Depuis 2011, l'Union européenne ambitionne de réaliser une "transition" vers une société plus juste et moins polluante, respectueuse du climat et de la diversité. La combinaison de l'axe environnemental et de l'axe social est frappante. Elle est affirmée également dans les "Objectifs du développement durable" de l'ONU. Il n'y aura pas de transition durable si elle n'est pas environnementale et sociale.
On considère généralement qu'il y a 250 ans, avec l'exploitation intense des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz 'naturel'), nous sommes entrés dans l'"Anthropocène". C'est une vue trop courte du phénomène de civilisation.
Malcom Ferdinand fait remonter le basculement de notre civilisation dans l'extractivisme et l'exploitation sans limite (autre que le profit) à partir de 1492, date de la "découverte" du "Nouveau monde" et instauration du colonialisme et de l'esclavage occidental.
Malcom Ferdinand propose d'appeler cette époque le "Plantationocène", l'ère de l'exploitation à des fins commerciales de toutes les terres conquises en supprimant les peuples premiers qui y vivaient, en les asservissant ou en implantant sur les terres conquises des "nègres" déracinés d'Afrique et jetés dans les plantations sucrières ou de coton de nos colonies.
Malcom Ferdinand complète ce geste en identifiant le sort funeste des femmes esclaves, des femmes racisées de nos colonies, maltraitées par ce double facteur de race et de genre.
Ouvrage très documenté et très inspirant. Il place avec justesse la "transition" dans une perspective élargie de constitution d'un monde commun entre les être humains 'libres' et prospères et les être humains méprisés et relégués à la misère. Cette perspective est élargie aux êtres non-humains, arbres, fleuves et végétaux qui dans un même mouvement de l'homme du "plantationcène" sont décimés pour le profit de quelques-uns. D'où le titre de l'ouvrage: "
Une écologie décoloniale".