La Honte est un récit assez particulier d'
Annie Ernaux, car se situe dans un entre-deux chronologique étrange, comme un trou. Cela se déroule quelques temps après
Les Armoires Vides, et cela en découle directement, mais cela n'a pas la violence du texte. le premier roman de l'auteure narrait la difficulté pour une jeune fille d'une certaine classe sociale à s'immiscer dans une supérieure, et de s'y intégrer. Ici, nous avons les conséquences de la réussite de cette tâche – ou du moins de son application.
La honte est multiple, aux différents visages. L'élévation dans l'échelle sociale a un prix que personne ne peut nier, il y a une plaie qui s'ouvre, un déchirement entre la nature profonde et la nature visée, comme un écartèlement jusqu'à ne plus savoir comment agir, que faire… le père d'
Annie Ernaux a voulu tuer sa femme un dimanche de juin, au début de l'après-midi, et on ne peut rien y faire face au cerveau humain distordu dans son effet. le milieu visé est celui du jugement et du Jugement avec un grand « J ».
La honte du corps apparait alors : comment en prendre connaissance dans un endroit qui ne l'accepte pas ? Les parents étant nés et ayant vécu longtemps dans un milieu plus pauvre, ils sont modeste : comment ne pas en avoir honte dans un monde si faste et si fier de soi ? le regard sur soi est bien toujours porté jusqu'à l'intérieur, et comment ne pas avoir honte de nos piètres actions face à celles divines de la classe tant adulée ? de ces différents totems de
la honte, la culpabilité sort alors et fait faire des choses affreuses dont le corps ne se maîtrise plus.
La honte est nommée comme une sorte de brouillard, un lieu physique dans lequel l'auteure entre au fil de la mémoire, et dont elle n'arrive effectivement à en sortir ; le genre d'endroit qui laisse des séquelles aussi grandes que celles des conséquences à une fuite sociale.
La violence conjugale, banalisée à l'époque, laisse des empreintes absurdes et fatales, directement liée à
la honte, et Ernaux, « ethnologue [d'elle]-même », tente d'analyser ce phénomène, cet événement dont elle ne met que rarement les mots dessus, par une peinture autant anthropologique, géographique que psychologique. C'est intéressant, mais cela ne m'aura suscité l'intérêt attendu. {13}
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