AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,4

sur 72 notes
5
2 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
1 avis
Rentrer dans la tête d'un écrivain et voir l'ébullition de ses idées, sa logique mais aussi ses questionnements et ses doutes, voilà ce que permet l'Atelier Noir.
Annie Ernaux a tenu durant 25 ans un journal d'écriture : au fil des jours elle note ses lectures et comment elles nourrissent son écriture, les idées de livres qu'elle souhaite écrire (plusieurs en même temps). La question du sujet (elle ou je) revient régulièrement comme la douleur dans l'écriture et le principe de réalisme.
"Le moins de différence possible entre la vie et la littérature."
Cela pourrait être comme un making off sauf qu'ici il n' y a pas de montage.

La matière est brute, désordonnée reflétant le refus d'Annie Ernaux de se mettre en scène y compris dans son "rôle" d'écrivaine.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          340
Journal d'avant-écriture tel que le définit Annie Ernaux dans les deux préfaces de ce livre, publié d'abord en 2011 puis réédité en 2022, L'Atelier noir regroupe des notes que l'auteure a prises au verso de feuillets déjà utilisés – une de ces feuilles étant d'ailleurs reproduite dans le livre -, où on la voit, dans une démarche exploratoire, interroger la question de la forme, les pronoms à privilégier selon le texte, l'intention recherchée, etc. Formidable fenêtre sur le processus de création, on y voit tout l'effort pour faire advenir la littérature, la sienne, et on y relève au passage quelques clés pour entrer dans son oeuvre – l'écriture objective, le désir d'inscrire l'Histoire au centre de ses récits, « Faire sentir l'épaisseur du réel, ses significations multiples, les gens, les actes des gens, leurs mots. Un point sûr, acquis. » (p. 23) J'ai eu peur que cela me soit hermétique, n'ayant pas encore lu ses écrits; j'ai vite accepté de ne pas tout comprendre, toute à la curiosité d'entrer un tant soit peu dans la tête d'une écrivaine.
Commenter  J’apprécie          231
un journal d'ecriture qui s'étend sur quatre décennies où l'on chemine avec l'auteur dans ses hésitations, ses retournements, ses choix littéraires. Des confessions intimes en quelques occasions. Des pensées qui se succèdent parfois sans lien les unes avec les autres. Au bilan une entrée dans l'univers d'Annie Ernaux qui donne les clés de son oeuvre. N'ayant jamais rien lu d'elle, la lecture de ce journal sera pour moi un précieux sésame.
Commenter  J’apprécie          130
Le livre d'un « parcours d'hésitation ». Hésitation face à l'architecture d'un texte, face à différents pistes de récits. Où commence le récit, la vie, où s'arrête l'amour, comment dire la passion lorsqu'elle ne projette plus que ses ombres ?
«  Mais comment agencer tout cela : que l'amour c'est de l'écriture vécue, que l'écriture c'est de l'amour écrit ? ».
Livre également des certitudes. Pas de désincarnation, pas de sentimentalisme, pas de rêve, pas d'imaginaire. le réel ! J'ai vu. L'image. S'y replonger.
«  Commencer un livre, c'est sentir le monde autour de moi, et moi comme dissoute, acceptant de me dissoudre, pour comprendre et rendre la complexité du monde ».
Intégration, et non extraction.
Qui d'ailleurs chez Annie Ernaux « n'empêche pas le visionnaire ».
Des pistes, dessinées sur des temps longs. La réalité, des faits, des corps, des objets.
«  Ce qu'un autre aurait fait aussi bien que toi, ne le dis pas – aussi bien écrit que toi, ne l'écris pas. Ne t'attache en toi qu'à ce que tu sens qui n'est nulle part ailleurs qu'en toi-même. » Gide.
On connaît la source et on connaît l'océan. Solitude également de cette recherche. Dialogue incessant avec soi même. Aucune place n'est fait à la tentation de séduction du lecteur. le risque donc, ça passera ou cela cassera peut être. « Il y a une chose que je sait par dessus tout, c'est que je peux écrire dangereusement. » .
«  tout mon effort tend à faire de la littérature qui n'en soit pas. » .
C'est en saisissant la réalité extérieure, notamment celle des objets, en chassant des images fantômes de ces objets, que l'on peut saisir sa réalité intérieure.
Focus, distance, grand angle, éclairage, temps d'exposition, durée, place, champ de vision : l'écriture d'Annie Ernaux est photographique, radiographiques.
Visionnaire, réactivant la parole et les corps soumis à l'invisibilité des regards.
L'atelier noir, c'est la chambre noire, là où se révèle et se développe une écriture.
Ce livre doit être reçu comme un don fait au lecteur. Rare sont ces moments de partage.
Rien n'obligeait Annie Ernaux à nous inviter dans son atelier. C'est donc un privilège.

Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie          120
J'aime Annie Ernaux, ses livres autobiographiques parlant d'une chose à la fois sur un thème bien défini, ses récits mêlant sa propre histoire à l'Histoire avec un grand H. J'aime la femme féministe, convaincue, cultivée, amoureuse, libre. Alors je me suis jetée sur « L'atelier noir », édition augmentée, sorte de genèse de ses écrits. Elle nous livre son journal intime, celui où elle entre ses pensées en rapport avec ce qu'elle veut écrire, et comment, et pourquoi. Je pensais apprendre sa méthode d'écriture, ses réflexions constructives, ses brouillons menant aux chefs d'oeuvre que j'aime tant, avec ce journal de bord d'une écrivaine, son cheminement d'écriture, ses pensées intimes, ses doutes, ses questionnements du style : dois-je employer « je » ou « elle » ?

Il n'en est rien, ce n'est au final qu'un recueil de notes, souvent sans phrases construites, plein de répétitions, d'indécisions jamais levées. Bref, d'un ennui mortel. Et encore, heureusement que je connais sa vie et son oeuvre, car pour celui qui ne connaît pas Annie Ernaux et qui n'a jamais rien lu d'elle, c'est purement indéchiffrable.

Surement utile pour elle, mais absolument non nécessaire pour ses lecteurs. Je n'y ai trouvé aucun intérêt, et je le regrette sincèrement. Même si je ne comprends pas pourquoi elle a publié et réédité « l'atelier noir » dans cette édition augmentée, je continuerai à aimer Annie Ernaux, pour tout ce qu'elle représente, je continuerai à la lire, d'ailleurs je viens d'acheter aussi son petit dernier « le jeune homme ».
Commenter  J’apprécie          81
Dans son « Atelier noir » Annie Ernaux livre au lecteur les réflexions qu'elle a confiées à son journal d'écriture au fil des années, un texte brut, tout en interrogations et en recherche.
Il ne s'agit pas d'une mise en scène des motivations qui l'ont conduite à l'écriture, un peu comme l'a fait Joyce Carol Oates dans « Paysage perdu », il s'agit au contraire, d'un véritable travail d'artisan, celui d'une autrice confrontée à l'essentiel pour elle de ce qu'est l'écrit : une forme autonome, forte, qui a sa propre vie, sa propre justification, au-delà du contenu et de ce qui est dit. La forme donne le sens.
Il ne faut donc pas s'étonner des répétitions nombreuses qui ponctuent le texte comme autant de tâtonnements dans la recherche, tenace et obstinée, l'atelier noir pourrait être comparé à la chambre noire du photographe, là où prennent forme les clichés. Annie Ernaux elle, y façonne la perspective qu'elle donnera aux mots. Elle pose la question fondamentale de la position de l'écrivain dans son propos, « je » « elle » d'où parle-t-elle pour rendre compte du temps qui façonne les êtres. Comment trouver la bonne distance pour être dans ses mots, à la fois « elle » et « je », dans un paysage social et une histoire, bien définis.
Le contraste est saisissant entre la forme de cet atelier noir, non repris, non travaillé, livré comme un minerai sorti de terre, et les écrits de l'autrice, au bout de cette confrontation avec elle-même, travaillés avec puissance dans la forme qui lui parait la bonne.
Avec son « Atelier noir » Annie Ernaux réussit à nous faire comprendre à quels les ressorts particuliers son écriture s'articule, à l'image de ce qu'un peintre ou un sculpteur pourrait nous dire, elle nous invite au plus près de son processus créatif.
Du bel ouvrage.
Commenter  J’apprécie          62
Il y a longtemps que je n'avais pas lu un journal d'écrivain, et pourtant Dieu sait que j'aime cela. Une plongée au coeur de l'intime du travail et du rapport à l'écriture mais au-delà, de cette personne là si particulière dans ma vie du quotidien. Passionnant. Alors allier à Annie Ernaux dont j'aime l'écriture et les livres, quel plaisir ! Et je découvre combien son écriture est travaillée permettant de livrer l'intimité sans dévoiler l'intime… une subtilité telle que chaque fois j'ai le sentiment que l'essentiel échappe et n'ai pas dit … une lecture sensuelle et intuitive est probablement nécessaire pour happer cela…
Commenter  J’apprécie          50
Il est difficile de résumer une critique sur ce genre d'ouvrage. Nous entrons ici au sein même des idées d'Annie Ernaux, dans les tribulations d'une écrivaine, qui nous livre sans fard, mais pas sans détours, tout son travail d'avant écriture.
Elle aplanit ses pensées qui divaguent, ses allers-retours incessants, ses syllabes écrites puis effacées, ce qui pourrait nous paraître brouillon mais ce qui semble être pour elle totalement salvateur.
C'est dense, le vocabulaire y est toujours aussi riche, et on y retrouve les thèmes qui lui sont presque devenus intrinsèques. Il ne semble y avoir aucun liant entre chaque idée jetée, mais là est tout le talent d'Annie Ernaux, rendre collectif ce qui est purement et profondément intime.
Nous assistons donc à une véritable mise en mouvement , à un ballet de phrases, d'idées, de doutes et de certitudes qui semble incessamment danser en elle.
Commenter  J’apprécie          30
Je ne connaissais pas Annie Ernaux ou très peu, à travers Passion simple et La place, lus il y a très longtemps. J'avais une sorte d'a priori sur elle. Je l'ai réellement découverte sur le plateau de la Grande Librairie "Émission spéciale Annie Ernaux, prix Nobel de littérature 2022" diffusée le 19 octobre dernier. Cela m'a donné envie d'en savoir plus. A la bibliothèque, j'ai emprunté "Écrire la vie", "L'atelier noir", "Le jeune homme". J'ai commencé par la lecture de "L'atelier noir", dont le titre m'évoquait "Dans l'atelier du poète" de René Char. La forme du journal m'intéressait également beaucoup, un de mes modèles étant "La Semaison" de Philippe Jaccottet. Même si Annie Ernaux est romancière et n'écrit pas de poèmes, le processus de création littéraire mis à nu dans le journal avec lucidité et sincérité, m'a semblé au moins aussi intéressant que ses oeuvres elles-mêmes. "C'est un journal d'avant-écriture, un journal de fouilles", prévient Annie Ernaux. Dans l'atelier noir, elle aborde maintes questions que se pose sans doute tout écrivain : quelle longueur aura le texte (court, long ?), quelle énonciation ("je / elle" ?), quels thèmes, quelles histoires, quels personnages, quel point de vue, quelle forme, quel ton, quel temps (présent, imparfait ?) etc. "Le problème de la méthode est réellement fondamental." Elle résume dans "L'atelier noir" ce qu'elle appelle sa "théorie" (interactions pour chaque individu entre son histoire sociale et familiale, L Histoire et l'imaginaire romanesque). Elle s'interroge "pour quel usage sera fait tel ou tel livre ?". Elle revient à plusieurs reprises sur l'importance de la relecture. Pour elle, "Le problème, c'est pas de savoir si bien ou pas bien (écrit) mais le désir de poursuivre."
"L'atelier noir" nous plonge dans les affres et les délices de la création et, personnellement, me booste pour continuer mes propres essais de journal de lecture-écriture de façon positive et optimiste, en "surmontant mes impasses", sans me décourager par "mes parcours d'hésitation". Je crois me reconnaître dans ce que dit Annie Ernaux : "J'attends obscurément de ce journal qu'il m'éclaire sur ce désir et je suis stupéfaite de constater que, à mon insu, il m'a toujours menée jusqu'ici, dans des délais plus ou moins longs, vers ce que j'allais écrire, consentir à écrire enfin."


Commenter  J’apprécie          21
J'ai beaucoup aimé tous les livres d'Annie Ern1ux, dont celui-ci. le seul que j'ai eu du mal à finir est l'usage de la photographie.
Tous ses livres, lus quand j'avais une vingtaine d'années, m'ont fait l'effet d'un pilori, et m'ont aidée à prendre du recul sur ma proposé histoire, sur ma famille.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (243) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous vraiment Annie Ernaux ?

Où Annie Ernaux passe-t-elle son enfance ?

Lillebonne
Yvetot
Bolbec
Fécamp

10 questions
292 lecteurs ont répondu
Thème : Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}