C'est une écriture particulière que celle d'
Annie Ernaux : des phrases ou morceaux de phrase hachés, qui s'enchaînent. C'est assez surprenant, et il m'a fallu m'y habituer au démarrage de ce roman, sachant que c'est le premier que j'ai lu de cette autrice.
Dans ce récit autobiographique, la narratrice (
Annie Ernaux elle-même) nous conduit de son enfance jusqu'à sa vie de femme mariée, en passant par son adolescence et ses premières années étudiantes. A la lecture du résumé de ce roman, je pensais que celui-ci était uniquement dédié à sa relation de couple ; or, ce n'est pas le cas.
Annie Ernaux nous entraine dans le contexte de son enfance, avec un couple de parents atypiques dans
les années 50 de par leur "organisation" familiale : une maman qui tient un commerce, travaille beaucoup, délaisse le ménage à la maison, est passionnée de lecture, et un papa plus terre à terre, qui tient un café, s'occupe de la cuisine à la maison, va chercher sa fille à l'école, lui apprend à jardiner. Au fur et à mesure qu'elle grandit, la narratrice va se rendre compte que cette égalité homme-femme dans laquelle elle a grandi (chacun laissant de
la place à ses envies et besoins et s'épanouissant dans ce schéma) n'est pas commune. Elle en aura même honte parfois, mais gardera toujours en tête cet idéal.
La partie du livre qui m'a le plus intéressée est la dernière, celle où
Annie Ernaux nous retrace ses débuts de vie en couple jusqu'à la naissance de son 2e enfant. C'est une sorte d'engrenage qui se met en place, où petit à petit, elle se délaisse, délaisse ses études, ses centres d'intérêt, ses besoins au profit du bien-être de son mari et de la logistique du quotidien : cuisine, ménage, enfants,... Comment en arrive-t-on là, à se mettre de côté pour sa famille ? C'est la question que je me suis posée à titre personnel des centaines de fois, comme sans doute d'autres mamans...
Annie Ernaux nous livre ces réflexions à ce sujet, en se basant sur sa situation personnelle et en essayant de retrouver les situations clés de sa propre histoire pouvant expliquer ce cheminement.
J'ai adoré cette partie du roman, un peu moins les parties précédentes sur l'enfance, l'adolescence, la vie étudiante, même si elles m'apparaissent nécessaires pour la suite de l'histoire.