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Jules Falquet (Autre)
EAN : 9782365122337
300 pages
Editions du Croquant (11/03/2020)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Face à l’urgence actuelle de changer ce monde, comment lutter et avec qui ? Peut-on se battre comme femme sans trahir sa culture ? Comment s’organiser simultanément en tant que Noir·e et prolétaire ? Doit-on vraiment dénoncer à la fois le racisme, le capitalisme et le patriarcat ? Et surtout, quelles solidarités, quelles alliances construire, autour de quels projets ?
Imbrication décortique la complexité des identités, des loyautés et des intérêts de chacun-e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Tout ce que je suis, au même endroit

Je propose en premier lieu de réfléchir au titre du livre, à ce que les mots et leur enchaînement peuvent signifier. J'indique de suite, que cet ouvrage est le plus questionnant / passionnant dans mes lectures récentes. Il y a ici matière à penser la complexité, l'historicité, les contradictions… loin des facilités et des raccourcis de certain·es…

Je choisis une présentation très partielle – des soulignements subjectifs – de l'introduction et de l'épilogue, en espérant que cela n'induira pas une lecture tronquée du sens des travaux de Jules Falquet.

Dans son introduction, Jules Falquet propose, entre autres, de « dissiper le bruit et la fureur », de penser en termes de systèmes sociaux, de rendre sens aux mots « sexe, race et classe », de définir les rapports sociaux « comme des rapports de pouvoir ou tensions qui structure l'entièreté du champ social autour d'enjeux – notamment, le travail »…

Elle parle des deux groupes antagoniques dans les rapports sociaux de classes, des hommes et des femmes dans les rapports sociaux de sexe, de la race comme construction historique et arbitraire, des liens entre « sexe, race et classe », des échelles de questionnement, de la dynamique de l'articulation des rapports sociaux… « cet ouvrage affirme un double objectif, théorique et pratique. D'une part, documenter et mieux comprendre les luttes sociales qui tentent de résister aux injustices résultant de ces multiples rapports sociaux imbriqués et y cherchent des alternatives. D'autre part, apporter à la compréhension théorique du fonctionnement simultané de plusieurs rapports sociaux (tout particulièrement de sexe, race et classe) ».

Jules Falquet explique le double objectif « théorique et pratique », son centrage sur des mouvements sociaux « composés de membres de groupes minoritaires dans un ou plusieurs des rapports sociaux », le choix du « continent américain ». Comme elle le fait habituellement, contrairement à beaucoup qui oublient cette nécessaire précision, elle explicite d'où elle parle (point de vue situé), sa contribution « aux luttes collectives pour abolir les rapports sociaux de classe, de race et de sexe », ce qui fonde un « double droit et devoir de critique ». Son approche combine socio-histoire, science politique, anthropologie, observations sociologiques et ethnographiques directes.

Je souligne la section « Précisions théoriques et conceptuelles », la variété de la conscience de soi des femmes, les apports de Nicole-Claude Mathieu, les liens entre « sexe, genre et sexualité », la pluralité de compréhension du féminisme, les quelques précisions sur la race (et la classe), « C'est pourquoi il faut souligner l'existence de plusieurs logiques de rapports sociaux de race construisant plusieurs groupes « racisés » bien différents, de même qu'il existe en fait plusieurs sortes de groupes « racisants », les apports de Colette Guillaumin, le liaison spécifique sur le continent américain de la race et de la classe, l'Améfrique ladine, l'être « Indien·ne ou Noir·e »…

Jules Falquet présente ensuite succinctement les différents chapitres, la production de savoirs, la construction de projets politiques, les contextes historiques et politiques, les contextes culturels, l'imbrication des rapports sociaux, les définitions « du métissage et de la race », la nouvelle politique des institutions internationales et leur effet sur les femmes, les luttes concrètes, « Ainsi, l'autonomie évolue progressivement vers une analyse de l'imbrication des logiques hétéropatriarcales, racistes et classistes du néolibéralisme. La participation aux luttes concrètes conduit certaines militantes à une réflexion de plus en plus poussée sur la véritable recolonisation du continent. le lien avec d'autres femmes et féministes Autochtones et Afros, comme avec une frange alternative de l'université, amène toute une partie d'entre elles sur la piste des analyses décoloniales, dont elles constituent aujourd'hui le ferment le plus prometteur.

Sur le plan épistémologique, on verra que c'est en liant théorie et pratique, grâce à une réflexion collective à l'échelle transnationale permise notamment par les rencontres féministes puis lesbiennes-féministes continentales et les logiques d'auto-formation, et enfin parce qu'une partie significative d'entre elles occupent des positions minoritaires aussi bien dans les rapports de sexe que de classe et surtout de race-nationalité-statut migratoire, qu'une partie des féministes autonomes d'Abya Yala est parvenue à proposer des analyses, des stratégies et des actions parmi les plus novatrices et porteuses d'espoir que l'on peut trouver à l'heure actuelle. Elles ne demandent qu'à être mieux connues, partagées et bien évidemment, adaptées au contexte, prolongées et mises en pratique. »…
En épilogue, Jules Falquet revient sur les apports des différents groupes de femmes étudiés, les ouvertures et particulièrement quatre points, « la critique du genre, celle des identités et de l'intersectionnalité, l'intérêt de la perspective de l'imbrication des rapports sociaux plutôt que des systèmes d'oppression, et enfin le cheminement d'un nombre croissant d'activistes et de théoriciennes vers les perspectives décoloniales », le développement d'analyses structurelles et relationnelles, les rencontres lesbiennes-féministes, les résistances et les alliances…

« Construire ces alliances constitue indubitablement l'enjeu central pour l'ensemble des minorisé·e·s du monde – et pour cela, une claire compréhension de l'imbrication des rapports sociaux est indispensable »

Le titre de cette note fait écho au titre d'un article de Duchess Harris sur le Combahee River Collective, cité par l'autrice au chapitre 3


Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Table des matières
Introduction
Première partie : Femmes dans des mouvements sociaux à hégémonie masculine
Chapitre 1 : A qui appartiennent les femmes ? Sexe et classe dans l’expérience des révolutionnaires salvadoriennes
I. Se constituer en classe : deux siècles de débats entre marxisme et féminisme
Quelles classes en formation ?
Classe versus sexe à partir de la IIIème internationale
II. Le discours du FMLN sur « la question des femmes » : fusion dans le peuple et surcroît de travail
Quand la dénonciation du « machisme culturel » cache les rapports sociaux de sexe
La participation, droit et devoir des femmes
Prolétarisation, transformation de soi et transmutation des intérêts des femmes
Amour et sacrifice : un nouvel idéal de féminité, austère et responsable
III. Autonomisation des femmes et de leur mouvement : éléments déclenchant et contexte de possibilité
Premiers points d’achoppement dans les fronts de guerre
Tensions dans le militantisme urbain et civil
Les possibilités ouvertes par la « dépolarisation » de l’après-guerre
Stratégies d’autonomisation
Chapitre 2 : Lutter pour la culture et pour la terre. Sexe et race-classe dans l’expérience des femmes Indiennes zapatistes
I. Etudier ou préserver la culture : oppositions entre les intérêts comme Indiennes et comme femmes ?
Dans ou hors les communautés, une situation difficile
Institution scolaire problématique et scolarisation différentielle des filles
Une stratégie collective de préservation culturelle ?
II. La Première Loi révolutionnaire des femmes zapatistes: des revendications collectives comme Indiennes et comme femmes
Un processus d’organisation et de réflexion au long cours
Une loi « radicale » qui s’ignore comme telle ?
III. Les enseignements de la Deuxième loi des femmes
Des revendications de femmes mais pas nécessairement féministes ?
Complexité des stratégies, diversité des Indiennes
IV Un contexte difficile : guerre de basse intensité autour des ressources
Les logiques de la « guerre sale »
La terre, un enjeu central
Annexe : Proposition d’augmentation de la Loi révolutionnaire des femmes zapatistes
IIème partie : Féminismes dans la diaspora Noire
Chapitre 3 : Le Combahee River Collective et la découverte de l’imbrication des rapports sociaux aux Etats unis
I. Les luttes Noires et féministes dans les Etats-Unis après la deuxième guerre mondiale
1945-1963 : vers la déségrégation ?
1964-1968 : des Droits civiques au Black Power en passant par la « famille Noire »
1968-1980 : le déploiement du féminisme Noir
II. Une histoire du Combahee River Collective
Surmonter les obstacles à l’organisation, une longue histoire
« Tout ce que je suis, au même endroit » : la visibilité du lesbianisme
Une « politique de l’identité » mais pas « identitariste »
Séparatisme, autonomie et coalition
Chapitre 4 : Le féminisme Noir d’Amérique latine et des Caraïbes des années 90 : la construction d’une améfricanité critique
I. Diversité des situations nationales, unité de la diaspora post-esclavagiste
Des réalités variées
Effets des migrations internationales récentes
Brésil et République Dominicaine, premières luttes et analyses
II. Les féministes Noires et les autres mouvements sociaux
Affronter l’invisibilisation et le racisme
Les alliances à construire
Une épistémologie alternative
III. Quelques apports du féminisme Noir d’Abya Yala
Une analyse complexe de l’identité
De la culture à la spiritualité, de la spiritualité à la politique
Devenir Noires et noircir le féminisme
IV. Développement d’une pensée critique
De l’identité à l’imbrication des rapports sociaux
Penser les institutions internationales et la mondialisation
IIIème partie : Imbrication des rapports sociaux dans un mouvement féministe continental
Chapitre 5 : Le féminisme latino-américain et des Caraïbes(1975-1995) : de la révolution à l’ONGisation
I. Une histoire rythmée par les rencontres continentales
Les années « héroïques »
Le « boom » du mouvement et le début des rencontres continentales
Définir le féminisme par rapport au mouvement des femmes
II. Du « féminisme des secteurs populaires » à l’ONGisation du mouvement
Crise économique et transformations des années80
Le poids des traditions politiques de la gauche
L’impact du « développementiste »
Le tournant néolibéral des années90 et l’ONGisation
Annexe 1 : Tableau synthétique des rencontres continentales
Annexe 2 : De l’amour à la nécessité
Chapitre 6 : « Féministes autonomes » latino-américaines et caribéennes : vingt ans de critique à la coopération au “développement”
I. Vingt ans d’histoire
Les années Pékin et la critique du « développement » selon l’ONU
Le nouveau millénaire : recompositions et importance du lesbianisme-féministe
II. L’autonomie aujourd’hui
Rencontres féministes continentales et renouveau
Critique de l’économie néolibérale
Le GLEFAS et les débuts d’un féminisme décolonial et contre-hégémonique
III. Repenser le genre et les rapports sociaux
Le genre néolibéral
Imbrication des rapports sociaux et alliances
Epilogue
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Ainsi, l’autonomie évolue progressivement vers une analyse de l’imbrication des logiques hétéropatriarcales, racistes et classistes du néolibéralisme. La participation aux luttes concrètes conduit certaines militantes à une réflexion de plus en plus poussée sur la véritable recolonisation du continent. Le lien avec d’autres femmes et féministes Autochtones et Afros, comme avec une frange alternative de l’université, amène toute une partie d’entre elles sur la piste des analyses décoloniales, dont elles constituent aujourd’hui le ferment le plus prometteur.

Sur le plan épistémologique, on verra que c’est en liant théorie et pratique, grâce à une réflexion collective à l’échelle transnationale permise notamment par les rencontres féministes puis lesbiennes-féministes continentales et les logiques d’auto-formation, et enfin parce qu’une partie significative d’entre elles occupent des positions minoritaires aussi bien dans les rapports de sexe que de classe et surtout de race-nationalité-statut migratoire, qu’une partie des féministes autonomes d’Abya Yala est parvenue à proposer des analyses, des stratégies et des actions parmi les plus novatrices et porteuses d’espoir que l’on peut trouver à l’heure actuelle. Elles ne demandent qu’à être mieux connues, partagées et bien évidemment, adaptées au contexte, prolongées et mises en pratique.
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C’est pourquoi il faut souligner l’existence de plusieurs logiques de rapports sociaux de race construisant plusieurs groupes « racisés » bien différents, de même qu’il existe en fait plusieurs sortes de groupes « racisants
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Construire ces alliances constitue indubitablement l’enjeu central pour l’ensemble des minorisé·e·s du monde – et pour cela, une claire compréhension de l’imbrication des rapports sociaux est indispensable
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