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4,18

sur 1279 notes
Que d'émotion à la lecture de ce livre vraiment splendide !! L'écriture est très agréable, les personnages semblent tellement réels qu'ils pourraient être nous, nos voisins. On ressort de ce livre avec quelque chose de plus. On ne regarde plus vraiment les gens du voyage de la même façon. Belle leçon de vie à travers ce beau roman. C'était aussi ma découverte d'Alice Ferney.
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Presque 300 pages de rencontre bienveillante avec un petit ilot d'humanité à la dérive, avec une famille gitane qui vit à l'écart du monde, sur un terrain vague, les enfants livrés à eux mêmes dans le dénuement le plus total.
Le lecteur peine à trouver la grâce dans ce dénuement et cette vie si frustre. Mais la grâce est sans conteste dans ce texte magnifique qui décrit avec des mots magiques ce monde à part.
L'arrivée d'Esther, qui vient lire des livres aux enfants une fois par semaine, est une lente remontée vers la surface pour les enfants, puis dans une certaine mesure pour les adultes, avec ses moments de grâce, mais aussi des difficultés qui en auraient découragé plus d'une.
On dit que la littérature ouvre notre coeur vers d'autres mondes, vers la différence, vers l'altérité. le voyage qui nous est proposé dans ce roman est vers un monde bien plus lointain et bien plus étrange que ne peuvent en proposer les ouvrages de science-fiction. Mais c'est véritablement un voyage sublime!
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Une intrigue chez les Gitans au coeurs de leur vie,de leurs émotions...où,les livres vont faire irruption par la détermination d'une bibliothécaire.
Esther va venir chaque mercredi lire des histoires aux enfants...
Une belle découverte que j'ai dévoré.
L'écriture est juste magnifique.L'histoire n'est pas entourée de guimauve ...
Une lecture marquante.
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Un roman qui m'a paru un peu « à charge » pour les tziganes, décrits comme violents, sales, voleurs.
Mais le roman contient des dénonciations intéressantes : le système humiliant des carnets de circulation (aboli en 2017 seulement), les stéréotypes, le Porajmos (les nazis ont exterminé entre 250 000 et 500 000 tziganes sur une population estimée à 1 017 400 en 1939).
Mais rien n'est détaillé, ni la culture spécifique, ni les rituels, ni le communautarisme au sein même de la communauté, ni le racisme.
J'ai longtemps travaillé avec des gitans. Ils se sentaient en marge de la société et toujours jugés comme « les voleurs de poule ». Ils souffraient des stéréotypes mais reconnaissaient ne pas chercher à les déconstruire. Pour les populations plus éloignées, les soins et la scolarité étaient organisés avec des camions itinérants (ce qui se fait encore aujourd'hui).
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Ce livre est une petite merveille. Je l'ai découvert par hasard et je ne sais même plus où. D'occasion, d'ailleurs. Mais c'est juste magnifique. Ah, je me souviens. C'est après avoir fouillé les entrailles de Babelio au sujet du thème "réfugiés et migrants" . Pour mes amis sur Facebook, ce ne sera pas une surprise, ils savent parfaitement que cette "cause" m'intéresse et m'implique.

Voici la 4e de couverture :

Dans un décor de banlieue, une bibliothécaire est saisie d'un désir presque fou : celui d'initier à la lecture des enfants gitans privés de scolarité. Elle se heurte d'abord à la méfiance, à la raillerie et au mépris qu'inspirent les gadjé. Mais elle finit par amadouer les petits illettrés, en même temps qu'elle entrevoit le destin d'une famille sur laquelle règne une veuve mère de cinq fils.
Dans ce troisième roman, récompensé par le prix Culture et bibliothèques pour tous, Alice Ferney excelle à faire entendre les voix intérieures de ses personnages, leurs sentiments inavoués, leurs désirs brimés, leurs solitaires affrontements avec la fatalité.

Bon, encore une fois l'éditeur nous mélange tout. Il s'agit avant tout de découvrir une famille de gitans. Qui s'est plus ou moins installée dans une petite ville, ou tout du moins, dans sa partie reculée. Après avoir vu ses autres parents reprendre la route avec ses camions et ses caravanes, Angéline est restée là. Parce que son mari est mort, et que ses cinq fils étaient encore petits. Puis ils ont été repoussés plus loin, par la Mairie, et se sont retrouvés dans le jardin à l'abandon d'une grande maison, au bord de la route où peu de voitures passent.

Quatre des garçons ont pris femme - d'abord il a fallu demander son avis à "la vieille", c'est comme ça qu'on appelle maintenant Angéline. Ses fils se sont mariés avant l'âge de vingt ans. Elle raconte comment elle a vu arriver Nadia, sa préférée, au bras d'Antonio, son cadet. C'est avec elle qu'elle parle le plus, qu'elle raconte ses souvenirs, son enfance. Puis Simon lui a présenté Héléna. Elle lui dit qu'elle est une vraie Gitane. Parce qu'elle crie tout le temps. Et ce n'est pas un complimenr de la part de la vieille. Et tout le monde sait que Simon est une brute. Quand Héléna se plaint auprès de la belle-mère, celle-ci lui répond qu'elle a choisi Simon, qu'elle le garde ! Il y a Misia, et Mélina, aussi, dont Angéline connaît la bêtise et son peu de cervelle. Ce n'est rien, son fils Lulu est content avec elle. Et maintenant ses fils ont des enfants, et elles accouchent là, dans leur caravane. Une caravane par couple, et celle d'Angeline qui laisse dormir son seul fils encore célibataire au fond de la sienne.

Parce qu'ils sont pauvres, même s'ils ne l'admettent pas. Pour eux ils ne sont pas pauvres : ils ont le bonheur et les enfants. Ils ne possèdent que leur caravane et leur sang. Ils vivaient sur une décharge, puis maintenant dans ce jardin dépotoir boueux. ils ont oublié ce qu'était la beauté. Ce sont des Gitans français qui n'ont pas quitté le sol de ce pays depuis quatre cent ans. Ils ne possèdent ni papiers francais, ni les carnets que possedent les gitans nomades. Ils n'existent pas. Ils vivent dans la boue, le froid, dans l'ignorance du monde qui les ignore. Mais leur richesse est en eux. Angéline raconte, et dans le coeur et l'esprit de cette soixantenaire, toute la beauté et la chaleur d'une mère qui connait les siens, leur caractère, leurs capacités, leurs beautés. C'est Angéline qui nous fait découvrir son monde, à nous, simples gadjés.
Un gros coup de coeur !
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Grâce et dénuement, l'élégance des veuves, le règne du vivant, Les Bourgeois Alice Fernex
4 livres lus à la suite, du même auteur, et chaque fois une joie parfaite, tant les thèmes abordés sont passionnants.
Revenons à grâce et dénuement.
Esther vient tous les mercredis faire la lecture à des enfants. Ces enfants sont des gitans, vivent dans des caravanes, ne sont pas scolarisés et errent dans les rues, à longueur de journées.
Ils attendent avec impatience ce moment de lecture, qui leurs fait découvrir un univers de fables, de contes, ou il peut y avoir une morale. Les enfants se retrouvent tous les mercredis dans une bulle. On sait peu de choses sur la vie extérieure d'Esther. Dans cette communauté de gitans, les enfants l'attendent de pied ferme, des contacts vont se nouer avec les mères et la grand-mère. Des liens réels se tissent. On oublie la précarité, on rêve d'envoyer les enfants à l'école. Les hommes sont en retrait.
L'ambiance de ce livre est parfaite. Nous devenons les lecteurs assidus de la fable qu'Alice Ferney nous raconte.
Livre attachant, qui nous fait pénétrer dans un univers inconnu, que nous voulons ignorer, et qui nous pousse à réfléchir.
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Immersion totale au sein d'une famille de gitans : Angéline, veuve et vieille avant l'âge, a la main mise sur ses cinq fils (Lulu, Angelo, Antonio, Simon et Moustique) et ses quatre belle-filles (Misia, Helena, Milena et Nadia), de même que sur sa dizaine de petits-enfants (Anita, Sandro, Carla, Mélanie, Mickaël, Hana, Joseph, Priscilla et le bébé Djumbo).

Esther, bibliothécaire dans la ville où ils se sont installés, va les apprivoiser les uns après les autres, en apportant des livres chaque mercredi, leur faisant la lecture, et s'intéressant à la rudesse de leur vie. Angelo, le seul célibataire tombera follement amoureux d'elle, tout en sachant cet amour impossible : la gadjé est mariée et a trois fils !

Esther se battra pour leur donner accès à la culture, à l'école. Ne pourra hélas pas éviter leur expulsion du terrain mais ne les perdra jamais de vue.

Amour, violence, désir, jalousie, drame et mort, Alice Ferney nous décrit ses moeurs tziganes avec une belle lucidité, en utilisant toujours les mots justes, et une très grande délicatesse. Un roman magnifique et digne.
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Attention, livre à lire absolument ! Me voici face à un grand coup de coeur!

Esther, bibliothécaire, décide de faire découvrir le monde des livres à des enfants gitans. ceux-ci sont installés avec leurs parents et leur grand-mère, Angéline, sur un terrain vague, ancien potager criblé de ferraille et de bouts de verres. Toujours en attente d'expulsion, vivant dans la précarité, la misère et l'exclusion, il y a cependant dans cette famille, de l'amour, de la générosité et de la fierté. Esther entrera dans le cercle de cette famille, tout doucement, par le biais de la lecture et des enfants. Convaincue que la vie a besoin de livres, elle tentera d'ouvrir aux enfants un nouveau monde et peu à peu, de la gadgé méprisée, se fera acceptée par la famille.

C'est avec délicatesse et subtilité qu'Alice Ferney nous décrit la vie des gitans, l'exclusion et la vie misérable dont ils sont victimes mais aussi les vols, l'oisiveté, le fatalisme. Sans jamais tomber dans le pathos, elle nous alerte sur leurs conditions de vies mais nous monter aussi les beaux côtés : la liberté, le partage des repas de fête, les danses, l'humanité. Elle nous parle des femmes de la tribu à qui les hommes mènent parfois la vie dure mais qui trouvent épanouissement et réconfort dans la maternité. Elle nous parle de courage, de douleur et de persévérance.

C'est une lecture belle et douloureuse à la fois saisie par une plume qui sait parfaitement nous montrer à quel point il peut y avoir de la grâce dans le dénuement et du dénuement dans la grâce. Une hymne aux livres, à la découverte et à l'acceptation de l'autre, aux rencontres et à la différence. Un livre profondément beau et humain. A découvrir!
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Au delà les clichés et des préjugés, on découvre avec simplicité la vie de ces familles de gitans, les joies et les drames familiaux qui rythment leur quotidien, la misère et l'isolement dont ils sont victimes, et leur manière pour tenter de s'en sortir et de survivre.

J'ai été touchée par cette écriture. J'ai aimé l'histoire de ces familles, de ces personnages parfois brisés au cours de leur l'existence.

Certains passages sont très douloureux. La venue d'Esther avec ses livres est comme un petit rayon de soleil apportant joie et complicité au fil du temps.

C'est un roman plein de sensibilité et assez agréable à lire.
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Les gitans. Une communauté que l'on côtoie sans la connaitre, qui suscite souvent méfiance et mépris.
Ancienne infirmière devenue bibliothécaire, Esther pense que les livres sont aussi nécessaires à la vie que le gîte et le couvert. C'est une femme d'une vitalité fervente, aussi douce que courageuse. Lorsqu'elle se présente dans un camp de gens du voyage, ce n'est pas par pitié, mais avec un projet, celui de faire la lecture aux enfants. L'expérience est rendue possible parce qu'Esther est venue sans jugement, discrète mais tenace malgré la froideur de l'accueil à laquelle Angéline, la doyenne du clan, l'a laissée se heurter pour voir ce qu'elle avait dans le ventre.

Chaque mercredi elle leur apporte des livres dont elle raconte les histoires, séduisant sans peine ces gamins qui ne réclament jamais rien, n'ont jamais faim ni jamais soif si ce n'est de ses paroles. Ils n'ont pas les jouets que reçoivent d'ordinaire les enfants mais font un butin de tout ce qu'ils ramassent, et ils ont la liberté, vont et viennent comme bon leur semble, sautillant, courant sur les trottoirs et dans les caniveaux, bande débraillée qui connaît les environs autant qu'on les y redoute. La scolarité est, sinon inexistante, chaotique et difficile, parce qu'ils dorment mal, qu'ils ne sont pas sûrs de rester au même endroit, et sont l'objet d'un dégoût moqueur de la part des autres élèves.

La lecture se fait dehors aux beaux jours, puis entassés dans la petite automobile d'Esther, avant qu'on ne lui propose, après de longs mois, l'abri d'une caravane. La bibliothécaire ne pose jamais de questions, et découvre la vie de la communauté par fragments, la pudeur et la méfiance cédant peu à peu le pas aux confidences. Elle ferme les yeux sur ce dont elle peut être témoin, ne veut pas s'avouer que les enfants sont parfois maltraités.

Car c'est une vie rude, hantée par le désoeuvrement et le rejet. Les hommes sont défaits de n'être tendus vers rien, de ce que personne n'attend rien d'eux. Ils se lèvent tard, parce qu'ils veillent et s'endorment difficilement. Pendant que les femmes aèrent la literie, replient les lits et cuisinent, ils bavardent, s'attardent à prendre le café pendant que les enfants jouent dehors. Puis ils traînent, commettent parfois de menus larcins, sauvegardant des apparences qui ne trompent personne, si ce n'est eux-mêmes. Ils regardent beaucoup les femmes, prisonniers d'un désir d'autant plus torturant que la promiscuité des caravanes, où s'entassent adultes et enfants, leur permet rarement de l'assouvir. Une promiscuité que les femmes utilisent comme prétexte pour se dérober, dès lors que la maternité calme leurs ardeurs. Car elles aussi sont fatiguées, peut-être moins détruites que leurs maris, parce qu'elles s'occupent des enfants, mais néanmoins plombées d'une usure morale, à l'idée que rien ne changera, qu'il leur reviendra toujours de s'inquiéter des petits, de se ronger pour les autres, prisonnières du mariage tzigane qui ne se rompt pas, et impose de supporter le mari comme il est. Une chance s'il ne la bat pas et que la belle-mère est gentille.

La belle-mère ici, c'est Angéline. Angéline, gardienne des valeurs et du passé, qui converse avec les esprits en jetant dans le feu, qu'elle passe des journées entières à regarder, des objets hétéroclites qui noircissent et fondent en répandant des fumées aux odeurs diverses. Qui connait par coeur chacun de ses quatre fils : Simon dont la brutalité voisine avec la folie, Lulu et sa force de taureau, Antonio, beau jeune homme volage et enfin Angelo, vieux garçon discret et d'une timidité maladive, qui vit encore dans la caravane de sa mère. Elle observe, lucide, ce petit monde qui orbite autour d'elle, intuitivement experte des mécanismes qui régissent les relations entre ses enfants et ses belles-filles – Milena, bête velue noire et rapide comme une mouche, Nadia la douce ou encore Héléna la révoltée-, imposant son autorité et ses points de vue.

Malgré la dureté du quotidien, partout ils trouvent leurs marques, répètent les gestes de la débrouille : le ravitaillement sans argent, l'eau potable qu'il faut chercher à la pompe, les sources occasionnelles de revenus…

Et surtout, l'auteure dépasse la brutalité et la désespérance de ce quotidien pour en extirper cette "grâce" qu'évoque son titre, traque les espoirs, l'amour et les émotions -les joies comme les souffrances- qui se dissimulent dans les silences et les non-dits, rend hommage à la sincérité que leur confère leur approche brute, quasi organique, des choses. Il y a comme une inertie magnifique dans la fatalité dénuée d'amertume avec laquelle, ancrés dans le moment présent, ils acceptent les aléas de cette vie qui est irrémédiablement la leur, et dont ils aiment, en dépit de ses difficultés, la liberté.

Le portrait qu'elle en dresse, portée par une écriture qui épouse les tournures et le rythme d'un parler direct, parfois cru, est aussi sublime que désespérant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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