En 1995, Lauren Henderson , alors journaliste, fait le pari avec quelques amis de créer une héroïne enquêtrice , qui ne s'en laisse pas compter par les garçons, qui soit leur égale ...
Et elle a largement gagné son pari, avec Sam Jones, personnage volontaire , qui tombe à chaque tome sur un cadavre , à l'insu de son plein gré, et qui résout l'enquête à la place des flics.
Et ce qui saute aux yeux dans cette série, ce qui la rend unique , c'est son ambiance, ( jamais vue, jamais lue, à l'époque dans d'autres romans policiers...) .
Sam Jones , habite Londres, pas dans n'importe quel quartier, dans Camden Town, qui, dans les années 90, était le summum de la branchitude non bourgeoise. ( Plus tard, les personnalités comme Amy Whinehouse, y achèteront une maison... ).
Son meilleur ami est poète, et de soirées, en bars, de verres d'alcool et autres substances illicites, on peut dire que sa vie est bien remplie et tout à fait funkie ! ! Elle habite un atelier assez " crassou" , car elle est sculptrice de métier, et pour gagner sa croûte, prof d' altérophilie dans LE gymnase communal. Gymnase où, elle vient de tomber malencontreusement, sur le cadavre de la gérante, une blonde , qui sortait avec un des profs de gym. Ce jeune-homme avait une vie amoureuse , des plus tumultueuses, et trois blondes se disputaient son corps [ et plus si affinités] . le titre anglais prend alors tout son sens : " Too many blondes " . Personne n'aimait la gérante, mais ce n'est pas une raison, se dit Sam , qui en marre des blondes, d'autant qu'elle, elle est brune...
Entre l'accusation qui pèse sur les épaules du beau Derek, comme une épée de Damoclès, et sa carrière qui décolle , Sam, est bien occupée...
Et c'est ce que je préfère dans cette série : la façon dont l'auteure aborde la création artistique contemporaine. Aucune mièvrerie, aucun romantisme, c'est de loin, l'écrivain qui parle le mieux des artistes (pour moi .. ) .
Sam fait, Sam crée, "bidouille" , cherche, se bat, se décourage, gribouille le croquis d'un futur projet pas convaincue, cherche, en a marre, puis bosse intensément... Sam vit dans son atelier, donc , sans s'en rendre compte , elle bosse même en mangeant, car elle contemple sa création.
Sam , un peu par hasard, un peu à force de chercher, a trouvé quoi faire de sa sculpture qui aura plus de " gueule " en mobile, que posée au sol. Elle l'appelle " La Chose" jusqu'à ce qu'une "attachée de presse", une "agente" lui trouve un nom plus pompeux et plus "vendeur". Sam se prête éberluée au jeu de la visite d'atelier, celui de la "représentation".
Outre ce monde de l'art, dans lequel nous fait (légèrement) pénetrer Lauren Henderson), c'est toutes les années 80-90 que j'ai revisité ! Ses tops models (Linda Evangelista ...) , sa musique... Car chez Sam Jones, on brique son atelier au son de Dépêche Mode, on fait de la gym sur Siouxsie and the Banshees et on s'éclate en soirée avec de la House , sous fond d'ecstasy et autres réjouissances ...
Lorsque j'avais découvert cette série, elle m'était apparue comme extrêmement innovante, depuis, d'autres héroïnes un peu borderline ont émergé....
"Y en a marre des blondes "est sorti en 96, il est le deuxième tome sur 7.
Il vaut mieux commencer par "Une soirée mortelle".
Seule cette série a été traduite en France alors que Lauren Henderson a écrit 17 romans, si j'en crois Wiki.... Mais que fait la police ? Et les maisons d'éditions ?
Lauren Henderson , elle est iconique !
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Tout à coup, je fus envahie par un sentiment de gêne insoutenable à l'idée d' être présente alors que quatre personnes disséquaient ma sculpture en silence. J'avais l'impression d' être moi- même suspendue à cette chaîne, nue comme un ver, avec ma gueule de bois, pendant qu'ils m'évaluaient tous. Comment les concurrentes des concours de beauté supportent-elles ça ?
Après être descendue, je mis Songs of Faith and Devotion de Depeche Mode à plein volume avant d'aller nettoyer la salle de bains. Je briquai même le dessous de la lunette, que je néglige en général, partant du principe que si les hommes veulent qu'il soit propre, ils n'ont qu'à l'astiquer eux- mêmes puisqu'ils sont les seuls à le voir.
Pour le moment, je n'étais pas capable de m'engager plus que ça : je me sentais à peu près aussi apte à revivre une liaison sérieuse qu'une mante religieuse.
Quand on a pris de l'ecstasy, la simplicité de la musique et des paroles paraît terriblement profonde. Mais si l'on marche au speed, on a envie de bouger dans tous les sens et de sauter en rebondissant contre les murs.
Shane McGowan céda la place à Van Morisson qui s'empressa de sha-la-la-la-ler. Morrison me met toujours de bonne humeur; c'est moins cher que le Prozac et tout aussi efficace.