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sur 379 notes
La bande-dessinée met en images le beau roman de Camus. le jaune (couleur du soleil, si présent dans le roman) inonde les planches. Eblouissant.
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Ayant lu et beaucoup aimé l'adaptation de « L'hôte » de Camus que Jacques Ferrandez ainsi que ses « Carnets d'Orient », j'avais un a priori favorable envers cette adaptation de « L'étranger », et, je n'ai pas du tout été déçue. Pourtant, il m'a fallu quelques pages, quatre ou cinq, pour lâcher prise, ne plus penser à mes propres images dessinées mentalement lors de mes lectures du roman, et je pense que cela m'a été plus facile depuis que je me suis mise régulièrement, grâce à certains amateurs de Babelio, à lire de la BD.
Je ne commenterai pas ou peu le fond de l'histoire, tant d'interprétations existent que je ne saurais quoi ajouter, si ce n'est que ce que m'a remis en tête la BD est que j'ai toujours appréhendé « L'étranger » comme un monologue intérieur proposé au lecteur par Camus. Ferrandez, en illustrant le récit, m'a fait découvrir une autre vision de l'oeuvre, plus extravertie, moins intime en un sens, mais également passionnante.
Ce qui m'a donné un peu de mal au début a été d'accepter le visage et la silhouette de Meursault, moins brun et plus fin que dans mon imagerie intérieure. Quant aux autres personnages, de Marie à Raymond Sintes, curieusement ils correspondent tout à fait à l'image que je m'en étais faite.
Ferrandez arrive à figurer la dramaturgie du récit, à mettre en dessins ce qui souvent n'est qu'une idée ou une réflexion métaphysique, ce qui m'a toujours un peu gênée dans « L'étranger » et qui fait que je préfère « La Peste », où les lieux me paraissent plus prégnants.
Jacques Ferrandez a rendu un certain équilibre à tout ça, car pour moi, la plus grande réussite de l'album tient dans les planches qui illustrent Alger et son front de mer, le port, la plage… On ressent physiquement, grâce aux couleurs éblouissantes, à certains dessins en véritables tableaux (qui tiennent parfois sur deux pages) le poids métaphysique du décor sur le destin de Meursault.
Car c'est ainsi que dans la BD l'homme m'est apparu, en héros quasiment mythique, soumis à la fatalité d'un destin qu'il accepte et affronte organiquement (ce que tout le monde prend pour de l'indifférence, alors que Camus disait lui-même de Meursault qu'il est un « passionné de vérité »), et qui tout en s'y soumettant tente d'y trouver un affranchissement de sa condition d'homme parmi d'autres hommes dont il refuse les lois morales hypocrites. Dans la BD, Meursault semble agir un peu comme un très jeune enfant, vivant dans le présent, agissant selon ses désirs et ses ressentis primaires, inconscient de l'image qu'il suscite chez autrui. Ses « Je ne sais pas », « Ça m'est égal », souvent illustrés dans la première partie de l'album, laissent peu à peu la place à une réflexion personnelle, ou du moins le début d'une articulation de celle-ci, et à la volonté assumée de Meursault d'être ce qu'il est pleinement. Ainsi, un des points culminants est la scène avec le curé qui vient visiter Meursault dans sa cellule avant l'exécution : au terme d'un dialogue dont la tension va croissant, Meursault laisse éclater une colère tellurique et libératrice.
Ferrandez choisit également de donner une grande place au plaidoyer contre la peine de mort, que l'on retrouve dans les mots de Tarrou dans « La peste », dans des pages glaçantes.
Je terminerai par l'évocation du moment charnière de l'oeuvre, le meurtre de l'arabe, au bord de la mer, sous ce fameux soleil qui a infiltré la peau et l'âme de Meursault depuis des jours et des jours : Jacques Ferrandez nous donne peut-être ici les plus belles planches de son adaptation. le récit comme le dessin se fait de plus en plus sobre et implacable, jusqu'à atteindre une certaine abstraction, quand tout se mélange, ciel, terre, mer, humains, lorsque Meursault se fond dans le cosmos jusqu'à devenir lui-même une abstraction, et que le dessin se focalise sur les coups de feu répétés qui, ôtant la vie d'un homme de hasard, frère et ennemi, ramènent Meursault à sa propre vie, le réveillent d'une existence sans relief et d'une condition subie pour lui octroyer, le temps d'un procès et dans l'attente de son exécution une liberté entre quatre murs qu'il n'a jamais connue au dehors. La dernière image est celle d'un ciel étoilé, comme une mer chaude immobile qui tendrait ses draps pour accueillir l'ultime sommeil de l'enfant réconcilié avec l'homme.
Jacques Ferrandez, par sa vision géographiquement et intimement fraternelle de l'oeuvre de Camus, et tout en restant humblement fidèle au récit, a livré une interprétation virtuose de cet « Etranger » que nous connaissons tous.

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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J'ai lu « l'étranger » adolescente … souvenir marquant, l'impression d'une lecture importante,
Je me rappelle l'instant précis où j'ai appris l'accident qui a mis fin à la carrière d'Albert Camus … souvenir émouvant d'une grande perte,
J'ai relu « l'étranger» très récemment devenue grand mère … car je souhaitais lire « Meursault, contre-enquête » de l'écrivain algérien Kamel Daoud,
Une balade à la bibliothèque m'a offert l'opportunité de découvrir la version roman graphique de « l'étranger ».

La première vision proposée … l'Algérie coloniale s'étale sous nos yeux … la ville blanche, la chaleur qui écrase tout … la confrontation avec la mort qui a embarqué celle qui a donné la vie … l'indifférence envers celle qui avait déjà quitté sa vie … vision plutôt indifférente.
Des tableaux se succèdent, certes très esthétiques mais qui restent superficiels comme la vie décrite, une succession de non événements qui ne marquent pas l'esprit.
Petit à petit l'atmosphère se tend, les scènes décrivant l'accusation puis le procès placées à la fois dans le contexte avec une planche centrale et des bulles chargées de nous préciser les détails de l'action sont remarquables.
La tension monte, les dernières pages reflétant l'état d'esprit du condamné sont comme un feu d'artifice nous éclairant sur l'absurdité de la situation.
Du très beau travail Monsieur Ferrandez !
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L'oeuvre est tiré d'un célèbre roman d'Albert Camus qui est considéré comme l'un des plus grands écrivain du XXème siècle. Je n'ai pas une grande connaissance de sa littérature. La bd me permet de pallier à cette carence. Bref, le support est bien choisi pour véhiculer son oeuvre.

C'est Jacques Ferrandez qui s'y colle une seconde fois après L'Hôte. J'aime beaucoup son dessin que j'ai déjà pu apprécier dans sa série consacrée à l'Algérie à savoir Carnets d'Orient qui relate la saga d'une famille de pieds-noirs des années 1830 à la fin des années 1950. Il y a surtout ces aquarelles lumineuses qui restituent ce paysage algérien écrasé par la chaleur. La scène de l'enterrement de la mère sera d'ailleurs assez caractéristique. La chaleur va d'ailleurs baigner toute l'histoire...

L'étranger nous permet de découvrir un homme plutôt insaisissable dont le regard extérieur n'attire pas forcément la sympathie. Il y a ce côté "je ne sais pas, cela m'est égal" qui revient à chaque fois. A un moment donné sa vie va basculer et plus rien ne pourra arrêter une machine judiciaire infernale. A la fin, on éprouve quelque chose pour lui que cela soit de la compassion ou de la pitié. Bref, j'ai aimé cette évolution de notre perception alors que le personnage ne change pas.

Au final, l'étranger est un drame sourd qui ne laissera pas indifférent. On cherche encore des réponses qu'on ne trouvera pas forcément sous l'aveuglement du soleil.
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L'adaptation d'un monument littéraire peut vite tourner au massacre. Ma réserve initiale était au niveau de mon admiration pour l'oeuvre de Camus, autant dire immense. Totalement fagocitée par la puissance du roman, j'ai eu du mal à entrer dans les premières pages de cet album dont l'approche graphique ne me convainc pas vraiment. Mais fur et à mesure de la lecture, petit miracle, j'arrive à oublier les mots de Camus pour ne retenir que la force du propos que je retrouve peu à peu dans les dessins de Ferrandez. Pourquoi, comment ? Mystère. le jeu de plus en plus sophistiqué entre les cases et les aquarelles de fonds de page ? Une subtile alchimie entre la puissance littéraire de Camus et la démarche du dessinateur ? Je sais trop comment l'expliquer, mais en tout cas cette bande dessinée que je pensais survoler avec agacement m'a finalement touchée et marquée.
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J'avais lu L'étranger de Camus quand j'étais au Lycée, il y a quinze ans. J'avoue qu'il ne m'en restait pas beaucoup de souvenirs, uniquement la scène du meurtre et la fin. Un peu flemmarde, pourquoi ne pas lire la bande dessinée plutôt que de me replonger dans le roman? Et c'est ce que j'ai fait! Je n'ai pas été déçue, j'en ai beaucoup apprécié la lecture et les dessins : pendant la scène du meurtre, je me rappelais l'omniprésence du soleil et de la chaleur : cette impression a bien été mise en scène, je trouve. En revanche, ce qui m'a plutôt agacée, c'est le caractère un peu atone et désinvolte du personnage principal. J'avais vraiment envie de le secouer : je ne me rappelais pas qu'il était ainsi dans le roman. Bref, cette bande dessinée, si l'on a pas lu le roman, est une bonne introduction ou si on l'a déjà lu, un bon rappel!
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Lors de mon parcours scolaire, j'ai eu à lire "L'étranger" d'Albert Camus. Je pense qu'à l'époque je l'ai découvert d'une manière très universitaire sans arriver à comprendre ou appréhender la profondeur de cette oeuvre majeure.


Appréciant les créations, le graphisme, les couleurs de Jacques Ferrandez, je me suis risqué à lire cette adaptation graphique. Et je n'ai pas été déçu.

J'ai trouvé judicieux le choix de l'aquarelle qui arrive à rendre palpable l'atmosphère chargée de chaleur et de tension de l'Algérie entre les 2 guerres. On pourrait presque se sentir transpirer en observant certaines cases.

La narration de Ferrandez est fidèle à l'oeuvre originale de Camus (je me suis amusé à des allers retours entre la BD et le roman). Grâce à ce livre, j'ai pu (re)découvrir "L'étranger" et en comprendre la profondeur. Une fois de plus, la BD m'a ramené à la littérature.

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"Pour quelqu'un qui ne lit pas de BD, qui préfère les romans, voici l'une des seules à ne pas manquer"... tel est le conseil que j'ai reçu de très nombreuses années sans pour autant sauter le pas. Mais 2019 est arrivé, et le temps pour moi de la BD aussi. Alors, que dire??? Sinon que je reprends à mon compte ce fameux conseil!!!

Le pourquoi peut être? l'adaptation est magnifique, le texte est fidèlement repris sans que cela ne fasse "plaquage" sur des dessins. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je parlerai plus d'un roman graphique.
Meursault prend les traits d'un jeune homme à la fois fragile, hors de la vie, beau, totalement en adéquation avec la seule description psychologique donnée par Camus dans son livre. Refusant de céder aux codes de conduite de la société, tant dans la première partie à la mort de sa mère où l'expression publique de sa douleur est attendue, que dans la deuxième partie lors de son procès, Meursault nous fait passer sans cesse de la colère à l'injustice.

Le dessin, de véritables aquarelles, nous transmet la chaleur de l'Algérie et la dureté de la situation grâce aux contours noirs notamment des personnages. Certaines planches sont essentiellement traitées en image sans que cela n'atténue en rien la force de cette adaptation.

Enfin le traitement des "réquisitoires" sur la peine de mort, la justice des hommes et la justice divine, est juste magistral.

Donc incontestablement À DÉCOUVRIR
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Le trait de Jacques Ferrandez est juste, délicat, clair, précis.
Son habileté dans son dessin le rend ainsi facile à lire. Cela permet aussi de démasquer facilement les émotions des personnages. Mêmes les détails sont magnifiques (voir par exemples les posters dans les chambres ou les arrières plans d'Alger...).
Le tout est sublimé par les couleurs aquarelles en ton chaud et clair. Les jeux de lumières sont aussi excellemment bien travaillés.
Les mises en scènes sont bien orchestrées et sont plutôt cohérentes. On ne se perd pas à la lecture de cette BD.

L'ensemble donne donc chaud, très chaud...
Tellement que des gouttes de sueur ont surgit lors de ma lecture. (Il faut dire que le moment était bien choisi pour lire cette BD... en pleine canicule.)

Le scénario, le découpage :

Pour ce qui est du scénario, il reste fidèle au roman d'Albert Camus, ainsi les lecteurs assidus de cet auteur ne seront pas déçus.
Le découpage, quand à lui, est merveilleux, parfois fantaisiste, souvent classique alternant des vignettes rectangulaires de toutes tailles (longues et plates, petites hautes et étroites grande carrés etc...), de temps en temps posées sur des fonds de paysages en aquarelle.
Le rendu est beau, rythmé, dynamique. Même la partie du procès nous tient en haleine.
Bref on ne s'ennuie pas et ce rythme effréné nous donne encore plus chaud...

En attendant il fait soif la !
Donc pour résumer, Jacques Ferrandez illustre le superbe roman "l'étranger" avec une maestria incontestable. Et selon moi, sa version reste véritablement fidèle au livre..
Seules les dernières cases nous rafraichissent, et quiconque aura lu soit le livre, soit la BD, en saura pourquoi !

Alors bonne lecture...

Je m'en vais donc de ce pas me rafraichir un peu...

Lien : http://www.7bd.fr/2015/08/le..
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J'ai remarqué en « Babéliotant » que nombre d'entre vous avaient beaucoup apprécié la lecture du roman de Camus, or ce n'est pas mon cas, même si je l'ai lu il y a très longtemps, il ne m'a pas laissé un bon souvenir. Aussi, j'ai lu cette version en BD du roman, le dessin de Ferrandez s'adapte parfaitement au récit méditerranéen et le roman y est respecté à l'extrême (peut-être trop ?), j'ai relu parallèlement de grand extrait du roman. Je n'y ai pas trouvé plus d'attrait ou d'intérêt qu'à la 1ère lecture : une écriture fade, atone, insensible, et plus encore, sans poésie, ni humour, or il me semble que ces formes peuvent aussi dire l'absurdité de l'existence humaine qui est le sujet principal du roman. Je reste donc toujours surpris de l'adoration presque unanime que suscite le livre de Camus. Dans le roman il n'y a que très peu de descriptions de paysage, de villes ou de personnages, La BD, à mon avis est meilleure dans le sens ou elle apporte ces images, et comble ces vides. L'une des seules libertés que prend J. Ferrandez sur le roman, est la séance de cinéma et l'extrait du film avec Fernandel : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée », une sorte de petit clin d'oeil d'humour noir.
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