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3,31

sur 861 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Prix Goncourt 2015, adulé par la critique, Boussole fait partie de mes déceptions : le style n'est pour moi pas à la hauteur du prix de littérature le plus honorifique de la langue française...
Le récit peut également énerver, entre le narrateur, misérable larve incapable de faire quoi que ce soit de véritablement excitant, et l'objet de tous ses désirs et obsessions, l'attachante Sarah qui finit elle-aussi par voir son charme décroître.
L'auteur n'a à mon sens par réussi le pari de faire véritablement sentir à son lecteur les mystères et la pesanteur de l'Orient, propre à certains récits de voyage ou à certains auteurs du Moyen-Orient ; les chapitres s'enchaînent sans véritable apothéose, et le rythme demeure peu soutenu.
Impossible par contre de ne pas s'émerveiller devant les innombrables références auxquelles l'auteur fait allusion, que ce soient des textes, des ouvrages, des personnages, des lieux, des musiques...

Un sentiment final plutôt mitigé, si le livre ne m'a pas rebutée, il ne fait pas non plus partie de mes coups de coeur.
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Pour ne pas trop perdre le nord dans le flot de la rentrée littéraire, ce roman est tout indiqué. Jeu de mot facile, désolé, mais je trouve le dernier opus de Mathias Enard - déjà auteur de Zone (2008) ou encore Rue des voleurs (2012) - fort recommandable. Cette Boussole-là indique en vérité l'Est. le Niortais Mathias Enard a étudié l'arabe et le persan à l'Institut des langues orientales, et on sent que c'est un connaisseur du Moyen-Orient.
Concernant l'Orient, « Les journalistes s'occupent de la douleur et de la mort » explique-t-il pour exprimer la vision que les médias ont de cette partie du monde, ne mettant en avant que les horreurs des conflits de Syrie, d'Irak, d'Afghanistan, de Palestine… Terrible liste. le personnage central de Boussole, Franz Ritter, nous montre autre chose, et on le suit volontiers dans ses méditations.
Qui est ce Ritter ? Un musicologue autrichien, viennois plus précisément et ce détail est primordial dans le fil du récit ; intellectuel velléitaire, très malade, il passe une longue nuit d'insomnie où les rêveries, les souvenirs amers et joyeux, se bousculent. L'action se situe dans l'espace clos de sa chambre, à Vienne, la « Porta Orientis », « mais sur quoi ouvre-t-elle ? », questionnement fondamental de ce roman fleuve… qu'il soit Tigre, Euphrate ou Nil, d'ailleurs. (Désolé, je ne peux pas m'en empêcher.)
Franz se raconte, de la Styrie à la Syrie, entre émerveillement et humour, comme un bilan de vie ; le récit de son existence s'entrecoupe de lettres, de mails. Stylistiquement le livre est audacieusement complexe, méandreux. On est frappé (un peu heurté même) par l'érudition de Ritter – donc celle d'Enard - : les références se multiplient. de fait, l'Orient de Ritter peut « désorienter », on se perd parfois, c'est tant mieux peut-être, même si l'on peut légitimement se sentir un peu découragé face à l'éparpillement et aux digressions d'un récit quand même un chouïa prétentieux. Parfois même indigeste comme un bol de loukoums.
Mais bon, on continue : des rencontres, des croisements, il faut apprendre à se perdre (on n'a pas trop le choix quand on a fait peu d'études comme moi...). On se laisse mener. Les heures d'insomnie de Ritter créent des ponts multiples, des passerelles infinies, entre Orient et Occident, en littérature, poésie, peinture, architecture, musique, fantasmes en tous genres… Se succèdent mille et une références de livres, thèses, oeuvres d'art, sur un ton quelquefois un peu docte. Enard nous propose des voyages dans l'espace, à Istanbul, Damas, Alep, Téhéran, et toujours plus vers l'est, dans tous les lieux fréquentés par ce bon Ritter et sa Sarah, la femme aimée, dans tous ces lieux où bringuebalent leurs passions orientalistes, leur amour plus ou moins contrarié. Voyages dans le temps aussi, celui de l'histoire fait d'absences et de retrouvailles de ces deux êtres passionnés et celui de la grande Histoire avec l'évocation des grands empires (ottoman, perse, abbasside…) ou des révolutions (arabes en 2011, iranienne en 1979...), et l'on croise la route de personnages prestigieux, de Lawrence d'Arabie à Goethe, de Mahler à Rimbaud, de Khayyam aux maîtresses de Flaubert.
Dans l'ensemble touffu et labyrinthique du roman, on cueille des trouvailles assez formidables, telle la lumière bleutée de l'ordinateur de Franz qu'il imagine être un tableau de Paul Klee, brillant dans la nuit… Des phrases qui interpellent le Poitevin que je suis : « Théodore Chassériau, qui combine la précision érotique d'Ingres avec la fureur de Delacroix » : vite, retourner au musée Sainte-Croix, scruter à la loupe L'Eunuque et la reine d'Ethiopie et vérifier l'affirmation de Franz ! Des passages réjouissants comme cette longue tirade antiwagnérienne et Gobineau, « inventeur de l'aryanité » qui se fait méchamment épingler aussi. Des découvertes : saviez-vous que « Paradis est un mot persan » ? J'ai vérifié : ça vient en effet de l'avestique, la langue antique des Zoroastriens.
Essentiel dans ce roman : l'auteur, via son narrateur, met le doigt sur l'ambivalente fascination des Européens pour l'Orient, ce fameux « orientalisme » qui a tant nourri l'âme des artistes et des rêveurs, mais pas seulement… Ou comment l'archéologie, noble discipline savante, fut à la fois recherche de savoir (donc de sagesse) et forme de pillage brutal... Enard rappelle que les grandes expéditions archéologiques furent liées à l'ère coloniale : l'égyptologie n'es-elle pas une discipline purement européenne ?
Chaque nation européen a cultivé "son" Orient. Une pure invention de l'esprit, on s'en doutait. Mais tout de même, on ne cherche pas quand on ne manque de rien...
Bref, une diversité étourdissante, vertigineuse, qui époussète la vision uniforme et caricaturale que nous pouvons avoir, d'Occident, de ce fameux « Orient » qui n'existe pas tout en restant omniprésent.
Mais au-delà de l'érudition affichée, ne s'agit-il pas d'abord et surtout d'un roman d'amour ? Bah oui. L'Orient véritable de Franz, ne serait-ce pas Sarah ? Sarah, « femme savante, femme libre, femme puissante, qui a un vrai itinéraire scientifique et spirituel » selon Enard ; Franz se sent insignifiant face à cet idéal féminin, et c'est lui qui a besoin d'une boussole pour se repérer dans ses propres sentiments.
Beaucoup de personnages troubles peuplent le roman, des fous, des érotomanes, des archéologues espions, l'Orient faut tourner les têtes et les coeurs, avec ou sans opium. Chacun cultive son Orient, tend vers un absolu qui n'appartient qu'à soi, mais cette quête est universelle. Sarah, intelligente et aventurière, sublimement belle, est peut-être au fond le vrai personnage principal, l'obsession de Frantz, son Orient à lui. Désir physique ? Profonde et inaltérable complicité intellectuelle ? Quête d'absolu partagée dans la fascination orientaliste ?
Simplement un amour humain posé sur le mythe insaisissable de l'Orient, derrière lequel courent les deux personnages : ce Levant géographique d'où vient la lumière, mais un Orient jamais fixé. L'orient, quasi indéfinissable serait comme une « fiction collective, différente selon les époques et les lieux, une réserve d'imaginaire », certainement inépuisable comme le suggère ce livre.
Le roman s'achève au petit matin, le soleil se lève ; message d'espérance. de nouveaux jours se lèveront sur l'Orient. Sur la Syrie, l'Irak, la Palestine, aujourd'hui tellement accablés par les ténèbres.



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Objectivement c est très bien écrit et très documenté. Mais j ai eu beaucoup de mal à entrer dans le roman et je suis resté en grande partie extérieur. Je n ai pas aime le côté décousu de l'oeuvre et la multiplication des références artistiques qui peuvent nous dépasser et nous perdre. Même si l ambiance orientale est très envoutante et le personnage touchant, cela n'a pas été suffisant pour susciter mon intérêt sur la longueur. Pour avoir lu d autres Goncourt je me suis posé comme beaucoup la question si ce roman n'était pas tout simplement élitiste.
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C'est en lisant la critique sévère d'Alexein dans Babelio et aussi pour le prix Goncourt 2015 que j'ai eu envie de lire Boussole. Un texte empreint de mélancolie, d'attente, de rendez-vous manqués, de réminiscences et de divagations du narrateur qui ne parvient jamais à s'endormir et qui nous abreuve de digressions érudites sur l'orientalisme au XIXe siècle et ses propres recherches sur les oeuvres musicales découlant de ce courant. Une lecture donc exigeante, foisonnante de détails historiques et dont l'histoire d'amour est noyée dans un fatras de noms illustres. Dommage! Une trop grande distance de l'auteur avec ces personnages m'a empêchée d'appréhender ceux-ci et de les aimer. Qui trop embrasse mal étreint, dit-on.
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Boussole est un livre très intéressant pour qui aime la musicologie, l'Orient, et les romans introspectifs. Heureusement j'aime les deux premiers et c'est ce qui m'a permis de finir ce livre...mais que j'ai trouvé la lecture longue et difficile !
Franz, cet éminent musicologue, malade et insomniaque revisite sa vie et dresse le bilan de ses expériences. A l'image de la pensée les idées foisonnent, sautent du coq à l'âne, puis reviennent. Bien que je comprenne que ce style reflète le mécanisme de la pensée cela en fait un livre très difficile à lire...
J'ai trouvé cela fastidieux malgré le sujet passionnant...d'où le 3 étoiles.
Lien : https://youtu.be/3m0w7FbRt64
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Lors d'une nuit d'insomnie, Franz Ritter, musicologue viennois, rappelle à sa mémoire ses souvenirs d'Orient tout en nous racontant son histoire d'amour avec Sarah. Cap à l'Est : pendant ce voyage nocturne nous ferons la connaissance de nombreux orientalistes qu'ils soient musiciens, écrivains, aventuriers ou universitaires. le problème c'est que les propos de ces personnages priment sur leur construction. Résultat, ils nous paraissent creux, Sarah par exemple n'est pas crédible, elle a toujours une réponse à tout et une culture sans limite! le manque de consistance narrative n'enlève rien à la richesse du roman qui regorge d'anecdotes culturelles et de connaissances historiques mais à vrai dire je n'ai pas compris grand chose à l'histoire elle-même. Pourtant ce savoir est en lui-même passionnant, notamment lorsqu'il nous parle de la révolution iranienne ou du mythe de l'Orient créé par l'Occident, j'aurais en fait aimé lire tout cela sous la forme d'un essai.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Il faut connaître la prose d'Enard pour essayer d'apprécier ce roman prétentieux et verbeux (parfait pour un Goncourt). Quel ennui à lire cette érudition !
Un vague fil directeur : un homme, qui se sait malade et mourant, pendant une nuit d'insomnie, se remémore son passé d'intellectuel et son amour pour une spécialiste du monde arabe, dont il s'est rapproché, éloigné durant les dernières décennies. Ce projet est l'occasion pour Enard de rappeler l'étroitesse des relations entre Orient et Occident, tout particulièrement mondes arabes et européens. Sous prétexte de recherches des doctorants, puis des maîtres de conférences, l'auteur circule dans la littérature et la musique européenne et arabe, remonte au Moyen-Age, tisse les liens entre Wagner et la musique ancestrale arabe, rappelle l'orientalisme et la curiosité De Balzac etc.
C'est extrêmement riche mais lassant : trop de références qui tuent le rythme du livre, qui étouffent le lecteur, parfois tenté de tout vérifier ou découvrir sur internet. On regretterait presque qu'il n'y ait pas de bibliographie du corpus utilisé par Enard pour construire son monument de culture.
En ces temps où la politique nous fait croire que les civilisations occidentales et orientales sont incompatibles, un tel ouvrage peut paraître salvateur. Il le serait d'autant s'il était vraiment lisible.
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Le CD, lu par l'auteur m'a aidée à ne pas abandonner la lecture de ce livre touffu estampillé "roman"; trop d'érudition m'a fait perdre le plaisir de découvrir les orientalistes de tout poil; heureusement une histoire d'amour s'y trouve aussi...Une nuit d'insomnie interminable où un musicologue viennois, malade, éternel amoureux, évoque ses souvenirs et son immense intérêt pour l'Orient qu'il connaît bien...
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Px Goncourt des lycéens dont je ne suis jamais déçue ; de bonnes critiques ...tout pour que je l'achète les yeux fermés.
Qu'elle déception ou plutôt frustration , c'est long , parfois ennuyeux , bien sûr il y a des passages intéressants , poétiques , mais il y a trop de références , trop de noms . ... Roman très érudit sur l'amour de l'Orient mais qui ne nous embarque pas , dommage

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Boussole nous invite à voyager, à découvrir l'Est. Et comme tous les voyages, il y a des moments pénibles et des moments heureux.
Bref, il ne faut pas être trop à l'ouest pour lire ce roman sinon on risque de perdre le nord !
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