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J'ai beaucoup de mal à écrire une critique de ce livre, tout comme j'ai eu beaucoup de mal à le lire. Si le sujet est intéressant et l'approche originale (j'avais d'ailleurs acheté le livre sans connaître l'auteur et sans chercher à anticiper quel était le fait réel dont le livre est inspiré), j'ai trouvé cette lecture difficile.

Le style de l'écriture tout d'abord, très "théâtre classique" est assez impersonnel, alors que l'objectif clair de l'ouvrage est de nous faire éprouver de l'empathie pour l'anti-héros oublié par la grande Histoire. Ensuite, je ne suis pas très à l'aise avec la morale (s'il y en a bien une ?) : j'ai eu l'impression par moment de lire un manifeste en soutien aux actions menées et aux idées promues par l'anti-héros, qui ont malgré tout des relents de colonialisme si ce n'est plus grave. le rythme enfin, m'a semblé trop indécis, et surtout très lent sur les 2/3 du livre.

Bien que quelques fulgurances et tournures m'ont finalement marqué, j'ai été globalement trop gêné par ma lecture pour pouvoir apprécier l'ensemble. Dommage.
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Semblable aux mythes antiques (comment ne pas songer à Electre ?), « Passé sous silence » évoque la tragédie qui opposa le Général de Gaulle au Lieutenant Colonel Bastien-Thiry lors de l'indépendance algérienne.

Drame qui a inspiré nombres d'historiens et de témoignages … au fil des années trois ouvrages m'avaient passionné :
Un attentat. Petit-Clamart, 22 août 1962, de Jean-Noël Jeanneney, oeuvre récente d'un historien (gaulliste)
Bastien-Thiry : Jusqu'au bout de l'Algérie française, de Jean-Pax Méfret, hommage d'un militant de l'Algérie française
Mon père, le dernier des fusillés, témoignage d'Agnès Bastien-Thiry, fille du colonel et pshychogénéalogiste qui lie l'attentat à l'exécution du Duc d'Enghien, le 21 mars 1804.

L'ouvrage d'Alice Ferney s'inscrit dans un autre registre et ne prétend pas être oeuvre d'historien. C'est un roman, qui analyse finement la psychologie des deux héros, le contexte dans lequel ils évoluent, l'évolution des plaques tectoniques qui éloigne progressivement les populations des deux rives méditerranéennes, dévoile les forces et les faiblesses des personnages, rappelle leurs héritages culturels et civiques. Sans prendre partie, la romancière précise les enjeux du conflit, rappelle le drame des pieds noirs et le malaise des algériens.

La romancière imagine les jeux de pouvoir et les intrigues qui animent les entourages du Général et du Colonel. Elle peint leurs couples, leurs familles et leurs amis et les révèle dans leur intimité domestique. Elle rappelle, et dénonce, ce que furent les juridictions spéciales et l'exécution du condamné.

Superbement écrit, « Passé sous silence » m'a bouleversé en remémorant ce drame qui, au delà d'une tragédie vieille de plus de cinquante ans, marque le début véritable de la cinquième république avec l'élection de son président au suffrage universel qui en fut la conséquence immédiate.
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En alternant les points de vue, celui du puissant qui commande la guerre, marqué par la troisième personne du singulier, et celui de l'exécutant pétri d'idéaux qu'incarne un « tu » inquisiteur, Alice Ferney crée un récit riche qui aborde de nombreux thèmes : la force des croyances, la versatilité du pouvoir, le despotisme, la faiblesse des idéaux. Une oeuvre aux multiples facettes qui ne parvient cependant jamais à convaincre le lecteur et s'épuise dans une démonstration un peu stéréotypée. Si l'on peut apprécier la confrontation de points de vue différents et la richesse de l'écriture, l'histoire apparait très vite convenue et le dénouement attendu. Un récit qui évoque l'honneur d'un homme et les convictions d'un soldat confrontées au pouvoir politique et à la rancune particulière d'un chef d'Etat. Un thème qui côtoie la grandeur du sentiment et la force des croyances mais qui ne parvient jamais à réellement passionner le lecteur, spectateur passif de convictions bavardes pour une successions de faits sans réel intérêt. Dommage.
Lien : https://leblogdeyuko.wordpre..
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Conte historique, comme nous le suggère la quatrième de couverture ? J'ai du mal à adhérer à cette définition. Historique sans doute, puisque les faits relatés sont véridiques mais alors, pourquoi avoir transformé les noms alors même que tout un chacun est capable de résoudre l'équation: Vieux pays = France; Terre du Sud = Algérie; Jean de Grandberger = Charles de Gaulle; Paul Donadieu = Jean Bastien-Thiry et ainsi de suite pour les personnages secondaires. Ça rend le récit lourd autant que le choix du « tu » pour décrire les états d'âme de Bastien-Thiry.
Le vocable « conte historique » renvoie aux genres établis du conte philosophique ou du conte de fées et il n'y a rien, selon moi, dans cet ouvrage qui ait trait à la fantaisie qui caractérise un conte.
Pour le qualifier cependant de roman historique, il aurait fallu une dimension romanesque, ce qui fait cruellement défaut ici. Dans mon panthéon personnel, le maître du genre est Vargas Llosa qui sait inscrire une fiction réaliste dans un contexte historique qui sait nous faire entrer dans la peau des personnages ou du moins nous les rendre tellement proches qu'on a du mal à les quitter. Ici, je ne retrouve pas cet élan; les personnages restent très distants comme dans un documentaire. Il y a sans doute un parti pris de l'auteur car effectivement tant De Gaulle que Bastien-Thiry étaient des êtres réservés. Mais que je ‘aurais aimé que ce « tu » utilisé par l'auteur soit mis dans la bouche de l'épouse, que je vive avec elle les événements … Que j'aurais aimé que le parti pris soit justifié par la subjectivité des protagonistes plutôt que celle de l'auteur; que le rôle de l'OAS soit développé, qu'on se replonge vraiment dans le contexte de l'époque…
Je ne boude néanmoins pas mon plaisir car j'ai aimé réviser ce pan d' histoire que j'ai vécu sans pouvoir l'analyser (à cause de mon jeune âge) et aussi parce que l'écriture est agréable (en dépit des réserves faites plus haut).

En conclusion, je dirais que le sujet est bien choisi et audacieux mais j'ai la regrettable impression que l'auteure est passée à côté de de ce qui aurait pu être un chef-d'oeuvre.
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« PASSE SOUS SILENCE » Alice Ferney (Babel-Actes Sud, 200 pages).
C'est le récit de la vraie tentative ratée d'attentat du Petit-Clamart en août 1962 contre De Gaulle (renommé ici Jean de Grandberger), par un commando OAS dirigé par Bastien-Thiry (rebaptisé Paul Donadieu), tentative qui se terminera par un procès d'exception bâclé, la condamnation à mort, le refus de grâce et l'exécution du seul chef des conjurés, alors qu'aucune victime n'était à déplorer. Les descriptions de l'attentat et du procès se veulent un décalque rigoureux de la réalité historique.
Que de talent dans cette écriture, que de finesse dans les observations et les descriptions. Un sens de la formule-choc immédiatement parlante, mais pas de dialogue, pas de suspense puisqu'on connait la chute, un texte construit au passé (et le plus souvent à l'imparfait), tout nous conduit vers l'implacable de la fin annoncée. Un texte qui travaille le lecteur sur l'émotion (et peut-être que les dernières pages sont de ce point de vue un peu forcées, touchant au mélo). Bref, une grande plume… mais au service de quoi ?
Pour entrer dans ce roman, il m'a fallu un gros effort ; tenter de mettre de côté mes convictions, pour essayer de n'accéder qu'à la valeur « littéraire » du livre eu égard à un auteur dont j'admire par ailleurs tant le style. Pari impossible ; le roman (ainsi s'intitule-t-il), commence par un prologue où Alice Ferney justifie son projet : rendre son honneur « à un homme (…) mort qui faisait honneur à son pays ». Sauf que ce n'est ni un honneur (une éthique) que je partage, ni un pays qui est le mien (quand je parle de pays, je ne parle bien sûr pas d'hexagone, avec ou sans ses excroissances coloniales, je parle de ce que j'habite et de ce qui m'habite, moi, citoyen du monde). Il y a donc un parti-pris de l'auteur, un angle de vue qui, malgré une rigueur historique qui ne s'exerce qu'autour des faits de l'attentat et du procès ou des portraits des protagonistes, est aussi un profond déni de l'Histoire. D'emblée, si Alice Ferney évoque le chef d'état par un « il » distant (et le portrait qu'elle fait de De Gaulle / de Grandberger est d'ailleurs une réussite impressionnante), elle s'adresse par un « tu » chaleureux et solidaire à Bastien-Thiry / Paul Donadieu, évoquant « nos enfants », « nos maris ». Ainsi les descriptions des atrocités du FLN (incontestables) contre nombre de harkis sont-elles détaillées dans toute leur horreur (« ils leur arrachaient les yeux, ils leur arrachaient le sexe, ils les éventraient… » etc… ), mais l'armée française (dont se revendiquent avec tant de fierté et Donadieu et l'auteur) « réprime », « interroge », au pire « exécute », mais pas la moindre évocation sur ses exactions, le mot « torture » n'est même seulement écrit une fois. Ici ou là, presque maternante avec son héros (car c'est bien un héros qu'elle nous propose en modèle, dont elle voudrait faire une sorte d'Antigone moderne), Alice Ferney pointe bien quelques-unes de ses faiblesses, (sa naïveté, sa rigidité), mais c'est pour mieux justifier son trop-plein de « droiture », de « fierté ».
C'est donc l'hagiographie d'un homme qui se transforme en légitimation de la cause qu'il a épousée, collant à son argumentaire. Une cause, celle de l'Algérie française portée par les fanatiques de l'OAS et de l'extrême-droite, qui s'est construite sur le déni et le massacre d'un peuple, une cause qui a généré tant de haines qu'on en paie encore aujourd'hui le prix.
Un livre insoutenable, au sens premier du mot.
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Très émouvant pour qui a connu cette période...Cela remue de vieux souvenirs, souvent douloureux. Mais l'approche d'Alice Verney est à la fois courageuse et heureuse, sans jamais juger, les deux personnages de son ouvrage. On aura bien sûr reconnu le colonel Jean-Marie Bastien-Thiry et, face à lui, le général De Gaulle.
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Le retour au pouvoir du Général de Gaulle durant la guerre d'Algérie, les promesses, la désillusion des militaires, le désarroi de ceux qui refusent l'indépendance et l'abandon du combat après avoir lutté contre les rebelles, la culpabilité de ceux qui refusent de laisser les harkis entre les mains de leurs frères ennemis. le colonel Bastien Thiry fut, avec son père un grand admirateur de De Gaulle, mais il va ressentir, après la stupeur et l'incompréhension, un ressentiment, puis une haine de plus en plus féroce envers le Général. Alternant les décisions et les pensées de De Gaulle dans une description distanciée et s'adressant à Donadieu -Thiry en le tutoyant, Alice Ferney redonne vie et humanité à cet homme d'un naturel doux, au sens de l'honneur exacerbé, dont le ressentiment tourne à l'obsession envers ce qu'il considère comme une trahison. Récit très documenté, mais dont je n'ai pas apprécié la forme et qui m'a ennuyée.
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Je connaissais :L'élégance des veuves,Grâce et dénuement .......mais pas cet ouvrage d'Alice Ferney.
Elle nous livre un point de vue original à propos du récit de la guerre d'Algérie:sont évoqués :la terre du sud, le vieux pays,tous les noms et les dates sont effacés. La terre du sud tente d'obtenir son indépendance face au vieux pays. le lecteur est un peu dérouté mais tous les indices sont cependant là pour comprendre qu'il s'agit de la reconstitution de l'attentat du Petit Clamart. le général De Gaulle se transforme en Jean de Grandberger et Jean - Marie BastienThiry en Donadieu. Dés la premiére de couverture, la photographie permet de connaître certains éléments du roman, la ds étant la voiture fétiche du Général de Gaulle.
L'auteur dépasse le cadre historique de la guerre d'indépendance pour se concentrer sur les deux protagonistes de l'affaire, elle tente de comprendre leurs motivations.
Comment un homme peut - il décider de donner sa vie pour une cause,et comment un autre peut- il condamner à mort, être victime et juge?
En se plaçant du côté de Donnadieu, Alice Ferney nous donne sa propre vision historique en mettant en avant la psychologie et la réflexion des personnages.
Sa volonté est de rétablir un personnage de l'histoire passé sous silence.
Mais elle dresse aussi un très beau portrait du Général sans cacher son admiration.
Elle est beaucoup aidée par une très belle plume, une lecture dynamique, des chapitres courts.
C'est un roman bien construit qui nous émeut et que l'on ne lâche pas jusqu'à la fin. C'est aussi un ouvrage qui nous informe dans les détails d'une grande page historique.


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L'attentat du Petit Clamart, je le connaissais de nom, mais je ne savais même plus qu'il avait été perpétré contre le Général de Gaulle par un groupe proche de l'OAS, suite à l'indépendance de l'Algérie.

Dans ce roman, Alice Ferney, raconte comment Paul Donadieu (Jean Bastien-Thiry), fervent admirateur du héros national qu'est Jean de Grandberger (de Gaulle) en vient à participer à un attentat contre lui.

Elle s'adresse à lui, comme pour lui dire qu'elle le comprend, on ne sait pourtant jamais si elle l'excuse. Elle retrace son parcours, elle nous parle de ses convictions, de son sens de l'honneur, de ses espoirs, suite au "Je vous ai compris", de sa désillusion et de sa révolte, suite à ce qu'il considère comme une trahison de la part du Général.

Parallèlement, elle nous montre ce fameux Grandberger, attendant qu'on fasse appel à lui, sûr d'être le seul à pouvoir régler "l'Affaire algérienne", puis comprenant que le sens de l'histoire n'est pas favorable à la poursuite de la domination du Vieux Pays, s'engageant dans la voix des négociations en vue de l'indépendance de cette Terre du Sud.

Le livre se termine sur un réquisitoire contre la peine de mort. J'ai appris que Jean Bastien-Thiry fut le dernier condamné à mort fusillé, en France. Il semble que, lui aussi, fut fusillé pour l'exemple, les autres conjurés ayant obtenu la grâce présidentielle.

Ce livre m'a intéressée, d'une part parce que les faits relatés sont historiques, d'autre part parce qu'Anne Ferney, dont c'est le premier livre que je lis, a une véritable écriture. Elle sait choisir ses mots, leur donner un rythme, les mettre au profit de son propos.

Lien : http://meslecturesintantanee..
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Le ton est soutenue presque militaire. le style marche droit. Sur le fond d'une guerre d'indépendance qui perdure, l'auteure fait le tour de deux acteurs majeurs dans le cadre d'une tentative de putsch. La tentative ratée, comment l'un peut condamner l'autre à mourir ?

Passé sous silence... j'aurais envie de dire Passées sous silence ! Car voici le roman des circonstances atténuantes du condamné qui n'ont pas alors été entendues lors de son procès.

La plume d'Alice Ferney agit comme un véritable devoir de mémoire. Brillant !
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