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3,66

sur 228 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rencontrée depuis peu avec son magnifique roman, « Dans le silence du vent », véritable coup de coeur, coup au coeur, un roman d'une puissance émotionnelle rare, je suis repartie dans le Dakota du Nord avec mon amie NicolaK, pour remonter à la source du roman de Louise Erdrich qui m'avait tant plu et retrouver les personnages qui m'avaient profondément touchée.

En effet, l'autrice a composé un ensemble de trois romans totalement indépendants qui peuvent donc se lire dans le désordre, au gré des envies du lecteur.
"La malédiction des colombes", le premier de la trilogie, a été finaliste du prix Pulitzer en 2009.

Comme dans tous ses romans, Louise Erdrich s'inspire de faits réels. En 1897, un jeune indien de treize ans, Paul Holy Track, fut pendu par des citoyens en colère.

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Le roman "La malédiction des colombes" de Louise Erdrich m'a impressionnée en s'ouvrant sur le meurtre d'une famille de fermiers blancs au début du XXe siècle. Seul un bébé, dont nous ne connaîtrons l'identité qu'à la toute fin du roman, est épargné lorsque l'arme du tueur s'enraye.
L'homme, exaspéré par les cris de l'enfant, met en marche un gramophone présent dans la chambre de l'enfant pour mieux se concentrer sur la réparation de son arme et l'achever ensuite.
Le frémissement des cordes du violon emplisse la pièce et apaise le bébé qui se rendort dans son berceau, inconscient du danger qui le menace.
Contre toute attente, l'homme, après avoir rechargé son arme, lui laissera la vie sauve.

Quatre indiens, passant près de la propriété, vont découvrir les premiers la scène de carnage. Voulant porter secours à cette famille, ils vont malheureusement subir la justice sommaire de quelques hommes blancs et finir pendus.

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Je pensais retrouver dans ce roman-ci une forme sensiblement identique au roman lu précédemment, entre légendes indiennes, roman policier et quête initiatique.

J'ai donc été très surprise par la structure du roman constitué d'un ensemble de novellas, reliées entre elles par les acteurs du drame ainsi que leur famille. L'histoire raconte, avec une certaine distance, comment cette tragédie va affecter la petite ville de Pluto sur des décennies entières.

En définitive, l'intrigue est insolite, prenant le lecteur totalement de court. L'enquête est présente, mais peu conventionnelle : elle se dessine en filigrane, d'une encre presque invisible.
Je me suis demandée où Louise Erdrich voulait m'emmener, devinant des liens mais sans les comprendre vraiment. Et puis, j'ai lâché prise, me laissant porter par la voix envoûtante de l'autrice, ne cherchant plus à relier ces instants de vie à l'incipit dont voici un extrait.

« L'homme répara le fusil et la balle glissa en douceur dans la chambre. Il l'essaya plusieurs fois, puis se leva et se tint au-dessus du berceau. le violon atteignit un crescendo d'une étrange douceur. L'homme épaula le fusil. Autour de lui, dans la pièce close, l'odeur de sang frais montait de toutes parts. »

Finalement, toutes les pièces que composent ces courts récits trouvent leur place pour révéler, dans les toutes dernières pages du roman, la sombre vérité sur cet horrible massacre. Mais si le puzzle s'assemble correctement, je regrette toutefois un dénouement trop précipité qui ne m'a pas permis de comprendre précisément les motivations du tueur.

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Une autre particularité étonnante est la présence de trois narrateurs : à tour de rôle, ils vont prendre la parole à la première personne, enrichir d'anecdotes le fil narratif du récit, tout en apportant des regards différents sur toutes ces vies qui se croisent.
L'autrice joue sur le rythme, sur la personnalité de chaque narrateur, leurs sentiments, leurs émotions. Leurs voix, très distinctes, s'entrelacent, se chevauchent, se complètent, se ramifient subtilement pour tisser plusieurs générations de familles et celle de toute une communauté.

Mais, autant l'avouer, j'ai trouvé leur histoire familiale particulièrement complexe. Il n'est pas facile de s'y retrouver dans cet arbre généalogique qui se déploie sur plusieurs générations et qui s'imbrique de manière non linéaire, dans d'autres histoires de familles.

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Pour moi, la plus grande réussite de l'autrice est sans aucun doute son talent indéniable à nous immerger dans tous ces récits de vie, à nous attacher aux personnages de l'histoire, à les rendre vivants, profondément humains et émouvants.
Louise Erdrich compose toute une galerie de personnages authentiques et truculents, terriblement ancrés dans une réalité sombre. Qu'ils soient sympathiques ou odieux, burlesques ou pathétiques, l'autrice les dessine avec délicatesse et tendresse.

Rien ne dure, le carrousel de la vie suit son cours, entraînant le lecteur dans des moments de rire, de peine, de laideur.
Les histoires de chacun sont tour à tour glaçantes, tragiques, tristes, drôles, cocasses, surprenantes, émouvantes, mélancoliques ou touchantes. En même temps, se mêlent de nombreuses émotions, et le lecteur devine dans l'implicite des silences, les douleurs cachées des adultes, leur chagrin, leur solitude, leurs douleurs. On devine aussi l'incompréhension des enfants qui n'ont pas encore la maturité des adultes pour comprendre ce qui est tu.

« Maintenant que je suis vieux et sais comment agit le chagrin, je comprends qu'elle ressentait trop, nous aimait trop fort, et craignait de nous perdre comme elle avait perdu mon frère. »

J'ai ressenti un soin particulier apporté à certains d'entre eux, Mooshum, Shamengwa, en particulier. Ces deux patriarches sont d'une beauté exceptionnelle, ils se dégagent d'eux, une sorte de noblesse et de charisme. Et en même temps, ils ont un côté enfantin, capables des pires espiègleries, comme s'ils étaient retombés en enfance.

« Peu d'hommes savent comment devenir vieux… »

On les sent entourés, aimés, cajolés, et à mon tour, je les ai aimés. « Dans le silence du vent », j'avais déjà perçu que la notion de famille revêtait une signification profonde. C'est également le cas dans ce roman.

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L'écriture de Louise Erdrich est toujours là, magnifique, poétique, se drapant de nombreuses sonorités : drôle, onirique, sensible, émouvante, elle est aussi un cri silencieux face aux injustices du monde.
Mais je dois reconnaître que « la malédiction des colombes » est un cran en dessous : il m'a beaucoup plu, mais il n'a pas la profondeur, la douleur et l'intimité émotionnelles de son autre roman « Dans le silence du vent ».

Il y règne tout de même une douce sensation de sagesse, l'autrice nous invitant à pénétrer dans la culture et le spiritisme de la culture amérindienne, à appréhender les problèmes auxquels ils sont confrontés.
Elle explore les thèmes des relations familiales et de l'identité culturelle, de la violence et du racisme, de la justice et des préjugés, des traumatismes intergénérationnels et de la résilience.

Et puis, au tout début du roman, il y a cette deuxième scène incroyablement saisissante, qui plane comme une menace, d'où sera tiré le titre de ce roman : celle de milliers de colombes, qui comme une nuée de sauterelles, s'abattent en masse dans les champs cultivés, ravageant les récoltes sans défense.
A la fois symbole de paix, d'espoir et d'amour, les colombes portent une connotation tragique dans ce récit, symbolisant le meurtre injustifié de ces quatre hommes innocents, et plus globalement, la violence subie par les communautés autochtones à travers l'histoire des Etats-Unis.

« Mooshum vit dans les cieux du Dakota du Nord un nombre infini de colombes obstruant les airs et remplissant le ciel d'une éternité de cris graves. Il s'imaginait que la couverture de colombes s'était simplement élevée dans la stratosphère et n'avait pas été étouffée ici sur la terre. »

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Pour conclure, Louise Erdrich m'a transportée dans son monde teinté de réalisme magique. J'ai écouté, captivée, ces histoires fascinantes de famille, avec leurs secrets, leurs barbaries, leurs douleurs, leurs silences et leurs mesquineries.

"La malédiction des colombes" est un beau roman, marquant grâce à quelques figures inoubliables, une écriture poétique, touchante et un univers particulièrement fascinant qui donne à l'histoire une dimension profonde et mystique.
Mais c'est aussi un roman complexe par ses nombreux personnages, ses nombreux retours en arrière, ses histoires décousues dont les liens apparaissent tardivement dans l'intrigue, et un dénouement trop rapide.
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Pluto est une petite ville imaginaire située près d'une réserve indienne, dans le Dakota du Nord. Louise Erdrich, avec son très grand talent, va nous immerger complètement dans cet environnement. de la fin du 19ème siècle et jusqu'au années 1970, nous devrons démêler l'écheveau de ces vies où le « le passé n'est jamais mort, il n'est même pas passé », pour reprendre une citation de Faulkner dans « le bruit et la fureur ».

Il y aurait effectivement un parallèle à faire avec le Yoknapatawpha de ce dernier tant l'autrice parvient à nous intéresser à ces histoires, parfois embrouillées, qui entraîneront des conséquences sur plus d'un siècle. Les chapitres de ce roman sont menés chacun par un narrateur unique. La première voix, qu'on retrouvera dans d'autres chapitres, est celle d'Evelina, une toute jeune fille encore proche de son grand-père maternel Mooshum et de son frère Shamengwa. Nous sommes dans les années 1960. Nous suivrons son parcours difficile de jeune femme qui se cherche. Ce sera aussi le cas pour le juge Coutts. Deux autres voix se feront aussi entendre, celles de Marn Wolde et de Cordelia Lochren, femmes fortes et sans pitié.

J'ai été surpris de lire que ce roman avait en partie été formé à partir de nouvelles publiées préalablement dans des magazines. le « montage » est invisible. Toutes ces histoires forment un tout cohérent. C'est le second livre de Louise Erdrich que je lis et ce ne sera pas le dernier.
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Un roman échevelé, qui va dans tous les sens. Il est souvent difficile de suivre les échos de ses multiples voix.

Un livre qui se passe au Dakota du Nord, centré sur l'histoire et les conditions de vie des Autochtones. Des épisodes douloureux comme le lynchage de quatre hommes, des personnages parfois fantasques, des fils qui s'enroulent et s'embrouillent, des générations et des sauts dans le temps, rien de linéaire.

Un roman qui donne aussi à penser. C'est vraiment particulier cette structure utilisée par les Britanniques et les Américains : les « réserves ». Surtout qu'en pratique un traité ne tenait que jusqu'à ce que le gouvernement décide de le modifier unilatéralement.

Et rappelle que le racisme aux États-Unis n'est pas uniquement envers les Noirs…
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Voici un livre au style exigeant et précis qui sous prétexte de raconter des destins singuliers se révèle être un miroir de la condition des Amérindiens, dans une Amérique alors amnésique sur son histoire et sélective dans sa composition humaine.

En toile de fond ici, le lynchage de quatre personnes, coupables d'être Indiens. Des décennies plus tard, des descendants ou témoins reviennent sur le fil des évènements avec leurs mots et leurs impressions.
Ceux de la jeune Evelina m'ont le plus happée car son histoire remonte à ses origines, notamment la rencontre de ses parents et leurs parcours de vie. Une mise en perspective qui renvoie au processus de déculturation progressive de ses ascendants face à un christianisme conquérant et peu soucieux des traditions locales.

Un ouvrage riche et percutant dont le propos s'étiole malheureusement à travers la multiplicité des protagonistes.
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Un grand roman foisonnant qui m'a fait penser à Joseph Boyden et à John Irving...
Tout part du meurtre d'une famille commis au Dakota du Nord au début du XX ème siècle pour lequel 4 indiens innocents sont pendus ; dans les années 60, les descendants des témoins et des victimes remontent le fil de leur histoire et démêlent le vrai du faux. Ils sont indiens ou sang-mêlé et ils ont tous plus ou moins apparentés. Evelina, la petite fille de l'un des protagonistes, découvrira petit à petit l'impact de la culture de ses ancêtres sur sa propre vie et ses choix. et se l'appropriera peu à peu.
Roman polyphonique qui révèle des personnages attachants, graves ou loufoques, un jeune prédicateur illuminé, un vieil indien paillard, un juge tribal... tous évoquent une culture massacrée dans une prose magnifique : l'auteur réussit à passer du réalisme trivial à une langue très poétique et exprime magistralement la détresse d'une culture avec une ironie et un humour décapants.
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Un roman sur la mémoire : celle de la petite ville de Pluto, Dakota du Nord, à travers les souvenirs de ses habitants.
Souvenirs de la première expédition de géomètres, de la vie sur la réserve pour les Indiens, des préjugés envers eux (notamment lors du lynchage après la découverte d'une famille assassinée), des rebellions contre le gouvernement, de la secte de Billy Peace, ...
Bref le poids du passé et des ancêtres est lourd sur les épaules d'Evelina en cette année 1966 alors qu'elle cherche à s'émanciper de cet héritage.
J'ai aimé me plonger dans cet univers, même si la multitude de narrateurs adoptée rend l'ensemble un peu décousu (j'ai appris que l'auteure avait publié plusieurs chapitres sous forme de nouvelles indépendantes, ceci explique peut-être cela).
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Encore un roman commode, à trappes, ou chorale selon l'acception préférée. Encore un roman où l'intrigue se distend autour des voix de plusieurs personnages, rencontrant le fil de l'une d'elles pour mieux s’emmêler à l'autre.
C'est une littérature totale, fabuleuse par ce qu'elle offre à lire mais également par l'abîme qui procède certainement à sa création. On imagine l'esprit de Louise Erdrich conduire le tissage narratif comme les tribus indiennes nouaient les perles sur leurs métiers, entremêlant le sacré à l'esthétique : sans plus d'explication, le risque de passer à côté du sens profond de ce tissage est grand.

Ici encore, l'écueil de l'échouage ne me semble pas garanti, ou plus précisément : le risque de perdre des lecteurs en cours de route me parait sensible.
Et pourtant quelle histoire ! Quelle densité ! Que d'évocations grandioses, que de rôles magnifiques pour tous ces personnages ! Il serait dommage d'échouer avant même de passer au-delà des brisants, on manquerait un dénouement exquis où tout se clarifie, où la limpidité de la mise en oeuvre devient évidente.
Mais oui, il faut d'abord passer quelques centaines de pages un peu absconses, qui partent sans doute un peu trop loin. Mais pourtant quel roman ! Voilà une histoire qui, mise en images correctement, ferait le bonheur du petit ou du grand écran. Il y a tout : un meurtre fondamental, des rivalités raciales, humaines, ou sexuelles, des ambitions cachées, des non-dits, des tabous, le fantôme d'un violon, et même un essaim d'abeilles dans les murs.
Non, décidément, il est difficile de se passer du talent de Louise Erdrich.
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C'est grâce à ce livre, que j'ai découvert l'origine amérindienne de Louise Erdrich.
L'histoire se déroule autour d'une réserve indienne du Dakota du Nord et de la petite ville voisine de Pluto qui vit sous « la malédiction des colombes » : les oiseaux dévorent ses récoltes.
L'auteur nous raconte la vie de plusieurs personnages, Evelina, le juge Coutts, le prédicateur Billy et sa femme Marn et enfin le Docteur Cordelia. A travers toutes ces voix et les péripéties qu'elles nous racontent, le lecteur découvre la grande Histoire de Pluto, ce village peuplé d'indiens et de métisses issus de quatre anciennes familles (Milk, Harp, Peace, Coutts). Un drame a eu lieu dans le village des années auparavant et il a marqué très fortement ses habitants : une famille du village a été assassinée et des indiens présumés coupables ont été injustement lynchés.
Dans ce livre, nous croisons de nombreux personnages, sur plusieurs générations, on pourrait un peu s'y perdre, mais l'auteur nous offre à la fin du livre une généalogie des personnages.
Louise Erdrich sait parfaitement raconter des histoires et le lecteur est plongé avec un total dépaysement dans la vie de cette réserve indienne où la nature fait partie intégrante de la vie de tous. de nombreux sujets sont abordés comme le racisme vis-à-vis des indiens, les sectes religieuses, l'homosexualité, la délinquance, la drogue… J'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir, d'émotions et également de rire.
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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Traduit de l 'américain, ce roman nous invite à remonter le fil de l'histoire des habitants du Dakota du Nord, notamment de la ville de Pluto entre 1916 et 1966. Nous suivons divers groupes familiaux, Américains blancs venus d'Europe, Indiens Chippenwas et métis. La langue française est omniprésente, surgissant entre les lignes américaines, émaillées de propos en langue indigène (pas traduits, ce qui est regrettable). Cela nous rappelle L Histoire : lors de a guerre d'Indépendance, les Chippenwas furent d'abord les alliés des Français, puis des Anglais.

Un groupe de géomètres, tous blancs, souvent originaires d'Allemagne ou des Pays-Bas, va traverser les États-Unis vers l'Ouest, jusqu'en Dakota du Nord, pour y fonder la ville de Pluto.

Cinquante ans plus tard, cette ville est sans cesse victime des vols de colombes qui ravagent les champs et les cultures. Les oiseaux semblent s'acharner, comme une punition, sur ses habitants.
Un rapport peut-être, avec ce qui hante les habitants depuis cinquante ans : le souvenir effroyable d'une tuerie qui extermina une famille (presque) entière et ce qui s'ensuivit : le lynchage et la pendaison de quatre Indiens par les Blancs, innocents de tout ce qu'on a pu leur reprocher.

En 1966, avec l'aide des souvenirs de son grand-père, Mooshum (de son vrai nom Seraph Milk), la jeune métisse Evelina reconstitue progressivement l'histoire de sa famille et celle de ce coin de États-Unis. le meurtre est toujours présent dans les mémoires.

La parole est donnée à divers personnages dont les descendants peinent encore à connaître et comprendre les relations complexes entre les divers groupes.
Un juge tribal, une métisse héritière de souvenirs, des banquiers, une femme rescapée d'un enrôlement dans une secte, chacun est mêlé de près à l'histoire de Pluto. et évoque le souvenir des géomètres qui ont parcouru le pays pour y tracer les lignes de fondations de la ville. Ce désir de partir gagner de l'argent rapidement en fondant une nouvelle ville est omniprésent.

Quelques scènes sont frappantes, restituées de façon très marquante par l'auteure. La capture d'une énorme tortue « la plus grosse tortue hargneuse que j'aie jamais vue, avec de la vase vert olive se développant en motifs sur son dos, et ce bec de dinosaure, bizarre et immuable.. le cou était massif, flasque, et le nez se terminait par en une pointe délicate à vous donner la chair de poule » dit le juge Antone Bazil Coutts. La tortue aurait dû finir en soupe mais deux initiales étaient gravées sur son dos. R et G, celles des prénoms de deux amoureux d'autrefois... Elle sera remise à l 'eau !

Le meurtre de Billy Peace, sorte de gourou fondateur d'une secte de survivalistes, assassiné par sa femme, Marn Wolde, avec une injection de serpent, elle qui vit parmi les reptiles.

Le roman semble un peu décousu, jonglant avec personnages et histoires, ce qui rend utiles les récapitulatifs en fin de livre. Mais on y trouve ce qui a pu faire la force - et la faiblesse- de la construction américaine: le désir d'une vie meilleure, la juxtaposition et le mélange d'ethnies diverses, le sens de la collectivité, ici évoqués dans un remous permanent d'énergies personnelles et communes.
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Lecture faite dans le cadre du Challenge USA : Un livre, un état
La malédiction des colombes est un récit polyphonique, qui a pour point central le massacre d'une famille blanche au début du XXème siècle, dont les protagonistes seraient 4 indiens. Nous adoptons le point de vue de différents personnages. Nous balayons ainsi une période très large de l'histoire du Dakota du Nord : de l'expédition originelle de cette ville qui a été alors dénommée Pluto, avec l'arrivée possible du chemin de fer, à l'année 1966, où l'intrigue se dévoile progressivement et qui assiste également à la désertification de cette ville.
J'ai porté un certain intérêt à l'expédition qui a permis de faire la conquête des territoires amérindiens du nord ouest des états unis à travers des expéditions dangereuses, pour créer des villes. C'est également une immersion dans les communautés indiennes, leur histoire, leur lois, les réserves, les relations avec les blancs, etc... Et puis, on peut rajouter des colombes, des abeilles, des reptiles, des passions philatélistes, musicales, etc... Voici un cocktail d'éléments qui rend ce livre très dense, original et bien construit.
J'ai du plusieurs fois me référer à la généalogie des personnages, proposée à la fin du livre, car j'étais perdue par tous les personnages présentés, leur relation filiale.
Louise Erdrich a une écriture propre, que j'ai découvert à travers ce premier livre. Je ne manquerai pas de poursuivre cette découverte à travers d'autres livres. Lecture que je recommande vivement !
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