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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dominique Fernandez a mis son imagination au service d'une biographie romancée de Michelangelo Merisi dit le Caravage ( 1571-1610) avec un tel réalisme et une prouesse de reconstitution historique qui permettent de dévorer ce gros pavé de 700 pages comme un livre d'aventures.

Aventurier, le Caravage l'était surement par le tempérament belliqueux, le gout des excès, des bagarres et des débauches qui ont accompagné sa vie d'artiste. Cette existence dissolue l'entrainera pour le pire et le meilleur sur les chemins de Rome, de la Sicile et de Naples, dans l'Italie du 17ème siècle.

L'auteur met vraiment ses pas dans les chausses du peintre, en écrivant à la première personne, lui donnant une réalité romanesque, imaginant son parcours d'apprentissage, les années de galère et de doutes avant de devenir la coqueluche des princes de l'église. Un portrait d'ange maudit s'autodétruisant avec application pour sans doute mieux sortir le meilleur de ses tripes.

J'ai dévoré ce livre bourré d'anecdotes, érudit picturalement, incitant à la découverte minutieuse des oeuvres évoquées pour mieux en apprécier le contexte de création et l'analyse. C'est un excellent livre de vulgarisation artistique, visuel, tonitruant. L'inventivité de l'auteur se mêle sans incohérente avec l'histoire du siècle et l'oeuvre du maître du clair-obscur.
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Michelangelo Merisi, né à Milan en 1571, est un immense artiste, tellement expressif et au destin épique. Un véritable roman pour ce peintre magnifique du clair-obscur. Il surprend, déroute, séduit, fascine plus de quatre siècles après sa mort, en 1610, entourée de circonstances étranges. Une vie emplie de fureur, de bruit et de violence, une vie de mauvais garçon aux moeurs troubles, qui ne pouvait s'achever que dans l'ombre du mystère. Une mort, tragiquement prémonitoire de celle du poète italien Pier Paolo Pasolini sur la plage d'Ostie en 1975 (bien qu'aujourd'hui, on pense que Caravage est mort dans un lit d'hôpital). Bref, il n'est rien d'étonnant à ce que Dominique Fernandez s'empare de sa biographie pour en faire un roman rythmé, passionnant de bout en bout, jusqu'au dénouement, jusqu'à la suffocation finale. Sincèrement, les oeuvres elles-mêmes suffiraient à éblouir n'importe quel amateur de peinture et il semble étonnant que personne n'ait pensé auparavant à transformer le Caravage en héros de fiction.
Après une enfance passée à Caravaggio, à l'âge de treize ans, il entre dans l'atelier de Simone Peterzano. A vingt ans, il arrive à Rome où il reçoit la protection du Cardinal del Monte, une des personnes les plus cultivées de la ville. A partir de cette date, il est baptisé « il Caravaggio » (un autre Michelangelo avait déjà laissé son empreinte – et quelle empreinte – en art). Mais surtout il va élaborer une peinture en réaction au maniérisme de la fin du XVIe siècle, une peinture non académique, moins théorique, plus sensuelle, plus naturaliste. Mais cette révolution se fait en gardant certains aspects du maniérisme : la tension de la ligne et les contours nets et précis. D'autre part, il va chercher ses modèles dans la rue (des adolescents, des femmes du peuple) ; il introduit une nouvelle gamme de tons gris qui valorisent la force du sujet ; il théâtralise fortement par des jeux d'ombre et de lumière des sujets souvent dramatiques. Bref, il initie un nouveau langage pictural. Ainsi, le Caravage est souvent considéré comme étant l'auteur de la première nature morte, tant il donne une présence aux objets quotidiens, véritables sujets de la toile, aux côtés des enfants de la rue. Ce qui m'amène à me poser la question suivante : un tableau comme « L'Amour victorieux » avec son nu frontal serait-il encore possible aujourd'hui sans encourir les foudres des associations protectrices de la famille ?
Oui, Saint Mathieu est un vieillard, aux mains calleuses et aux pieds crasseux. Oui, Marie-Madeleine est une femme pâlichonne aux cheveux sales. Et les scènes sacrées acquièrent une dimension profane. le Repos de la Sainte Famille devient le moment de pause de n'importe quelle famille. Et le cadavre de la Vierge présente toutes les caractéristiques d'un corps ayant longuement séjourné dans les eaux du fleuve. La face obscure de l'homme est omniprésente, chez les aristocrates, chez les religieux comme dans le peuple. La violence est partout. La solitude également.
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C'est le fait d'avoir vu le film (Le Caravage de Michele Placido de 2022) qui m'a donné l'envie d'approfondir le Caravage. Et comme je connaissais Dominique Fernandez, j'ai sauté sur ce livre.
C'est d'une érudition folle. On apprend énormément et sur l'histoire du XVII° Siècle, et sur la peinture.
Dominique Fernandez s'est mis dans le costume du Caravage, je dirais même dans sa peau, dans ses désirs, dans ses stupres. Il connait bien son sujet et peut aisément en parler à la première personne. Il postule que le génie du Caravage serait irrigué par son amour des beaux garçons qui lui servaient de modèle, la sensualité et l'érotisme des tableaux en étant la preuve.
Caravage dit : Caravage je suis. Tous ceux qui sont passés avant moi sont mièvres et fadasses, je peins la réalité même la plus sordide, foin des voiles et des auréoles, à bas l'air énamouré, je peins la crasse, la sueur et le désir.
Et c'est vrai quand on voit les tableaux sous cet angle, on a les yeux qui se décillent. Et magie de notre époque, on peut lire Fernandez d'une main et décrypter le tableau de l'autre. Fernandez a le talent et l'immense savoir de nous faire voir les prédécesseurs, les Titien, les Raphaël, et même les Michel Ange, sous le regard du Caravage. Il y a bien eu un avant et un après Caravage.
La grande culture de Fernandez ne se cantonne pas à la peinture. Il nous promène de Milan à Rome, de Rome à Naples, de Malte à Syracuse, enfin Messine. Ce XVII° siècle en Italie ne m'avait jamais autant parlé (par exemple je n'avais jamais fait le rapprochement entre Henri IV et Caravage, et pourtant c'est bien au moment du mariage d'Henri avec Marie de Médicis qu'il peint ses Mathieu à la chapelle Contarelli. Ironie de l'histoire, ils sont morts la même année) Je n'avais jamais non plus imaginé qu'il était contemporain de Rubens, ils sont si différents.
Quelle jubilation, quelle jouissance, d'entrer dans l'intimité de tous ces personnages, copains comme coquins, quelle sensation d'intelligence en refermant ce livre. le mystère reste entier au sujet de sa mort (on pense à Pasolini sur la plage d'Ostie), de sa vie aussi, mais maintenant, ses tableaux, on les a dans le coeur.
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Parmi les « voyous » de génie de l'Art, il y a le belliqueux orfèvre et sculpteur Benvenuto Cellini et, surtout, l'un des plus grands inventeurs: Michel-Ange Merisi, dit le Caravage. Sa vie est à elle seule un roman, ce qu'a parfaitement intégré Dominique Fernandez, avec cette Course à l'abîme, autobiographie fictive qui raconte les errances à la fois géographiques et créatrices de ce peintre à qui l'on doit le clair-obscur, rien que ça !
Une pareille vie ne pouvait que donner, à condition de savoir l'écrire, un roman épique. Contrat rempli pour l'auteur.
Mais qui est ce Caravage ? Un peintre hors norme dont l'immense et tourmenté talent refuse les exagérations du baroque en lui opposant un réalisme saisissant. Et quelles que soient ses démêlées avec la justice, l'obligeant à une vie d'exil, tous, à l'époque, s'accordent à reconnaître en lui un artiste d'exception, tel un Giotto ou un Masaccio avant lui.
Cependant, le roman de Fernandez n'est pas une leçon d'art : il nous plonge dans le XVIe siècle finissant et le début du XVIIe, rendant avec exactitude l'atmosphère d'une Italie toujours souveraine en matière de création.
D'une écriture dynamique et non moins érudite, ce texte s'inscrit dans ce courant qui, depuis quelques années, rencontre un succès souvent mérité : les biographies romancées de peintres. Je pense notamment à La Passion Lippi de Sophie Chauveau ou Artemisia d'Alexandre Lapierre.
Une excellente introduction au Caravage à toutefois considérer pour ce qu'elle est : une fiction.
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Né dans le village de Caravaggio, près de Milan, Michelangelo Merisi apprend la peinture et devient, au fil du temps, l'un des plus grands peintres que l'Italie ait connu. Ici, nous sommes dans l'univers de la Contre Réforme et l 'Église catholique entend bien montrer sa primauté.
Raconté à la première personne, la vie de cet homme habité tout à la fois par un immense sens artistique et par des pulsions de mort qui le poussent à rechercher des situations extrêmes , est magnifiquement rendue par un écrivain érudit et sensible. Un vrai voyage dans une Italie et une Sicile décrites avec sûreté. Les grands prélats de l'Église et les nobles côtoient les gueux... A côté de celle du peintre, les figures de Mario et de Gregorio de détachent dans un clair obscur cher à l'artiste.
Une très belle lecture qui nous fait redécouvrir les toiles du Maître et cette façon qu'il a eue de mêler le Sacré et le profane.
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Magnifique, on se laisse captiver sans aucune difficulté par ce livre qui raconte la vie romancée du peintre le ‘'Caravage'.
En écrivant à la première personne, l'auteur nous fait découvrir l'existence de cet homme excessif et bagarreur.
On partage ainsi toutes les étapes de la vie du peintre, ses débuts, son parcours, sa vie intime, ses déboires, son ascension au travers d'une Italie (Rome, Naples, la Sicile) de la fin du 16ème et début du 17ème siècle.
C'est un pavé qui se dévore et que l'on ne peut que conseiller vivement.

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Un "vieux" roman (2002 ...), mais quel plaisir de le découvrir ! le Caravage : à priori, pas trop mon style de peinture et surtout un sentiment de malaise dans les tableaux (nombreux malgré tout !) que je connais. Et puis, la lecture de ce texte bouillonnant de vie, d'une vie pleine et entière vécue dans un univers codifié, hypocrite de l'époque. D'un jeune homme issu d'une famille honorable, comme en quête d'une extase (mystique ou non) digne de Thérèse d'Avila, Michelango MERISI deviendra un peintre qui sans dessiner, pose directement les couleurs sur la toile. Sa sexualité très ouverte (femmes et surtout beaux jeunes gens qu'il placera dans ses oeuvres) sont à l'origine de ses nombreuses difficultés. Honnête dans une société coincée entre l'Inquisition et la religion catholique (qui ne veut pas voir que les prélats, fréquentent eux-aussi des mondes interlopes), le Caravage a tout du mouton noir : une extrême insolence et une envie de vivre sa vie au grand jour. Un fort beau livre qui m'a permis de découvrir un artiste.
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La passionnante vie du Caravane. On voit ses tableaux avec un nouveau regard, et on en ressort bouleverser. Livre passionnant, on en redemande. J'ai adoré.
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Une biographique romancée intéressante.
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