le monde, d'être comme tout le monde pour exister. Pire encore, "American Psycho" serait cette peur d'être noyé dans la masse, qu'elle nous engloutisse pour finir par ne plus exister... Sauf à faire voler les masques en éclats.

Cela expliquerait la plume de l'auteur qui exprime la froideur, le désintérêt de la vie décryptée de manière chirurgicale par Bateman avec ennui et mépris, plume qui se déchaine ensuite lorsqu'il est question de tailler dans le vif des gens qui constitue cette société, d'en faire ressortir l'horreur. Cette plume, qui peut paraître sans intérêt littéraire, reflète parfaitement le ressenti du narrateur, ce froid et ce mépris qui le gagnent et contre lesquels il lutte durant les scènes de crime - où il tue métaphoriquement cette société dans laquelle il est en train de se perdre.

« L'individualité n'a plus lieu d'être. Que signifie l'intelligence? Définissez ce qu'est la raison. le désir... un non-sens. L'intellect n'est pas un remède. La justice, morte. La peur, le reproche, l'innocence, la compassion, le remords, le gaspillage, l'échec, le deuil, toutes choses, toutes émotions que plus personne ne ressent vraiment. La pensée est vaine, le monde dépourvu de sens. Dieu ne vit pas. On ne peut croire en l'amour. La surface, la surface, la surface, voilà ce dans quoi on trouve une signification... C'est ainsi que je vis la civilisation, un colosse déchiqueté… »

D'ailleurs, seule Jean, son assistante, la moins superficielle de toutes les personnes qu'il connaît, finirait par trouver grâce à ses yeux et parvient à le toucher, à le faire presque revenir aux sensations humaines de la vie, à faire affleurer des sentiments humains depuis longtemps oubliés de Pat Bateman. Ce que l'on pensait être le récit d'un serial killer ressemble de plus en plus à la satire d'une société de consommation de masse et d'uniformisation ennuyeuse. Virage à 180°, quelle est la volonté de l'auteur ?

« Comment pourrait-elle donc comprendre que rien ne pourrait jamais me décevoir, puisque je n'attends plus rien ? »

Conclusion :

Selon moi, la plume est trompeuse et nous endort.
L'utilisation à plusieurs reprises de l'adverbe « plus rien » ou « plus personne », semble signifier comme un regret, un sentiment très humain. Ainsi au final, ce n'est peut-être pas l'histoire d'un tueur en série, mais peut-être plutôt l'histoire d'une société de consommation de masse qui peut rendre fou… Jusqu'au passage à l'acte ? Telle est la question.

« Je possédais tous les attributs d'un être humain - la chair, le sang, la peau, les cheveux - , mais ma dépersonnalisation était si profonde, avait été menée si loin, que ma capacité normale à ressentir de la compassion avait été annihilée, lentement, consciencieusement effacée. Je n'étais qu'une imitation, la grossière contrefaçon d'un être humain. »

Pat Bateman est-il juste un homme qui s'ennuie ? Un drogué qui hallucine et fantasme sa vie ? Un tueur potentiel ? Ou encore, un tueur avéré, selon vous ?

« le mal, est-ce une chose que l'on est ? Ou bien est-ce une chose que l'on fait ? Ma douleur est constante, aigüe, je n'ai plus d'espoir en un monde meilleur. En réalité, je veux que ma douleur rejaillisse sur les autres. Je veux que personne n'y échappe. Mais une fois ceci avoué - ce que j'ai fait des milliers de fois, presque à chaque crime -, une fois face à face avec cette vérité, aucune rédemption pour moi. Aucune connaissance plus profonde de moi-même, aucune compréhension nouvelle à tirer de cet aveu. »

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Je suis perplexe devant les très bonnes notations de ce livre qui m'ont incité à le lire. Certes, c'est très bien écrit et le livre ne laisse pas indifférent, mais le texte est insoutenable et donne surtout envie de vomir, même si l'excessif finit par couler, et faire plutôt sourire, comme si on s'y habituait. J'aurais éventuellement été intéressé par un arrière fond psychiatrique, mais l'horreur est ici purement gratuite, apparemment sans référence, et sa répétition est lassante. Vu l'absence de sanction pour le personnage principal, on imagine plus des fantasmes que des scènes réelles. Au premier ou au second degré, j'ai surtout trouvé ce livre malsain, et gratuitement provocateur. Il y a des façons plus subtiles de faire passer un message, si message il y a. Après avoir persévéré, j'ai finalement abandonné un peu avant la fin.
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Cela fait quelques années que ce bouquin traine dans ma bibliothèque. J'ai commencé à le lire, il y a un long moment, mais voila. C'est non. Je l'ai abandonné au bout de cinquante pages, je crois.

Autant par la forme que le fond, cela m'a dérangé. J'ai l'impression que l'auteur a rédigé ce bouquin afin d'y faire un catharsis. Mais c'est bon. Beaucoup de gens ont encensé ce bouquin, mais dans mon cas, il va aller dans une caisse qui sentira l'encens.
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Autant Bret Easton Ellis m'avait profondément ennuyé avec "Moins que zéro", autant il m'a enthousiasmé avec "American Psycho". le style d'écriture qui était le point faible de son premier roman devient le point fort de celui-ci. Ce style lourd et répétitif permet de créer cette atmosphère aseptisée où évolue le narrateur psychopathe. Il n'est qu'un pion qui obéit instinctivement aux règles de vie dictées par le monde de la finance. Plus sa vie s'enfonce dans la monotonie et l'indifférence, plus ses crimes sont cruels et fréquents. Il semble tout simplement prendre dans ses meurtres les libertés que son univers lui a confisquées.
Malgré des descriptions matérielles pesantes, le texte m'a entraîné avec force dans l'esprit malade et confus de Patrick Bateman. Seuls les quelques chapitres décrivant avec moult détails les impressions du narrateur sur les albums d'artistes (Whitney Houston, Génésis...) m'ont paru superflus, mais le tout reste une expérience unique, qui bouleverse les codes et qui m'a marqué au fer rouge!
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Je ne sais pas trop par où commencer pour cette critique d'American Psycho. En fait je suis contente de l'avoir lu, mais j'ai eu aussi le sentiment de perdre mon temps.
En effet, les 200 premières pages ne sont que des énumérations de fringues (Patrick porte un costume Machin en lin, avec une chemise en coton Truc, et une cravate en soie Bidule, ses chaussures sont des Chose) de menus qu'on croirait sortis des Lauriers de César (Astérix) tellement ils sont ridicules et improbables, et de dialogues creux où on ne parle que de vêtements, nouveaux restaus, boîtes, femmes et coke…
D'accord, Ellis veut nous faire comprendre que le monde qu'il décrit est vain, égoïste, consumériste et ne tourne qu'autour du fric. Mais 200 pages??? J'ai failli faire comme beaucoup et balancer ce bouquin dans un coin et le laisser là. Mais bon, je veux comprendre pourquoi ce livre a été un best-seller mondial à sa sortie, il y 30 ans, donc je continue.
Malheureusement, il ne se passe pas grand-chose de plus, si ce n'est que le héros de cette histoire a des idées tordues. Vraiment très, très tordues. Donc on bascule dans Youporn et Orange mécanique (pour ceux qui ne connaissent pas ce film de Kubrick, on trouve facilement la bande-annonce qui donne le ton), c'est gore de chez gore. Et puis, sans qu'on sache très bien pourquoi, de très longues considérations musicales sur Genesis, Whitney Houston et Huey Lewis sont placées par-ci par-là.

J'ai quand même vu passer de très bons passages, surtout vers la fin, mais vu l'ennui du début et la taille du roman, (plus de 500 pages), je trouve ça cher payé. Sans compter que ce genre de livre en général ne vieillit pas bien, quoique voir quelqu'un s'extasier sur son nouveau lecteur de cassette Sansui, ça a un côté comique 😊
Franchement, Tom Wolfe et son bûcher des vanités s'en sortait mieux pour parler d'un yup new-yorkais travaillant chez P&P dans les années 80 …
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Du gore, du gore et encore du gore. Oh oui, encore ! Cinquante nuances de Grey se voulait SM ? American Psycho, ça, c'est du SM. À tel point que les partenaires en meurent, tient.

Au début, on se retrouve confrontés à un foisonnement de détails inutiles, sans jamais parler du passe-temps préféré de notre héros. A partir du milieu du livre se glissent des petites phrases quasiment insignifiantes et d'ailleurs, on les lit sans vraiment y prêter attention. Et c'est quelques secondes après les avoir lues qu'on se dit : "… mais attends… QUOI ?". On revient au passage et on se rend compte que, oui, on a bien lu les mots "décapitée", "baiser" et "rat" dans la même phrase, entre le descriptif du champagne Cristal Millésimé et le thème du Patty Winters Show du matin. Ainsi on découvre petit à petit qu'il aime violer, torturer et tuer beaucoup de gens. Et il nous raconte ça comme si c'était le sport du samedi, avec, à nouveaux, beaucoup de détails : comment le sang a giclé, quelle odeur a la tête d'une femme après avoir été séparée du reste de son corps depuis 5 jours, comment réagissent des mamelons qu'on électrocute.

On n'a aucune explication sur son passé mais par contre on a des critiques musicales poussées et intéressantes sur Phil Collins ou Whitney Houston. Patrick a quand même des sentiments mais il s'émeut de choses bizarres, comme la fermeture d'un supermarché dans lequel il ne va jamais, mais qui était là depuis longtemps. Chacun ses priorités n'est-il pas ?

La montée en puissance du psychopathe est vraiment bien amenée. J'avais l'impression de me retrouver dans un Esprit Criminel. En plus, le film est bien fait par rapport au livre. Ce qui est évincé du livre pour le film ne comporte quasiment que des descriptions de ses fringues ou des fringues du clochard qu'il a tué.

En plus d'un super bouquin, la conclusion est juste… délicieuse : "Et au-dessus d'une des portes, masquées par des tentures de velours rouge, il y a un panneau, et sur ce panneau, en lettres assorties à la couleur des tentures, est écrit : SANS ISSUE".
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wahou so shocking! âme sensible donc s'abstenir!
On suit l'histoire de Patrick Bateman qui contrairement au super héros lui est super sociopathe. Monsieur entre ses riches soirées mondaines et ses plans cul (sisi on a les détails) s'amuse à zigouillé et à violé (description magnifique des tortures infligées)
Un livre bouleversant sur la nature du genre humain qui ne laisse pas indifférent!
PS ne pas se laisser avoir par le début très lent qui met en place le contexte dans lequel vit le personnage principal la clé bien sûr vient à la fin!
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Pourquoi un tel engouement pour ce livre, je ne comprends pas.
J'ai vraiment lutté pour pouvoir finir ce livre, le seul point qui me permettait d'avancer un peu, c'est qu'en lisant différentes critiques, plusieurs disaient que le début était un peu longuet voire ennuyeux et qu'ensuite l'histoire démarrait vraiment et qu'il était difficile de lâcher ce livre, et bien, je crois bien que j'ai eu le sentiment de lire le début du livre de la première à la dernière page, je ne sais même pas quoi en dire tellement ce livre m'a profondément ennuyée.
Nous suivons Patrick Bateman, riche et beau jeune homme de 26 ans, qui travaille à Wall Street et qui passe son temps à sortir dans les restaurants les plus prestigieux de New York (réservé à une certaine clientèle), à prendre soin de son corps, à sortir avec différentes femmes, même celles de ses amies et qui entre deux pense, il pense aux réservations qu'il doit faire, aux achats qu'il doit faire également, aux cassettes VHS qu'il doit ramener, à son emploi du temps...
Au fur et à mesure de la lecture, pendant laquelle, les noms de différentes marques de vêtements haut de gamme sont citées de façon plus que répétitifs et surtout très ennuyeuses, les réservations dans différents restaurants reviennent de façon plus que répétitives également, nous découvrons la vraie nature de notre "héros", il boit, il se drogue, il trompe sa petite amie, il viole, il tue, il torture, bref rien n'est épargné au lecteur qui a le droit à tous les détails de la barbarie de Patrick Bateman.
Vous l'aurez compris je n'ai pas du tout aimé ce livre et ne le recommanderais donc pas.
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Je viens de relire American Psycho.
Troisième fois que je le lis, je pense, je ne suis pas sûr. Qu'importe. J'avais oublié à quel point les scènes de violence sont... violentes. C'est vraiment du gros gore qui tâche, toutes les descriptions sont détaillés à l'extrême, comme dans les meilleurs/pires romans du genre.
Je me suis surpris à me sentir choqué, alors que non seulement je l'ai déjà lu, mais que j'ai une certaine expérience du trash dans la littérature et le cinéma. J'imagine que je vieillis.

Sans ces pitreries hardcore, le bouquin serait totalement jubilatoire, car ce croisement entre le Loup de Wall Street et le bûcher des vanités donne une critique acide et hilarante du petit monde cynique des yuppies de Wall street. Vraiment, certrains passages sont à pleurer de rire. Mais sans ces pitreries gore, le bouquin ne serait que jubilatoire et comique. Alors qu'il devient.... beaucoup plus.

Le roman se passe à la fin du mandat de Reagan, qui avait ouvert en grand les vannes du capitalisme le plus sauvage, sous prétexte de relancer l'économie américaine. S'en était suivi une dérégulation totale du marché qui avait profité à une frange mineure de la population, au détriment de tous les autres et de l'ensemble des services publics. Un désastre social que les USA n'en finissent pas de payer.
C'est l'univers de cette infime portion des cols blancs, issue des facs élitistes de la côte est, que Brett Easton Ellis dépeint avec un talent hors pair.
La descrition de leurs vaines routines quotidiennes, de leurs journées creuses, de leur incroyable vacuité, est un pur délice, un elixir littéraire. En ce sens, oui, la description en détail des vêtements qu'ils portent est indispensable.

Ce monde est celui de l'avant 11 septembre, l'avant crise des subprimes et la chute de la banque Lehman brothers, celui de l'absolue domination de Wall street, tel qu'on le voit dans le film d'Oliver Stone. Un monde grand ouvert aux délires des golden boys, tous interchangeables, qui dans le roman ne cessent de se confondre, miroir aux reflets multiples.

Aujourd'hui, le cynisme des annés 80 perdure, mais les codes ont changé. Les créateurs de start-ups et inventeurs mégalos d'IA de la Silicon valley ont pris l'ascendant sur les investisseurs de Manhattan. Mais la psyché qui les construit reste la même.
Plusieurs études (par exemple les chercheurs suisses de l'Université de Saint-Gall) ont démontré que les personnes à très haute réussite sociale, comme les traders, présentaient des traits de personnalité que l'on retrouve chez les psychopathes : absence d'empathie, manipulation, intolérence à la frustration, angoisse narcissique.
(Après tout, si l'on vous révélait demain qu'Elon Musk était un tueur en série, est-ce que vous seriez vraiment surpris ?)

American psycho dépeint une Amérique malade, coupée en deux, dans laquelle l'argent autorise absolument tout. Il est assez fascinant de voir l'adoration confinant a l'idolâtrie que le héros accorde à Donald Trump (rappelons que le roman a été publié en 1991).
Dans une interview, l'auteur avoue avoir eu peur qu'on se rende compte à quel point il avait mis de lui-même en Patrick Bateman. (Car oui, les auteurs sont souvent narcissiques, plus ou moins vaniteux, ne coyez pas ceux qui prétendent le contraire.) Ellis, comme Bateman, avait 26 ans. Comme Bateman, il vivait à Manhattan dans l'immeuble de Tom Cruise et comme Bateman, il n'était pas certain de comprendre le sens de sa réussite et sa place dans le monde.
Étude sociologique, comédie noire, roman (ultra) gore, livre de tueur en série, American Psycho est un livre qui ne peut laisser indifférent.

"Le mal, est-ce une chose que l'on est ? Ou bien est-ce une chose que l'on fait ?"
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