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EAN : 9782714310989
311 pages
José Corti (03/01/2013)
4.07/5   40 notes
Résumé :
« Depuis bien des jours le vieux cheminait avec la petite le long de la rivière. Quelquefois le vieux tenait la main de la petite mais, le plus souvent, il la laissait voyager seule autour de lui » :

Telle est la première phrase de cette histoire puissamment envoûtante tant par la tension dramatique constante que Marc Graciano parvient à conserver tout au long de ce voyage initiatique, semé d’embûches, dans un temps très ancien, que par son style uniq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Ils cheminent le long de la rivière, un homme et une fillette, le Vieux et la Petite. Ils ne sont pas riches, ils portent sur eux tout ce qu'ils possèdent et la nature leur donne de quoi subvenir à leurs besoins. le Vieux prend soin de la Petite, veille à ce qu'elle soit au chaud, propre et bien nourrie. A son contact, la Petite découvre la nature, apprend ses bienfaits et ses dangers. Leur chemin est long et semé d'embûches, le danger rôde, parfois il faut se défendre, tuer pour ne pas l'être. Mais certaines rencontres sont belles, enrichissantes, pleines d'humanité. L'homme peut être un animal ou une belle âme, cela aussi la Petite l'apprend le long de ce parcours initiatique qui la mènera, loin là-bas, vers le but qu'ils se sont fixés.


Situé en un lieu et un temps indéterminés, le récit de Marc GRACIANO se dévide tel un fil continu, une litanie hypnotique qui accroche le lecteur et le mène dans un autre monde, un lointain passé où la vie n'était pas plus facile, mais plus authentique. le Vieux et la Petite et tous les personnages qu'ils croisent s'inscrivent dans une logique naturelle, sans fard, sans artifice. Des liens qui les unissent, du but de leur voyage, on ne saura rien non plus mais on ne peut s'empêcher de les suivre, de suivre la cadence du texte scandé, répétitif et riche. Des mots oubliés, désuets, une richesse de vocabulaire telle qu'il faut en accompagner la lecture d'un bon dictionnaire mais cela renforce l'immersion dans cette époque moyenâgeuse où les dames portent le hennin, où les chevaliers s'affrontent sur la lice, où le veneur croise le bourreau.
Un livre qui se mérite, qui surprend, qui emporte, une mélopée envoûtante d'une beauté et d'une originalité rares.
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A travers les yeux du vieux et de la petite on traverse la forêt moyenâgeuse et puis on croise des vagabonds et des montreurs d'ours et on entre dans la ville avec ses potences et aussi ses tournois de chevaliers et puis on est hébergé dans une abbaye et puis auprès de nomades et aussi du veneur qui connaît des grimoires et aussi un arbre-esprit à l'entrée du village.

Au début j'ai souri avec ces phrases à répétition comme raconté par un enfant puis j'ai souvent décroché de ce texte pourtant très travaillé, hyper réaliste, super documenté avec un vocabulaire d'époque, et même poétique à sa façon.
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Comment parler d'un livre que l'on a énormément aimé au point d'avoir envie de le garder pour soi ?
Le livre débute comme un récit initiatique, vous ne saurez jamais où se passe le récit, ni le nom des deux personnages, ni d'où ils viennent, ni où ils vont.
Le vieux et la petite vont cheminer ensemble tout au long du roman, le vieux protégeant la petite, l'éveillant à ce qui l'entoure, la portant quand elle est fatiguée, la réchauffant quand elle a froid, la nourrissant avec amour.
Ce que l'on devine c'est que le récit fait retour vers un monde médiéval, un monde ancien. L'homme et l'enfant vont affronter ensemble des épreuves.
Un moyen-âge imaginaire se déploie, le village et ses remparts, un tournoi avec des chevaliers en cotte de mailles et des dames portant hennin, le travail des artisans le long de la rivière.
Ils vont croiser la route d'une série de personnages, bienveillants ou dangereux, comme les figures d'un ancien jeu de cartes, l'auteur les nomme : il y a le géant, l'abbé, le veneur. Les lieux traversés sont nommés avec le même laconisme : le marais, la ville….
Le vieux se fait éducateur Il lui nomme le monde, lui montre ses beautés et ses pièges
Il l'avertie de la folie des hommes lorsqu'ils assistent à un exécution
Avec lui elle découvre le monde, sa violence, ses lois, sa beauté.
Le chemin sera long et semé d'embûches, de belles rencontres, de dangers évités pour atteindre le but du voyage.

Le récit se déploie et l'auteur utilise un mode d'écriture basé sur la répétition, ces répétitions transforment les phrases en litanies, donnent au récit un rythme lent et procure une sensation un peu hypnotique.
C'est une écriture qui envoûte mais qui aussi se mérite, l'auteur vous fait parcourir des lieux escarpés et sa langue est elle-même une épreuve initiatique.
Pour le lecteur aussi il s'agit d'apprentissage, les mots du travail, des outils, de la chasse, de la pêches, les mots des joutes et des tournois. Ils sont autant de pièges et de détours qu'il vous faudra passer.

J'ai noté au fur et à mesure tout un vocabulaire inconnu, inusité, rare, et j'ai béni mon Littré et mon Dictionnaire historique de la langue française.
brousser cabarer eubage
cosnil camail archiatre faonner
muid brassin abeausir
toue achevaler ablais dosse
ébarouir adamantin

Pour apprécier ce livre il faut accepter de se laisser surprendre, ensuite on est envoûté et on pénètre dans les terres secrètes de Marc Graciano.
Ce livre est beaucoup plus qu'une bonne surprise, c'est un récit splendide auquel il faut faire une place dans votre bibliothèque.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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L'originalité de ce roman est sans conteste l'écriture. Un style très particulier, aux tournures musicales dans leur rythme et leur répétition , un lexique très recherché, rendant obligatoire la consultation d'un dictionnaire. La lecture n'est pas simple, et demande de l'attention (mais c'est un plaisir de découvrir de nouveaux mots).

L'histoire est celle d'un cheminement, réel et symbolique. Celui d'un vieux et d'une petite, qui restent identifiés sous ces seuls vocables. le voyage est issu d'une promesse à une mère mourante. le parcours est riche de rencontres, qui nourrissent l'enfant et interrogent l'ancêtre. Heureuses ou hostiles, ces étapes contribuent à informer le lecteur sur les lieux et les temps du récit : fort anciens, au sein d'une nature montagneuse et boisée.



Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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La lecture de ce livre a été, pour moi, un véritable supplice… Je me suis cru revenu 50 ans en arrière aux heures les plus sombres du Nouveau Roman…Beaucoup de descriptions, destruction du personnage, approche « behaviouriste », intrigue inexistante…Car il faut bien l'avouer, ce roman est quasiment illisible… Ce « road movie médiéval » où nous suivons le « vieux » et la « petite » dans la montagne, qui remontent un cours d'eau jusqu'à sa source, ne nous épargnera aucun détail de leur errance…
Salué unanimement par la critique, ce texte me fait penser à un exercice d'école, à une réflexion sur l'écriture, sur le langage, bref, sur lui-même. « le roman n'est plus l'écriture d'une aventure, mais l'aventure d'une écriture » disait Jean Ricardou : on est en plein dedans !

Il m'arrive très souvent, quand je lis un roman, ou d'autres textes d'ailleurs, de lire le début et la fin. L'incipit et l'excipit, pour faire le pédant…
Les premières pages m'ont surpris, mais les descriptions, malgré leur côté agaçant, m'ont presque fait penser à du Giono dans « le Chant du Monde » (la montagne, la rivière…). J'ai pensé qu'il s'agissait d'un récit en prose poétique, fort et prenant, sur une errance dans la nature, hors du temps…
La très longue dernière phrase sur 4 ou 5 pages, sans ponctuation, évoquant la mort des deux personnages, m'a propulsé dans du mauvais Joyce…
Cet homme tatoué qui meurt dans la montagne, mais ce ne serait pas Ötzi, me suis-je dit ! Non, celui-là n'est pas tué par une flèche dans le dos…Donc, ce n'est pas ça…
Je me suis donc lancé dans la lecture, assez sceptique et dubitatif, et je dois dire que sa lecture s'est échelonné sur presque un mois, quelques pages par jour…

La première des choses que je lui reproche est l'utilisation systématique, comme mode d'écriture, de la répétition, et notamment des verbes (il portait, il avait, il dit…) dans une même phrase, ce qui devient vite insupportable. de même que la profusion de la conjonction « et » et des connecteurs « comme, aussi » qui allongent la phrase et la rendent indigeste. On peut trouver cela « envoûtant », le comparer à des litanies qui donnent un rythme étrange et prenant au récit…Je trouve que cela ressemble à une mauvaise rédaction d'élève de 4ème…
En outre, l'auteur ne nous épargne aucun détail sur les outils, la chasse, la pêche, les plantes, les vêtements et l'équipement des chevaliers… Cette « obstination de la description » se rapproche de la description interminable du quartier de tomate dans « Les Gommes » de Robbe-Grillet.
De plus, ces descriptions se complexifient par l'emploi, de nouveau systématique, de termes oubliés, anciens, évidemment très précis, mais qui ne sont là que pour décorer.
Il faut alors aller chercher le sens de « brousser, cabarer, forlonger, abalourdir, eubage, camail, archiatre, abeausir, achevaler, dosse, ébarouir, faonner, gambison…. » Bien sûr, on en connaît au passage (petite satisfaction, tout de même…) et on se demande si le livre n'a pas été écrit en s'appuyant sur « le Dictionnaire des mots rares et précieux », avec comme objectif oulipien (mais sans l'humour…) d'en utiliser le plus possible !

Je pense qu'il ne sera pas très « politiquement correct » de ne pas avoir aimé ce livre. Je suis peut-être passé à côté de l'aspect « tragique et superbe » de cette errance métaphysique ? Ce roman est une curiosité, une oeuvre au moins intéressante du point de vue stylistique, à défaut d'être prenante. Mais j'espère que ce type de narration ne mènera à rien, qu'elle n'aura pas de postérité. Car elle est un cul-de-sac.
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critiques presse (1)
Telerama
27 mars 2013
Marc Graciano, 47 ans, y conduit le lecteur avec autant de réalisme que de poésie, [...]. Et la nature est elle aussi vivante, vibrante, où se fond le lecteur, tous ses sens en éveil ; attisé par un texte envoûtant comme une hypnotique litanie, toute de mots rares et vieux, de répétitions et d'énigmes, de merveilleux et d'effroi.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Depuis bien des jours le vieux cheminait avec la petite le long de la rivière. Quelquefois le vieux tenait la main de la petite mais, le plus souvent, il la laissait voyager seule autour de lui. À cette fin, le vieux veillait à libérer la petite de tout faix. Le vieux veillait aussi à toujours régler son pas sur celui de la petite. Le vieux marchait doucement et quand la petite découvrait une chose inconnue et qu’elle s’arrêtait pour l’observer et qu’elle s’accroupissait sur les talons et qu’en se grattant impudiquement les fesses elle questionnait le vieux, le vieux s’arrêtait aussi. Le vieux interrompait leur voyage et, chaque fois qu’il le pouvait, il nommait à la petite ce qu’elle voyait. Chaque fois qu’il le pouvait, le vieux enseignait la petite sur les êtres et sur les choses qu’ils rencontraient. Le vieux nommait à la petite toutes les choses qu’elle découvrait et, quand il le connaissait, il lui en décrivait l’usage. Souventefois aussi, la petite demandait au vieux l’origine des choses et le vieux faisait toujours l’effort de lui répondre le plus sérieusement et le plus complètement possible mais, quand il ignorait la réponse, le vieux l’avouait à la petite.
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Il apposa ses mains sur les deux côtés du du visage ovale de la petite comme s'il voulait ainsi jauger sa forme. Comme s'il voulait en prendre l'exacte empreinte puis l'abbé ferma les yeux et le visage de l'abbé, remarqua le vieux, était beau et pâle et grave. Le visage de l'abbé était comme transfiguré et l'abbé caressa doucement et longuement le visage et le cou de la petite avec le bout de ses doigts. Avec la pulpe maigre de ses doigts. Comme un roi saint applique son oint. Comme poour délivrer la petite d'invisibles écrouelles. Comme pour nettoyer méthodiquement et anxieusement le visage de la petite de futures souillures. De taches de charogne à venir. De lividités cadavériques pour l'instant seulement perceptibles par l'abbé ou comme s'il voulait, par ce moyen sensationnel, inscrire dans son esprit la mémoire des courbes du visage de la petite. Comme si l'abbé avait su que les courbes du visage de la petite devraient un jour s'abîmer et se perdre et que lui, l'abbé, serait le seul gardien de leur souvenir. Du souvenir intact de la petite. Comme si l'abbé devinait que le visage de la petite, bientôt se désintégrerait et que lui, l'abbé, serait l'ultime abandonnataire. L'unique dépositaire de la mémoire du visage encore intègre de la petite et l'abbé releva ses fesses de sur son talon et il amena aussi un peu le visage de la petite vers lui et il donna un baiser sur le front de la petite et aussi sur les cheveux de la petite et l'abbé rouvrit les yeux et ses yeux étaient implorants et embués de larmes pendant qu'il voyait à nouveau la petite et l'abbé dit : une pauvre petite enfant de dieu.
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La petite portait une robe chasuble de lin gris et elle portait des chausses de lin gris et elle portait des bottes de chanvre à lacets et elle avait, pour les temps froids, un gilet en peau de mouton que, lorsqu’elle ne l’utilisait pas, le vieux portait pour elle roulé en sautoir sur sa propre taille à l’aide de la longue cordelette de cuir qui était cousue au gilet en office de ceinture. La petite avait des cheveux très blonds, presque blancs à force de blondeur, qu’elle portait libres ou bien attachés par le vieux avec un lacet de cuir en une couette unique à l’arrière du crâne. Elle avait le nez retroussé avec beaucoup de taches de rousseur et elle avait les oreilles petites et décollées. Elle avait la peau très mate et elle avait des yeux gris et elle portait, autour de son frêle cou longiligne, un collier de coquillages marins dont les surfaces extérieures étaient parfaitement lisses ou bien naturellement sculptées de fines cannelures qui apparaissaient en relief mais dont la nacre des revêtements intérieurs était toujours brillante et grise.
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Le verger était intégralement en fleurs et tous les arbres du verger étaient comme parés de flocons de fleurs blanches, juste un peu nacrées de rose, et il semblait que durant la nuit une neige légère était tombée sur tout le pays mais que partout elle avait déjà fondu et que, sa présence n'avait perduré que sur le bouquet des arbres et, sous les accès sporadiques du vent, une pluie de pétales était régulièrement emportée vers la lice et, étonnamment, des gens du commun dans le château, des lingères ou des servantes, avaient omis de rapatrier de grands draps de lins blancs étendus sur des cordelettes de chanvre entre diverses branches du pommier, le lieu habituel pour leur étendage, et les draps sous l'effet des mêmes accès de vent qui animait les bannières et aussi les voiles des hennins et aussi les plumes des chapeaux et aussi les rampages fleuris des pommiers, déclenchant ainsi des averses de pétales, se gonflaient et s'agit aient et parfois claquaient doucement dans l'air doux et tiède. (page 91)
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Presque toujours en fin de journée, parce qu’elle était fatiguée, la petite demandait à être portée. Le vieux prenait alors la petite dans ses bras ou bien il la laissait grimper sur son dos. La petite s’affourchait sur le dos du vieux en accrochant ses bras autour du cou du vieux mais inexorablement, à cause des cahots de la marche, son corps finissait par glisser vers le sol et, de ce fait, elle étranglait le vieux. Le vieux tançait alors la petite et il lui demandait de mieux se tenir et, d’un brusque mouvement de hanches, il la remettait droite sur son dos mais quand, malgré ses remontrances, la petite recommençait à mollement se laisser aller et à l’étrangler de nouveau, le vieux la reposait à terre. Le vieux savait alors qu’il était temps de faire étape.
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