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sur 2818 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Henry Molise, 55 ans, est un romancier et scénariste qui a connu son heure de gloire mais est maintenant au chômage. Il habite avec sa femme Harriet dans une grande propriété à Point Dume, sur la côte californienne, où ses quatre grands enfants sont plus ou moins présents.
Un gros chien, qu'ils prennent d'abord pour un ours, vient un jour échouer chez eux. Stupide, c'est ainsi qu'ils vont le nommer, a comme particularité dérangeante l'habitude de sauter sur les mâles humains ou canins en dégainant une « carotte » de belle taille pour leur faire leur fête.
La série d'incidents provoqués par son arrivée et la décision renouvelée de Molise de garder ce chien très spécial, vont menacer l'équilibre de la vie du narrateur, déjà précaire : entraîné dans une spirale chaotique, il voit tout lui échapper, à commencer par ses proches …

Disons-le tout net, j'ai failli abandonner ce bouquin au bout de quelques pages, tant il m'avait prise à rebrousse-poil avec son clébard priapique et son narrateur qui se plaint (on verra par la suite que chez lui ce n'est qu'une posture, contrairement à son épouse) de voir un de ses fils « coucher avec des Noires ». La quatrième de couverture vantait « Un joyau d'humour loufoque et de provocation ravageuse« , certes, mais je me suis dit que je n'étais pas réceptive à ce genre d'humour. Néanmoins, le livre m'avait été prêté et recommandé, je n'avais rien lu de John Fante, que je connaissais de réputation et dont je commençais déjà à apprécier l'écriture, donc j'ai poursuivi et je ne l'ai pas regretté.
On suit les déboires d'Henry Molise, enlisé dans une existence où tout part à vau l'eau. le roman qu'il voudrait écrire est mauvais et, du côté des scénarios, il se retrouve en concurrence avec de jeunes loups aux dents longues prêts à accepter de travailler pour n'importe quelle série débile. Ses enfants ne lui apportent pas davantage de satisfaction : tous ou presque, car le dernier semble sortir du lot, devenus des étrangers à ses yeux, des menteurs et des ingrats profitant des avantages matériels qu'il peut leur offrir, n'hésitent pas à prendre le large quand l'occasion s'en présente, pour se retrouver dans des situations matériellement ou psychologiquement compliquées. Quant à Harriet, elle a déjà plusieurs fois menacé de quitter son mari et il n'est pas exclu qu'elle le fasse réellement, tant les décisions qu'il prend ne tiennent pas compte de ses désirs.
Dès lors Henry, dont un de ses fils, lui balançant soudain ses quatre vérités, lui déclare un jour qu'il n'est qu'un mauvais écrivain et un con, est régulièrement et pathétiquement la proie de bouffées de nostalgie existentielles, imaginant qu'il lâche tout pour s'enfuir seul et vivre en Italie, où il a ses racines.

Chronique alerte et pathétique d'une déconfiture déjà amorcée professionnellement et qui se poursuit sur le plan familial, contée d'une plume talentueuse (avec quelques morceaux de bravoure emblématiques, comme celui où le narrateur et Stupide, descendant vers la plage, croisent dans la rue où ils sont laissés en liberté tous les chiens à l'image du beau petit monde de ce quartier huppé), « Mon chien Stupide » s'avère une comédie de moeurs à mon sens bien plus tragique que comique : si on y rit, c'est toujours jaune et les larmes ne sont pas loin. La farce d'une vie au final ratée s'y déploie sous nos yeux et derrière le sarcasme et l'outrance, voire le grotesque, l'amertume est réelle.
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Henry Molisse, écrivain raté, doit se contenter d'écrire des scénarios pour la télévision ou le cinéma pour faire bouillir la marmite. C'est avec l'arrivée inopinée, sur la propriété, d'un chien errant ressemblant à un ours, que nous allons découvrir la famille Molisse. Famille, un peu barrée, qui a une existence cahotique : Harriet, sa femme (au foyer) écrit les dissertations d'un de ses fils mais refuse de voir une noire entrer dans la famille ; les enfants ne respectent plus leurs parents et n'en font qu'à leur tête.
Bref, nous sommes loin de la famille idéale. Les injures volent et l'incompréhension règne entre père et enfants. Pas étonnant que Henry, d'origine italienne, rêve de retourner dans son pays d'origine en larguant femme et enfants.
Le chien, obsédé sexuel notoire et adopté tant bien que mal, sera nommé Stupide ! L'arrivée de Stupide va quelque peu chambouler la maison, renvoyer Henry à son passé, à ses anciens chiens et va symboliser la force et le courage qui lui font défaut.

« Il était un chien, pas un homme, un simple animal qui en temps voulu deviendrait mon ami, emplirait mon esprit de fierté, de drôleries et d'absurdités. Il était plus proche de Dieu que je le serais jamais, il ne savait ni lire ni écrire, et cela aussi était une bonne chose. C'était un misfit et j'étais un misfit. J'allais me battre et perdre ; lui se battrait et gagnerait. Les grands danois hautains, les bergers allemands arrogants, il leur flanquerait une bonne dérouillée, il en profiterait même pour les baiser, et moi je prendrai mon pied. »

"Mon chien Stupide" parait tout d'abord un roman jouissif à l'humour noir. Les dialogues sont croustillants et pointent du doigt les difficultés relationnelles d'une famille. Certaines scènes sont d'anthologie, comme celles de Stupide sautant sur tout ce qui bouge (homme et truie), le repas raté des lasagnes et la fausse description d'enfants idéaux par les parents.
Pourtant le roman cache un constat amer. S'interrogeant sur la famille et le rôle des parents, l'auteur dresse un constat sévère. Les parents sont souvent démunis face à leurs enfants qui grandissent et la communication peut souvent devenir une sucession d'erreurs. Les compromis semblent inévitables, mais toujours au détriment des parents.

Loin de considérer, comme beaucoup, ce roman comme un simple roman d'humour noir, j'ai été très touchée par la vue extrêmement pessimiste du rôle de parent et je ne suis pas sortie revigorée de cette lecture.
Etre parent est un métier qui s'apprend et le risque d'erreur est élevé ! Pour quelle raisons en faisons nous ? Sommes-nous préparés à les laisser s'envoler du nid ? Devons-nous attendre de la reconnaissance pour l'éducation donnée ?

De plus, on pourra y voir aussi le constat d'échec d'un écrivain qui n'arrive plus à écrire et devra se couler dans le moule des histoires stéréotypées s'il veut pouvoir gagner un peu d'argent. Faut-il faire des compromis, quitte à y perdre sa fierté ou continuer à pointer au chomage ?

"Mon chien Stupide" est donc un roman à l'humour ravageur beaucoup plus profond qu'il n'y parait.
Ne ratez pas sa lecture et sachez lire entre les lignes !

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Ma rencontre avec John Fante a eu lieu à l'occasion d'un malentendu. Un chroniqueur littéraire de France Inter ayant recommandé ce livre comme remède à l'ennui d'un week-end pluvieux en raison de son humour dévastateur, je me suis précipitée pour faire l'emplette de l'ouvrage en me disant aussi qu'une histoire de gros chien mal élevé cela ne pouvait que me parler à moi, qui ai toujours vécu entourée d'une bande de canins de tous poils.
Au fil de ma lecture, je me suis rendue compte que je découvrais un formidable écrivain mais que le récit était tout sauf humoristique.
Le héros Henry Molise est un scénariste en panne d'inspiration qui vit dans une grande maison au bord de l'Océan avec son épouse Harriet et ses quatre grands enfants.
Quand un gros chien errant ,sale et libidineux, s'installe à la nuit tombée devant sa porte, sa première réaction est de vouloir chasser la bestiole, Mais comment faire décamper un chien très lourd qui ne veut pas bouger (c'est une problématique qui me fut familière ) ?
Finalement le chien qu'il baptise "Stupide" va rester...et révéler les failles profondes du pauvre Henry.
Bien sûr il ne gagne pas sa vie avec l'écriture de scénarios dont personne ne veut, il s'est détaché de sa femme et ses quatre grands enfants l'ignorent ou s'opposent à lui. Finalement il rêve de tout plaquer pour aller en Italie , la patrie de ses ancêtres, pour tenter de refaire sa vie ... Mais bien sûr ce rêve s'avérera inaccessible...
Quel tristesse dans le constat désenchanté des échecs multiples qui jalonnent le parcours d'Henry Molise. Ce qui est peut-être le plus tragique c'est cette coupure profonde avec ses enfants adultes dont il ne prendra conscience qu'à la fin de son récit.
Il parait que l'écriture de John Fante est nourrie de sa vie personnelle et que chaque roman constitue une partie de son autobiographie. Mince, je n'aimerais pas être à sa place ! Il faut bien dire aussi qu'il n'a rien fait pour échapper à la terrible solitude qui l'attend.
Heureusement qu'il lui reste Stupide qui comme chaque chien aime son maître quels que soient ses défauts, s'abstient de tout jugement de valeur et apporte un réconfort de tous les instants.
Une belle découverte pour moi et peut être l'envie de découvrir une autre facette de cette écriture élégante et désenchantée qui porte tout le récit.
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J'avoue ne pas savoir tout à fait ce que j'ai pensé de ce livre. C'est la première fois que je lis John Fante, grâce aux conseils de la belle librairie nantaise "La vie devant soi".

Le rythme du livre, en fait il n'y a quasiment pas de rythme ou un rythme calé sur celui du nouvel arrivant. Ah oui, commençons par le commencement, Henry Molise est chargé par sa femme d'abattre un animal qui est entré sur leur propriété, un ours, un âne, un lion? Non en fait simplement un chien, énorme, extrêmement nonchalant et aux moeurs spéciales.

Au début, j'ai eu l'impression d'être plongé dans une parodie du Bartleby d'Herman Melville avec ce gros chien que l'on veut absolument voir partir et qui semble répondre "Non, je préfère ne pas".
Progressivement, nous pénétrons dans la vie et la famille de Molise, un écrivain et scénariste raté, marié et père de 4 enfants dont il ne sait pas vraiment quoi penser ni comment s'en débarrasser et qui ne rêve que de partir pour Rome. Stupide, tel est le nom donné au molosse, va venir trouver sa place dans ce foyer et parfois un peu le bousculer.

Au final, ce fut une lecture agréable, pas le meilleur livre que j'ai eu l'occasion de lire, mais agréable. le style est sympa, avec une dose d'humour, une dose désinvolture et une autre de noirceur.

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Doux-Dingue, déjanté, jouissif, caustique, vitaminé, "amphétaminé" voire "marijuanisé"... mais , tristement, plein de justesse ce court roman.
On est loin de Rintintin ou autre Lassie, plus proche de l'âne de Buridan hésitant entre priapisme, gloutonnerie et gentillesse.
Et puis il y a la famille de l'auteur qui fait fait tourner tout le monde en bourrique...père et lecteurs...sauf l'âne susmentionné qui reste au dessus de la mélée!
A lire pour rire du malheur des autres?...et tout simplement pour sourire en passant un excellent moment.


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A la lecture de ce roman, on a l'impression de voir un film, plus précisément le scénario de nombreux films décrivant une crise sentimentale et psychologique. C'est piquant et émouvant. John Fante réussit un roman amer. D'une page à l'autre, on sourit puis on saisit par le désespoir de ce personnage. Les dialogues sont de haute volée, les personnages ne s'épargnant à aucun moment. L'auteur explore chaque situation du quotidien qui va dérailler comme si ce chien est la goutte d'eau. Nous assistons donc au débordement sans fin d'un vase. le rythme est tenu jusqu'au bout grâce à la profondeur des personnages et la valse mise en scène par l'auteur. Ce texte est un juste milieu entre la comédie de boulevard revue à la sauce américaine et le mélodrame. A chaque moment, les personnages pourraient sombrer mais ils sont assez polis pour garder le sourire
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Du pur John Fante. Humour graveleux, cynique, loufoque, décalé et en même temps gravité de certains passages. Autobiographie romancée de Fante à Los Angeles, ses difficultés conjugales, ses quatre enfants à la personnalité différente, ses déboires professionnels et financiers et bien sûr le chien libidineux, pas très malin, imprévisible et homosexuel !
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Stupide, c'est le nom du chien que Henry, américain fauché originaire d'Italie, a trouvé, un soir, dans son jardin. Lui et sa femme ne veulent surtout pas le garder. Ils le garderont.
Et nous verrons vivre cette famille un peu déjantée, dont les trois enfants, jeunes adultes, contrarient, chacun à sa façon, les rêves parentaux.
Henry écrit plus ou moins de scénarios de films. Et peut-être aussi, plus ou moins, des romans à l'eau de rose. Plus sûrement, il pointe au chômage. Ses relations avec les autres, et notamment avec sa femme, ne sont que des scènes de tension, puis de réconciliation. Tout cela tangue fortement.
Le chien - aux moeurs étranges - en plus des querelles familiales, provoquera des difficultés avec un peu tout le monde: les voisins, les passants,...
Et la vie d'Henry deviendra une impasse.
Court roman typiquement américain, assez spirituel, Mon chien Stupide est une curiosité qu'il faut connaître. Tout n'y est pas que finesse, à beaucoup près, mais bon, c'est une Amérique décadente que nous retrouvons là: sujet tant de fois traité dans ce type de roman, ou le cynisme s'ajoute à l'absurde, à la fuite en avant, à l'échec. Echecs professionnel, familial, économique.
Si l'on ne s'offusque pas de certains détails scabreux (étaient-ils bien utiles?), on passera quand même un bon moment.
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Un roman déjanté ou l'écrivain (car c'est bien lui qui se met en scène avec sa famille) se lie avec un chien détraqué.
Un récit incisif sur les désillusions professionnelles et familiales, le renoncement aux ambitions. le tout dans une écriture à l'ironie piquante qui fait de Fante, un grand écrivain.

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La Californie, dans les années 70, Henry Molise, immigré italien, père de famille de 4 enfants, tente de percer dans le milieu du cinéma jusqu'au jour où un énorme chien débarque dans sa vie, et qu'il décide de nommer Stupide. John Fante se sert de l'arrivée de ce chien pour mettre à mal tous les clichés de l'American Way of life, et poser les questions importantes au sujet de la paternité, du temps qui passe, de l'usure du couple, des désillusions. Un court roman cynique, tragique et rafraichissant qui vous fera réfléchir et rire! 🤫Pour info, ce roman sera adapté au cinéma en octobre 2019 par Yvan Attal.
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