Opar, la ville de granit massif et de petits joyaux, tremblotait et se brouillait. Pourtant bien réelle avec ses grands murs de pierre, ses tours élancées, ses dômes dorés, et huit cent soixante-sept ans d’existence, elle vacilla, faiblit et s’évanouit. Et elle fut alors disparue comme si elle n’avait jamais été.
Hadon avala sa salive et il essuya ses larmes.
Sa dernière vision de la resplendissante Opar avait été comme un rêve mourant dans l’esprit d’un dieu. Il espéra que ce n’était pas un mauvais augure. Et aussi que ses compagnons et rivaux étaient semblablement affectés. S’il était le seul à avoir pleuré, on pourrait se moquer de lui.
Hewako n’était pas du tout content. Il avait espéré que Klihy le prendrait dans ses bras de bronze et que ses grands yeux gris seraient enflammés d’amour pour lui. Quand il l’avait entendue dire oui à Hadon, il avait froncé les sourcils et crispé ses énormes biceps. Il n’osa rien dire tant que Klihy fut à portée d’oreille. Hadon lui avait adressé un vaste sourire mais la pensée du long voyage à faire en mer n’avait rien de plaisant. Quoiqu’il eût un caractère facile, les sarcasmes d’Hewako finissaient par le lui faire perdre.