Depuis mon enfance, aucune légende ne s'est vérifiée, aucun fantasme masculin ne s’est concrétisé. Je me suis défaussée au dernier moment d'un mariage arrangé, désertant déjà, préférant sauter d'une division à une autre. Au bout du compte, je sais bien que je suis toujours restée en rade au bout du monde. Parce que je suis une femme puissante comme un officier sans troupes, qui a assis sa notabilité sur un vide assourdissant comme s'il suffisait de créer de toutes pièces ses propres reliques pour devenir le Christ.
Mon corps réclame les soins d'usage : de l'eau, à manger, une bouffée d'air, un peu de chaleur, mais mon esprit se sent bien curieusement, comme à l'abri de la guerre. Comme si le temps d'un sommeil de plomb, la jeune soldate avait oublié jusqu'au son du canon.
Ils nous poussaient à la lâcheté, à piller, à achever parfois des civils qui n'avaient pas le temps de s'enfuir ou parce qu'ils restaient attachés à leur terre que plus personne ne défendait...
A travers la Russie, il est dit que ce sont les Indes qu'il plairait à l'Empereur de conquérir. Pour mieux affaiblir l'ennemi anglais…
Avec ses nains, ses sœurs siamoises, sa femme à barbe, toutes ces bêtes humaines curieuses, son Hercules et autre Vénus transfigurés... D'aucuns préféreront Elephant man de David Lynch. A force de fouiner dans nos lointaines archives et de revisiter nos vies, j'en suis venue à croire que le procédé est le même. Je sais, c'est absurde. Vous voulez comprendre les choses se sont réellement déroulées. Mais c'est pour soulager votre frustration de vivants.