Ce tome fait suite à Ten Thousand Bullets (épisodes 4 à 8, et annuel 1) il comprend les épisodes 9 à 14, tous écrits par
Garth Ennis et illustrés par
John McCrea.
Épisodes 9 à 12 "Local heroes" - Tommy Monaghan, Ringo Chen, Natt Walls, Sean Noonan et Hacken se retrouvent à l'enterrement de l'un des leurs. Après la mise en terre, ils se retrouvent dans le bar de Noonan où les souvenirs de l'inénarrable Sixpack égayent leur soirée (un individu au ventre rebondi avec un costume de superhéros trop petit, et une propension comique à la mythomanie). Un officiel du gouvernement vient trouver Monaghan chez Noonan pour lui mettre un marché en main : soit il travaille pour le gouvernement pour tuer les superhéros et supercriminels qui lui seront désignés, soit il devra être éliminé. Deborah Tiegel (une officier de police) a appris par hasard cette manigance et souhaite trouver le moyen d'aboutir à une certaine justice.
Épisodes 13 & 14 "Zombie night" - Un scientifique travaillant pour le gouvernement a mis au point un sérum pour réanimer les morts en zombies. le sérum a été volé, et Hitman a été engagé pour le récupérer.
Garth Ennis poursuit la description de la vie de ce tueur à gages doté de petits superpouvoirs (vision aux rayons X + télépathie superficielle). le lecteur retrouve la franche camaraderie virile qui lie les 5 potes, avec l'introduction d'une forme de rivalité entre Monaghan et Chen qui sont tous les 2 tueurs à gages. Hacken remplit la fonction d''idiot du village avec une force impressionnante. L'apparition de Sixpack permet à Ennis de railler les événements de l'univers partagé DC. Par exemple, c'était l'époque où Superman s'était laissé pousser les cheveux dans le cou (jetez un coup d'oil à The Return of Superman si vous ne me croyez pas) et une pétition circule chez Noonan pour que Superman se fasse couper les cheveux parce que cette coupe fait négligé.
La première histoire est également l'occasion pour Ennis de confronter Hitman à un superhéros débutant, à savoir Kyle
Rayner nouvellement intégré chez les Green Lanterns (en lieu et place d'Hal Jordan qui était au plus mal à l'époque). À ma gauche, vous avez un vieux roublard doté de télépathie, à ma droite vous avez un jeune homme habile et très noble. Évidemment Green Lantern n'a aucune chance et c'est un plaisir rare de voir Monaghan le manipuler à sa guise pour le faire collaborer avec le tueur à gages qu'il est contre tous ses principes. Il s'agit d'une mise en musique irrésistible du proverbe anglais "Old age and treachery will overcome youth and skill.". La deuxième histoire est un gros défouloir contre des zombies d'un genre très particulier, avec maltraitance de bébés phoques par-dessus le marché. Ennis déroule une grosse farce, avec un scénario qui tient la route, et un mariage réussi entre le suspense et le comique de situation, avec de très gros moments Ennis (trash, crade et d'un humour noir à toute épreuve).
Garth Ennis continue de présenter Tommy Monaghan sous un jour très humain. Il n'a rien d'une machine à tuer, ses blessures ne guérissent entre 2 épisodes, et il éprouve même des émotions. Ennis introduit une femme qui a du caractère en face de lui (Deborah Tiegel) et leur relation s'engage sur la voie de la comédie romantique humoristique, mais avec de vraies émotions. À la fois, Monaghan est plus éloigné de la réalité que Jesse Custer ou Frank Castle, à la fois il est beaucoup plus humain, plus accessible aux émotions. Et l'humour reste présent : la scène hilarante dans laquelle Monaghan se présente à la mère et au grand-père de Tiegel.
Les illustrations de
John McCrea souligne ce paradoxe avec un style plus superhéros que réaliste, mais aussi des scènes quotidiennes moins exacerbées que dans les 2 séries précitées. le style de McCrea oscille entre l'ordinaire des comics de superhéros (avec disparition des décors pendant plusieurs pages, grosses démonstrations pyrotechniques de superpouvoirs pour Green Lantern, etc.) et un rendu prosaïque des scènes de bar. Il a également un talent indéniable pour la mise en scène des moments Ennis. Impossible d'oublier le massacre des bébés phoques, ou la panse de Sixpack qui déborde de son costume trop petit. À l'opposé, McCrea fait preuve d'une retenue inattendue quand il n'y a plus de superpouvoirs ou de gros flingues. Dans ce tome, Deborah Tiegel apparaît pour la première fois en train d'être interrogée par sa chef sur une intervention qui a mal tourné. le lecteur découvre un bureau plutôt ordinaire (un peu haut de plafond quand même) avec Tiegel sur une chaise dans une pose naturelle et le regard accusateur et plein de sous-entendus de ceux qui posent les questions. Il n'y a aucune exagération du langage corporel ou des expressions faciales.
À la lecture, il apparaît que
Garth Ennis a souhaité écrire une série humoristique, à la fois pétillante et touchante, avec des moments où le grotesque reprend le dessus, en respectant les superhéros, tout en les tournant gentiment en dérision par contraste avec le pragmatisme teinté de cynisme de Monaghan. Les illustrations font le yoyo entre du comics de superhéros basique et une sensibilité inattendue, avec une efficacité redoutable pour le gore et l'absurde. Tommy Monaghan poursuit sa mission de saine dérision dans Ace of Killers (épisodes 15 à 22).