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3,62

sur 3222 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une oeuvre majeure pour moi. Ce fut une superbe découverte.
L'écriture/traduction est vraiment bonne et nous entraîne dans les méandres de la psychologie humaine, ses déviances, ses folies. le tout autour d'un personnage principal masculin qui a pourtant une hygiène de vie irréprochable et un physique impeccable et jouit d'une aura particulière avec les femmes...
Je trouve que le film est également bien réalisé même si le livre apporte beaucoup plus selon moi.
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Une façon sympathique et joyeuse de commencer 2024 (non) : la lecture d'American Psycho, où un jeune golden boy new-yorkais profite de la fin des années 80 pour dîner dans des endroits branchés, s'adonner au soin de sa peau grâce à une minutieuse routine, s'acheter des vêtements de luxe et torturer à mort des femmes.

Les critiques à l'égard du livre sont, ironiquement, des partis-pris de l'auteur : le discours insipide des personnages se confondent, comme eux-mêmes passent leurs temps à oublier et confondre les noms et les visages de leurs amis yuppies, photocopies les uns des autre ; les descriptions des vêtements luxueux sont si précises qu'elles en deviennent absurdes et inimaginables ; les chapitres passés à disserter au sujet de Phil Collins après la description morbide de la torture infligée à une prostituée ; les questions perpétuelles : Patrick va-t-il enfin obtenir une réservation au Dorcia ? Et finalement rencontrer son idole, Donald Trump
 
Évidemment, ces parti-pris, s'ils sont assumés, ne peuvent faire l'unanimité ; pour reproduire la vie répétitive, vaine et superficielle de la frange la plus fortunée de la société, Bret Easton Ellis se doit la décrire, et il s'y emploie avec beaucoup d'enthousiasme, dans un style sec et clinique. 

Ces descriptions ne se limitent pas à la garde-robe de Patrick et de son entourage, tous vice-présidents d'un établissement bancaire quelconque, mais s'étendent à la minutieuse torture qu'il inflige aux femmes. Au fur et à mesure du récit, alors qu'il s'enfonce dans une spirale de folie et perd pied avec la réalité, elles deviennent de plus en plus morbides et malsaines, et l'horreur malsaine commence à prendre pas sur le vernis clinquant de superficialité. Là aussi, le parti-pris semble évident : impossible de ne pas le lire comme une critique du machisme, de la brutalité sordide de ces hommes à l'air civilisé. 

A accompagner du film, bien sûr. 
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Oh. Wouah. Stop. Âmes sensibles s'abstenir. On navigue aux limites de la démence, à moins que l'on y soit réellement. Je conseille d'abord de regarder le film ( avec l'excellent Christian Bales) avant d'aborder le livre. Il permettra de mieux comprendre et cerner les écrits. A noter que le film est ...dix fois moins pire que le livre qui vous emmène au bord du gouffre avec une personnage vide de tout sauf de cruauté. Patrick Bateman est-il un pur produit d'un mode de vie capitaliste poussé à l'extrême ? Une chose est sûre, il a quitté la réalité telle que définie par ses semblables. Sa superficialité n'a d'égale que le vide au fond de lui. Tantôt préoccupé par les problèmes du monde, tantôt les méprisant allégrement aux détriments d'obsessions vestimentaires ou autres, Bateman ne pense qu'à ressentir. Ressentir des choses que lui permettent de se sentir un peu vivant, d'oublier sa douleur, sa douleur de vivre dans un monde creux. Et pour cela, il tue, des plus atroces manières que son esprit lui permette. Dans sa tête ou dans son entourage ? Ou un peu des deux ? Un livre dérangeant qui traduit parfaitement le malaise de l'être "civilisé", possédant tout et ne possédant rien car sans réponse aux vrais questions pouvant substanter l'âme. Un coup de maître, une photographie de l'ère moderne à lire entre les lignes. le sang versé n'étant qu'un véhicule aux frustrations. Bonne chance. Vous n'en ressortirez pas indemne.
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Excellent livre de Bret Easton Ellis que j'ai lu comme une dénonciation cynique du matérialisme des sociétés occidentales, des Etats-Unis en particulier.

Le narrateur, Patrick Bateman, est un golden boy, fleuron de l'Amérique triomphante. Beau, brillant, riche, sûr de lui, il est parfaitement intégré socialement et maîtrise avec brio les codes du monde dans lequel il évolue.
Le jour, il est un « killer » en affaires, la nuit, c'est un sérial-killer qui va au bout de tous ses fantasmes sans compassion ni remords.

En réalité, sa violence nocturne comble le vide de sa vie où triomphent l'argent et ses manifestations ostentatoires.
Bateman est le produit monstrueux du matérialisme et de l'individualisme forcené de la société dans laquelle il vit, qui a broyé la pensée, les sentiments et la morale.
Ses meurtres se répètent à l'infini si bien qu'il finit par faire sauter, une à une, les barrières de la conscience. Il lui reste encore le désir de faire rejaillir sa douleur sur les autres mais la machine se grippe peu à peu. Chaque journée se répète à l'identique. Il survit, prisonnier d'un éternel recommencement et d'une existence sans issue.

Un livre glaçant à bien des égards.
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Je viens de relire American Psycho.
Troisième fois que je le lis, je pense, je ne suis pas sûr. Qu'importe. J'avais oublié à quel point les scènes de violence sont... violentes. C'est vraiment du gros gore qui tâche, toutes les descriptions sont détaillés à l'extrême, comme dans les meilleurs/pires romans du genre.
Je me suis surpris à me sentir choqué, alors que non seulement je l'ai déjà lu, mais que j'ai une certaine expérience du trash dans la littérature et le cinéma. J'imagine que je vieillis.

Sans ces pitreries hardcore, le bouquin serait totalement jubilatoire, car ce croisement entre le Loup de Wall Street et le bûcher des vanités donne une critique acide et hilarante du petit monde cynique des yuppies de Wall street. Vraiment, certrains passages sont à pleurer de rire. Mais sans ces pitreries gore, le bouquin ne serait que jubilatoire et comique. Alors qu'il devient.... beaucoup plus.

Le roman se passe à la fin du mandat de Reagan, qui avait ouvert en grand les vannes du capitalisme le plus sauvage, sous prétexte de relancer l'économie américaine. S'en était suivi une dérégulation totale du marché qui avait profité à une frange mineure de la population, au détriment de tous les autres et de l'ensemble des services publics. Un désastre social que les USA n'en finissent pas de payer.
C'est l'univers de cette infime portion des cols blancs, issue des facs élitistes de la côte est, que Brett Easton Ellis dépeint avec un talent hors pair.
La descrition de leurs vaines routines quotidiennes, de leurs journées creuses, de leur incroyable vacuité, est un pur délice, un elixir littéraire. En ce sens, oui, la description en détail des vêtements qu'ils portent est indispensable.

Ce monde est celui de l'avant 11 septembre, l'avant crise des subprimes et la chute de la banque Lehman brothers, celui de l'absolue domination de Wall street, tel qu'on le voit dans le film d'Oliver Stone. Un monde grand ouvert aux délires des golden boys, tous interchangeables, qui dans le roman ne cessent de se confondre, miroir aux reflets multiples.

Aujourd'hui, le cynisme des annés 80 perdure, mais les codes ont changé. Les créateurs de start-ups et inventeurs mégalos d'IA de la Silicon valley ont pris l'ascendant sur les investisseurs de Manhattan. Mais la psyché qui les construit reste la même.
Plusieurs études (par exemple les chercheurs suisses de l'Université de Saint-Gall) ont démontré que les personnes à très haute réussite sociale, comme les traders, présentaient des traits de personnalité que l'on retrouve chez les psychopathes : absence d'empathie, manipulation, intolérence à la frustration, angoisse narcissique.
(Après tout, si l'on vous révélait demain qu'Elon Musk était un tueur en série, est-ce que vous seriez vraiment surpris ?)

American psycho dépeint une Amérique malade, coupée en deux, dans laquelle l'argent autorise absolument tout. Il est assez fascinant de voir l'adoration confinant a l'idolâtrie que le héros accorde à Donald Trump (rappelons que le roman a été publié en 1991).
Dans une interview, l'auteur avoue avoir eu peur qu'on se rende compte à quel point il avait mis de lui-même en Patrick Bateman. (Car oui, les auteurs sont souvent narcissiques, plus ou moins vaniteux, ne coyez pas ceux qui prétendent le contraire.) Ellis, comme Bateman, avait 26 ans. Comme Bateman, il vivait à Manhattan dans l'immeuble de Tom Cruise et comme Bateman, il n'était pas certain de comprendre le sens de sa réussite et sa place dans le monde.
Étude sociologique, comédie noire, roman (ultra) gore, livre de tueur en série, American Psycho est un livre qui ne peut laisser indifférent.

"Le mal, est-ce une chose que l'on est ? Ou bien est-ce une chose que l'on fait ?"
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Je suis ravie d'avoir eu l'occasion de relire « American Psycho » car j'ai l'impression de l'avoir encore plus apprécié que la première fois. D'avoir été plus attentive à la performance et au génie littéraire de BEE, plus réceptive à l'humour omniprésent (je ne me souvenais pas qu'il était aussi drôle et parfois même hilarant !) mais tout autant horrifiée par les scènes de torture insoutenables (j'avais beau me dire qu'elles étaient trop grand-guignolesques pour être vraies tournant presque au burlesque, j'avais beau comprendre qu'elles étaient des allégories de ce milieu impitoyable et carnassier… des pauses ont été nécessaires tant je les terminais au bord de la nausée). BEE lui-même dit d'ailleurs que son roman est avant tout une « comédie ».
Il est peut-être inutile que je vous rappelle que ce roman culte est le portrait du non moins culte Patrick Bateman, Pat pour les intimes, caricature des yuppies des années 80, golden boy de Wall street au physique parfait, serial-killer à ses heures perdues, ou du moins fortement perturbé et schizophrène en puissance si, comme moi, on penche pour la thèse selon laquelle il fantasme ses meurtres. Pat a une fâcheuse tendance il me semble, à ne pas arriver à distinguer ce qui est réel et ce qui ne l'est pas.
Et plus le récit et le rythme des crimes avancent, parallèlement à sa folie grandissante, plus on doute aussi de leur réalité. Il y a de plus en plus d'indices et d'arguments qui vont dans le sens du fantasme. Certes ils peuvent pour la plupart se réfuter mais il y en a trop et certains irréfutables il me semble, pour ne pas sérieusement douter de la réalité des crimes.
Pour ce qui est de la forme, impossible de ne pas mentionner le fameux « name dropping », procédé que je trouve formidable, ou encore les dialogues (que je trouve brillants) parfois, souvent, sans queue ni tête car personne ne s'écoute vraiment. L'intrigue est mince, mais j'ai encore une fois été hypnotisée par ce texte génial au sens littéral du terme. Et je n'ai pu m'empêcher de chercher à essayer de comprendre la personnalité effrayante mais malgré tout fascinante de Patrick Bateman. BEE nous offre une analyse psychologique vraiment troublante et une satire féroce du monde de la finance (et du capitalisme) en nous immergeant dans ce microcosme de « yuppies » superficiels et imbus d'eux-mêmes qui se ressemblent tous, totalement interchangeables.
« American Psycho » est bien plus qu'un roman culte, il est pour moi un chef-d'oeuvre, souvent malheureusement réduit à ses scènes d'horreur alors qu'il est d'une grande richesse.
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American Psycho est un roman complexe, extrêmement intense, profondément marquant . Qui est véritablement Patrick Bateman ? L'auteur lui même par certains aspects ? Un tueur en série psychotique d'une violence inouïe quand il est en crise ? Est-ce une Amérique déliquescente, schizophrène et fracturée dont il est question ? Tout cela en même temps ? Compulsions, obsessions, rituels, sexe, drogues, alcool
et déviances tournent en boucle et l'on devine que ce sera sans issue, que ça ne s'arrêtera jamais . Patrick Bateman ne sera d'ailleurs pas inquiété, on ne saura pas s'il a réellement commis toutes les atrocités décrites dans le roman, réalité, délire, hallucinations et dépersonnalisation semblant se confondre et se superposer tout au long du livre sans que l'on parvienne à démêler le vrai du faux . Faux-semblants, passages surréalistes, voire burlesques, bascule dans l'horreur puis retour à la vacuité d'un non personnage et de ses nombreux acolytes du même acabit, il y aurait beaucoup à dire sur la densité d'American Psycho. C'est assurément un grand roman qui a traversé les années avec une étonnante fluidité, comme si depuis sa parution rien n'avait changé. Troublant, dérangeant et passionnant .
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« Cet auteur soit on l'aime soit on le déteste »

J'allume ma Philip Morris avec mon zippo griffé d'un as de pique et je relis cette phrase que je note sur mon IPhone 11 gris sidéral, que j'ai eu d'occasion, à l'écran très légèrement rayé, ce qui a le don de m'énerver tout comme cette phrase débile mais je me ravise, prends une bouffée de clope, avale une gorgée de JD dans un verre Johnny Walker, sans glace bien sûr.

Plus que personne, Bret Easton Ellis soit on l'aime soit on le déteste… et moi je l'adore…

Encore une bouffée… une nouvelle gorgée… le verre est trouble d'usure.

J'adore son écriture remplie de multiples détails qui peuvent sembler inutiles mais qui permettent de plonger profondément dans la psyché de ses protagonistes. J'adore son style sans détour et cru très souvent malaisant pour bien appuyer névroses et psychoses de ces dits protagonistes.

Mon verre se vide et la cigarette n'est plus qu'un cadavre inerte… j'en rallume une autre et me ressers un JD un peu plus rempli cette fois.

C'est violent, vulgaire, malsain très souvent crade et ce troisième roman de l'auteur est la quintessence de tout ça…

Bret Easton Ellis soit on l'aime soit on le déteste et moi je l'adore !

J'écrase ma cigarette a peine entamée… j'enfile le JD cul sec… Je termine cet avis sur American Psycho et me rends compte que je n'ai rien dit du livre…


Je me relis.

Je valide ma critique.

Je coupe mon téléphone et vais me caler avec ma Kindle 11eme génération version 2022 pour entamer le quatrième roman de l'oeuvre de Bret Easton Ellis.
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Je déguste mon café Malongo bio la Tierra, dans mon pyjama Monoprix à motifs écossais, en écoutant Max Richter sur mon enceinte Bose Soundlike Revolve II et j'achève American Psycho de Bret Easton Ellis dans la collection 10/18. Bien entendu, j'ai une petite pensée pour ma perceuse à percussion Makita. Ce livre ouvre de nouvelles perspectives...

Pas une ride. Je découvre sur le tard la charge sarcastique de Ellis et comprend qu'il est l'inventeur les années 90 : le serial killer, le narrateur non fiable, la folie, l'objectivation, le twist... tout ce que la littérature et le cinéma allait produire pendant dix ans en Amérique. Les dialogues fabuleusement ciselés, vains et superficiels, qui révèlent la vacuité des êtres, entendus et ré-entendus depuis jusqu'à la nausée, il est le premier à les coucher sur le papier.

Avec Donna Tartt qui lui prend la main, on a ce que l'outre-atlantique propose de meilleur et de plus glaçant, même si la première me convient mieux, parle mieux à ma sensibilité, je m'incline devant la maestria du bonhomme.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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Je l'avoue: je suis venue à American psycho par pur voyeurisme, sur la foi de critiques évoquant des scènes d'horreur inimaginables... Mauvaise raison ? Sans doute, mais le fait est là que c'est elle qui m'a conduit à l'acheter. Reste qu'au bout de 50 pages de lecture, je n'attendais même plus après les meurtres, tellement j'étais déjà sustentée en psychopathie par les moeurs du milieu des yuppies new yorkais où évolue Patrick Bateman... Et ce que j'ai découvert c'est un livre fou, d'une construction conceptuelle inattendue et particulièrement audacieuse: une construction narrative entièrement basée sur les travers obsessionnels de ces jeunes traders et de leur amantes. Ainsi, de longues énumérations de marques et de détails vestimentaires introduisent les chapitres, définissant les personnages par le paraitre qui constitue leurs vies, ignorant superbement leur psychologie... Les seules ablutions matinales du héros courent sur des dizaines de pages tout aussi riches en name dropping... Jamais on n'apprendra quoi que ce soit sur les activités professionnelles de ces jeunes cadres bourrés de soie, de coke et de sexe. Au mieux, une scène où on compare le piqué des cartes de visite, une autre où Bateman parle avec sa secrétaire. Au lieu de ça, mains détails incongrus parsèment le récit (Patrick descend 15 litres d'eau par jour pour conserver son teint...). Bref quand viennent enfin les scènes de tueries, le portrait psychopathologique est déjà complet! du coup, peut être pour cette raison, je n'ai pas aimé ces moments, aussi longs et indigestes que les scènes pornographiques, mais je dois reconnaitre que leur excès, voir leur impossibilité concrète même, affirment la folie du personnage, puisqu'on devinera à la fin que ces meurtres sont probablement le fruit de son imagination, à l'exception du dernier meurtre peut-être, tant il est laborieux, minable, ensuivi d'une traque policière, bref tout en contraste avec la flamboyance baroque et impunie des précédents...
Nous sommes donc plongés du début à la fin dans l'idée que se fait du monde Patrick Bateman, et comme cette idée est celle d'un esprit dérangé, c'est troublant et vertigineux.

On l'aura compris, je fais partie des quasi-inconditionnels de American psycho: Entièrement voué à un concept qu'il nous donne à ressentir à coups de traits de pinceaux fous jusqu'à nous déstabiliser et nous déplaire, dépourvu de pesanteur explicative, porté par l'ambiguïté, irrationnel de bout en bout tout en restant concret, ceci est de la pure, de la vraie littérature.
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