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3,26

sur 109 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comment traiter un sujet déjà mille fois exploité sans ennuyer son lecteur ?

Anna, la trentaine, est américaine, mais vit en Suisse aux côtés de son mari banquier en élevant leurs trois enfants. de l'extérieur, un tableau calme comme une carte postale d'un lac suisse. de l'intérieur, une tempête qui pourrait tout emporter, car la question qui taraude de plus en plus le lecteur au fil des pages c'est de savoir comment tout cela va-t-il finir ?... Pour ma part, je pensais que Bruno avait une liaison avec Marie…

Outre le plaisir de lire un livre avant tout le monde (merci Babélio pour cette épreuve non corrigée !), j'ai apprécié ce récit très riche, entrecoupé d'extraits de séances d'Anna chez sa psychiatre.
Certaines expressions crues ont pu me gêner au début, mais je les ai classés comme un effet de style, qui renforce le contraste entre la fadeur de la vie bourgeoise suisse et la fuite en avant de l'héroïne, qui s'étourdit et se saoule.

Anna s'ennuie. Et comme elle ne s'aime pas et a d'elle-même une piètre opinion, elle va prendre des amants, comme pour se donner de la valeur. Mais c'est également un moyen de remplir sa vie vide de sens (remplir => pénétration de l'acte sexuel).

Anna se cherche. Qui est cette étrangère dans un pays dont elle ne parle pas la langue ?

Anna se complet dans sa dépression. Ses séances d'analyse ne servent à rien puisqu'elle ne joue pas le jeu.

A ce petit jeu là, Anna finit par devenir antipathique (je ne me souviens pas avoir qualifié Emma Bovary d'antipathique) et dans ce contexte l'accident de la vie qui va la toucher ne parviendra même pas à lui redonner un peu d'humanité.

La fin de l'histoire est glaçante, par son issue fatale et bête, précision donnée que son fils Charles aimait les trains…
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Femme au foyer : On dirait le titre d'un tableau flamand. S'agit-il du énième récit de la vie d'une épouse, mère, qui subissant de rester au foyer pour élever sa progéniture, découvre la vacuité et l'ennui de ses journées dans un environnement social prompt à la juger privilégiée ? S'agit-il du énième récit de la vie d'une épouse, mère, qui choisissant de rester au foyer pour élever sa progéniture, s'épanouit dans son éducation, dans la confection de confitures et gâteaux, les travaux de couture, dans un environnement social prompt à considérer qu'elle ne fait rien de ses journées ?


Ce roman raconte sur 3 mois - d'octobre à décembre - la vie d'Anna, dont l'addiction au sexe ne peut se justifier que par son seul ennui domestique. Ce serait trop facile, les femmes qui se languissent chez elles ne trompent pas toutes leur mari. Ensuite, les femmes au foyer n'ont pas toutes, jeunes, perdu leurs parents dans un accident de voiture, ou quitté les Etats-Unis pour suivre leur mari en Suisse, et enfin elles ne sont pas toutes rongées par la mélancolie.


Dans cette Suisse pragmatique, correcte, efficace, tellement propre qu'elle blanchit l'argent, Anna avec son mari banquier et ses trois enfants. Américaine, elle peine à s'intégrer dans ce pays qui lui apparaît hostile, tant par son climat que par le patchwork de langues parlées par ses habitants, polis et distants. Anna est triste, passive, paralysée, elle a renoncé à sa volonté. Elle multiplie des rencontres sexuelles.


Jill Alexander Essbaum dresse le portrait d'une femme en quête d'identité, met à nu ses pensées les plus intimes, sa sexualité crûe, traitées cliniquement. Jamais l'auteure ne cherche à racoler le lecteur, à solliciter sa compassion, sa pitié ou son dégoût pour Anna, qui s'enfonce lentement dans une détresse mentale qui aspire ses forces, son énergie. Elle éprouve des souffrances de plus en plus grandes comme pour se prouver qu'elle est en vie.


Il s'agit d'un roman qui offre une construction élaborée servie par un style magnétique. A la suite d'un événement impossible à révéler, le roman prend un tournant inattendu et s'achemine à un rythme plus soutenu vers son épilogue. Les dernières dizaines de pages sont d'une beauté et d'une intensité à couper le souffle. Un beau et grave roman, qui restera longtemps dans ma mémoire.
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Anna Benz âgée de trente-sept ans et d'origine américaine vit en Suisse depuis presque dix ans dans une banlieue de Zurich. Mariée à Bruno un banquier, et mère de trois enfants, sa vie est matériellement confortable. Sa belle-mère habite près de chez eux et elle garde volontiers ses petits-enfants même si elle est toujours distante avec sa belle-fille. Anna ne parle pas le suisse allemand, ne conduit pas et ne travaille pas et a un périmètre de vie restreint. Elle ne s'est toujours pas intégrée et se sent seule. Poussée par son mari à consulter un médecin, elle débute alors une psychanalyse et s'inscrit à des cours d'allemand. La jeune femme esquive à chaque fois les questions de sa psy pour ne pas lui avouer la vérité : elle trompe son ennui en ayant des amants.
Nous y voilà, pourrait-on dire, égoïste, capricieuse, libertaire (et j'en passe). Si quelquefois, Anna pense à rompre avec Archie (rencontré aux cours d'allemand), elle chasse très vite cette idée sans aucune culpabilité.
Engluée dans sa vie, ses escapades sexuelles lui permettent de s'évader de la monotonie. Jusqu'à ce qu'un drame se produise.

Les séances chez la psy, les cours de langue jalonnent tout le roman où les pensées d'Anna renforcent le malaise palpable. La psychologie tient une place très importante dans ce roman sur la quête d'identité, la souffrance, l'isolement et l'incapacité à être heureuse.
Le comportement et/ou la passivité d'Anna tout comme la sensation de ne pas cerner vraiment les autres personnages pourront agacer certains.

Jill Alexander Essbaum réussit à nous faire ressentir le désespoir qu'Anna entretient et qui la ronge.
Un premier roman très troublant, intelligent et magnétique, servi par une belle écriture sans aucune concession ( à noter le très bon travail de traduction) que j'ai vraiment beaucoup aimé !
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Ce roman relate la vie d'une femme américaine, Anna, immigrée en Suisse, mariée et mère de famille. Sa vie est partagée entre sa vie familiale, ses cours d'allemand, ses consultations médicales et ses nombreux adultères. Malgré tout, elle s'ennuie, ne parvient pas à trouver de sens à sa vie. Elle va s'enliser de plus en plus. Je n'en dirai pas plus, de peur de trop en dire. Mais il s'agit d'un roman essentiellement centré sur la psychologie d'une femme immigrée au foyer.C'est très original, et l'ensemble sonne très juste, sans aucun pathos. de plus, il a le mérite de mélanger différents éléments : les séances de psychanalyse, le passé de la jeune femme, sa vie présente, ses interrogations. Cela donne une dynamique au récit. le seul bémol : l'ensemble est trop dépressif. L'auteur n'insiste pas suffisamment sur ses rapports avec ses enfants, par exemple. Pourtant, c'est un des éléments essentiesl dans la vie d'une mère. Elle l'évoque trop rapidement, ou seulement à certains passages. Mais l'ensemble reste très poétique. Il s'agit d'une réflexion très profonde sur l'identité d'une femme immigrée, sa place dans la société, les problèmes linguistiques... À lire ! Je remercie les Éditions Albin Michel de cette découverte qui vaut le coup d'oeil !
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Anna Benz est une américaine qui vit près de Zürich. Tout semble l'ennuyer, lui passer par dessus, elle n'est pas très concernée par ses trois enfants, elle aime son mari, un cadre bancaire, mais le couple ne semble pas très proche. Elle est très seule, n'a plus de famille aux USA, n'a qu'une vague connaissance qu'elle appelle amie faute de mieux, elle n'arrive pas à nouer une relation avec sa belle-mère. Elle ne se confie pas à sa psychiatre, avec elle aussi, elle reste à la surface des choses.
En Suisse depuis 9 ans, elle ne parle pas l'allemand et encore moins le suisse allemand qui lui permettraient de mieux communiquer avec son voisinage. Ses journées sont vides, elle n'a pas d'intérêt particulier, sa vie tourne plus ou moins autour de son foyer. Parfois, elle s'échappe et disparaît pendant des heures.
Un début du récit, Anna a enfin décidé de prendre des cours d'allemand, elle se rend pour cela presque chaque jour en ville, elle est studieuse, ne côtoye que les anglophones de sa classe et se fait une presque amie, la douce et gentille Mary, une canadienne dont le mari est hockeyeur. Les deux couples se rencontrent, Anna a une vie sociale un peu moins vide mais elle ne peut pas non plus à se confier à son amie.
Ce dont elle ne parle à personne, ce sont ses aventures sexuelles : si dans les autres aspects de sa vie Anna semble de plus en plus transparente et même absente, avec ses amants et avec son mari, elle a se révèle une maîtresse passionnée, avide d'une sexualité épanouie et débridée.
Il y a quelques mois, elle a eu une longue liaison avec un professeur américain qui est retourné aux USA, sans qu'Anna lui dise qu'il était le père de son plus jeune enfant, une petite fille dont les cheveux noirs, très différents de ceux des autres membres de la famille, ne semblent avoir interpellés personne. Maintenant, elle a deux amants, un participant à son cours et une connaissance de connaissances. Anna assume l'aspect purement charnel de ses relations, elle ne les enrobe pas de sentiments et de romantisme. Elle se rend compte aussi qu'elle se met en danger: elle est de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps absente de sa maison, de moins en moins concernée par sa famille, on s'étonne de la voir dans certains quartiers, elle doit menacer un des ses fils. En parallèle, elle est surprise à se sentir prendre du plaisir à d'autres choses (des sorties en famille, des discussions avec son amie...). Anna est ambivalente : elle met un terme à ses relations, puis change d'avis, puis veut privilégier la relation avec son mari, puis ne sait plus où elle en est, puis recontacte un amant... Sa "punition" sera terrible, Anna sera brisée à jamais.
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Mère de 3 enfants, épouse de banquier : en apparence, Anna mène une vie parfaite dans la banlieue zurichoise. Sauf que... Anna est américaine et ne parle pas le suisse-allemand, elle a du mal à s'intégrer au mode de vie suisse et n'a pas d'amis. Pour tromper son ennui alors que son couple bat de l'aile, elle enchaîne les liaisons pour se sentir à nouveau vivante. Mais son désespoir grandit et Anna meurt à petit feu.
Sous la surface lisse des familles se cache parfois des secrets inavouables. C'est ce qui m'a plu dans ce roman : il faut gratter un peu le vernis pour trouver les failles. Roman tragique et contemporain dont les personnages sont bien travaillés. Toutefois, n'ayez pas peur des mots crus !
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Femme au foyer est le premier roman de la poétesse Jill Alexander Essbaum, une femme qui jusqu'alors m'était totalement inconnue… Ce livre m'a été recommandé par le logiciel automatique du site Babelio, qui selon mes notations précédentes m'oriente dans des lectures qui pourraient me plaire…

L'histoire est de prime abord tout ce qu'il y a de plus banal. Une américaine, Anna, épouse un banquier suisse et s'installe avec lui dans la banlieue de Zurich, où elle y élève leurs trois enfants. Anna est très seule, ayant du mal à maîtriser l'allemand et pire, le suisse-allemand ! Sans travail, avec à peine deux amies qui sont plus des connaissances qu'autre chose, Anna sombre doucement dans la dépression, qu'elle tente d'apaiser par divers adultères qui donnent temporairement l'illusion d'exister… Certaines critiques l'ont comparé à Madame Bovary ou à Anna Karenine ; il y a effectivement un peu de la détresse de ces deux femmes chez Anna.

Le roman est scindé en petites parties : celles retraçant les discussions d'Anna avec sa psy, et d'autres racontant simplement le quotidien d'Anna. L'écriture est très sèche, très distante, comme un personnage que l'on regarde de loin et qui nous semble affreusement nébuleux tant il n'a pas l'air heureux. J'ai eu du mal à apprécier le style des premières pages avant d'être à fond dedans et de trouver cela triste, mais triste… Combien de fois j'ai envié ces femmes d'expat' qui se la coulent douce avec des bambins dans des maisons dorées… à tort ! Inutilité, rejet, solitude, ennui etc., j'en passe et des meilleures ! Bref, l'écriture est très distanciée, en même temps assez poétique dans le sens d'un réel choix des mots. On ne se prend pas d'affection pour le personnage principal, et rien n'est fait pour. Tout est fait pour se placer d'un point de vue « méta », en surface, un peu comme un suivi sociologique. Etrange donc de voir la déliquescence d'une personne sans compassion, juste par les faits.

Le portait dressé d'Anna sonne très juste et très travaillé. Les choses ne sont pas laissées par hasard et la description de la vie en Suisse est très intéressante, à croire que l'auteure a fait l'expérience de cette vie qu'elle décrit. Rien n'est exceptionnel, rien n'est trop ou pas assez, il y a donc une grande justesse de l'écriture. En revanche, je n'ai pas aimé le personnage de la psy qui m'a semblé – et c'est bien le seul hic du livre – peu crédible.

Je ne peux pas en dire davantage car il ne faut pas gâcher l'intrigue, mais j'ai été affreusement triste aux deux-tiers du livre, réellement. En ce sens, la transmission de cette vie de chagrin est parfaitement réussie, même si cela devient à un moment très raide… le pire étant que n'importe laquelle d'entre nous pourrait potentiellement lentement chavirer vers une zone de non-retour.

Au-delà de l'intrigue à proprement parler, ce livre est aussi un livre sur la condition de femme, d'épouse et de mère. Existe-on pour soi facilement, quand on a également la responsabilité de trois enfants ? Y'a t-il des bonnes mères et des mauvaises ? Est-ce tragique de malgré nous préférer un de nos enfants ? Et qu'est-ce qui fait dire qu'un mariage est réussi : la fidélité, le sexe ou le fait de rire ensemble ? Un livre somme toute assez dur et réussi, du moins pour moi qui aime beaucoup ce genre de sujets.

Je le recommande bien chaleureusement à mes amies lectrices, qui se questionnement ou se passionnent sur leur place dans et en-dehors de leur famille.

Jo la Frite

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Femme au bord de tous les dangers,
"Une femme qui se sent seule est une femme dangereuse," dit le médecin psychanalyste à sa patiente, Anna dans ce formidable livre de Jill Alexander Essbaum. Pour quelles raisons ?
Le récit de Jill Alexander Essbaumsur sur le parcours de Anna tente de nous en livrer des pistes d'explications. Si ce livre est le premier roman de I'auteur, il n'a en rien le profil d'un coup d'essai tant le texte est servi par une écriture à la fois intime et puissante atteignant alors une dimension universelle. le lecteur pense à une "Emma Bovary" des temps actuels mais aussi à I'héroïne du livre de Chahdortt Djavann dans "Ia dernière séance. "Anna est une trentenaire qui vit en exil, enSuisse, avec son mari, banquier, et ses trois enfants. Femme au foyer, sa vie se déroule très mouvementée, trépidante dans une belle description de la société et de la c u l t u r e s u i s s e s . E n s u r f a c e , A n n a n e p a r a i t p a s s ' e n n u y e r e t p o u r t a n t s o n p a r c o u r s e s t c e l u i d'une femme, désespérément isolée et habitée par ses fantômes.
"Le fantôme"poursuit le médecin psychanalyste dont les phrases analytiques ponctuent ce texte d'une force inouie v o i r e é d i f i a n t e p o u r l e l e c t e u r , " p e u t ê t r e l e s e n t i m e n t r é s i d u e l q u i s u b s i s t e a p r è s u n e a c t i o n que vous avez commise mais pour laquelle vous avez des remords. Une chose que vous avez faite et à laquelle vous ne pouvez échapper."
On ferme le livre de J.A. Essbaum le coeur sur une limite, comme la femme de la couverture du livre (édition livre de poche) sur la balustrade de son balcon, avec un sentiment lourd ou délivré,complètement bluffé !!!
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