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EAN : 9782021388497
464 pages
Seuil (03/10/2019)
4.64/5   22 notes
Résumé :
Une colère rouge recouvre le ciel. Les vagues s'agitent, l'eau monte, les forêts tombent et les corps s'enfoncent dans ce sanguinaire gouffre marin. Les cieux tonnent encore devant ce spectacle : le monde est en pleine tempête.

Derrière sa prétention d'universalité, la pensée environnementale s'est construite sur l'occultation des fondations coloniales, patriarcales et esclavagistes de la modernité. Face à la tempête, l'environnementalisme propose une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Depuis 2011, l'Union européenne ambitionne de réaliser une "transition" vers une société plus juste et moins polluante, respectueuse du climat et de la diversité. La combinaison de l'axe environnemental et de l'axe social est frappante. Elle est affirmée également dans les "Objectifs du développement durable" de l'ONU. Il n'y aura pas de transition durable si elle n'est pas environnementale et sociale.
On considère généralement qu'il y a 250 ans, avec l'exploitation intense des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz 'naturel'), nous sommes entrés dans l'"Anthropocène". C'est une vue trop courte du phénomène de civilisation.
Malcom Ferdinand fait remonter le basculement de notre civilisation dans l'extractivisme et l'exploitation sans limite (autre que le profit) à partir de 1492, date de la "découverte" du "Nouveau monde" et instauration du colonialisme et de l'esclavage occidental.
Malcom Ferdinand propose d'appeler cette époque le "Plantationocène", l'ère de l'exploitation à des fins commerciales de toutes les terres conquises en supprimant les peuples premiers qui y vivaient, en les asservissant ou en implantant sur les terres conquises des "nègres" déracinés d'Afrique et jetés dans les plantations sucrières ou de coton de nos colonies.
Malcom Ferdinand complète ce geste en identifiant le sort funeste des femmes esclaves, des femmes racisées de nos colonies, maltraitées par ce double facteur de race et de genre.
Ouvrage très documenté et très inspirant. Il place avec justesse la "transition" dans une perspective élargie de constitution d'un monde commun entre les être humains 'libres' et prospères et les être humains méprisés et relégués à la misère. Cette perspective est élargie aux êtres non-humains, arbres, fleuves et végétaux qui dans un même mouvement de l'homme du "plantationcène" sont décimés pour le profit de quelques-uns. D'où le titre de l'ouvrage: "Une écologie décoloniale".
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Comment penser l'écologie depuis les outre mer ? En couplant les problématiques environnementales aux blessures laissés par l'entreprise coloniale. C'est la belle hypothèse que propose l'auteur.

A travers un cadre théorique solide et convainquant, Malcom Ferdinand revient sur ce qu'il appelle un "habité coloniale" source des inégalités sociales, et des pollutions (notamment agricoles) qui caractérisent les outre met et plus particulièrement la martinique.

Dans une seconde partie du livre, l'autre propose des chemins pour réparer l'irréparable.

Si le livre est par endroit ardu, s'ancrant autant dans la théorie philosophique que politique, l'auteur propose des axes narratifs immersifs (la figure des navires négriers qui revient à plusieurs reprises par exemple) permettant au profane de s'approprier sa pensée.

Un livre qui fera surement école et qui accompagnera sans doute les recherches et études à venir sur les outres mers.
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L'auteur propose dans ce livre de décentrer notre regard sur la crise écologique en cours. de le décentrer en la recontextualisant dans une histoire économique de prédation de la part des sociétés occidentales en faisant remonter les origines de la crise écologique et en la liant à l'histoire économique depuis les plantations jusqu'à aujourd'hui. Il argumente très bien son propos en l'etayant de nombreuses références. Il nous amène à nous requestionner sur des trops trop souvent utilisés, notamment dans la culture populaire, pour parler de la crise écologique comme le mythe de l'arche de Noé par exemple. Ce livre réussit le parie de décoloniser la question de la crise écologique. Un livre très instructifs er éclairant à mettre entre toutes les mains.
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Un livre à découvrir, pour tout remettre en question. Un livre à relire, pour entamer la déconstruction. Et à relire encore plus tard, pour s'approprier les pistes d'avenir. Bravo à l'auteur de nous proposer un cheminement si bien mené, et des raisonnements nouveaux qui semblent pourtant tomber sous le sens quand on les lit.
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Est-il possible d'établir un lien entre l'habiter colonial, l'esclavagisme et la destruction de ce qui constitue notre monde, la Terre ? L'auteur, spécialiste des pays caribéens, démontre les liens entre le colonialisme et l'anthropocène, en s'appuyant sur des références historiques. A travers ce qu'il nomme le « négrocène », la destruction des peuples autochtones et de leurs cultures, il met au jour une partie des dimensions sociopolitiques, qui ont conduit à la crise écologique actuelle. Ces crimes du passé s'avèrent impardonnables. Cependant, l'auteur appelle à la réconciliation, car aujourd'hui toute l'espèce humaine est dans le même bateau, celui de la modernité et de l'anthropocène. Cet essai a reçu le Prix de la fondation de l'écologie politique en 2019.
Lien : https://www.mediathequeouest..
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critiques presse (1)
Liberation
24 août 2020
La densité de la réflexion est quelquefois difficile à saisir tant le matériau original du livre (une thèse de doctorat) doit à l’ampleur de ses développements et de ses filiations philosophiques. L’ouvrage accomplit pourtant une prouesse de synthèse.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La reconnaissance d'autres cosmogonies, ontologies, voire d'une pluralité de mondes qui, par exemple, ne reprendraient pas cette distinction humain/non-humain, l'élude pas la tâche de cette cosmopolitique de la relation qui reste toujours guidée par la question suivante : comment composer un monde depuis la Terre et depuis sa pluralité constitutive d'autres et de leurs multiples ontologies ? Son point de départ suppose la reconnaissance conjointe des violences et destructions historique causées par les fractures coloniales et environnementales des cinq derniers siècles.
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Le Negrocène n'est pas un "Capitalocène racial" comme le propose Françoise Vergès, qui prendrait en compte l'exploitation des forces de travail racisées et les destructions environnementales pour la simple raison que le mot "Nègre", tel que je l'emploie, n'est pas synonyme d'une "race". Je suis ici l'approche non racialisante de l'esclavage d'Eric Williams, faisant du racisme le résultat et non la cause de l'exploitation économique et énergétique d'un ensemble d'êtres humains qui contribua au développement du capitalisme britannique. L'essentialisme ancré dans l'usage du mot "Nègre" a laissé penser à tort que cette condition sociale et politique était inhérente à l'épiderme des Noirs et ne concerne que les humains. Ici, le mot "Nègre" ne désigne plus une couleur de peau, un phénotype, n une origine ethnique ou une géographie particulière. Il désigne tout ceux qui furent et sont dans la cale du monde moderne: les hors-monde. Ceux dont les survivances sociales sont frappées d'une exclusiondu monde et qui se voient réduits à leur "valeur" énergétique. Le Nègre est Blanc, le Nègre est Rouge, le Nègre est Jaune, le Nègre est Marron, le Nègre est Noir. Le Nègre est jeune, le Nègre est vieux, le Nègre est femme, le Nègre est homme. Le Nègre est pauvre, le Nègre est ouvrier, le Nègre est prisonnier. Le Nègre est marron-forêt, le Nègre est vert-plante, le Nègre est bleu-océan, le Nègre est rouge-terre, le Nègre est gris-baleine, le Nègre est noir-fossile. Les Nègres sont les nombreux hors-monde (humains et non-humains) dont l'énergie vitale est consacrée par la force aux modes de vie et manières d'habiter la Terre d'une minorité tout en se voyant refuser une existence au monde.
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Aussi la globalisation et la mondialisation correspondent-elles à deux processus différents, voire opposés. Le premier est l'extension totalisante, la répétition standardisées à l'échelle du globe d'une économie inégalitaire destructrices des cultures, des mondes sociaux et de l'environnement. La seconde est l'ouverture par l'agir politique d'un vivre-ensemble, l'horizon infini de rencontres et de partages.
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L'écologie décoloniale articule la confrontation des enjeux écologiques contemporains avec l'émancipation de la fracture coloniale, avec la sortie de la cale du navire négrier. L'urgence d'une lutte contre le réchauffement climatique et la pollution de la Terre est imbriquée dans l'urgence des luttes politiques, épistémiques, scientifiques, juridiques et philosophiques, visant à défaire les structures coloniales du vivre-ensemble et des manières d'habiter la Terre qui maintiennent les dominations des personnes racisées, et particulièrement les femmes, dans la cale de la modernité.
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Panser cette fracture permet de repérer les deux apories communes de l'abolitionnisme, de l'anticolonialisme et de l'environnementalisme. Première aporie : il est illusoire d'interdire la domination et l'exploitation d'êtres humains par d'autres êtres humains à travers l'esclavage, la traite négrière et la colonisation, tout en conservant une organisation sociale et économique qui a pour fonction l'exploitation coloniale de la Terre. Changer de politique implique de changer d'écologie. Deuxième aporie : il est illusoire de préserver des espaces naturels et des forêts de la Terre des désirs financiers de certains humains, dès lors que l'on accepte l'asservissement d'autres êtres humains à travers les dominations esclavagistes et coloniales : changer d'écologie implique de changer de société. Ces apories constituent une écologie coloniale, maintenant la séparation factice entre devenir matériel de la planète et des non-humains, et devenir social et politique des humains.
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Vidéo de Malcom Ferdinand
Penser l'Anthropocène avec Malcom Ferdinand
Ingénieur en environnement de l'University College London, docteur en philosophie politique de l’université Paris-Diderot et chercheur au CNRS (IRISSO / Université Paris-Dauphine). Ses recherches portent notamment sur l’Atlantique Noir et la Caraïbe. Il est l'auteur de Une écologie décoloniale. Penser l’écologie depuis le monde caribéen (Seuil, 2019)
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