« Tout part du chewing-gum. C'est lui le coeur de l'histoire.» […] « Il est à la fois unique, puissant et fragile. C'est une toute petite chose qui en raconte de très grandes, et il résume bien en cela l'idée de l'exposition : comment les objets ont une résonance et une signification qui les dépassent eux-mêmes. »
C'est à l'occasion d'un concert exceptionnel donné au Meltdown Festival le premier juillet 1999 par le Dr
Nina Simone, que Warren Ellis s'est emparé à la fin du concert, de la serviette en papier où reposait le chewing-gum de l'artiste.
Précieusement conservé dans un sac Tower Records, telle une relique, mais également comme un talisman, par Warren tout au long des années qui ont suivi.
Jusqu'au jour où son ami
Nick Cave, en vue de l'exposition « Stranger than Kindness » qu'il prépare, le sollicite pour présenter une de ses reliques personnelles.
Le chewing-gum de
Nina Simone refait surface, reprenant sa place privilégiée auprès de Warren avant son placement dans une vitrine pour la fameuse exposition.
Quand ce titre est apparu dans le programme de la Table Ronde, sans même lire la présentation, je savais déjà qu'il allait me plaire.
Et au diable le résumé, à moi la découverte de ce récit, vierge d'un maximum d'informations, le titre et l'auteur me suffisant amplement.
Un peu contradictoire me direz-vous avec cette chronique où je vous le présente à mon tour, mais en fait pas tant que ça, puisque ceux qui ont l'habitude de me suivre, savent que je garde sous silence, l'essentiel afin que les futurs lecteurs découvrent eux-mêmes les tenants et aboutissants de l'histoire.
Car c'est bien plus que l'histoire d'un chewing-gum ce récit, même s'il a appartenu à
Nina Simone, c'est également la naissance d'un autre artiste, que vous allez découvrir et de l'importance de certains objets qui accompagnent nos vies, recelant parfois certains pouvoirs selon l'importance qu'on leurs accorde. Des objets précieux qui deviennent de véritables talismans, tant leurs possessions nous donnent de la chance.
“ Nos liens aux objets. Les histoires qu'ils nous racontent, les lieux et les instants passés vers lesquels ils nous ramènent. Voyages dans le temps. Traités d'union. Histoires partagées. […] Des petites chose qui, où que l'on soit , nous aident à nous sentir quelque part. ”
Tellement de chance que même une fois la décision de s'en séparer, il reste difficile de ne pas en garder une trace, symboliquement. Et Warren, trouva la solution.
Bien m'en a pris de lire ce récit, moi qui adore
Nina Simone, mais pas les chewing-gums et m'a permis de connaître bien davantage Warren Ellis dont j'ignorais pourtant avoir déjà croisé sa musique dans certains films.
“ J'ignore pourquoi le chewing-gum me fait cet effet-là. Peut-être à cause de son histoire. Il est à la fois uni, puissant et fragile. C'est une toute petite chose qui racole très grandes, et il résume bien en cela l'idée de l'exposition : comment les objets ont une résonance et une signification qui les dépassent eux-mêmes. ”
Warren non raconte l'histoire du chewing-gum, mais également la place déterminante qu'il a pris dans sa vie d'artiste, tout en nous racontant son parcours, sa profonde amitié avec
Nick Cave à travers une multitude de souvenirs, d'anecdotes, de photos qui illustrent à merveille ce magnifique livre, mais il souligne également l'importance de la transmission, du partage.
Warren Ellis nous offre une oeuvre littéraire unique en son genre, où l'Aura de
Nina Simone voyage entre ses pages apportant force et courage à notre artiste tel un ange gardien.
Un récit incroyable, pour une vie d'artiste qui l'est toute autant.
C'est bien plus que passionnant, c'est renversant.