Une lecture qui me laisse circonspecte. Ai-je ou non aimé ce livre ? La difficulté à répondre à cette question me laisse croire que ce n'est pas un coup de coeur. Et pourtant…
Ce roman se déroule en une nuit, à Vienne, chez un musicologue orientaliste et insomniaque. Se croyant à la fin de sa vie – le lecteur ne saura jamais s'il est un véritable hypocondriaque ou si son mal est réel –, il se remémore ses voyages, ses rencontres et son amour pour une chercheuse française, Sarah. L'ensemble est poussif, fait d'une suite de références orientalistes qui ne doit parler qu'aux spécialistes. On ne retient rien de cette logorrhée interminable et fatigante qui fait le va-et-vient entre Orient et Occident. Ce n'est même pas un discours scientifique puisqu'il n'y a ni construction théorique ni thèse, on en vient même à croire que l'auteur s'est perdu dans ses recherches documentaires.
On comprend peu à peu que c'est une astuce littéraire pour nous faire entrer dans l'état d'esprit du personnage, ses hésitations, ses souvenirs, cette nuit qui n'en finit jamais. Peut-être est-ce également une façon pour l'auteur de recréer cette sensation, si souvent évoquée au cours du texte, que provoque l'opium : la perte de repères, le flottement.
Malgré cette logorrhée pseudo-scientifique, malgré la lenteur du récit tiraillé entre une histoire d'amour dont on ne sait pas si elle existe vraiment et des références orientalistes que l'on comprend (ou non !), malgré tout, on est touché. Il y a une touche de poésie dans ce roman mais elle méritait mieux que de se retrouver engloutie dans un salmigondis qui accumule les références livresques. Elle aurait pu jaillir d'une réelle expérience de vie dans les pays évoqués mais, visiblement, ce n'est pas le cas. Ou peut-être que Mathias Énard, à l'instar de ses personnages, s'est contenté de rester dans des cercles très fermés de diplomates et d'intellectuels.
Cela aurait apporté une épaisseur vivante au récit. À force de vouloir étaler des connaissances, l'auteur se perd et oublie de nous raconter une histoire qui nous parle de nous en tant qu'êtres humains. Cette touche d'universel n'est présente qu'au dernier chapitre et je crains que beaucoup aient abandonné la lecture avant. Dommage.
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De nombreux commentaires ont (déjà) été écrits sur le prix Goncourt 2015. La lecture de « Boussole » ne laisse pas indifférent, elle nécessite attention et demande des efforts. le lecteur suit l'insomnie d'un musicologue viennois, Franz Ritter, dans ses souvenirs orientaux et son amour pour Sarah qu'il a suivie en Syrie, en Irak et en Iran. le récit est dense et mêle de nombreuses références aux musiciens, écrivains, lettrés qui ont étudié les liens du monde occidental avec l'univers oriental. Mathias Enard y développe une grande érudition, cependant, quelques passages s'apparentent davantage à un essai savant sur l'Orient. le roman alterne les souvenirs des moments vécus avec Sarah et des exposés qui semblent (parfois) pesants. le rythme est imprimé par le flot de phrases longues bercées par un souffle narratif. le lecteur est emporté par une tornade de descriptions, impressions, sensations au goût exotique. le livre ne manque pas d'humour, les personnages rencontrés sont typés, décrits dans leurs manies, et apportent une touche d'humanité au développement savant. Il est bavard, n'est-ce pas ce que reproche Sarah à Franz lors de leur rencontre à Vienne ? La référence aux lieux (Palmyre, Damas, Téhéran..) et la mise en perspective historique et culturelle affirment l'intérêt du lecteur soumis à une actualité complexe et « chargée ». Un livre, donc, dérangeant dont la composition et le rythme emportent le lecteur sur des chemins de la connaissance d'un monde proche…et dissemblable.
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Trop peu roman, avalanche de détails (sans doutes vrais) de toutes natures tendant à illustrer l'évolution des rapports orient occident. Cela ressemble plus à une thèse de doctorat qu'à un roman et cela rend la lecture pénible.Cette érudition (réelle ou affichée) et assénée parait prétentieuse.
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Accrochez vous !
Le style est un ravissement. Les errements intellectuels du héros sont très difficiles à suivre. le lecteur est bercé, voyage, mais est souvent étouffé par la culture de l'auteur ( musique, moyen-orient, orientalisme ) jetée en pâture sans retenue.
A découvrir.
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De très belles pages très intéressantes, malheureusement l'ensemble du livre est un casse tête. Que de noms souvent inconnus du lecteur et qui auraient peut-être mérité quelques explications. Dommage.
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