Difficile de noter et critiquer une telle oeuvre...
Difficile même de savoir ce qu'on en pense...
Ce que je sais, c'est que ce court roman est allé me chercher dans les profondeurs de mon ventre à plusieurs reprises : dégoût, mépris, peur. Mais il m'a fait réfléchir aussi, sur le sens de notre vie sur terre, sur moi-même, sur l'absurdité du faire et du paraître... Il m'a fait rire enfin. Car ce personnage principal d'Arturo
Bandini est un personnage ridicule, hors de sa réalité, aux prises avec son humanité défaillante et sa mégalomanie. Je le rapproche volontiers d'un Ignatius Reilly, écrit 40 ans plus tard, mais sans doute très inspiré d'un
Bandini.
Et cette Los Angeles, lieu de perdition et de fantasmes, cet îlot urbain perdu dans le désert, terre de désolation et de miracles, cette Los Angeles de 1939 nous est rendue dans tout son désespoir et sa flamboyance par
John Fante que je découvrais ainsi.
Je sens bien sûr que c'est un roman brillant, de ceux qui décrivent en temps réel une Amérique désoeuvrée de la fin des années 30. Je crois simplement qu'il me manque quelques billes et que je ne peux me fier qu'à mes viscères, résolument remués.