Captain Jack
La belle ferme isolée des Foster respire la vie, l'ordonnance, la bonne entente, l'amour filial jusqu'à ce qu'elle soit la proie d'une bande de guerriers Modocs. le vieux Foster, ancien ranger, avertit par télégramme son ex-coéquipier Tex Willer afin qu'il lui promette de punir les responsables du carnage. Tex Willer et Kit Carson se rendent alors dans l'Oregon au moment où la guerre entre les Modocs et l'armée américaine se met en place. Sur la piste des assassins Modocs, les rangers doivent s'immiscer dans le conflit. Les Modocs, menés par
Captain Jack, chef posé, courageux et stratège se réfugient dans les Lava Beds, une zone volcanique accidentée. Si l'histoire semble déjà écrite, les pages sombres restent encore à vivre pour les Indiens et les soldats confrontés à une lutte sans merci.
L'éditeur alsacien Black & White fait paraître en France, pour les aficionados argentés du ranger texan, les aventures de Tex Willer. Paru aux Editions Bonelli en 2015, «
Captain Jack » arrive dans une édition soignée chez nous. Déjà possesseur de l'édition italienne grand format en noir & blanc, 9,90 €, on peut raisonnablement tergiverser par rapport à l'acquisition d'une traduction dans un format à l'identique, en noir & blanc pour un coût de 35 €. Tiré à 600 exemplaires, le Tex français est en passe d'être épuisé à l'instar des deux précédents titres, « Doc ! » de Boselli et Zuccheri et « La marque du Klan » de Boselli et Mastantuono. Une fois le livre en main, le doute n'est plus permis. La reliure, l'impression, le papier, tout concourt à rehausser l'intense plaisir à lire en français, c'est-à-dire à faire les connexions immédiatement entre le texte et l'image, une histoire bouleversante portée par un dessin et une mise en page exceptionnels. le talentueux scénariste
Tito Faraci a juxtaposé avec brio les passages marquants : l'attaque du ranch, la rixe au saloon, l'exécution dans la clairière, l'attaque du camp indien, etc., apportant ainsi une puissance redoutable à son récit qui ne s'encombre pas d'un seul gramme de superflu.
Enrique Breccia pourrait accumuler tous les superlatifs mais sa modestie d'artisan du 9e art ne saurait le souffrir. Son trait précis fouille les visages et les physionomies pour en exacerber les expressions. le réseau serré et léger des fines hachures accentue l'aspect rugueux, presque granitique des personnages. Les cadrages et les mises en page sans cesse inventifs travaillent à augmenter l'expressivité et à restituer presque de façon tangible les atmosphères. La puissance graphique d'un maître flamand tel Jérôme Bosch n'est jamais très éloignée quand on visualise la galerie de trognes et le défilé de panoplies qui égayent les planches du maestro argentin. Quant à la superbe couverture, elle laisse augurer le meilleur quant à l'usage de la couleur chez cet artiste. le lecteur se trouve bien face à une des meilleures histoires dessinées du Texas Ranger en particulier et du 9e art en général.