Karakoram est le récit de l'expédition française de 1936, qui s'enfonça dans ce massif à l'Ouest de l'Himalaya, à la conquête du Hidden Peak (Gasherbrum I).
Quatre membres de cette équipée se succèdent à la plume pour nous faire partager les préparatifs, la marche d'approche, l'équipement de l'itinéraire d'ascension et la vie des cordées d'assaut.
Sans me déplaire, la lecture de cet ouvrage n'a pas fait vibrer la partie aventurière de mon âme. Cela tient je pense à deux choses: une forme de frustration d'abord, car l'expédition doit battre en retraite prématurément en raison d'une mousson précoce, au moment même où les cordées d'assaut se trouvent en position pour la dernière phase de l'ascension, l'attaque du sommet dans la sacro-sainte "zone de la mort". Puis des faits rapportés avec une certaine distance par les différents auteurs. J'ai trop souvent eu le sentiment d'être un rapace planant haut sur le camp, et observant l'activité de cette étrange caravane d'un point de vue éloigné, alors que les récits contemporains ont tendances à nous immerger au coeur de l'action.
La marche d'approche constitue de manière assez inhabituelle, la partie la plus intéressante de l'ouvrage par sa dimension pionnière. Elle est un témoignage, de part l'environnement et les populations rencontrés, d'un monde où l'occident n'a pas imprimé sa marque.
Je ne recommande pas particulièrement la lecture de ce livre assez confidentiel. Il a surtout un intérêt d'un point de vue historique, car la construction du récit et les propos sont révélateurs d'une époque. L'esprit nationaliste d'avant-guerre est ainsi présent en filigrane (voire l'illustration de la couverture). Assez peu connue, l'expédition est mentionnée dans le livre de
Maurice Herzog, "Annapurna premier 8000" qui relate la seconde expédition française, 14 ans plus tard; on y retrouve
Marcel Ichac, qui fut le cinéaste de chacune d'elle.
Un dernier mot sur le livre lui-même, dont la reliure cousue et le bon papier résistent bien au temps (édition de 1938). Quelques photographies et croquis en noir et blanc sur papier couché, et une jolie jaquette patriotique en couleur.