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4,13

sur 4228 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pas de surprise pour ce troisième épisode de la saga napolitaine. Nos deux adolescentes, sont devenues des jeunes femmes, qui tentent tant bien que mal de tenir les rênes de leur destin. Illusion : tout est écrit. Pas dans un prédicat ésotérique, mais bien dans les mailles du filet tissé par le contexte historico-social, renforcé par la trame de leur appartenance à une famille bien spécifique.
L'heure est à la construction d'un couple, qui va de pair avec l'idée d'une descendance, sans choix réel : la conscience d'une entrave à l'évolution d'une carrière universitaire est bien présente chez Elena, mais la pilule se distribue sous le manteau,. le piège se referme sur la jeune femme, qui vit des heures lourdes et désespérantes auprès de Pietro, que nous découvrons très différent du fiancé épris.
Pendant ce temps, les liens qui unissent les deux amies se relâchent, le fossé se creuse et pourtant ce qui les rapproche, c'est cette ambiance de guerre civile qui a marqué les années de plomb en Europe de l'Ouest, particulièrement en Italie où l'activisme politique est violent.

A Naples, les luttes de rue qui opposaient les clans rivaux sont toujours présentes : ce qui a changé c'est l'âge des protagonistes et les méthodes (en gros, on joue toujours au Monopoly, mais avec des vraies rues et des vrais billets).

L'auteur fait évoluer ses personnages avec un grand talent. Les traits se sont creusés et les défauts accentués mais on reconnait derrière chaque figure, l'enfant qui subissait ou dominait. La roue tourne , mais sur elle même.

C'est bien sûr Elena qui reste au centre de la narration. C'est à travers son regard que l'on vit cette période troublée . Toujours écartelée entre ses origines et ses ambitions, que la maternité met à mal, elle est plus que jamais à mes yeux le pendant italien de notre Annie Ernaux.

Le récit n'a rien perdu de son intérêt, tant historique que romanesque et c'est avec impatience que je vais guetter la parution du quatrième épisode.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Ça été un réel plaisir de retrouver Elena et Lila, proches comme si je les avais quittées hier. Les deux jeunes femmes ont atteint l'âge de la maturité, les événements de la vie, leur engagement politique et féministe, et les mouvements de révolte qui agitent leur pays font que leurs chemins se croisent moins. Mais leur amitié résiste à cet éloignement et à leurs éternelles et profondes dissensions.

Dans le troisième opus de cette tumultueuse histoire de deux napolitaines, on retrouve Lenù qui est maintenant normalienne et a publié un livre qui a du succès. Mais la jeune femme doute toujours d'elle, et son mariage avec un professeur d'université est l'occasion de se poser des questions sans fin. Lila, quant à elle, a quitté mari et amant et élève son fils aidée par son ami Enzo. Bien qu'à l'origine ouvrière dans une usine, sa formation aux nouvelles technologies va en faire une femme de pouvoir.

Elena Ferrante, avec une fibre authentique, donne ici une dimension nouvelle à sa saga italienne. Ses héroïnes évoluent dans une Italie en pleine crise politique et sociale. Une mutation historique qui si elle ne modifie pas leur déterminisme social (peut-on échapper à ses origines ?) transforme, dans une chaîne d'amour, de haine, de désir et de violence, sans jamais séparer, celle qui fuit et celle qui reste.
Un roman — inscrit dans l'histoire d'un pays et d’une époque — vivant, foisonnant, prenant.
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Peut-être qu'Elena Ferrante avait tout dit dans le tome un et deux, peut-être que cet épisode est trop long ou pas nécessaire, toujours est-il que j'y ai trouvé beaucoup de longueurs et de redites... Il faut dire que je ne connais rien de l'histoire de l'Italie et que l'auteure ne raconte pas assez (si on compare avec l'excellenete saga des Cazalet...).

Celle qui fuit, c'est Elena, qui a réussi à quitter Naples afin de poursuivre ses études et qui ,en se mariant, confirme qu'elle a bien quitté son quartier, sa ville, son milieu.
Mariée à un garçon qui ne l'attire pas physiquement (elle ne fait que dire qu'il est moche) et qui , s'il est intelligent ne s'intéresse, pourtant, pas trop à ce que pense Lena, on peut légitimement se poser des questions sur le futur succés de ce mariage. Elle a réussi à pénétrer par le biais de sa belle-famille dans la bourgeoisie intellectuelle italienne. Elle est ultra proche de sa belle-mère qui l'a aidée à publier son roman .
Et l'on voit cette société agitée par sa jeunesse , laquelle brandit un tas d'idées et d'idéaux qui ont façonné l' Italie de l'époque : fascisme, communisme, féminisme par le biais de personnages que l'on a déjà croisé avant. ( A croire qu'il n'y a qu'une poignée de gens qui réfléchissent en Italie, on tourne trop autour des mêmes personnages !)
Certains passages sont très lourdingues quand ils sont généraux, d'autres plus pertinents quand ils pointent les incohérences de ceux qui veulent des épouses intelligentes mais ne leur laissent pas le temps de cultiver cette intelligence, ou bien des intellectuels qui défendent les droits des travailleurs mais n'ont aucune idée de ce que ces travailleurs vivent rééllement .

Avec le temps, va... la lectrice commence à bien connaître le caractère des personnages, et en veut un peu à l'auteure, de ses illogismes.
Si Lila est si battante, si énergique , si elle a voulu sa séparation, comment se fait-il qu'avec toute cette force de caractère, cette intelligence hors-norme, on la retrouve ouvrière dans une usine à s'esquinter les mains, le cerveau et le reste ? A subir sa vie ? Pourquoi, alors qu'elle tenait des boutiques d'une main de maître, n'a t-telle pas cherché dans ce domaine ?
Et pourquoi, si elle est si maigre, si usée par la vie, si peu coquette, si peu intéressée par les hommes et par le sexe , continuent-ils, tous, à lui manger dans la main, alors qu'il y a d'autres femmes en Italie ?
Pourquoi Lena, qui a fait des études brillantes, qui a brassé donc plein de monde (étudiants, professeurs,etc...), qui a voulu renouveler l'air qu'elle respirait, pourquoi a t-elle au final si peu d'amis et se tourne-t' elle toujours vers ceux de son passé (en amour comme avec cette amie prodigieuse) comme un bouton qu'elle gratterait sans fi
Pourquoi Nino ? (dont le père l'a quand même violée dans le tome 1 ). Pourquoi lui, qui lui a préféré Lila ?
Pourquoi Lila a-t-elle toujours autant d'importance ? ( Alors que cette dernière est vraiment ingrate en amitié, et surtout après toutes ces trahisons , après tous les coups tordus qu'elle lui a fait ? On aurait pu croire qu'elle se rebellerait , mais non !
Les névroses, les liens de l'enfance, les liens du quartier sont comme des lianes, comme de la vigne vierge qui se seraient infiltrés enfant, et engloutiraient toute nouveauté, toute respiration chez Lena . Un psychanalyste s'éclaterait, moi moins ...
Lena est une vraie carpette et ça commence à sérieusement m'agacer. Je n'arrive pas à croire qu'avec tous les changements dans sa vie, Lena reste toujours bloquée sur cette amitié, n'avance pas.
Je n'arrive pas à comprendre non plus qu'avec toute cette intelligence, tout ce travail, elle n'ait pas aidé ses frères et soeurs plus que ça ( à l'école).
Lena est égoiste sans bruit, alors que Lila l'est avec fracas (et perte !).

A la fin de ce tome trois, je vais laisser un peu de temps avant d'attaquer le tome 4, le bouquet final. Trop peur d'être déçue.
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Retrouver Elena et Lila est un peu comme si je retrouvais mes meilleures amies d'enfance, je me réjouis et je m'impatiente de savoir ce qu'elles deviennent.
Dans ce troisième tome, nous sommes à la fin des années 60 dans une Italie qui connait des luttes violentes entre les communistes et les fascistes et où des mouvements féministes se développent.
Elena et Lila vont s'impliquer chacune à leur manière dans ces luttes.
Tout comme dans les deux premiers tomes, les relations entre ces deux amies sont compliquées. Elles sont tiraillées entre l'Amour certain qui existe entre elles et la jalousie, l'envie, et parfois même la haine.
Leur Amitié n'est pas reposante, simple, sereine, elle est mouvementée, chahutée, tourmentée tout comme l'est la période dans laquelle elles évoluent.
Même si j'ai eu autant de plaisir à retrouver ces amies ( qui sont un peu les miennes !) , j'ai été un peu moins séduite durant ma lecture. La fin a, quant à elle, ravivé mon envie de lire le 4ème tome !
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Chers amis lecteurs, avant d'entamer cette chronique, il vous faut savoir la chose suivante : j'ai longuement hésité à me lancer sur le sujet Elena Ferrante tome 3.
Bah oui, que vais-je pouvoir ajouter de plus innovant, de plus détonnant ou pertinent par rapport aux centaines de chroniques qui émaillent déjà la blogosphère (et le livre n'est sorti que depuis 2 mois à peine) ! ? Cela vaut-il la peine de rajouter une couche à la couche de la couche (vous me suivez ?)).

Mais comme je vous aime bien et qu'au final le tome 3 de l'Amie prodigieuse m'a beaucoup plu, je suis donc devant vous, prête à déclarer ma flamme de lectrice enthousiaste à la face du monde ! Meilleur de tome en tome, Celle qui fuit et celle qui reste est un petit bonheur de lecture. Je suis accro aux aventures de Lila et Lenu, les amies inséparables que tout oppose et tout sépare : l'histoire, le destin, la politique, l'amour, la famille, absolument tout. A force de croire que rien ne les lie et que cette amitié n'est que du vent. Et croyez-moi, du vent il va y en avoir ! Il va souffler sur leur destin avec la force du mistral et de la tramontane conjugués, c'est dire.

Lénu et Lila vieillissent. Exit les émois adolescentes. Ce sont dorénavant des femmes aguerries qui abordent la trentaine chacune à leur manière : dans le confort bourgeois d'un mariage pour Lénu, dans le concubinage de fortune et la misère sociale pour Lila. L'une vit à Florence, l'autre est revenue au sein du bercail napolitain, l'une est devenue une mère de famille bien rangée qui s'ennuie ferme, l'autre une fille-mère revêche et débrouillarde qui n'a pas le temps de s'ennuyer. Autour d'elles, le petit peuple de leur enfance continue sa vie, alternant entre fascisme affiché et communisme agressif. Nous sommes dans les années 60 et l'Italie vit des moments difficiles : grève des étudiants, revendications sociales dans tous les sens, libération des moeurs, anticonformisme, attentats et meurtres au nom de grands principes politiques, les fameuses années de plomb. En résumé, ça se bastonne dans tous les sens et chacun choisit son camp. Lila et Lénu ne vont pas y couper.
Comment vous décrire l'attachement porté à ces 2 héroïnes (avec toujours ma préférence pour Lenu, la rondouillarde un peu craintive qui s'affirme au fil des pages et prend enfin - punaise il était temps - son destin en main) ? Je suis leur compagnon de route et quel plaisir ! Ça virevolte, ça s'engueule, se réconcilie, s'aime et se déchire à la sauce napolitaine. Rebondissements en tout genre et retournements de situation, rien n'est jamais figé et le tout défile à un rythme infernal. Amour, haine, amitié, politique, histoire, rêves déchus et ambitions, tout se mélange dans un foutoir jouissif. Elena Ferrante m'embarque, comme chaque fois, avec toujours plus de talent. Finis les débuts en demi-teinte du 1e tome. Je suis accro, définitivement. Et si cette chronique n'a rien d'innovant, j'espère au moins vous avoir prouvé ma sincérité car c'est tellement rare de lire une vraie saga romanesque qui soit intelligente, acerbe tout autant que touchante. Mamamia, à quand le dernier tome ?
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Comme tout le monde j'attendais impatiemment la suite, car j'ai bien aimé le tome 1 « L'amie prodigieuse » et un peu moins « le nouveau nom », mais comme toujours l'envie de connaître la suite m'a titillée.

J'ai beaucoup apprécié tout ce qui concerne les mouvements ouvriers, la politique à cette époque (1968) le parti communiste italien et en parallèle l'évolution du mouvement fasciste et des maffieux qui continuent à régner sur Naples, les assassinats politiques qui montrent le bout de leur nez, lorsque les désillusions et l'impuissance sont trop fortes.

Elena Ferrante évoque très bien les conditions de vie des ouvriers, le harcèlement, les étudiants qui parlent des problèmes ouvriers de manière purement intellectuelle (intellectualisé !) alors qu'ils ne connaissent pas vraiment ce qui se passe au quotidien dans le monde du travail.

En ce qui concerne nos deux héroïnes, je suis plus mitigée : Elena m'irrite de plus en plus par ses choix. Elle a fait des études supérieures, fait un mariage bizarre afin de prendre encore plus de distance avec son milieu d'origine, elle a écrit un roman qui a fait le buzz, certaines critiques ne retenant que les pages érotiques, la taxant de putain tandis que d'autres lui reconnaissent un certain style littéraire.

Tout cela pour quoi ? s'enfermer dans un mariage avec un homme qu'elle admire et qu'elle trouve sécurisant alors qu'en fait il s'enferme dans son bureau, travaillant sans arrêt sur son livre et ses cours à l'université, la réduisant à être la super femme de ménage qui doit tout assumer, sans oublier ses deux filles dont l'une est méchante avec elle… Et l'amour dans tout cela ?

Quant à sa relation avec sa propre famille, ce n'est guère mieux, sa mère lui soutirant de l'argent, comme une maquerelle…

Elle croyait toujours pouvoir me dire ce que je devais faire ou non, claudiquait derrière moi en me critiquant, et parfois elle semblait décidée à s'emparer de mon corps, pour m'empêcher d'être mon propre maître. P 225

Lila est plus intéressante dans son combat au quotidien dans une usine où tous les hommes la harcèlent du petit chef au patron alors que tout le monde se tait et qui tente de résister

La relation entre les deux amies est de plus en plus toxique, Lila ayant toujours autant d'influence sur Elena, et les échanges finissent par être uniquement téléphoniques et s'espacent de plus en plus. « On a fait un pacte quand nous étions petites, la méchante, c'est moi. » P 180

Par contre, je dois reconnaître que l'auteure parle très bien de la difficulté, quand on vient d'un milieu pauvre, d'assumer le fait qu'on a réussi à faire des études supérieures, tout en ayant l'impression de trahir la famille qui, elle, est restée dans la misère. Qui est celle qui fuit finalement ?

Donc, je suis plutôt déçue car je m'attendais à mieux, mais je dois reconnaître, que Elena Ferrante a un style particulier qui fait que j'ai dévoré ce livre en deux ou trois jours (542 pages quand même !), tout en râlant en voyant comment évoluait son héroïne. Je lirai certainement le quatrième tome car il y a un rebondissement à la fin pour tenir le lecteur en haleine.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Prodigieusement mesquine et toxique, cette amie ! Laquelle ? Chacune, l'une pour l'autre, mais elles ne le montrent pas de la même façon, et le lecteur n'entend que la voix de Lena.
Dans ce troisième opus, il y a celle qui fuit et celle qui reste. Celle qui gémit et celle qui se bat. Celle qui est odieuse, et l'autre qui vient prendre des coups. Celle qui se fait exploiter, et l'autre qui s'en sort bien...
Et celle qui a tous les défauts, toutes les guignes, n'est pas forcément Lila-la-méchante. La roue ne cesse de tourner, comme dans les deux précédents épisodes.

Nous voilà arrivés dans l'Italie des années 70, celle des jours fastes pour ceux qui ont l'argent et le pouvoir, celle du mouvement révolutionnaire des Brigades rouges, celle des réflexions et actions plus ou moins timorées des intellectuels de gauche. Elena et Lila ont la trentaine, elles sont épouses, mères, leurs relations restent très compliquées.

Elena Ferrante a beaucoup de talent... pour me prendre dans sa toile. Je m'ennuie souvent à la lecture de cette saga touffue, me demande à chaque fois que j'ouvre un nouveau pavé pourquoi je m'y suis laissé entraîner. Il y a des longueurs, je trouve Elena particulièrement tête à claques - éternelle insatisfaite, elle se regarde le nombril, s'estime lésée, mal-aimée, victime, soupire après Nino (et d'après elle, Lila est toujours à l'origine de ses malheurs, d'une manière ou d'une autre).
Mais j'ai beau être agacée par ce personnage et quelques autres, j'y reviens et me précipite sur chaque suite, grâce à des fins généralement plus intéressantes que ce qui précède, et un dernier chapitre cliffhanger.

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• Chanson que j'avais en tête à la lecture :
♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=EvM3xTorT20
Remplacer Léa par Lena, parisienne par napolitaine. Pour le reste, c'est tout pareil, surtout ça : « ... mais putain qu'est-ç'qu'elle est chiante ! »
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J'avais hâte de me plonger dans le troisième tome de la saga d'Elena FERRANTE.
Ce troisième tome s'ouvre sur un beau succès pour Elena, tandis que Lila assume ses choix et vit dans un dénuement qu'elle n'avait plus connu depuis son mariage avec Stefano.
Lila étant restée à Naples et Elena s'étant établie à Florence, la relation entre les deux jeunes femmes s'étiole de plus en plus pour n'être plus faite que de contacts téléphoniques, mais Elena se compare encore et toujours à Lila, malgré tout.
Nous sommes dans l'époque après 1968. Les deux jeunes femmes sont mères de famille. L'Italie a un regard sur ce qu'il se passe en France. Lila est engagée politiquement. La lutte ouvrière bat son plein. Les ouvrières se révoltent contre les abus sexuels que commettent les patrons à leur égard. Le féminisme connaît ses premières actions. Les ouvriers manifestent contre l'exploitation de leur main d'oeuvre. La violence fait rage : les fascistes, eux, tentent de couper l'élan des manifestants. Il règlent les comptes par les armes et le sang coule.
Je n'en dirai pas davantage sur le rôle de chacun des héros que nous suivons pour ne pas gâcher la lecture.
Je dois avouer que certains passages ont été ardus pour moi. Les conversations dans le contexte socio-politique de l'époque sont fort touffues et parfois ennuyeuses. Mais l'envie de découvrir l'évolution de la vie d'Elena et de Lila m'a permis de surmonter ce moment et m'a poussée à me hâter vers la fin de ce tome de la saga de « L'amie prodigieuse ».
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Elena écrit sur les femmes créées par les hommes, sur leur incapacité à exister indépendamment des modèles masculins et cite notamment notre Flaubert national. Mais bon sang, c'est bien sûr, Lenù bovaryse à tout va dans ce troisième épisode de « L'Amie prodigieuse ». Épouse et mère, elle s'ennuie, geint, épuise par ses récriminations un mari certes peu habile au lit mais à l'éthique irréprochable, se découvre incapable d'écrire et ne survit à l'intense déception de son mariage que par le sentiment d'être quand même la reine du quartier, tandis que Lila, qui a tout perdu, a été éjectée du podium.
Celle qui fuit, qui a déménagé de Naples à Florence, a pourtant raté son évasion. Une sciatique la rend boiteuse comme sa mère, les editions étrangères de son livre ne se vendent pas, l'argent dont elle profite n'est sans doute pas plus propre que celui de la mafia de son enfance, les luttes au sein de l'université valent les affrontements des clans de son quartier, et surtout elle se sent emprisonnée dans un corps de femme, qui procrée sans parvenir au plaisir, qui tient une maison sans avoir de reconnaissance sociale et qui vit dans l'ombre de son mari - Mais ne l'avait-elle pas choisi aussi pour la sécurité économique et culturelle qu'il allait lui apporter?
Mais Lenù Bovary à cet avantage sur son illustre ancêtre qu'elle nous décrit sa situation de l'intérieur. Elle est malheureuse, de mauvaise foi, souvent antipathique, et à cause d'elle le roman parfois s'égare dans des longueurs inutiles ? Oui, mais comment ne pas se reconnaître dans ce sentiment de ne plus être maître(sse) à son propre bord, de sentir sa vie s'écouler sans pouvoir la diriger, sentiment dont je suppose que nul n'est exempté de toute son existence ?
Quant à celle qui reste, si elle passe au second plan dans ce tome, et devient par là même objet de pur fantasme, elle est celle qui rompt le mieux avec son enfance: détachée de tout ce que l'on peut dire sur elle, elle n'en fait qu'à sa tête (bien faite), embrasse un métier dont nul n'avait entendu parler et gagne plus qu'un homme parce qu'elle est la plus compétente.
L'amitié de Lenù et Lina me fait furieusement penser au couple Salieri / Mozart: à quoi bon être excellent quand on a un génie en face de soi?
Mais si Mozart veut être Salieri ?
Et si Rodolphe abandonne tout pour enlever Emma sur son fier destrier?
Allez hop, je me jette sur le tome 4.
(Je dois faire chambre à part et bûche à part, mon homme a le Covid et pas moi... on va attendre quelques jours pour les festivités. )
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Ce troisième tome m'a peut-être un peu moins plu que le précédent mais je l'ai tout de même lu avec beaucoup d'intérêt et de plaisir, surtout la dernière partie.
Les personnages me sont devenus familiers et pour la plupart attachants, malgré (ou peut-être grâce à) leurs imperfections qui ne les rendent que plus humains.
En refermant ce volume, ma seule hâte est d'ouvrir le suivant ...
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