Le Principe/
Jérôme Ferrari
Avant de commenter ce « roman » de
Jérôme Ferrari, il convient de bien préciser ce qu'est le « principe ».
En physique quantique dont Max Planck est le concepteur principal avec Heisenberg, partie de la physique qui décrit le comportement des atomes et des particules,
le principe d'incertitude (ou d'indétermination) de Heisenberg énoncé en 1927 explique formules mathématiques à l'appui que la position et la quantité de mouvement, les deux variables complémentaires d'une particule, ne peuvent être connues simultanément. Formulée différemment, cette relation d'incertitude peut s'écrire ainsi : la vitesse et la position d'une particule sont liées (relation) de telle sorte que toute précision dans la mesure de l'une entraine une indétermination proportionnelle et parfaitement quantifiable, dans la mesure de l'autre. Il faut choisir ! Si l'on choisit de déterminer exactement la position, le concept de vitesse est dépourvu de sens précis. Ce qui induit que la vitesse et la position sont de pures virtualités. Une équation d'une grande concision et parfaitement simple fait de ce principe un théorème bien connu.
Dès le départ avant de dériver vers l'incertitude, Heisenberg a la « certitude désespérante que l'atome n'est pas un système solaire miniature au sein duquel de sympathiques électrons déroulent paisiblement leur orbite autour du noyau. »
Peu à peu avec
Niels Bohr, prix Nobel de physique 1922, et
Wolfgang Pauli, prix Nobel de physique 1945, il montre l'erreur d'Einstein soutenu par
Schrödinger, prix Nobel 1933, et de Broglie prix Nobel 1929, qui pensent le contraire.
Une bataille de titans !
À partit de là,
Jérôme Ferrari se livre à une exégèse sur cette relation et la vie de Heisenberg, prix Nobel de physique 1932, savant qui n'a pas fui l'Allemagne nazie, peut-être pour ralentir les recherches en sapant la recherche de ses collègues. Ce qui fait dire à l'auteur que certains physiciens allemands ont connu le péché.
Ferrari se glisse dans la peau d'un jeune philosophe fasciné par le personnage de Heisenberg, et qui au moment de l'oral d'un examen sèche assez piteusement sur le sujet. Il s'adresse alors tout au long du livre à Heisenberg.
Incertitude : c'est aussi le sentiment que j'éprouve au moment de juger ce récit très bien écrit dans un beau style poétique, parfois frisant l'emphase et c'est dommage, mais instructif quoique élitiste indubitablement.
Au chapitre des reproches on peut aussi évoquer la longueur de certaines phrases qui dépassent une page et qui perdent un peu le lecteur dans un labyrinthe de réflexions confuses sur un sujet au départ assez abscons.
Extrait : le jeune philosophe s'adresse à Heisenberg arrivé au terme de sa vie :
« L'île d'Helgoland est loin, la beauté éblouissante. le château du prince de Danemark. le printemps fleuri de Göttingen. La jeunesse et la foi. Vous avez perdu tant de choses. Vous confierez à Élisabeth que vous êtes heureux d'avoir pu jeter parfois un oeil par-dessus l'épaule de Dieu. Vous vous tiendrez encore assis aux côtés de
Niels Bohr, au pied de l'Acropole. Vous échangerez des lettres avec
Wolfgang Pauli. Mais ce que la guerre a brisé ne sera réparé. Et vos controverses avec Einstein n'intéressent plus personne. »
En bref, un livre à lire pour le plaisir du beau style, mais qui n'apporte pas grand-chose de nouveau. Quant à vouloir appliquer
le principe gérant la physique des particules à la vie de tous les jours, économie comprise, il y a un pas qu'il n'est pas certain qu'il faille franchir. Pure spéculation diront certains. Au lecteur, réflexion faite, de juger.