Famille nucléaire

Myriam fête aujourd'hui son dix-huitième anniversaire et s'apprête à partir en train pour le manoir de ses grands-parents qui célèbrent leurs Noces d'or avec sa mère Annick et sa tante Rosie. Son père et son oncle les rejoindront sur place.
Si le vieil et anciennement richissime Edouard (je dis bien anciennement richissime car les deux soeurs, jumelles de surcroît ainsi que les deux gendre ont tout dilapidé ) a tenu à réunir toute sa petite famille au complet, ce n'est pas uniquement pour fêter ses cinquante ans de mariage avec sa pauvre épouse qui perd complètement la tête mais aussi, et surtout, pour leur annoncer qui sera le ou(la) seul héritier des cinq millions d'euros qu'il lui reste grâce à sa cave et à ses excellents crus.
Cependant, suite à ce que une bombe nucléaire, tous sont obligés de se réfugier dans cette fameuse cave afin de sauver leur peau, oubliant le patriarche à l'extérieur. Cependant, un meurtrier rôde parmi eux car les têtes commencent à tomber les unes après les autres et tout un chacun en vient à accuser, qui un mari, qui une fille ou qui le domestique.

Seulement, les apparences sont souvent trompeuses et ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être. Une sorte de "Cluedo" où le lecteur doit essayer de deviner qui est le coupable dans cet espace clos, qui sera la prochaine victime et avec quelle arme elle sera tuée.
Une lecture agréable à lire mais qui ne me laissera néanmoins pas des souvenirs mémorables car les personnages sont répugnants de par leur appétit d'argent (je sais bien que c'est fait pour mais les voir ainsi dénué de tout amour pour leurs proches m'a un peu écoeurée, bien que ce soit malheureusement une chose pas si extraordinaire que cela) et leur égoïsme. A découvrir !

Une adolescente dépressive à qui sa tante tricote un maillot de bain en laine, un père travesti, un oncle ancien inspecteur de police tombé pour proxénétisme, un manoir en ruine, un nom composé, auxquels s'ajoutent Nestor-le-domestique, un palefrenier, et un couple de grands-parents spéciaux, entre Alzheimer pour Ernestine et apparence patriarcale pour Edouard.
Quelle énumération, mais cela plante bien le décor de ce court roman coédité par le Monde et la SNCF pour l'été.
La plume acérée de Caryl Ferey fait le reste. Tout ce petit monde hétéroclite se retrouve dans la cave du manoir, siège désormais de la fortune de la famille, pour un huis-clos sanglant, version moderne des Dix Petits Nègres.
Qui aura l'héritage ? Déjanté jusqu'au bout !

Drôle, déjantée, la noblesse disjoncte ....
Ce portrait d'une aristocratie bretonne décadente est corrosif.
Portrait de famille ... Héritage ... Amour ... Intérêt ...
Portrait d'époque ... Écologie ... Économie ....
Portrait de région ... Bretagne de par la localisation de l'histoire ... Normande de par ces trésors cachés.
Cette nouvelle est fortement ancrée dans son époque avec ses nouvelles valeurs morales.
Un petit brin d'humour dans ce monde de m....

Une espèce de "dix petits nègres" complètement déjantée où les personnages rivalisent de veulerie, de jalousie et de condescendance. Au bout du compte, il n'en restera qu'un ! Oui mais lequel ? En attendant l'issue de ce huis clos, le lecteur se prend au jeu de cette nouvelle bien tournée.