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Citations sur Le Pays aux longs nuages (71)

C’est connu : les humains ne cessent de se battre comme des chiens enragés qu’en se mettant à table. Et pour bien cuisiner, goûter, rectifier un assaisonnement ou l’épaisseur d’une sauce, se laisser aller enfin à sa propre satisfaction avant d’en faire cadeau aux autres convives.
(pages 62-63)
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Quand nous sommes entrés dans le camp, je ne m’y étais pas habituée, pas encore, mais mes vêtements et mes cheveux en étaient déjà imprégnés. Elle nous accompagnés comme une chienne malade et trop fidèle. Excréments, déchets pourrissants, fumée, eau croupie. Milliers de bouches mâchant une nourriture insipide ou simplement la faim, la colère, la fatigue. Milliers de corps transis de froid. Milliers de mains tendues – vers nous, vers eux… Eux qui, désormais incarnaient le pouvoir.
(page 85)
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Voilà. C’est comme ça que débute la grande dégringolade : on se met à parler à un chat, ou à un ridicule petit chien pourvu d’un manteau écossais et de petites bottines imperméables pour l’hiver. À brève échéance, c’est l’hôpital psy, la télé allumée en permanence, les séances d’art-thérapie, puis, à la fin de tout ça, l’urne funéraire proposée en dix modèles dans le catalogue des pompes funèbres, du plastique moulé en faux marbre de Carrare.
(page 53)
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On ne voit plus la côte. L’eau nous cerne, faussement paisible. Ils sont si nombreux à s’être noyés. Des hommes, des femmes, des pères des mères avec leurs enfants, des familles entières. Je crois voir leurs visages monter vers moi au creux de chaque vague qui gonfle et déferle sous le bateau.
(page 41)
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Je sentais que cette crasse pelucheuse était montée à l’assaut de mon corps, l’avait recouvert et terni, et que plus personne ne voyait qui se cachait derrière. Fabrizio et d’autres s’étaient chargés de me le faire comprendre : j’étais un thon, une grande gueule, une mal baisée pour faire court et brutal, deux adjectifs qui caractérisaient assez bien les hommes du genre de Fabrizio.
(page 22)
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Près du lit d’une enfant endormie, l’espoir ne peut pas mourir. Il suffit d’un rien pour le ranimer.
Il suffit d’un mot.
(page 237)
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Une cuisine en dit long sur celle ou celui qui y travaille, car ce sont ses gestes qui la modulent : son ordre, ses routines, son passé.
(page 103)
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Depuis un moment, j'avais l'impression que le moteur émettait un bruit bizarre. Une sorte de grondement. Ou de vrombissement. Pourvu que ce vieux clou ne tombe pas en panne ! Je n'avais pas besoin de ça. J'ai trituré le rétroviseur, donné un coup du plat de la main sur le tableau de bord, mais le bruit semblait gagner en intensité. Je me sui rangée sur le bas-côté et j'ai coupé le contact.
Le bruit ne venait pas du moteur, mais du chat. Il ronronnait.
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Je dois apprivoiser chaque vague, chaque secousse – mon corps reviendra aux jours où je portais notre enfant en moi, il s’oubliera pour ne plus être que la forteresse où elle s’abritera, où le destin cessera enfin de la maltraiter – jusqu’à ce que la nuit touche à son terme et que la côte apparaisse dans les vapeurs de l’aube.
(page 39)
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Les nuages, très longs, dérivaient doucement. J’aurais pu croire que je volais. Et, enfin, l’horizon s’ouvrait devant moi.
(page 156)
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