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EAN : 9782811119843
212 pages
Karthala (09/05/2018)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Les Latinos sont là : treize personnages de différents pays latino-américains et tous artistes du cirque. Leurs récits sont riches en bien des domaines. Nés de familles d'émigrés des XIXe et XXe siècles, tous portent un regard critique sur leurs pays au point d'être devenus un peu bohèmes et de s'être orientés vers les métiers du cirque. Cet art du cirque manifeste chez eux toute sa singularité. Il s'agit, pour eux, de communiquer avec le monde, en faisant parler le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Gaby Etchebarne a aujourd'hui 85 ans. Basque d'origine, elle a longtemps vécu en Argentine et parcouru le monde. Militante convaincue, elle lutte depuis toujours contre tout ce qui porte atteinte à la liberté, à la démocratie. Elle réunit dans ce livre le compte-rendu de onze rencontres avec des circassiens, ces gens du cirque qui prennent de grands risques et vivent souvent chichement en dépit des heures de travail, juste pour enchanter leurs spectateurs.

Il serait fastidieux - et inutile - de reprendre chacune des entrevues. On peut en extraire les idées essentielles et récurrentes qui s'y expriment. Tous les artistes cités viennent d'Amérique latine, plusieurs d'entre eux d'Argentine. Gaby les interroge à la lumière de sa propre connaissance de ces pays et de ce qu'elle en sait. Alors, ils racontent : le contexte politique et historique, souvent violent ; les paysages, souvent superbes ; les difficultés, souvent connectées à la corruption, à l'argent sale, à l'ivresse du pouvoir qui mène à la dictature, à l'abus de pouvoir, à la torture ; la pauvreté, le courage des populations. Nous côtoyons les partisans d'Allende et leur chant « cantate de Santa Maria d'Iquique, par les Quilapayun, interdit par Pinochet en 1973. Ou bien les habitants des favelas misérables de Rio, soigneusement dissimulées aux touristes lors des J.O.

Il semblerait que tous ces jeunes artistes soient issus d'une classe moyenne, éduquée, avec certains moyens leur permettant de sortir du pays, d'aller à la rencontre d'autres cultures, de se former dans des écoles artistiques en Europe. Ce n'est pas la classe dominante mais celle, juste en -dessous, qui travaille et rêve d'un avenir meilleur pour ses enfants. Arrivés en Europe, plus particulièrement au Lido de Toulouse où ils étudient les arts du cirque, la plupart doivent se débrouiller pour vivre. Mais leur passion pour le monde artistique est la plus forte.

Ce livre est avant tout une dénonciation de ce qui ne saurait s'admettre dès lors qu'on est un tant soit peu humaniste et soucieux de progrès de l'humanité : l'esclavage, l'extermination des peuples aborigènes (qu'elle nomme, à mon avis à tort, peuples « originaires »), Mapuche entre autres ; l'exploitation éhontée des hommes et de la planète par les multinationales (ce soja qui demande la déforestation de l'Amazonie pour nourrir nos vaches!) : toutes dénonciations indiscutablement fondées mais, me semble-t-il, sur lesquels beaucoup de gens sont d'accord. Manifestement de gauche, d'extrême-gauche, anarchistes, écologistes, on n'entend qu'une même voix pendant ces onze conversations. Ils racontent L Histoire via leur propre histoire. C'est sympathique quoique peu documenté et évidemment qu'on est d'accord avec leur point de vue ! Ce consensus quasi obligatoire finit par être ennuyeux. Pourquoi, parmi tous ces jeunes artistes, n'y a-t-il aucun autre son de cloche ?

Enfin, le sous-titre du livre m'a induite en erreur : Paroles d'artistes du cirque. Je m'attendais à des récits d'expériences de circassiens, monde des gens du voyage qui m'est cher,, mais en fait, il n'était pas du tout nécessaire que ces jeunes eussent été artistes du cirque ! N'importe quels étudiants argentins, colombiens, brésiliens auraient pu raconter la même chose ! Pour moi, la partie réservée à leur expérience professionnelle, à leur vécu de « gens du voyage » reste un prétexte pour aborder ce qui tient au coeur de l'auteur. Il suffit de lire les titres de ses autres ouvrages pour s'en convaincre. C'est dommage, j'aurais aimé connaître un peu plus leur vie d'artistes.

Finalement, un livre intéressant, notamment pour les lecteurs qui ne connaîtraient pas du tout le passé du continent sud-américain, un livre qui offre de multiples informations sur le contexte socio-politique de l'Amérique du Sud mais qui n'a pas tout à fait répondu à mon attente.
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Beaux témoignages de jeunes artistes circassiens, issus de divers pays d'Amérique latine que les interviews réunis dans ce livre ! Tous ont quitté leur patrie pour venir se former en Europe aux différents métiers du cirque -principalement au Lido, école réputée de Toulouse- certains avec des parcours très différents, allant de la danse ou de petits boulots alimentaires à l' etude du management et de la gestion de projets. Pauvres pour la plupart, ils ont choisi de vivre en transmettant leur culture et leur joie de vivre de "Latinos" comme de leur plus grande richesse. Leur motivation est extrême. Leurs projets, leurs rencontres, leurs doutes et leurs difficultés prennent forme dans ces récits aussi riches que vivants où ils nous transmettent la vision qu'ils ont de leurs patrie, leurs désillusions mais surtout leurs espoirs et leurs projets dans les pays qui les ont accueillis, principalement en France. Ils développent tout ce que le cirque représente pour eux dans leur façon de transmettre leur vision du monde et leur rapport au corps, en insistant sur leurs différences de "Latinos", où la joie, la liberté et le bonheur de vivre l'emportent sur les drames qui traversent leurs pays. Dictatures, drogues, exploitations des ressources par les grandes compagnies, misère des paysans, ne remettent jamais en question l'amour et l'espoir qu'ils portent à l'Amérique latine et le sens profond de cette culture si particulière qui est la leur.
Qui suis-je ? Telle est la question posée au concours d'entrée de l'école du Lido. Belle interrogation à laquelle tous ces jeunes ont su répondre !
Bref, un beau message d'espérance face à nos vieilles sociétés européennes désabusées et peut-être trop gâtées, et un élan jeune et bien vivant renouvelant les différents visages du cirque.
Un grand merci à Babelio et aux Éditions Karthala pour ce livre plein de chaleur et d'humanité, lu dans le cadre de Masse Critique. Merci surtout à Gaby Etchebarne pour ce beau livre si riche où les témoignages ne sont jamais répétitifs ni ennuyeux.
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Les latinos sont là. Paroles d'artistes du cirque est le titre du livre de Gaby Etchebarne publié par Kathla éditions en 2018.
Ce livre réunit treize interviews que l'auteur réalise auprès d'artistes de cirque latino-américains, qui font tous partie du Lido la célèbre école de cirque de Toulouse.
L'organisation du livre est très libre, nous ne sommes pas tant face à des interviews qu'à des rencontres. Les questions posées, souvent très larges et suggestives, laissent place à des réponses très libres qu'on aurait aimé poussées un peu plus loin pour aller plus au fond de ces témoignages.
Ce livre est un espace ouvert où les 13 artistes déploient librement les récits sur leurs vies, leurs expériences personnelles, les interprétations qu'ils font de leurs pays d'origine sur le plan politique, culturel, social et artistique.
Nous découvrons des description de l'Argentine, le Chili, le Brésil, le Méxique, l'Uruguay.. Chaque personnage nous parle de sa ville natale, nous décrit les paysages qui l'ont accompagné, et les problématiques sociales et politiques actuelles, comme la production et le trafic de drogue, la criminalité, la corruption.
Le fait d'être marqués par la migration réunit les discours des 13 artistes, qui nous font part de leur expérience lors de l'arrivée en France, des affects qui se mobilisent pour leur intégration, des difficultés mais aussi des avantages d'un choix de vie qui est marqué par le partage entre deux pays.
Il y a aussi une place qui s'offre à leur questionnement personnel profond, se déploient des réflexions autour du sens de leurs vie, de leur choix de vie et de leur parcours en tant qu'artistes du cirque. Or, si le titre nous séduit par son invitation à penser et réfléchir autour du métier des arts du cirque, l'analyse du sujet est parfois un peu légère.
Il s'agit de découvrir treize personnalités intéressantes, avec des vies pleines de convictions et d'expériences intenses. On reste cependant avec une sensation de manque de profondeur, et le travail d'édition est trop léger pour que les paroles de chacun puissent se structurer, ouvrir des questionnements et par là nous émouvoir d'autant plus.
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Témoignages sous forme d'entretiens d'artistes du cirque, garçons et filles, ayant la particularité d'avoir toutes et tous fait l'école du Lido à Toulouse et d'être sud-américains.

Les entretiens menés par l'auteure, Gaby Etchebarne, révèlent la sensibilité de tous ces jeunes gens déracinés. Ils y parlent de leur passion pour le cirque bien sûr, mais pas uniquement et c'est là tout l'intérêt de ce livre. Ils livrent aussi leur vision du monde d'hier, leur famille ayant souvent connu la dictature dans leurs pays respectifs, et leurs espoirs.
Quelques redondances ou maladresses dans la transcription n'altèrent pas le sentiment de fraicheur qu'on éprouve à lire « Quand les Latinos sont là », une oeuvre vraiment originale.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« Je n'oublierai jamais cette femme merveilleuse ( son professeur d'une école Waldorf à la pédagogie innovante). elle a fondé quatre écoles ; elle a maintenant 90 ans et donne des cours dans une maison de retraite apprenant aux personnes âgées à utiliser leurs mains : tissages, peinture,broderie, le tout accompagné de musique , car elle affirme que l'action de créer maintient la vitalité d'une personne dans toute son intégrité ; c'est de ce manque de création dont (sic) souffrent les vieux aujourd'hui."
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Pendant votre promenade en bateau, la nuit, vous verrez une multitude de lumières flotter à la surface de l'eau. n'essayez pas d'en attraper ; votre main disparaîtrait aussitôt car ce sont les yeux des crocodiles de la rivière sur laquelle vous naviguez.
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P104 : la cantate de Santa Maria de Iquique, par les Quilapayun (= trois barbes, en langue indienne), devenu l'hymne des partisans d'Allende, interdit par Pinochet en 1973.
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Accumuler engendre la tristesse.
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