Le deuxième roman de
Serge Federico est une fable pour notre temps.
Calixte, le personnage qui donne son titre au livre, est une rescapée du génocide rwandais. Elle avait trois ans en 1994, elle disparaîtra en 2019. Et, depuis, plus aucun enfant n'a vu le jour au royaume de Belgique. Quel est ce mystère qu'un ange va essayer d'éclaircir ?
Retour en arrière : pour comprendre, il faut commencer par le commencement. L'ange arrive sur terre le 17 avril 1994, à Gitarama : Je suis un corps couché dans l'herbe rouge aux côtés d'une dizaine d'autres corps sans vie.
A partir de ce moment, sous diverses identités, et en côtoyant tous ceux qui interviennent dans la vie de
Calixte, l'ange va mener son enquête - un peu à contrecoeur parfois, notamment en raison des personnalités qu'il est contraint d'endosser, soumis à l'autorité pesante de son Grand Chef qui a décidé de le placer devant ses responsabilités : il a perdu la trace de
Calixte dont il avait la charge (avec 2.334.806 autres anges gardés), il lui appartient de la retrouver.
Cela donne un bien curieux portrait de l'humanité, pas toujours envisagée dans ce qu'elle a de meilleur. Dessinant notre avenir,
Serge Federico ne voit pas la vie en rose. Mais il le fait avec une imagination délirante dont la fantaisie compense quelque peu les craintes qu'inspire son roman.
Parfois, celui-ci semble partir dans tous les sens, cacophonie d'une Histoire qui nous projette dans un futur incertain. Mais l'auteur sait où il va - et nous y conduit. Avec la poigne d'un guide qui veut nous faire voir tout ce qu'il y a à voir, jusqu'à la révélation d'une dernière page qui éclaire, rétrospectivement, l'ensemble d'une implacable lumière.·
Pierre Maury dans
Le Soir - 22/02/2003
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