AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 1210 notes
Un ouvrage qui permet à Annie Ernaux de parler de sa condition de femme mariée. Elle, qui, issue d'un milieu modeste, a pu obtenir son bac et intégrer la faculté ; elle qui pensait pouvoir mener une vie libre faite de lectures et de voyages, s'est mariée. Et dès lors, elle a découvert, qu'à diplômes et intelligence égales, quand la cocotte -minute siffle, c'est elle qui se lève et l'éteint. « Pourquoi de nous deux suis-je la seule à devoir tâtonner, combien un poulet […] pendant qu'il bossera son droit constitutionnel » ? Peu à peu cette obligation culinaire la détourne de ses études, puis vient l'enfant, et là encore, c'est à elle de s'occuper de lui tout en assurant les tâches ménagères car l'homme travaille maintenant. le fait de réussir son capes, de jongler avec les cours et les copies, d'avoir un deuxième enfant, ne met pas fin à cette charge mentale que nous, les femmes, connaissons encore. Car ce dont parle Annie Ernaux c'étaient dans les années 60, à une époque où les maris/pères ne participaient jamais aux tâches du foyer (mon père par exemple). Certes, les moeurs ont changé mais pourquoi me suis-je reconnue dans ce qu'elle écrit ?... Je n'avais jamais lu Annie Ernaux. C'est un tort que je vais réparer.

Challenge Riquiqui 2023
Challenge Plumes féminines 2023
Commenter  J’apprécie          234
C'est une écriture particulière que celle d'Annie Ernaux : des phrases ou morceaux de phrase hachés, qui s'enchaînent. C'est assez surprenant, et il m'a fallu m'y habituer au démarrage de ce roman, sachant que c'est le premier que j'ai lu de cette autrice.
Dans ce récit autobiographique, la narratrice (Annie Ernaux elle-même) nous conduit de son enfance jusqu'à sa vie de femme mariée, en passant par son adolescence et ses premières années étudiantes. A la lecture du résumé de ce roman, je pensais que celui-ci était uniquement dédié à sa relation de couple ; or, ce n'est pas le cas. Annie Ernaux nous entraine dans le contexte de son enfance, avec un couple de parents atypiques dans les années 50 de par leur "organisation" familiale : une maman qui tient un commerce, travaille beaucoup, délaisse le ménage à la maison, est passionnée de lecture, et un papa plus terre à terre, qui tient un café, s'occupe de la cuisine à la maison, va chercher sa fille à l'école, lui apprend à jardiner. Au fur et à mesure qu'elle grandit, la narratrice va se rendre compte que cette égalité homme-femme dans laquelle elle a grandi (chacun laissant de la place à ses envies et besoins et s'épanouissant dans ce schéma) n'est pas commune. Elle en aura même honte parfois, mais gardera toujours en tête cet idéal.
La partie du livre qui m'a le plus intéressée est la dernière, celle où Annie Ernaux nous retrace ses débuts de vie en couple jusqu'à la naissance de son 2e enfant. C'est une sorte d'engrenage qui se met en place, où petit à petit, elle se délaisse, délaisse ses études, ses centres d'intérêt, ses besoins au profit du bien-être de son mari et de la logistique du quotidien : cuisine, ménage, enfants,... Comment en arrive-t-on là, à se mettre de côté pour sa famille ? C'est la question que je me suis posée à titre personnel des centaines de fois, comme sans doute d'autres mamans... Annie Ernaux nous livre ces réflexions à ce sujet, en se basant sur sa situation personnelle et en essayant de retrouver les situations clés de sa propre histoire pouvant expliquer ce cheminement.
J'ai adoré cette partie du roman, un peu moins les parties précédentes sur l'enfance, l'adolescence, la vie étudiante, même si elles m'apparaissent nécessaires pour la suite de l'histoire.
Commenter  J’apprécie          70
Ce titre m'intriguait, que signifie: être une femme gelée. J'ai tout d'abord énormément apprécié l'humour acide d'Annie Ernaux pour décrire la réalité crue de la vie d'une jeune femme mariée avec très vite un enfant à s'occuper à plein temps, puisqu'elle a du renoncer à ses études pour que son mari fasse carrière.
Pourtant, tout débute bien autrement pour la narratrice, élevée dans une famille très différente des stéréotypes des années 50.
En effet, ses parents tiennent une épicerie /café, et la narratrice a toujours vu son père faire la vaisselle et sa mère laisser la poussière et préférer lire un livre.
Annie Ernaux, malgré le contre-courant de son éducation n'échappera pas à devenir cette jeune femme qu'elle n'aurait jamais imaginée devenir.
Une mère au foyer, briquant sans relâche perdue dans les affres d'une vie domestique sans fin.
Il est indéniable que ce livre nous parle encore aujourd'hui, que même si une vraie partition des tâches domestiques s'est établie dans les couples. La femme garde le triple travail: ménagère accomplie, mère, travailleuse, dans son cas : prof.
Annie Ernaux résonne comme une petite voix intérieure pour beaucoup de femmes.
Ce roman est un cri, une révolte contre cette société qui a encore beaucoup à apprendre pour hisser la femme dans un réel statut.
Un très bon petit récit à savourer.
Commenter  J’apprécie          622
Un style littéraire singulier et extrêmement puissant, un sujet passionnant. Une écriture sans compromis - quelle rareté ! - pour une lecture pas toujours confortable mais qui nous bouscule et nous interpelle. Comme l'ensemble de l'oeuvre d'Annie Ernaux : le monde ne serait pas le même sans ses livres, même s'ils ne sont pas toujours faciles à lire.
Commenter  J’apprécie          00
Je ne connaissais pas Annie Ernaux avant sa médiatisation en fin d'année, et j'ai donc été surprise par le style d'écriture qui a été une difficulté pour moi. En lisant attentivement on apprécie la précision de ses propos, et aussi de l'humour déjà mentionné par l'une d'entre vous. Mais cela nécessite presque de s'arrêter à chaque virgule et de chercher l'allusion.

L'action se trouve dans les années 60. Et à la fois quand je pense à sa mère je me dis "des nanas comme ça à cette époque, c'est top moderne" mais quand je lis la description de sa propre expérience je suis plutôt surprise qu'on en était encore là au niveau du rôle de la femme si peu de temps 20 ans avant notre naissance.

Pas de coup de coeur pour ce livre mais j'ai apprécié découvrir cette autrice néanmoins.
Commenter  J’apprécie          00
Ma découverte d'Annie Ernaux et quelle découverte !
Dans ce roman d'autofiction, l'auteure raconte sa construction de femme avec un modèle parental ne répondant pas du tout aux standards du patriarcat.
Elle explique ses difficultés à comprendre les différences imposées notamment au sein du couple.
La dernière partie de l'oeuvre, ma préférée, relate son mariage et sa maternité, son asservissement progressif.
Avec une écriture brute et beaucoup de sagesse, l'auteure dresse le portrait de la jeune femme qu'elle a été et que nous sommes nombreuses à avoir été.

Un récit édifiant et glaçant qui met au jour la réalité de beaucoup trop de relations hétérosexuelles, qui amène à réfléchir nos relations et nos propres endoctrinements, et qui donne surtout envie d'y échapper.
Commenter  J’apprécie          40
Annie Ernaux ayant eu le prix Nobel cette année, et ne la connaissant pas j'ai voulu la lire.
Je me suis procuré « la femme gelée » .
Personnellement j'ai pris ce livre comme un roman de gare que l'on achète pour passer un agréable moment. Mais il n'en reste rien en ce qui me concerne.
La petite bourgeoise qui a d'autres ambitions que d'être mère au foyer et gentille épouse aimante est louable, mais des dizaines d'auteurs hommes ou femmes ont écrit sur ce sujet. Ni mieux ni plus mal mais je n'ai rien trouvé que je n'avais déjà lu ailleurs.

Donc je m'arrêterai là pour l'instant.


Commenter  J’apprécie          66
N°1699 – Décembre 2022

La femme gelée - Annie Ernaux – Gallimard.

St Thomas d'Aquin conseillait qu'on se méfiât de l'homme d'un seul livre. Même si cet aphorisme de ce docteur de l'Église est discutable, il reste que, s'il est un auteur qui a mis son autobiographie au service de son oeuvre romanesque en en faisant le thème central et exclusif, c'est bien Annie Ernaux. Elle incarne à mes yeux, et ce sans aucune critique de ma part, le solipsisme de l'écrivain. Je remarque que le jury suédois semble apprécier les écrivains français qui explorent leur mémoire personnelle dans leur oeuvre puisqu'il a déjà distingué en 2014 Patrick Modiano qui a fait la même démarche créative.

Dans ce roman, le troisième de cette auteure, publié en 1981, elle se représente en jeune fille qui a vécu une enfance heureuse au sein d'une famille modeste de petits commerçants normands mais compréhensive et qui souhaitait surtout qu'elle ait une vie meilleure que la leur. Elle était un peu leur revanche à eux (surtout à sa mère) et faire des études, devenir quelqu'un, avoir des connaissances et un bon métier lui permettra d'échapper au pouvoir des hommes. Dans les années 60 c'était en effet le destin de la femme que de rester à la maison, se charger des taches ménagères, d'élever ses enfants et de dépendre de son mari comme ce fut le cas de sa mère. C'est aussi l'époque où l'ascenseur social fonctionne encore et il est communément admis qu'un « bagage »(comme on disait à l'époque) ouvrait les portes de l'emploi. Elle fait donc des études universitaires, rencontre un étudiant et l'épouse. C'est aussi l'époque où les esprits s'ouvrent et les mentalités évoluent grâce à de grandes vois féminines et elle imagine que les choses vont évoluer vite et entretient l'illusion de l'égalité des sexes.
Elle parle librement de ses années d'enfance, de ses interrogations de fille face à la transformation de son corps, aux craintes instillées par la religion et sa morale, à la peur d'un avenir traditionnellement tracé, son goût pour les livres sans images et son envie diffuse d'en écrire elle aussi, plus tard. Puis viennent les années d'adolescence avec ses doutes ses espoirs, les études, un métier d'enseignant, le mariage puis la maternité, l'installation dans la vie, une sorte de routine incontournable pour une femme
J'aime bien lire Annie Ernaux, mais là, je me suis un peu ennuyé.
Commenter  J’apprécie          72
Et voilà, décidé, je referme ce livre d'Annie Ernaux à la page 66, et je n'irai pas plus loin, fatigué par la forme et une écriture "au kilomètre", par des pages pleines de mots sans espace et aération, où les yeux se perdent et cherchent, des phrases parfois très courtes, et avec l'impression que "ça part dans tous les sens" côté anecdote, sans vraiment suivre un fil conducteur.
Sur le fond de l'histoire -je me suis arrêté à l'adolescence donc-, des livres sur cette dernière et une certaine vie de famille m'ont autrement plu, tels "Les Braban" de Patrick Besson, "La vie devant soi" d'Ajar, ou le célèbre film d'Etienne Chatilliez, "La vie est un long fleuve tanquille", sorti en 1988.
Le roman d'Annie Ernaux est de 1980, et peut-être date-t-il un peu, et les souvenirs évoqués sont ceux de n'importe quelle autre fille de l'époque, donc pas de surprise, pas d'émotion, du déjà vu et en plus de 40 ans, déjà lu ailleurs, et sous une forme plus "alléchante".
Daniel Pennac disait que la lecture était et devait être un plaisir, je n'en ai pas eu dans ces 66 pages, et il ajoutait qu'on pouvait interrompre la lecture d'un livre auquel on n'accrochait pas, eh bien, c'est chose faite.
Commenter  J’apprécie          60
Troisième tentative avec Annie Ernaux, et cette fois-ci, c'est presque la bonne, sachant que je partais de très bas, fâchée avec ce courant d'auto-narration si envahissant dans la littérature française contemporaine (et tout aussi fâchée avec le contre-argument "oui mais Proust" systématiquement avancé!)
"Presque" la bonne parce que la plume, la langue plutôt tant on a le sentiment de lie des pensées brutes, non déformées, m'est assez désagréable, même si je reconnais (et dans une certaine mesure admire) la volonté farouche de l'auteur de restituer son réel dans son jus, tel que vécu et formulé dans l'instant.
La bonne tout de même, car ce vécu m'a touchée beaucoup plus profondément que je ne l'aurais cru. je ne saurais dire si ce à quoi j'ai été sensible est la faculté assez sidérante de restituer au plus juste le cheminement pour venir au monde et vivre dans ce monde en tant que femme dans les années 50/60, ou simplement l'adhésion égocentrée à des détails, des situations qui font écho à mon propre vécu; je ne suis pas de la génération d'Annie Ernaux mais il y a une certaine latence dans le bagage socio culturel que l'on traîne même quand l'époque a changé, il y a des points de résonnance dans ce testament de femme qui n'atteindraient sans doute pas ma fille mais qui moi m'ont interpelée.
Aussi ai-je avec cette femme gelée pu toucher du doigt ce caractère représentatif d'une époque, général à défaut d'universel, que je déniais obstinément jusqu'à maintenant à cet auteur cataloguée autofiction, qui me donne envie de poursuivre encore un peu ma découverte. Ce sera Les années...
Commenter  J’apprécie          327




Lecteurs (3191) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous vraiment Annie Ernaux ?

Où Annie Ernaux passe-t-elle son enfance ?

Lillebonne
Yvetot
Bolbec
Fécamp

10 questions
294 lecteurs ont répondu
Thème : Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}