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EAN : 9782714310989
311 pages
José Corti (03/01/2013)
4.05/5   43 notes
Résumé :
« Depuis bien des jours le vieux cheminait avec la petite le long de la rivière. Quelquefois le vieux tenait la main de la petite mais, le plus souvent, il la laissait voyager seule autour de lui » :

Telle est la première phrase de cette histoire puissamment envoûtante tant par la tension dramatique constante que Marc Graciano parvient à conserver tout au long de ce voyage initiatique, semé d’embûches, dans un temps très ancien, que par son style uniq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Commande en 2020, de la 2e édition de ce roman paru en 2013- Relecture 9 décembre 2023.

Un trésor, un OLNI (* Objet Littéraire Non Identifié) qui, toutefois, se mérite, tant il requiert une lecture patiente et exigeante !

Un livre exceptionnel, singulier tant par son contenu que par sa forme.Un style, un vocabulaire subtil,
" désuet ", ou plus exactelent, une sorte de langue archaïque ; des phrases volontairement et faussement répétitives, comme des litanies, provoquant des échos ; ces échos parfois assourdissants dans ces vastes montagnes et Nature inquiétante, impressionnante !

Tout ceci induisant une atmosphère étrange, mystérieuse, avec comme résultat, un effet hypnotique, nous obligeant astucieusement à ralentir nos rythmes habituels de lecture...

Un drôle de " road- movie" , la relation unique entre un vieil homme, et une petite fille orpheline, qu'il a recueillie, qu'il se doit de protéger...

"Mais le vieux n'était point si vieux en vérité.
Le vieux était simplement rendu à l'âge où un homme ne se raconte plus d'histoires.Il était rendu à l'âge où un homme ne craint plus ni les échecs ni les succès. le vieux était désaffecté et doux.(...)
Le vieux était un vétéran.
Un sage.
Un fou."

Comme une fable intemporelle, dans un temps ancien, non précisé, qui nous évoque plutôt un cadre moyenâgeux, avec ces places, ses exécutions publiques, ses joutes et tournois entre chevaliers; le vocabulaire ancien contribue à cette impression d'un temps lointain, qui demeure avec les questionnements, les sujets évoqués , totalement universels !

Dans cette Nature grandiose, tour à tour protectrice ou effrayante, comme les humains rencontrés sur le chemin, méchants, dangereux ou protecteurs, et
compatissants...Dans toutes les mésaventures vécues et rencontres, avec son lot de surprises, ce qui sublime et illumine le tout, c'est le lien de tendresse authentique entre le vieil homme et sa petite protégée... La confiance absolue de cette petite-fille accrochée au vieil homme comme son rempart
inaltérable contre le monde et ses dangers !

Beau, magnifique, et âpre !

Toutefois, la chute de ce " road- movie" me chifonne, me gêne beaucoup, mais plus j'y réfléchis, et plus , cette conclusion me semble être en harmonie avec l'ensemble du récit et de la philosophie de l'auteur...

"Le géant demanda au vieux par qui la garde de la petite lui avait été confiée et le vieux répondit qu' il aurait aisément pu lui répondre que c'était la grand-mère de la petite qui le lui avait demandé car, raconta le vieux , la mère était morte à la parturition et que c'était la grand-mère qui avait été la nourrice de la petite et que, une fois malade et mourante elle-même, c'était à lui, le vieux, que la grand-mère avait décidé de confier la petite et, durant le temps que le vieux parla, le géant observa que la petite écoutait avec de grands yeux fascinés car sans doute, pensa le géant, que c'était la première fois qu'elle entendait conter sa propre histoire. L'histoire de sa venue dans le monde.Que pour la première fois elle entendait le récit de sa propre genèse mais, pour finir, le vieux dit que le devoir de s'occuper de la petite était un devoir qui, en vérité, lui incombait de toute éternité."

J'avais choisi ce livre pour un ami, à qui il va enfin parvenir...souhaitant auparavant le lire et m'en imprégner. Je reconnais que cette lecture fut plus ardue, plus longue que prévu...

On est, je crois, largement récompensé, lorsque on a décidé plusieurs choses de base afin de parvenir à se laisser porter par cette prose fastueuse, rocailleuse, d'un autre temps....et en premier chef, accepter de sortir de ses zones de confort, ensuite, avoir un beau dictionnaire à portée de main, accepter la patience et de prendre le temps, un vrai temps...de pause...de lecture attentive et minutieuse...

Ce texte extraordinaire va enfin rejoindre les montagnes du Jura et L Ami à qui il était destiné. Un lecteur qui sera sûrement plus rapidement réceptif que ma modeste personne...; montagneux passionné, amoureux des grands espaces et de Dame Nature , solitaire et un tantinet imprégné de sagesse bouddhiste...ce livre devrait lui être un coup de
coeur !

Ce qui sidère dans la découverte de cet OLNI époustouflant, c'est d'apprendre que c'est un premier roman !!

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Ils cheminent le long de la rivière, un homme et une fillette, le Vieux et la Petite. Ils ne sont pas riches, ils portent sur eux tout ce qu'ils possèdent et la nature leur donne de quoi subvenir à leurs besoins. le Vieux prend soin de la Petite, veille à ce qu'elle soit au chaud, propre et bien nourrie. A son contact, la Petite découvre la nature, apprend ses bienfaits et ses dangers. Leur chemin est long et semé d'embûches, le danger rôde, parfois il faut se défendre, tuer pour ne pas l'être. Mais certaines rencontres sont belles, enrichissantes, pleines d'humanité. L'homme peut être un animal ou une belle âme, cela aussi la Petite l'apprend le long de ce parcours initiatique qui la mènera, loin là-bas, vers le but qu'ils se sont fixés.


Situé en un lieu et un temps indéterminés, le récit de Marc GRACIANO se dévide tel un fil continu, une litanie hypnotique qui accroche le lecteur et le mène dans un autre monde, un lointain passé où la vie n'était pas plus facile, mais plus authentique. le Vieux et la Petite et tous les personnages qu'ils croisent s'inscrivent dans une logique naturelle, sans fard, sans artifice. Des liens qui les unissent, du but de leur voyage, on ne saura rien non plus mais on ne peut s'empêcher de les suivre, de suivre la cadence du texte scandé, répétitif et riche. Des mots oubliés, désuets, une richesse de vocabulaire telle qu'il faut en accompagner la lecture d'un bon dictionnaire mais cela renforce l'immersion dans cette époque moyenâgeuse où les dames portent le hennin, où les chevaliers s'affrontent sur la lice, où le veneur croise le bourreau.
Un livre qui se mérite, qui surprend, qui emporte, une mélopée envoûtante d'une beauté et d'une originalité rares.
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A travers les yeux du vieux et de la petite on traverse la forêt moyenâgeuse et puis on croise des vagabonds et des montreurs d'ours et on entre dans la ville avec ses potences et aussi ses tournois de chevaliers et puis on est hébergé dans une abbaye et puis auprès de nomades et aussi du veneur qui connaît des grimoires et aussi un arbre-esprit à l'entrée du village.

Au début j'ai souri avec ces phrases à répétition comme raconté par un enfant puis j'ai souvent décroché de ce texte pourtant très travaillé, hyper réaliste, super documenté avec un vocabulaire d'époque, et même poétique à sa façon.
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Comment parler d'un livre que l'on a énormément aimé au point d'avoir envie de le garder pour soi ?
Le livre débute comme un récit initiatique, vous ne saurez jamais où se passe le récit, ni le nom des deux personnages, ni d'où ils viennent, ni où ils vont.
Le vieux et la petite vont cheminer ensemble tout au long du roman, le vieux protégeant la petite, l'éveillant à ce qui l'entoure, la portant quand elle est fatiguée, la réchauffant quand elle a froid, la nourrissant avec amour.
Ce que l'on devine c'est que le récit fait retour vers un monde médiéval, un monde ancien. L'homme et l'enfant vont affronter ensemble des épreuves.
Un moyen-âge imaginaire se déploie, le village et ses remparts, un tournoi avec des chevaliers en cotte de mailles et des dames portant hennin, le travail des artisans le long de la rivière.
Ils vont croiser la route d'une série de personnages, bienveillants ou dangereux, comme les figures d'un ancien jeu de cartes, l'auteur les nomme : il y a le géant, l'abbé, le veneur. Les lieux traversés sont nommés avec le même laconisme : le marais, la ville….
Le vieux se fait éducateur Il lui nomme le monde, lui montre ses beautés et ses pièges
Il l'avertie de la folie des hommes lorsqu'ils assistent à un exécution
Avec lui elle découvre le monde, sa violence, ses lois, sa beauté.
Le chemin sera long et semé d'embûches, de belles rencontres, de dangers évités pour atteindre le but du voyage.

Le récit se déploie et l'auteur utilise un mode d'écriture basé sur la répétition, ces répétitions transforment les phrases en litanies, donnent au récit un rythme lent et procure une sensation un peu hypnotique.
C'est une écriture qui envoûte mais qui aussi se mérite, l'auteur vous fait parcourir des lieux escarpés et sa langue est elle-même une épreuve initiatique.
Pour le lecteur aussi il s'agit d'apprentissage, les mots du travail, des outils, de la chasse, de la pêches, les mots des joutes et des tournois. Ils sont autant de pièges et de détours qu'il vous faudra passer.

J'ai noté au fur et à mesure tout un vocabulaire inconnu, inusité, rare, et j'ai béni mon Littré et mon Dictionnaire historique de la langue française.
brousser cabarer eubage
cosnil camail archiatre faonner
muid brassin abeausir
toue achevaler ablais dosse
ébarouir adamantin

Pour apprécier ce livre il faut accepter de se laisser surprendre, ensuite on est envoûté et on pénètre dans les terres secrètes de Marc Graciano.
Ce livre est beaucoup plus qu'une bonne surprise, c'est un récit splendide auquel il faut faire une place dans votre bibliothèque.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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L'originalité de ce roman est sans conteste l'écriture. Un style très particulier, aux tournures musicales dans leur rythme et leur répétition , un lexique très recherché, rendant obligatoire la consultation d'un dictionnaire. La lecture n'est pas simple, et demande de l'attention (mais c'est un plaisir de découvrir de nouveaux mots).

L'histoire est celle d'un cheminement, réel et symbolique. Celui d'un vieux et d'une petite, qui restent identifiés sous ces seuls vocables. le voyage est issu d'une promesse à une mère mourante. le parcours est riche de rencontres, qui nourrissent l'enfant et interrogent l'ancêtre. Heureuses ou hostiles, ces étapes contribuent à informer le lecteur sur les lieux et les temps du récit : fort anciens, au sein d'une nature montagneuse et boisée.



Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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critiques presse (1)
Telerama
27 mars 2013
Marc Graciano, 47 ans, y conduit le lecteur avec autant de réalisme que de poésie, [...]. Et la nature est elle aussi vivante, vibrante, où se fond le lecteur, tous ses sens en éveil ; attisé par un texte envoûtant comme une hypnotique litanie, toute de mots rares et vieux, de répétitions et d'énigmes, de merveilleux et d'effroi.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le géant demanda au vieux par qui la garde de la petite lui avait été confiée et le vieux répondit qu' il aurait aisément pu lui répondre que c'était la grand-mère de la petite qui le lui avait demandé car, raconta le vieux , la mère était morte à la parturition et que c'était la grand-mère qui avait été la nourrice de la petite et que, une fois malade et mourante elle-même, c'était à lui, le vieux, que la grand-mère avait décidé de confier la petite et, durant le temps que le vieux parla, le géant observa que la petite écoutait avec de grands yeux fascinés car sans doute, pensa le géant, que c'était la première fois qu'elle entendait conter sa propre histoire. L'histoire de sa venue dans le monde.Que pour la première fois elle entendait le récit de sa propre genèse mais, pour finir, le vieux dit que le devoir de s'occuper de la petite était un devoir qui, en vérité, lui incombait de toute éternité.

( p.164)
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Depuis bien des jours le vieux cheminait avec la petite le long de la rivière. Quelquefois le vieux tenait la main de la petite mais, le plus souvent, il la laissait voyager seule autour de lui. À cette fin, le vieux veillait à libérer la petite de tout faix. Le vieux veillait aussi à toujours régler son pas sur celui de la petite. Le vieux marchait doucement et quand la petite découvrait une chose inconnue et qu’elle s’arrêtait pour l’observer et qu’elle s’accroupissait sur les talons et qu’en se grattant impudiquement les fesses elle questionnait le vieux, le vieux s’arrêtait aussi. Le vieux interrompait leur voyage et, chaque fois qu’il le pouvait, il nommait à la petite ce qu’elle voyait. Chaque fois qu’il le pouvait, le vieux enseignait la petite sur les êtres et sur les choses qu’ils rencontraient. Le vieux nommait à la petite toutes les choses qu’elle découvrait et, quand il le connaissait, il lui en décrivait l’usage. Souventefois aussi, la petite demandait au vieux l’origine des choses et le vieux faisait toujours l’effort de lui répondre le plus sérieusement et le plus complètement possible mais, quand il ignorait la réponse, le vieux l’avouait à la petite.
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Mais le vieux n'était point si vieux en vérité.
Le vieux était simplement rendu à l'âge où un homme ne se raconte plus d'histoires.Il était rendu à l'âge où un homme ne craint plus ni les échecs ni les succès. Le vieux était désaffecté et doux.(...)
Le vieux était un vétéran.
Un sage.
Un fou.


( p.15)
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Il apposa ses mains sur les deux côtés du du visage ovale de la petite comme s'il voulait ainsi jauger sa forme. Comme s'il voulait en prendre l'exacte empreinte puis l'abbé ferma les yeux et le visage de l'abbé, remarqua le vieux, était beau et pâle et grave. Le visage de l'abbé était comme transfiguré et l'abbé caressa doucement et longuement le visage et le cou de la petite avec le bout de ses doigts. Avec la pulpe maigre de ses doigts. Comme un roi saint applique son oint. Comme poour délivrer la petite d'invisibles écrouelles. Comme pour nettoyer méthodiquement et anxieusement le visage de la petite de futures souillures. De taches de charogne à venir. De lividités cadavériques pour l'instant seulement perceptibles par l'abbé ou comme s'il voulait, par ce moyen sensationnel, inscrire dans son esprit la mémoire des courbes du visage de la petite. Comme si l'abbé avait su que les courbes du visage de la petite devraient un jour s'abîmer et se perdre et que lui, l'abbé, serait le seul gardien de leur souvenir. Du souvenir intact de la petite. Comme si l'abbé devinait que le visage de la petite, bientôt se désintégrerait et que lui, l'abbé, serait l'ultime abandonnataire. L'unique dépositaire de la mémoire du visage encore intègre de la petite et l'abbé releva ses fesses de sur son talon et il amena aussi un peu le visage de la petite vers lui et il donna un baiser sur le front de la petite et aussi sur les cheveux de la petite et l'abbé rouvrit les yeux et ses yeux étaient implorants et embués de larmes pendant qu'il voyait à nouveau la petite et l'abbé dit : une pauvre petite enfant de dieu.
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La petite regardait tous ces objets comme des trésors et ses yeux brillaient d'excitation et le vieux s'amusa d'y lire la fierté satisfaite du propriétaire mais c'étaient pourtant de maigres biens en vérité. C'étaient les maigres biens de deux vagabonds.De simples ustensiles pour bivouaquer et pour survivre.De pauvres outils pour errer et cheminer mais ces pauvres biens semblaient toute leur richesse à la petite et elle pensait que tant qu'ils les posséderaient rien de néfaste ne pourrait leur advenir et elle éprouvait, chaque fois que le vieux en faisait l'inventaire un puissant sentiment de sécurité.
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Vidéo de Marc Graciano
Avec Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti & Martin Rueff Table ronde animée par Alastair Duncan Projection du film d'Alain Fleischer
Claude Simon, prix Nobel de Littérature 1985, est plus que jamais présent dans la littérature d'aujourd'hui. Ses thèmes – la sensation, la nature, la mémoire, l'Histoire… – et sa manière profondément originale d'écrire « à base de vécu » rencontrent les préoccupations de nombreux écrivains contemporains.
L'Association des lecteurs de Claude Simon, en partenariat avec la Maison de la Poésie, fête ses vingt ans d'existence en invitant quatre d'entre eux, Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti et Martin Rueff, à échanger autour de cette grande oeuvre. La table ronde sera suivie de la projection du film d'Alain Fleischer Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde.
« Je ne connais pour ma part d'autres sentiers de la création que ceux ouverts pas à pas, c'est à dire mot après mot, par le cheminement même de l'écriture. » Claude Simon, Orion aveugle
À lire – L'oeuvre de Claude Simon est publiée aux éditions de Minuit et dans la collection « La Pléiade », Gallimard. Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde (colloques du centenaire), sous la direction de Dominique Viart, Presses Universitaires du Septentrion, 2024.
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