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4,12

sur 4417 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai découvert Jim Fergus avec ce premier roman au sujet intriguant : en 1874, le président des Etats-Unis accepte un étrange marché avec le chef cheyenne Little Wolf. Il s'agit d'envoyer mille femmes « blanches » pour améliorer les échanges entre Américains et Indiens, ces femmes deviendront les épouses des indiens et mères de leurs enfants. Des contrats sont signés, et un premier convoi de femmes part vers le Nebraska. Dans le train, elles font connaissance et tentent d'imaginer leurs futures conditions de vie. Cela sera bien différent de ce qu'elles pensent, mais aussi pour chacune un échappatoire à leurs vies passées : prostitution, misère, prison, asile d'aliénés... L'avenir deviendra d'autant plus incertain pour elles et leurs futurs époux que l'état américain sera bien loin de tenir toutes ses promesses vis-à-vis des indiens.
Sans en raconter plus, je peux vous dire que le contenu du roman fut cette fois à la hauteur de mes attentes et plus encore. Des personnages attachants, à commencer par May Dodd dont on apprend assez vite les raisons d'un engagement aussi radical, ainsi que ses compagnes de voyage, et par la suite les différents cheyennes que May côtoie. L'auteur s'est particulièrement bien mis dans la peau des personnages féminins, et a imaginé avec énormément de détails ce qu'ont pu être leurs parcours, puis leur adaptation à la vie au coeur d'une tribu cheyenne. Ecrit sous la forme de carnets de voyages et de lettres de May Dodd à sa famille restée à Chicago, lettres qu'elle a pour la plupart gardées au lieu de les envoyer, ce récit qui embrasse la cause indienne, traite des thèmes de la civilisation et des rencontres entre cultures, est passionnant, et les cinq cent pages se dévorent de toute urgence !
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Je fais partie de cette génération nourrie au folklore de la conquête de l'ouest : films de cowboys et d'indiens dans lesquels ces derniers étaient présentés sous le jour des méchants agresseurs d'innocents fermiers, la foi chevillée au corps, ne cherchant qu'à vivre chichement d'un labeur harassant. John Wayne et autre tunique bleue de service à la Metro-Goldwin-Mayer accouraient au galop au secours de ces infortunés au son du clairon en tête de la colonne de cavalerie. Pétarade et youyous des indiens sur leur chevaux bariolés. Les valeureux combattants en plumes et peinture de guerre roulent dans la poussière. Et ce qu'il faut bien appeler les colons repoussent la frontière un peu plus vers l'ouest, les Amérindiens un peu plus vers la sédentarité, celle-là même qui ruine leur culture. On n'arrête pas le cours de l'histoire, celle des blancs en tout cas. Et God bless America.

J'ai appris depuis à rétablir l'équilibre quant à la responsabilité de qui agresse qui. J'ai appris depuis que l'histoire de la plus grande démocratie de notre planète commence par ce qu'il faut bien appeler l'anéantissement d'une culture. Et le premier opus de la trilogie de Jim Fergus, Mille femmes blanches, dont je sais d'ores et déjà que je lirai les autres, est un coup de projecteur sur un sujet que les Américains ont évidemment le plus grand mal à aborder. Leur mémoire collective occulte cet enfantement dans la douleur d'une société qui aujourd'hui domine le monde.

Jim Fergus se défend de parler au nom des Amérindiens. Il ne s'en attribue aucune légitimité. N'est-il pas lui-même descendant de ces aventuriers qui, débarqués sur la côte est, n'ont eu de cesse de réduire les territoire et mode de subsistance des indigènes à la peau rouge. Il le dit dans un français plus que correct au cours des divers entretiens de promotion de ses ouvrages sur nos antennes. Il se sent plus de légitimité à évoquer le sujet avec le point de vue des femmes, ce qui est surprenant pour un homme. Des femmes qu'il faut bien en l'occurrence qualifier de blanches, puisque héritières des expatriés du Mayflower.

Mille femmes blanches contre mille chevaux. Curieux marchandage proposé par les Cheyennes reçus à Washington par le Président Ulysse Grant. Ils avaient bien compris que leur survie était dans l'assimilation. Une manière pour eux de découvrir par le métissage la civilisation qui s'imposait à eux. de toute façon, c'était ça ou disparaître. le grand chef blanc de son côté y a vu tout de suite un double intérêt, le premier de se débarrasser de personnes devenues encombrantes puisqu'il leur enverrait des femmes extraites des prisons et asiles d'aliénés, le second de surseoir au climat de guerre inéluctable provoqué par l'appétit des colons qui lorgnaient toujours plus loin dans l'appropriation des richesses naturelles des terres indiennes. Les femmes en question devaient y gagner quant à elles leur liberté. Sombre machination de dirigeants d'une communauté d'individus qui se disaient civilisés à l'égard de ceux en qui ils ne voyaient que des sauvages.

Ce que n'avait pas imaginé le gouvernement c'est que lesdites femmes découvriraient une culture plus élaborée et vertueuse qu'il ne voulait le reconnaître. Elles finiront par prendre fait et cause pour leurs nouvelles familles. Ce que n'avait pas imaginé Little Wolf, le chef de la tribu cheyenne persuadé selon sa culture qu'une parole donnée est sacrée, c'est que l'homme blanc trahirait sa promesse. Et dans pareil contexte, une promesse non tenue par l'homme blanc, c'est une entorse à la dignité. Cela se terminera dans un bain de sang.

J'ai écouté Jim Fergus parler de ses romans. J'ai aimé son humilité et la forme de sagesse avec lesquelles il évoque ce sujet douloureux. On retrouve ces qualités dans son écriture. Beaucoup de précaution de langage pour à la fois ne rien renier d'un passé honni et ne pas se mettre non plus au ban d'une société dont il est issu. C'est une écriture consensuelle qui peine parfois à traduire l'horreur des massacres qu'il faut pourtant bien évoquer comme tels. Une écriture d'une grande pudeur laquelle ne verse jamais dans l'affectation même quand les événements se font dramatiques. Une écriture qui a aussi le mérite de traduire parfaitement la communion avec la nature à laquelle s'astreignent les Cheyennes. Harmonie et équilibre qui s'expriment par le respect des indiens vis-à-vis de leur milieu de vie, quand les hommes blancs font des cartons sur les bisons depuis les fenêtres du train. J'ai aimé ce point de vue des femmes qui contre toute attente trouvent chez les Cheyennes, de tradition matrilinéaire, plus de considération que dans leur milieu d'origine bouffi de code moraux empesés.

On "n'arrête pas le cours de l'Histoire" clament les nouveaux colons. Pour sûr qu'ils ne parlaient pas de la même histoire. Celle des Amérindiens s'est bel et bien arrêtée quand ils ont été parqués dans les réserves livrés aux vices de l'oisiveté, ayant dû laisser leurs grandeur et fierté entre prairies et collines en même temps que les terres dont on les dépossédait. Mille femmes blanches est un magnifique ouvrage servi par une écriture très séduisante.
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Qu'est-ce qu'une bonne critique d'un livre ?

Je ne sais...
Ce qui suit ne le sera donc pas. Ni mauvaise, ni bonne critique. Je ne parlerai ni de l'écriture, ni de la construction, ni des personnages de cette histoire.

Non. J'ai juste envie de lire, encore et encore, sur qui étaient ces Peuples dignes et que, forts de penser mieux savoir, les "blancs civilisés" ont exterminés.
Non. J'ai juste besoin de hurler la Honte. Honte d'appartenir à cette humanité qui, de tous temps et partout, détruit, tue, abîme, ...

Et si un livre, avec ses manquements, ses limites, ses défauts, a cet effet, alors, si, c'est un bon livre.
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Proposition indécente au Far West...

Ils n'en croient pas leurs oreilles, les bras leur en tombent et ils crient au scandale. Comment ce sauvage, ce misérable Little Wolf, peut-il avoir l'audace de proposer une pareille abomination ?
Telle est la réaction de ceux qui assistent, en 1874, à la rencontre du Président Grant et du grand chef cheyenne Little Wolf. Il est vrai que la chose peut surprendre et paraître inconcevable mais dans l'esprit de l'Indien, son offre, échanger mille femmes blanches contre mille chevaux, s'avère une solution viable pour entériner la paix et permettre à son peuple de survivre.
Publiquement, le marché est violemment rejeté - les femmes ne sont pas des marchandises ! - mais au sein du gouvernement américain, l'idée fait son chemin et si cette transaction peut éviter des bains de sang, on se dit que l'expérience vaut la peine d'être tentée. Finalement, un programme secret s'organise et des volontaires sont recrutées. Enfin... Disons plutôt des femmes qui n'ont plus rien à perdre... Des femmes désargentées et endettées, des femmes sans famille ni ressources, des femmes emprisonnées ou enfermées dans des institutions médicales.
C'est ainsi que l'on fait la connaissance de celle qui sera, par le biais de ses carnets, la mémoire de cette aventure qui, on le pressent dès le début du roman, connaîtra une issue tragique et funeste : May Dodd, internée par ses parents dans un hôpital psychiatrique pour avoir aimé un homme qui ne lui était pas destiné de façon peu conventionnelle.

L'auteur choisit judicieusement des yeux féminins pour conter l'histoire exceptionnelle de ces femmes subitement plongées au sein d'un peuple de sauvages dont les us et coutumes leur sont totalement inconnus et les terrifient. Peuple qui se révèlera parfois bien plus respectueux quant à leur condition que celui dont elles sont originaires, peuple qui leur offrira une véritable place et qu'elles finiront, pour la plupart, par apprécier. Peuple condamné en train de connaître ses derniers jours...
Jim Fergus nous offre une palette de personnalités féminines réellement captivante et alterne intelligemment événements dramatiques et épisodes anecdotiques.

Une passionnante épopée fictionnelle sur fond historique, tantôt drôle, tantôt bouleversante, qui nous entraîne dans les mystérieuses et immenses plaines sauvages de l'Ouest américain.
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Commencer une trilogie par le premier tome est tri logique, mais en l'occurrence je découvris par hasard la queue en panache de l'animal avant son corps soyeux, splendide, et sa tête aux yeux pétillants d'intelligence. Ni une ni deux, je reposai mon troisième opus et courus acheter les deux premiers. Sans oublier bien sûr de relâcher le captif qui détala aussitôt… Pour avoir choisi de vivre librement avec un des ouvriers de son père dont elle a eu deux enfants, May, jeune femme de « bonne » -sic- famille, est internée dans un asile. Sa seule chance d'en sortir est de participer à un projet détonnant et officieux du gouvernement américain désireux de forcer l'intégration des Indiens de l'intérieur par le biais de mariages mixtes. En compagnie d'autres recrues, May voyage vers les terres cheyennes où elles seront échangées contre des chevaux. Relatée dans des carnets par la plume alerte, sensible, et l'humour de May, cette formidable épopée emmène le lecteur au coeur des Grandes Plaines et des Peuples. La confrontation entre ces truculentes desperate white wives et leurs adoptants cheyennes est surprenante de tolérance, d'humanité, mais aussi d'incompréhension et de cruauté. Au fil du récit se dévoilent les intentions officielles de l'Oncle Sam d'enfermer le Peuple dans des mouroi… réserves et de confisquer leurs territoires ancestraux. Devenues aussi cheyennes que les cheyennes nos desperate red white wives se retrouvent piégées dans cet étau qui se resserre et vont devoir choisir leur camp… Bouleversant.
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Un livre d'une force incroyable!

J'ai trouvé très original de raconter un court extrait des guerres Indiennes au travers du journal de May Dodd, personnage central plus qu'attachante.

J'y ai appris de nombreux faits historiques réels passionnants.

A la lecture de ce livre, j'ai été révoltée, et je me suis surprise à vouloir réécrire l'histoire pour que toutes ces injustices n'aient jamais eu lieu.

La nature humaine y tient également une place centrale. On est à la fois déçu (voire dégoutté) par certains et ému aux larmes par d'autres tant la force de l'amitié fédère le groupe.

Ce récit est une belle leçon de courage; c'est aussi un grand hommage à l'ouverture d'esprit dont ont fait preuve ces femmes et ce peuple Cheyenne.
A lire sans attendre!
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Des femmes contre des chevaux


Une lecture très agréable malgré le sujet abordé assez difficile : en 1874, aux Etats-Unis, la vie de femmes vendues au peuple Cheyenne contre des chevaux, pour permettre la survie de la tribu indienne et permettre une intégration des descendants dans la civilisation blanche.

Une oeuvre de fiction crédible (ce n'est qu'une fois le livre achevé, que j'ai fait des recherches !) très bien rédigée (malgré quelques erreurs de traduction) basée sur les carnets autobiographiques d'une de ces femmes, Mary Dodd.

Ce livre dénonce les manoeuvres du gouvernement américain contre les indiens et rétablit la vie de ces tribus, proches de la nature.

Une très belle histoire, émouvante.
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Extraordinaire. J'étais hésitante, j'avais peur de ne pas accrocher au sujet, les cowboys et les indiens....est-ce que ça pouvait me plaire? Dès le début j'ai été saisie, captivée par le ton de May qui raconte les faits des années 1874 et 1875. Je n'ai pas pu décrocher tant l'histoire de May, jeune femme blanche américaine est passionnante et apporte beaucoup de joie grâce aux personnages assez uniques les soeur Irlandaises, Jimmy le muletier, Phemie, la gardienne du tippi...., beaucoup d'entrain. Un roman très vivant, aux descriptions telles que j'ai ri, que je m'y voyais, que j'imaginais ces paysages, ces odeurs, ces costumes, je m'amusais des noms indiens, tout, que du bonheur!!! L'envie d'en savoir plus sur les Cheyennes. Et de lire la suite, "la vengeance des mères". La consternation de voir ce que les Américains se faisaient les uns aux autres au 19 ème jusqu'au génocide. Un roman magnifique.
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Une bien belle fresque que ce récit qui retrace l'épopée de ces femmes destinées à devenir les épouses d'Indiens afin de participer à l'intégration des peuples autochtones. En 1874, le chef indien Little Wolf propose au président des Etats Unis, le président Grant de troquer des femmes blanches contre des......chevaux et des bisons! Grant accepte et l'une de ces femmes, May Dodd, se voit entraînée dans un tourbillon qui la verra épouser un chef de tribu, accompagnée d'autres femmes, qui n'avaient pas réellement choisi leur destinée, souvent certaines étaient recluses dans des hôpitaux ou des institutions, ou prisons aussi et cette opportunité leur a permis de changer le cours de leur destinée. Beaux combats de femmes!
A découvrir absolument!
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Bien sûr, il s'agit là d'un roman, pas d'une thèse d'ethnologie.
Mais sur la base d'une histoire vraie, Fergus nous décrit le choc de deux cultures, de deux visions du monde diamétralement opposées.
On connait, malheureusement, l'issue de cette confrontation.

Un livre bien écrit, facile à lire et édifiant, que je recommande chaleureusement à tous.
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