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3,66

sur 228 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est comme un vaste filet que Louise Erdrich déploie dans l'espace et dans le temps, un filet jeté sur la petite ville de Pluto, dans le Dakota du Nord et la réserve qui la côtoie et dont le centre remonte à une cinquantaine d'années plus tôt lors du lynchage de quatre métis indiens. Les quatre narrateurs, issus de quatre familles différentes dont les histoires se rejoignent autour de cet événement tragique, donnent leur propre compréhension de ce qui bousculera les survivants et les descendants des victimes d'un côté et des criminels de l'autre.
Evelina entend pour la première fois le récit de cette pendaison par son grand-père Mooshum, le seul rescapé des quatre. Lui et trois de ses amis avaient sauvé un bébé d'un massacre familial avant d'être accusés du crime et pendus sans sommation. Suite à ça, Evelina ne pourra plus regarder les personnes qu'elle côtoie autrement que par le prisme de leur ascendance. Qui est du côté des victimes et qui des coupables?
Comme on a pu le voir lors d'autres massacres, la cohabitation rend nécessaire non l'oubli mais l'acceptation, et c'est sur quoi s'appuie Louise Erdrich ici, ce vivre-ensemble indispensable malgré le passé.
Certains événements sont irréversibles - ils sont nombreux ici - et les personnages devront apprendre à vivre avec leurs conséquences.
Encore un beau roman, vaste, sensible, qui reflète très clairement ces deux cultures différentes qui se côtoient, d'un côté celle indienne empreinte d'une certaine magie ( comme ce canoë venu à la rencontre de Shamengwa pour lui déposer un violon, une histoire magnifique) et de croyances, et celle plus pragmatique des descendants de colons européens.
Louise Erdrich parvient à chaque fois à aborder par un angle différent cette cohabitation que je trouve fascinante, par le biais de personnages qui le sont tout autant, comme les frères Mooshum et Shamengwa, que j'ai littéralement adorés tant ils reflètent toutes ces contradictions!
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C' est un roman que j'ai adoré.
Il est foisonnant avec des très très nombreux personnages, on a un peu l'impression de partir dans tout les sens au début et pourtant au fil des pages une unité se crée. Louise Erdrich nous conte au travers de toute ses voix l'histoire d'un peuple et d' une réserve indienne situé dans le Dakota du Nord et de Pluto, la ville voisine. Cette région est soumise à « La malédiction des colombes », ces oiseaux y dévorent toutes les récoltes.
Il y a un réel parallèle et de nombreuses similitudes dans la construction et la narration des romans de Louise Erdrich. Je pense
particulièrement à Love Medicine et à Ce qui a dévoré nos coeurs. C'est à chaque fois un assemblage plus moins réussi de bout de vie, de bout d'histoire et de légende.
J' ai eu l'impression de lire un roman qui se voulait presque complet. C'est une écriture particulière, très rythmée avec une couleur
bien à elle.
Ce roman contient également une généalogie, un brin compliqué mais qui apporte un véritable plus.
C'est une lecture plutôt exigeante mais que j'ai énormément aimé.
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Ma troisième lecteur de Louise , c'est fait je suis fan !
La petite ville de Pluto Dakota du nord et le souvenir de 4 indiens lynchés car accusés de meurtre , à tort .
La ribambelle de personnages , beaucoup de familles indiennes les Harp , les Milk , les Peace
Des histoires qui se mêlent , comme toujours de la tristesse et cette poésie qui illumine ces gens .
J'ai suivi avec joie Shamengwa et son frère Mooshum ( Seraph Milk )
L'histoire d'Halloween et le grand père Mooshum qui se tartine de pâte à pain et de ketchup sur les dents m'a bien fait rire , j'imaginais la scène !
Cette culture indienne malmenée et qui me passionne
Cette auteure me happe à chaque livre , un sentiment mélangé de paix et tristesse me traverse
Comme si je feuilletais un album photo et que je ris et pleure simultanément




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Parmi les différents romans que j'ai lus de Louise Erdrich, celui-ci est certainement un des plus exigeants (au niveau de la concentration pour ne pas perdre le fil) mais surtout un des plus aboutis.
Nous sommes en 1966, dans le Dakota du Nord, pas très loin d'une petite ville nommé Pluto, près d'une réserve où vivent la plupart des indiens. Evelina, est une adolescente gaie, sans complexe, elle écoute souvent les récits de son grand-père et petit à petit, elle va réaliser que son peuple n'est pas toujours respecté, écouté, entendu et que les spoliations sont nombreuses.
Dans ce recueil polyphonique, les histoires des différents personnages sont teintées de désespérance, quelques fois d'un peu d'humour ou d'ironie. Il y a des associations improbables, des faits divers terriblement injustes, une vie difficile mais un attachement profond à la communauté, aux racines. Les jeunes ont le poids du passé ardu de leurs aînés sur le dos, ils portent la mémoire de ceux qui ont souffert, de ceux qui souffrent encore mais ne renoncent jamais.
Plusieurs voix se succèdent, la plupart en s'exprimant à la première personne, mais on sait tout de suite de qui il s'agit (de plus un index des familles est présent en fin d'ouvrage). le vocabulaire et le phrasé sont adaptés à chaque narrateur. L'écriture est belle, fluide (merci à la traductrice pour son travail). L'auteur a un réel talent de conteuse. Entre les explications sur les traditions, la vie à cette époque, les rappels du passé, aucune fausse note ne se fait sentir. Ce qu'évoque Louise Erdrich est détaillé avec précision, les émotions sont rapportées et transmises avec beaucoup de justesse.
On découvre l'évolution de la bourgade de Pluto et de la réserve sur plusieurs générations, les liens qui se sont créés, ceux qui ont construit ou détruit les amitiés, les hommes et les femmes car certains actes sont extrêmement destructeurs et on n'en sort pas indemne.
Comme souvent avec Louise Erdrich, je me suis régalée, m'attachant aux personnages, me révoltant contre l'iniquité, contre la violence, contre l'irrespect. Avec doigté elle parle des maux rencontrés par ses protagonistes : alcoolisme, délinquance, problème de drogue, pauvreté, emprise des sectes etc…Elle démontre combien l'histoire collective des indiens influence les générations à venir. Elle est une porte-parole et elle le fait divinement bien, sans juger, sans pathos, simplement avec ce qu'elle est, ce qu'elle vit, transmettant dans chaque mot la voix de tous ceux qu'elle représente.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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La petite ville de Pluto dans le Nord Dakota se situe près d'une réserve d'indiens et c'est là que se côtoient les familles, Milk, Harp, Peace et Couts.

Ces quatre familles ont leurs destins qui se croisent et se lient depuis ce jour maudit de 1911 où une famille entière, à l'exception d'un bébé, a été décimée. Trois indiens qui se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment sont pendus par des fermiers blancs.

C'est dans les années 1960 que les descendants de ces familles vont prendre la parole pour éclairer cet évènement tragique et tenter d'en extirper sa part d'ombre.

Dans ce roman polyphonique, Evelina est la première à se livrer, elle est la petite fille de Mooshum qui a mystérieusement échappé à la pendaison. Ce grand-père est un homme haut en couleurs et dont les histoires édulcorées remplacent la télévision.

« Il portait des vêtements de travail de chez Sears, avachis et usés jusqu'à la trame, une paire de godillots en piteux état, et une casquette en coutil, même à l'intérieur. Ses yeux brillaient au creux de fentes profondes taillées dans son visage. La pointe de son oreille gauche manquait, ce qui lui donnait un air de guingois. Il était voûté et desséché, avec ça et là des mèches de cheveux blancs lui tombant sur les oreilles et dans le cou. de temps en temps quand il parlait nous apercevions la sombre pagaille de ses dents. »

le juge Antone Bazil Coutts prend le relais de Evelina . Il revient sur l'épopée de ses ancêtres, les pionniers de la ville de Pluto.

« Les guides se repéraient à l'étoile polaire, et le groupe s'arrêtait, désorienté, lorsque toutes les deux- trois heures des brouillards givrants les environnaient. Quand les boeufs s'arrêtaient, les Buckendorf tombaient des traîneaux comme si on leur avait tiré dessus, et s'endormaient dans la neige. »

« Quand je regarde la ville à présent, qui s'amenuise sans grâce, je pense qu'il est bien étrange que des vies aient été perdues pour qu'elle soit créée. »

Se succèdent ainsi "à la barre" un certain nombre d'héritiers témoins de l'histoire individuelle ou collective.

Tour à tour les pièces de cette grande fresque s'achoppent, se superposent pour s'acheminer vers la vérité. le passé répond au présent dévoilant la culpabilité et la peur qui ferment les visages et soudent les membres de la communauté.


Toute tentative pour parler du livre de Louise Erdrich ne peut être que réductrice tellement l'histoire est foisonnante et multicolore. le poids de cette injustice portée par la petite ville de Pluto est magnifiquement mis en mots par l'auteure. le difficile métissage qui gère les relations entre blancs et indiens est subtilement décrit. La polyphonie du roman nous fait faire parfois le grand écart entre les différentes voix. L'éclectisme du récit nous surprend et nous guide après moult détours vers la dernière voix, la dernière clef.




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Dans ce livre, Louise Erdrich nous invite au Dakota du Nord à suivre plusieurs générations de quelques familles dont les routes se croisent et s'entremêlent. Il y a des indiens, des colons et des métis.
Il y a surtout Seraph Milk, dit Mooshum, personnage au caractère espiègle et anticonformiste. Il est lié de près ou de loin à quasi tous les évènements relatés dans ce roman : des semis ravagés par des nuées d'oiseaux et la famine qui menace les habitants des alentours, la fuite des amoureux, l'incendie d'une ferme et l'assassinat des ses habitants, le lynchage d'indiens innocents, des histoires d'amour contrariées...
Tout cela est présenté avec beaucoup de talent. Différents personnages racontent des épisodes de leur vie et le lecteur comprend ainsi différents points de vue. Ils sont blancs, indiens, métis. Ils ont des projets, des défis à relever, des antécédents qui les influencent. On saisit aisément les difficultés de la vie de ces communautés, leur cohabitation pour le meilleur et pour le pire puisque c'est un roman et qu'on peut s'installer dans la peau des personnages par la lecture.
C'est vraiment bien raconté à mon goût et j'ai passé des moments très agréables à la découverte de ces univers.
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Un roman considérable par sa profondeur, son acuité et son style.
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Dakota du Nord, Pluto, une petite ville bâtie fin du XIX siècle très près d'une réserve indienne. Des familles s'y sont installées, les Hommes blancs sont venus avec leur religion et lorgnent sur les terres indiennes. 1911 : une famille entière de fermiers est tuée sauf le bébé. Les différences entre les deux communautés seront les plus fortes, les têtes de trois indiens se balanceront au noeud d'une corde. Seul Mooshum n'a pas été pendu. Pourquoi ? Les habitants et leurs descendants doivent vivre avec ce drame. Les questions, les mensonges drapés de secrets enveloppe cette tragédie sans que le vrai coupable ait été trouvé.

Roman polyphonique par excellence, le livre s'ouvre sur l'année 1966. Evelina aime écouter les histoires de son grand-père Mooshum. Tour à tour, plusieurs personnes de différentes familles prennent la parole. Astucieusement construit, on suit des personnes au début de la naissance de Pluto et leurs descendances. Un prédicateur illuminé et sa femme Marn, un juge, un médecin, une équipe de géomètres partis en reconnaissance… Tous sont liés par le sang ou par des secrets. le récit n'est pas linéaire, on remonte le fil du temps puis on revient à Evelina qui découvrira la vérité. Au fil des années, le brassage de communautés aura lieu car il y est question également d'amour, de trahisons et de remords.

Il s'agit d'un livre dense, foisonnant sur le poids de la culpabilité des générations, des différences entre deux communautés et la peur de l'autre qui amène à la folie.

J'ai lu ce livre en apnée totale… Une foi commencé, je n'ai pas pu le lâcher. L'écriture est limpide et Louise Erdrich dirige magistralement ses personnages comme un chef d'orchestre. Un roman magnifique!

Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Une grande dame de la littérature, chapeau bas....
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