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sur 907 notes
Tres vite lu. J'ai aimé ce bouquin car il est bourré de descriptions, de détails, mais cela nous parle car ce sont des années que nous avons connues.
Les années 50. On a foi en l'avenir, on reconstruit après la guerre, même si tout n'est pas encore bien en place, on s'attend à de belles choses, le progrès va aller très vite et simplifier la vie de tous.
Par contre les préjugés ont la vie dure et il y a encore beaucoup de différenciation dans les diverses classes sociales. D'un côté, les ouvriers, de l'autre les commerçants, les paysans. D'un côté l'école laïque, de l'autre l'école privée.
L'auteur, fille de commerçants, devait sans cesse faire attention à ce qu'elle disait, à son comportement de façon a être irréprochable, bien sous tous rapports.
Mais la morale de cette histoire = qui que vous soyez, il y a toujours mieux que soi, et avant de juger les autres, mieux vaut balayer devant sa porte.
Agréable lecture.
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Lu en 2016. Ma deuxième lecture de Annie Ernaux, et encore un sentiment mitigé. J'avais trouvé le texte parfois décousu, mais les émotions plus palpables et touchantes que dans "La place".
L'on retrouve une impression de récit miroir, l'auteure exprimant encore une difficulté à incarner ses souvenirs, à les croire vraiment réels à l'heure où elle les couche sur le papier. Surtout, une date marquante pour elle, un tournant, un avant et un après, la fin brutale d'une insouciante innocence (l'enfance), de confiance et de crédulité...
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Dès les premières pages de cette auto-fiction, Annie Ernaux se confie sur un secret de famille bien gardé. Juin 1952. Son père a essayé de tuer sa mère. Acte isolé mais non moins traumatisant, ce non-dit la ronge depuis plus de 30 ans. Elle ne peut s'empêcher de s'interroger sur sa capacité à écrire une fois qu'elle aura livré l'indicible. Étrangement, l'événement n'est plus ou peu relaté dans la suite du texte mais reste omniprésent et particulièrement pesant. Elle tente de reconstituer son environnement : le café-épicerie de ses parents, ses années à l'école privée, explosion à Saïgon, etc. Par cet exercice, elle s'attelle à reformer le puzzle. Cette recherche dans ses souvenirs est l'occasion de se raconter et de raconter les siens, petits commerçants et anciens ouvriers. La honte, c'est celle qu'elle peut éprouver devant ses camarades de l'école privée mais aussi et surtout, le qu'en dira-t-on, tant craint des petites gens.
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La Honte est un récit assez particulier d'Annie Ernaux, car se situe dans un entre-deux chronologique étrange, comme un trou. Cela se déroule quelques temps après Les Armoires Vides, et cela en découle directement, mais cela n'a pas la violence du texte. le premier roman de l'auteure narrait la difficulté pour une jeune fille d'une certaine classe sociale à s'immiscer dans une supérieure, et de s'y intégrer. Ici, nous avons les conséquences de la réussite de cette tâche – ou du moins de son application. La honte est multiple, aux différents visages. L'élévation dans l'échelle sociale a un prix que personne ne peut nier, il y a une plaie qui s'ouvre, un déchirement entre la nature profonde et la nature visée, comme un écartèlement jusqu'à ne plus savoir comment agir, que faire… le père d'Annie Ernaux a voulu tuer sa femme un dimanche de juin, au début de l'après-midi, et on ne peut rien y faire face au cerveau humain distordu dans son effet. le milieu visé est celui du jugement et du Jugement avec un grand « J ». La honte du corps apparait alors : comment en prendre connaissance dans un endroit qui ne l'accepte pas ? Les parents étant nés et ayant vécu longtemps dans un milieu plus pauvre, ils sont modeste : comment ne pas en avoir honte dans un monde si faste et si fier de soi ? le regard sur soi est bien toujours porté jusqu'à l'intérieur, et comment ne pas avoir honte de nos piètres actions face à celles divines de la classe tant adulée ? de ces différents totems de la honte, la culpabilité sort alors et fait faire des choses affreuses dont le corps ne se maîtrise plus. La honte est nommée comme une sorte de brouillard, un lieu physique dans lequel l'auteure entre au fil de la mémoire, et dont elle n'arrive effectivement à en sortir ; le genre d'endroit qui laisse des séquelles aussi grandes que celles des conséquences à une fuite sociale.

La violence conjugale, banalisée à l'époque, laisse des empreintes absurdes et fatales, directement liée à la honte, et Ernaux, « ethnologue [d'elle]-même », tente d'analyser ce phénomène, cet événement dont elle ne met que rarement les mots dessus, par une peinture autant anthropologique, géographique que psychologique. C'est intéressant, mais cela ne m'aura suscité l'intérêt attendu. {13}
Lien : https://clemslibrary.wordpre..
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Une énumération de faits qui se sont déroulés en 1952 alors que l'auteur a 12 ans. Elle se souvient d'une scène violente entre ses parents qui a failli déterminer par la mort de sa mère. Quel intérêt cette litanie décousue de souvenirs et de descriptions de rues ? Une écriture froide et banale. Je ne comprends pas l'intention de l'auteure. Ce livre est un « fous-y tout ». A chacun d'y pêcher ce qui lui convient. Il n'y a pas d'histoire, pas de trame, rien. Pourquoi intituler ce titre La honte ? de quoi a-t-elle honte ?
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On m'avait loué Annie Ernaux. Pourtant je ressors insatisfaite de cette lecture. Je trouve que le titre La honte ne correspond pas vraiment au traumatisme relaté, seulement aux dernières pages. C'est plus une petite autobiographie critiquant les us et coutumes de l'époque, de l'école et de l'épicerie de ses parents. Je n'adore pas particulièrement les autobiographies et celle-ci m'a semblé creuse. Je n'ai pas ressenti d'émotions, juste un froid et une distance étranges.
Cela commence par un drame familial, une scène violente et puis … plus rien. Grosse surprise donc pour ma part, moi qui m'attendais à une honte liée au choc subit par l'autrice. Serait-ce une honte liée à sa condition sociale ? Je n'en sais trop rien. A lire certaines critiques, peut-être suis-je née trop récemment pour comprendre cette époque…

Je ne souhaite cependant pas rester sur une note négative et espère apprécier La place davantage.

Bonne lecture !
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C'est l'histoire d'Annie. À 12 ans, elle voit son père sur le point de commettre l'irréparable, tuer sa mère.
Traumatisée par cette vision, Annie ne se remettra jamais vraiment.


C'est avec honte que j'avoue n'avoir jamais lu Annie Ernaux. Mais comme il n'est jamais trop tard pour apprendre, je découvre sa plume avec La Honte, magnifique roman sur l'enfance et ce qui s'y joue.
Cette scène de ménage apparemment "sans importance", notre héroïne, l'auteur, n'aura de cesse de tenter de lui donner un sens pour surmonter sa peur de vivre.
De l'angoisse qui grandira chaque jour un peu plus en elle, Annie ne se détachera jamais totalement et ne fera que survivre.
Dans une France marquée par les grandes différences sociales et culturelles, Annie cherchera à s'échapper de ce fameux jour et de grandir. C'est magnifique.
Chaque tournure de phrase est un émerveillement.
Il est de ses auteurs qui parlent juste, qui disent tout simplement ce que l'on a tant de peine à formuler, et Annie Ernaux est de ceux-là. Je suis heureuse aujourd'hui de pouvoir me reconnaître un peu en elle et d'avoir vibré et tressailli en lisant ses mots.
Un roman magnifique par sa simplicité et sa justesse.
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Annie Ernaux est une écrivaine singulière dans le paysage littéraire. Elle a choisi de raconter l'histoire d'un « je » comme une humble condition de la société. Dans La honte, elle évoque son enfance dans une petite ville du nord de la France avec une écriture simple, dénuée d'artifices, qui fait écho à sa vie de villageoise où la hiérarchie sociale était très marquée. « On évaluait les personnes en fonction de leur sociabilité ».
La honte débute par un fait divers conjugal qui marque Annie Ernaux pour toute la vie. Cette honte va la poursuivre durant toute son enfance. Elle nomme avec précision ces hontes qui sont venues gâcher l'innocence de son enfance. Et « le pire dans la honte, c'est qu'on croit être seul à la ressentir ».
Ses parents tiennent une épicerie / café dans les faubourgs d'une petite ville pour s'extirper du monde ouvrier. Ils inscrivent leur fille dans une école privée en pension. Annie Ernaux a honte, honte de n'être pas comme toutes ces autres élèves venues de la bourgeoisie.
Comment écrire sur ce qui est de l'ordre du privée ? Ce livre est aussi une interrogation sur les limites de l'écriture, sur la difficulté de raconter un passé révolu, sur la difficulté d'écrire sur une vie familiale privée rendue publique par l'écriture.
Annie Ernaux a su donner à cette histoire en utilisant pourtant un « je » une illusion de roman. L'histoire de ce « je » pourrait être l'histoire d'une autre.
Agréable !
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« Mon père a voulu tuer ma mère un dimanche de juin, au début de l'après-midi. C'était le 15 juin 1952. La première date précise et sûre de mon enfance. »

Annie Ernaux confesse que cette scène, à laquelle elle assiste à l'âge de 12 ans, ne l'a jamais quittée, et qu'elle ne peut se résoudre à l'écrire qu'à l'âge de 57 ans. Cette scène traumatique marque la fin de l'innocence et du bonheur de l'enfance et le début de la souffrance et de la honte. Deux photos témoignent de cette scansion : celle de la jeune communiante qui renouvelle ses voeux quelques jours avant la scène, et celle de la fille en vacances avec son père à Biarritz durant l'été suivant la scène.

Pour aborder et dire l'indicible, Annie Ernaux procède par quatre types de traces : les traces matérielles de cette époque, la description détaillée d'Yvetot, l'univers de l'école privée catholique et le récit de son voyage en autobus à Lourdes avec son père.

De façon touchante, l'auteure nous livre ses efforts pour maîtriser ce vécu traumatique et donne un nouvel exemple magistral de son auto-socio-biographie.

« Cette scène figée depuis des années, je veux la faire bouger pour lui enlever son caractère sacré d'icône à l'intérieur de moi (dont témoigne, par exemple, cette croyance qu'elle me faisait écrire, que c'est elle qui est au fond de mes livres). »

Gaultier
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