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3,66

sur 228 notes
Encore un roman commode, à trappes, ou chorale selon l'acception préférée. Encore un roman où l'intrigue se distend autour des voix de plusieurs personnages, rencontrant le fil de l'une d'elles pour mieux s’emmêler à l'autre.
C'est une littérature totale, fabuleuse par ce qu'elle offre à lire mais également par l'abîme qui procède certainement à sa création. On imagine l'esprit de Louise Erdrich conduire le tissage narratif comme les tribus indiennes nouaient les perles sur leurs métiers, entremêlant le sacré à l'esthétique : sans plus d'explication, le risque de passer à côté du sens profond de ce tissage est grand.

Ici encore, l'écueil de l'échouage ne me semble pas garanti, ou plus précisément : le risque de perdre des lecteurs en cours de route me parait sensible.
Et pourtant quelle histoire ! Quelle densité ! Que d'évocations grandioses, que de rôles magnifiques pour tous ces personnages ! Il serait dommage d'échouer avant même de passer au-delà des brisants, on manquerait un dénouement exquis où tout se clarifie, où la limpidité de la mise en oeuvre devient évidente.
Mais oui, il faut d'abord passer quelques centaines de pages un peu absconses, qui partent sans doute un peu trop loin. Mais pourtant quel roman ! Voilà une histoire qui, mise en images correctement, ferait le bonheur du petit ou du grand écran. Il y a tout : un meurtre fondamental, des rivalités raciales, humaines, ou sexuelles, des ambitions cachées, des non-dits, des tabous, le fantôme d'un violon, et même un essaim d'abeilles dans les murs.
Non, décidément, il est difficile de se passer du talent de Louise Erdrich.
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C'est intitulé « roman », mais c'est plutôt un recueil de nouvelles. le fil qui les relie est ténu : une même communauté d'Indiens dans leur réserve, quelques familles, et des personnages que l'on retrouve ici et là. L'intérêt se niche principalement dans la psychologie des personnages, la vie de la communauté dans l'immense et sauvage Dakota du Nord, ses problèmes de drogue, d'alcoolisme et de sécurité, une communauté marquée à jamais par la défaite face aux Blancs
Malgré d'excellents épisodes le livre m'a un peu rebuté par ce que j'ai perçu comme un manque de cohérence et, souvent par son style, ce qui n'est pas rien ! Un exemple à ce sujet, page 343 : "L'air me picota l'intérieur du nez, ma peau se tendit, et une violente douleur d'au-dessous de zéro me poignarda le front". « Une douleur d'au-dessous de zéro », non ! C'est moche. C'est peut-être la traduction, je ne sais, il faudrait avoir le texte en anglais sous les yeux.
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Evelina vit à Pluto, dans le Dakota du Nord, dans les années 60. Jeune fille avide de connaissance, elle est passionnée par les histoires que son grand-père raconte. Petit à petit, elle essaie de reconstituer le passé de la réserve dans laquelle elle est née en triant le vrai du faux des souvenirs du vieil homme. La ville de Pluto a été fondée à la suite d'une expédition menée fin du XIXème siècle en commun par des indiens et des hommes blancs. Mais bien des années plus tard, une famille a été massacrée et quatre indiens ont été lynchés lors d'une mission punitive. Plus de cinquante années plus tard, ce massacre hante encore la ville et les esprits de la réserve …

J'aime la littérature américaine, ce n'est pas un secret. Aussi, lorsque les avis positifs et même souvent enthousiastes sur Louise Erdrich ont commencé à inonder la blogosphère, j'ai eu envie de la découvrir. Mais je n'arrivais pas à choisir un titre. Aussi lorsque le blogoclub a sélectionné La malédiction des colombes, j'ai été ravie.

Malheureusement, la lecture de ce roman ne m'a pas autant comblé que je ne l'attendais. le récit se présente sous une forme polyphonique. Au travers des voix de plusieurs habitants de Pluto, l'histoire de cette ville et de la réserve indienne qui la jouxte se construit au fur et à mesure sous nos yeux. Mais le lecteur doit apprivoiser le récit car la construction est loin d'être linéaire, rendant la lecture peu aisée. C'est ainsi que les différentes périodes s'alternent, laissant entrevoir l'intrigue, qui se dévoile lentement et en empruntant des chemins détournés. Il faut dire que Mooshun, le grand-père d'Evelina, aime à divaguer et enjoliver le passé, voir à mentir selon son interlocuteur. Les personnages qui composent la ville de Pluto, la famille d'Evelina et ses proches sont savoureux. Ils ont des tempéraments fantasques qui donnent lieu à des anecdotes drôles, émouvantes ou plus dramatiques mais toujours pleines de vitalité.

Et pourtant, je suis restée assez insensible et extérieure à ce roman. Je me suis même franchement ennuyée lors de certains passages. Pourquoi ? J'hésite. Je sortais du tome 3 de Millénium et j'ai peut-être eu du mal à entrer dans un autre livre à la suite. Ou alors, c'est la construction qui m'a déstabilisée, m'empêchant de m'attacher au récit. Peut-être aussi que la description de l'expédition m'intéressait moins. L'écriture de Louise Erdrich ne me semble pas en cause, vu que la deuxième partie du récit m'a davantage plu. Pas au point d'en faire un roman mémorable, mais déjà plus dans mes goûts. Il est vrai aussi que, encore maintenant, le choix de narration me laisse dubitative, car j'ai vraiment eu l'impression que le roman ne menait nulle part. Il est vrai que l'histoire de Pluto est reconstituée au travers de l'intervention de chaque narrateur, mais ça m'est davantage apparu comme un prétexte que comme une finalité.
Lien : http://www.chaplum.com/la-ma..
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C'est grâce à ce livre, que j'ai découvert l'origine amérindienne de Louise Erdrich.
L'histoire se déroule autour d'une réserve indienne du Dakota du Nord et de la petite ville voisine de Pluto qui vit sous « la malédiction des colombes » : les oiseaux dévorent ses récoltes.
L'auteur nous raconte la vie de plusieurs personnages, Evelina, le juge Coutts, le prédicateur Billy et sa femme Marn et enfin le Docteur Cordelia. A travers toutes ces voix et les péripéties qu'elles nous racontent, le lecteur découvre la grande Histoire de Pluto, ce village peuplé d'indiens et de métisses issus de quatre anciennes familles (Milk, Harp, Peace, Coutts). Un drame a eu lieu dans le village des années auparavant et il a marqué très fortement ses habitants : une famille du village a été assassinée et des indiens présumés coupables ont été injustement lynchés.
Dans ce livre, nous croisons de nombreux personnages, sur plusieurs générations, on pourrait un peu s'y perdre, mais l'auteur nous offre à la fin du livre une généalogie des personnages.
Louise Erdrich sait parfaitement raconter des histoires et le lecteur est plongé avec un total dépaysement dans la vie de cette réserve indienne où la nature fait partie intégrante de la vie de tous. de nombreux sujets sont abordés comme le racisme vis-à-vis des indiens, les sectes religieuses, l'homosexualité, la délinquance, la drogue… J'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir, d'émotions et également de rire.
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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Traduit de l 'américain, ce roman nous invite à remonter le fil de l'histoire des habitants du Dakota du Nord, notamment de la ville de Pluto entre 1916 et 1966. Nous suivons divers groupes familiaux, Américains blancs venus d'Europe, Indiens Chippenwas et métis. La langue française est omniprésente, surgissant entre les lignes américaines, émaillées de propos en langue indigène (pas traduits, ce qui est regrettable). Cela nous rappelle L Histoire : lors de a guerre d'Indépendance, les Chippenwas furent d'abord les alliés des Français, puis des Anglais.

Un groupe de géomètres, tous blancs, souvent originaires d'Allemagne ou des Pays-Bas, va traverser les États-Unis vers l'Ouest, jusqu'en Dakota du Nord, pour y fonder la ville de Pluto.

Cinquante ans plus tard, cette ville est sans cesse victime des vols de colombes qui ravagent les champs et les cultures. Les oiseaux semblent s'acharner, comme une punition, sur ses habitants.
Un rapport peut-être, avec ce qui hante les habitants depuis cinquante ans : le souvenir effroyable d'une tuerie qui extermina une famille (presque) entière et ce qui s'ensuivit : le lynchage et la pendaison de quatre Indiens par les Blancs, innocents de tout ce qu'on a pu leur reprocher.

En 1966, avec l'aide des souvenirs de son grand-père, Mooshum (de son vrai nom Seraph Milk), la jeune métisse Evelina reconstitue progressivement l'histoire de sa famille et celle de ce coin de États-Unis. le meurtre est toujours présent dans les mémoires.

La parole est donnée à divers personnages dont les descendants peinent encore à connaître et comprendre les relations complexes entre les divers groupes.
Un juge tribal, une métisse héritière de souvenirs, des banquiers, une femme rescapée d'un enrôlement dans une secte, chacun est mêlé de près à l'histoire de Pluto. et évoque le souvenir des géomètres qui ont parcouru le pays pour y tracer les lignes de fondations de la ville. Ce désir de partir gagner de l'argent rapidement en fondant une nouvelle ville est omniprésent.

Quelques scènes sont frappantes, restituées de façon très marquante par l'auteure. La capture d'une énorme tortue « la plus grosse tortue hargneuse que j'aie jamais vue, avec de la vase vert olive se développant en motifs sur son dos, et ce bec de dinosaure, bizarre et immuable.. le cou était massif, flasque, et le nez se terminait par en une pointe délicate à vous donner la chair de poule » dit le juge Antone Bazil Coutts. La tortue aurait dû finir en soupe mais deux initiales étaient gravées sur son dos. R et G, celles des prénoms de deux amoureux d'autrefois... Elle sera remise à l 'eau !

Le meurtre de Billy Peace, sorte de gourou fondateur d'une secte de survivalistes, assassiné par sa femme, Marn Wolde, avec une injection de serpent, elle qui vit parmi les reptiles.

Le roman semble un peu décousu, jonglant avec personnages et histoires, ce qui rend utiles les récapitulatifs en fin de livre. Mais on y trouve ce qui a pu faire la force - et la faiblesse- de la construction américaine: le désir d'une vie meilleure, la juxtaposition et le mélange d'ethnies diverses, le sens de la collectivité, ici évoqués dans un remous permanent d'énergies personnelles et communes.
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Lecture faite dans le cadre du Challenge USA : Un livre, un état
La malédiction des colombes est un récit polyphonique, qui a pour point central le massacre d'une famille blanche au début du XXème siècle, dont les protagonistes seraient 4 indiens. Nous adoptons le point de vue de différents personnages. Nous balayons ainsi une période très large de l'histoire du Dakota du Nord : de l'expédition originelle de cette ville qui a été alors dénommée Pluto, avec l'arrivée possible du chemin de fer, à l'année 1966, où l'intrigue se dévoile progressivement et qui assiste également à la désertification de cette ville.
J'ai porté un certain intérêt à l'expédition qui a permis de faire la conquête des territoires amérindiens du nord ouest des états unis à travers des expéditions dangereuses, pour créer des villes. C'est également une immersion dans les communautés indiennes, leur histoire, leur lois, les réserves, les relations avec les blancs, etc... Et puis, on peut rajouter des colombes, des abeilles, des reptiles, des passions philatélistes, musicales, etc... Voici un cocktail d'éléments qui rend ce livre très dense, original et bien construit.
J'ai du plusieurs fois me référer à la généalogie des personnages, proposée à la fin du livre, car j'étais perdue par tous les personnages présentés, leur relation filiale.
Louise Erdrich a une écriture propre, que j'ai découvert à travers ce premier livre. Je ne manquerai pas de poursuivre cette découverte à travers d'autres livres. Lecture que je recommande vivement !
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Le roman est structuré autour des récits de personnages différents qui rapportent des bouts d'histoires différents et complémentaires. Je garde l'adjectif "choral" pour dire le mal que je pense de certains livres ; ici il faudrait plutôt parler de polyphonique, voire de symphonique, tellement les différents personnages se répondent bien, s'enrichissent et s'éclairent. le livre peut paraître déroutant car les protagonistes ne sont pas dans le même temps et mêlent l'histoire de leurs proches à celle de la région mais c'est aussi la force de ce livre.
Louise Erdrich nous offre des personnages tout à fait pittoresques et très attachants. Que ce soit le grand-père, son frère, le prêtre alcoolique, le prédicateur inquiétant, le juge... chacun a une personnalité forte et apporte une histoire. La force de ce livre est de les confronter et de montrer que rien ne s'oublie, que chaque bout de vie a un impact sur le déroulement de l'histoire.

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Nous sommes dans les années 60, dans un petit village du Dakota du Nord qui a subi autrefois un traumatisme, le lynchage de quatre innocents à la suite de l'assassinat d'une famille de fermiers. Cet évènement date d'environ cinquante ans mais il a laissé des séquelles dans la conscience des habitants, y compris dans celle des plus jeunes. La mémoire collective se transmet de génération en génération, consciemment ou pas...

Il appartient au lecteur de reconstituer peu à peu le puzzle de l'histoire du village, au travers de l'histoire de différentes familles. C'est une lecture qui demande une certaine attention car les personnages sont nombreux et les liens entre les familles ne sautent pas aux yeux. Si parfois je me perdais dans les méandres des liens familiaux, mon intérêt ne diminuait pas pour autant car chaque partie (voire chaque chapitre) se lit presque comme une nouvelle. Louise Erdrich, que j'avais découverte avec "la chorale des bouchers" a un réel talent de conteuse, rendant passionnante la moindre anecdote. Elle décrit fort bien cette région des États-Unis qu'elle connaît bien pour y avoir vécu. Sa mère est amérindienne et son père est germano-américain. On retrouve dans ses romans sa culture d'origine et l'évocation de ses racines familiales.

Un roman polyphonique foisonnant et sensuel, que j'ai lu avec plaisir.
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Le livre commence par un « solo » entre fusil, bébé, violon et sang. Une lueur fugace, un éclair, une couleur pour marque, pour surplomb.

Mémoire des êtres, des gestes, des hommes, les récits vertèbrent ce roman polyphonique. Les temps se succèdent irrégulièrement pour reconstruire des histoires individuelles et bâtir une histoire collective.

Parties nommées de nom de personnages, petits chapitres s'emboîtant suivant une logique propre à l'auteure, l'exposition est à la fois précise, les phrases ciselées, et l'ensemble cependant jette le trouble comme une eau brassée. « J'aime toujours Mooshum, bien entendu, mais avec cette histoire quelque chose de mon estime pour lui se trouva troublé, comme si j'étais entrée dans un ruisseau limpide et que la vase était remontée en tournoyant autour de mes pieds. »

Dans ce monde où certain-e-s sont indien-ne-s, les années se déroulent comme une spirale entrecoupée, au centre un meurtre, un lynchage…

Difficile de relâcher cet ouvrage, cette écriture perçante, comme ces colombes qui dévorent et dérobent aux femmes et aux hommes les faibles récoltes et qui font titre du livre.
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Contrairement à d'autres lecteurs qui ont été "captivés" ou éblouis" par ce livre, je n'ai rien ressenti de tel et j'ai même abandonné la lecture vers le milieu du livre. A la vérité, j'ai trouvé le premier chapitre du livre vraiment très réussi et je n'aurai souhaité qu'une seule chose, c'est qu'il continue dans la même veine. Hélas ce ne fut pas le cas, de mon point de vue. le récit se subdivise ensuite en plusieurs histoires et il s'apparente davantage à un livre de nouvelles qu'à un roman. Et malheureusement des nouvelles nettement moins captivantes que ne l'était la toute première partie du livre. Too bad ...
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