poésie
du peu
comme
flèche
lancée
au cœur
de
la cible
du silence
pour que les
vibrations
de la flèche
fassent
résonner
le silence
et dans
cette résonance
montrent
la façon
qu’a l’humain
de se tenir
debout
même si
c’est
au bord
du vide
qu’il a
en lui
et qui est
le vide
naissant
des violences
que s’infligent
partout
tout
le temps
les hommes
entre eux
Presque rien à saisir et peu à effleurer, dans le temps. Au bout, résistent ces moments où l'on frôle, caresse parfois, à la limite d'une peau, ce qui plus loin devient vite trop loin et s'enfonce sans mots, lentement.
Hors de portée, dedans, les sables que les mots croient fixer, où ils se
perdent. Ce mouvement bruissant de dunes, musique seule et sans fin
sinon finir soi, devenir matière sans bruit, sable ou souffle dans le vent
d'une langue.
Tant que reste un bruit d'air dans la gorge ou qu'on entend, sous les
langues qui bougent toujours, ce murmure sans mots, continu,
comme un chant presqu'effacé, on est assez pour être avec, on dure.
Cela, ou un visage sûr, ou le battement du cœur dans la main, voilà
pour ce temps — à la limite de ce qu'on peut — ce qui est, vraiment.
poésie
du peu
mais
c’est
pour
que
résonne
par-delà
les mots
le son
de l’humain
perdu
dans la débâcle
des jours
ordinaires
et se
raccrochant
à sa finitude
comme à un
fil de nylon
polyamide
blessant
les paumes
elle [la mort] recule encore
plus au fond
et nous ne verrons guère les visages
que par accident
remous
un pas lourd un rire une poigne
puis
un peu d’eau ou de temps
recouvrent le peu
puis
rien
mais de façon presque claire
on entend ce qu’on ne voit plus
tomber profond
loin
dedans
on rôde autour d’un manque
une zone devenue d’ombre
l’humain
vit
et dans
cette vie
qui est
la sienne
il
lutte
pour ne
pas sombrer
dans la tiède
pensée
du désespoir