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EAN : 9782915911381
166 pages
Gypaète éditions (01/05/2012)
4.67/5   3 notes
Résumé :
« Refuge cherche aide-gardien pour la saison. Merci d’envoyer vos références et une lettre de motivation à l’adresse suivante ».
Je trouvais l’annonce séduisante. Et bien que sans aucune expérience dans le domaine, l’idée de passer plusieurs mois en altitude, loin de la ville, m’enthousiasmait. En quelques lignes frappées à la hâte sur le clavier, j’expliquais ma passion pour la montagne et mon inexpérience totale dans la fonction. Mais j’étais très motivée e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Laurence Fleury, journaliste spécialisée dans les récits de montagne, décide de candidater pour un poste d'aide-gardien dans un refuge des Pyrénées pour la saison d'été. Dans Une saison en refuge, elle décrit son quotidien, bien loin de la vie tranquille et sauvage dans les montagnes qu'elle s'était imaginée.

Dans ce petit livre écrit comme un témoignage et un exutoire pour elle (les relations avec sa patronne, la gardienne du refuge ayant été assez compliquées), Laurence Fleury nous raconte le quotidien de ces gardiens de refuge qu'on côtoie généralement brièvement sans avoir vraiment idée de ce qu'est leur vie. En compagnie de deux jeunes étudiants venus travailler pour l'été et de la gardienne en chef, elle va découvrir tous les paradoxes de ce métier. Malgré la rudesse de l'environnement et le confort souvent spartiate, les randonneurs sont des "clients" comme les autres et bon nombre d'entre eux ne semblent pas faire la différence entre un refuge et un hôtel réservé sur B***ing.com. Certaines anecdotes racontées par l'auteur m'ont juste parues hallucinantes et montrent à quel point certains semblent penser que le fait de payer un service donne le droit de faire n'importe quoi et d'oublier les règles de savoir vivre les plus élémentaires : que dire de ces clients qui cachent leur poubelle le matin dans un coin du refuge pour éviter de les redescendre dans la vallée ? Ou de ceux qui commandent moults cafés et boissons en terrasse avant de partir à grandes enjambées l'air de rien avec leurs sacs à dos en oubliant de payer ?

Heureusement le récit de l'auteur ne se limite pas à ces mauvaises expériences et surtout l'humour dont elle fait preuve et l'honnêteté avec laquelle elle raconte son expérience et sa déception rendent son récit particulièrement attachant. Elle nous fait aussi prendre conscience de la dureté des conditions de vie dans un refuge quand elle décrit ses courses dans la vallée... justement pour faire les courses de produits frais et les remonter dans son sac à dos, le refuge étant ensuite ravitaillé 2 ou 3 fois par été par hélicoptère pour tous les produits lourds et non périssables. Et bien sûr, même si finalement les montagnes qui l'entourent sont moins présentes que la vaisselle, la cuisine ou le ménage au quotidien, elle s'émerveille de l'environnement majestueux des hauts sommets qui l'entourent.

Un récit attachant et intéressant pour toucher du doigt le paradoxe des refuges modernes qui pour proposer plus de confort et s'adapter au fait que la randonnée en montagne n'est plus réservée qu'aux seuls initiés se sont en partie transformés en prestataires de services comme les autres... dans un environnement qui reste malgré tout difficile et inhospitalier. Alors si vous voulez réserver votre prochaine nuit en refuge, ne faites pas comme ce vacancier qui appelle en août pour une nuit le 15 septembre et aimerait savoir s'il y aura du brouillard ou de la pluie ce jour là pour monter car sinon le gardien vous lira sa célèbre devise : "à force de regarder la météo on finit au bistrot".
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Une saison en enfer aurait peut-être été un titre plus approprié si un poète ardennais n'en avait déjà fait un si bon usage. La journaliste freelance Laurence Fleury a choisi plus prosaïquement Une saison en refuge afin de décrire son quotidien infernal comme aide-gardienne durant deux mois, en pleine saison touristique. Elle avait décidé de faire un break entre deux reportages et a répondu à une offre d'emploi sur Internet proposant un travail saisonnier dans un refuge pyrénéen durant la saison estivale 2010. A son grand étonnement, elle a été embauchée. En butée avec une cheftaine désabusée, Laurence Fleury subit les cadences infernales liées au fonctionnement du refuge : corvées en tout genre sans une once de reconnaissance, fatigues accumulées et acariâtreté du chef qui déteint sur les autres, le quotidien en refuge n'est pas idyllique, loin s'en faut. Les clients sont au diapason, odieux par leur masse à rassasier, interminablement. Malgré tout, le lecteur s'amuse beaucoup et apprend davantage à travers les anecdotes prises sur le vif. La montagne n'est pas toujours aimable et les randonneurs qui la parcourent peuvent parfois en tomber de haut. Une cliente réserve trois semaines à l'avance et veut savoir si le temps sera beau et s'il y aura du brouillard dans la montée. Tel autre part faire une sieste en catimini dans le dortoir et se glisse dans le duvet d'une autre personne. Un quidam ne peut dormir, prend des chaussures de marche au râtelier, croyant qu'elles sont mises à disposition par le refuge comme les brodequins et s'esquive pour une virée matinale. le propriétaire des godillots, déconfit, vient geindre auprès des gardiens du refuge. L'insomniaque revient avec les chaussures empruntées et sans s'excuser, en vante le confort. La liste est longue et on se dit qu'on n'a jamais été comme ça. Puis on se met à douter et un vertige métaphysique s'installe. Plie-t-on bien les couvertures en bout de lit ? [Chaque jour, la gardienne manie jusqu'à l'harassement plusieurs centaines de kilos de couvertures, « 384 kg au total à plier chaque matin ».] Nettoie-t-on bien les toilettes après son passage ? [Le record de hauteur de matière fécale sur les murs est fixé à 1,13 m du sol.] Est-on suffisamment affable ? Il y a encore ce cafiste, clamant son appartenance à la noble association et s'adressant à Laurence Fleury qui vient de remettre d'aplomb la salle à manger après le rush matinal : « Tenez chère Madame, j'ai un petit cadeau pour vous ! Il lui pose son sac poubelle sur la table » et comme il se fait justement retoquer, il rétorque avec aplomb : « Oui je comprends mais là vraiment, il n'y a pas grand-chose à l'intérieur ! » « Raison de plus… pour le redescendre avec vous ! » Déconfit et bougon, le larron reprend son don. Plus tard, Laurence Fleury retrouvera les déchets glissés en douce dans un recoin du refuge. Heureusement, parmi tous les Ostrogoths de passage, l'Indien surgit et avec lui le calumet de la paix circule à travers ses paroles et sa connaissance passionnante de la montagne. Les tensions se relâchent dans l'équipe. Il s'agit du guide de haute montagne installé à Cauterets, Jean-Louis Lechène, toujours en activité. Pour se faire une idée moins floue de cet homme d'exception, il faut écouter la radioscopie animée par Jacques Chancel qui lui est consacrée le 3 mars 1976 pendant 56 min. Chancel y enfonce ses habituels clous. (www.ina.fr/sport/autres-sports/audio/PHD96003741/jean-louis-lechene-guide-de-haute-montagne.fr.html). L'homme y suit le fil de sa pensée comme un alpiniste sur une crête, mesurant ses mots à son souffle et à ses pas. Nul pathos dans le discours mais la lumière d'un homme donnée à voir. On peut comprendre la traînée d'amitié qu'il laisse dans son sillage et lorsqu'il emmène inopinément (et gratuitement) Laurence Fleury pour une ascension : « L'Indien n'a même pas conscience du plaisir qu'il [lui] fait en [l']emmenant là-haut. » A la fin, on comprend et on compatit pour la gardienne peu amène. S'adressant à son employée atterrée qui vient de subir une ultime crasse de trois randonneurs américains, elle lance : « Il t'aura fallu deux mois pour ne plus les supporter moi je les subis depuis plus de quinze ans ! […] Je m'enferme dans ma cuisine et j'évite d'être sympathique avec eux. Sinon, ils pensent avoir tous les droits. » le livre refermé, on se sermonne pour ne pas faire partie du troupeau mais on n'est plus très sûr de soi et de ses convictions tant la médiocrité est ambiante et transfrontalière. Pierre Minvielle, dans une notule parue dans La Montagne & Alpinisme, 2012-3, écrit à juste titre que le livre est une « magnifique leçon d'humanisme, une réflexion d'une ampleur imprévue ». La réflexion est toutefois induite et inévitable lorsque le lecteur découvre toutes les scénettes saisies dans l'instant, d'apparence banale mais tellement révélatrices et les portraits esquissés mais si prompts à être endossés par n'importe qui. L'ouvrage est hautement recommandable. Il dit sans fioriture la tarification et la consommation de la nature, l'hédonisme à tout crin et la disparition d'un esprit de partage, d'amitié et de respect. L'Indien est certainement l'un des tous derniers Mohicans.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"Pourquoi n'envisages-tu pas de faire autre chose ?"
"Quoi d'autre ? Demande Nelly. J'aime ce métier malgré tout. Et je ne sais faire que ça. Je rêve de trouver le refuge idéal, fréquenté par de vrais montagnards avec de vraies valeurs, respectueux des lieux et de notre travail. Un refuge où les gens ne seraient pas tout le temps en train de râler, oubliant un peu leur confort et se satisfaisant de ce qu'on leur donne. Mais voilà, on les a trop mal habitués. Aujourd'hui, ils prétendent ici aux mêmes prestations qu'en bas. A la différence qu'ils se croient chez eux parce qu'il s'agit d'un refuge."
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Un couple se pose sur la terrasse, à deux pas de nous, sans même un regard ni un bonjour. L'homme attrape le sac à dos de sa compagne, en sort un sachet de victuailles et une gourde qu'il cherche vraisemblablement à remplir. Il fait trois fois le tour du refuge avant de s'adresse à moi.
"Pour l'eau, c'est où ?" Fait-il en brandissant sa gourde ?
"Bonjour ! Soyez les bienvenus ! " Je lui réponds, avant de lui indiquer la fontaine. Un peu décontenancé, l'homme part la remplir.
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Coincée dans mon appartement, je réalise à quel point le paysage auquel je m'étais habituée va me manquer. Cette nature minérale et austère, le vent qui souffle dans les fenêtres, ces grands espaces tout autour et la puissance des éléments, je m'y suis attachée.
Mon retour à la ville est brutal et j'ai le vague à l'âme.
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Je savoure la vue sur le paysage qui m'entoure. Sans doute l'un des plus beaux panoramas de toute la chaîne. La montagne est belle, et un instant plus rien ne compte que le plaisir de rester sans rien faire à regarder au loin et écouter le silence.
Un plaisir bien fugace, car déjà, des randonneurs arrivent.
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