Fréquemment, lors de séances de dédicaces, des lecteurs venaient me voir pour me dire : " Vous devriez raconter ma vie. Elle est incroyable ! "
...C'est ainsi que les choses ont commencé.
Si seulement on pouvait se changer les idées comme on change l'eau d'un vase.
Il suffit parfois de quelques échecs pour devenir à jamais insensible au succès.
On parle beaucoup de harcèlement du point de vue des victimes. Mais quelle est la psychologie de celui qui violente ? Comment est-il le soir, dans le noir ? Jouit-il de sa puissance sans le moindre nuage de culpabilité ? Venge t-il une enfance de mal-aimé ?
Il y a sûrement un plaisir à passer une vie entière dans le même périmètre. Ce qui m'apparaissait comme une prison géographique était un monde de repères, d'évidences, de protections. Mon goût immodéré pour la fuite me poussait souvent à déménager.
Je fus surpris de découvrir De l'inconvénient d'être né d'Emil Cioran...Le philosophe roumain se retrouvait donc au cœur d'une offre promotionnelle qui lui permettait d'aller jeter un œil du côté des livres à succès. Il aurait peut-être aimé cette ironie de la postérité.
On devrait tous avoir sous le coude un écrivain en manque d'inspiration.
Certains récits ne peuvent s'interrompre que brutalement comme guillotinés par l'émotion.
Il observa son dessert un court instant sans rien dire; dam ses yeux, je vis que cela le mettait en joie. Oui, grâce une île, je voyais quelque chose s’allumer en lui pour la première fois depuis le début de notre conversation. Quand on en vient à trouver du réconfort dans un dessert, les choses vont effectivement mal. Il semblait perdu comme un enfant, plus vraiment à même de prendre des décisions d’adulte. Cet homme que j‘avais jugé trop vite était touchant. Il se sentait perdu professionnellement, et cela rejaillissait forcément sur sa vie de couple. Valérie avait tenu des propos si durs à son égard. Était-elle tout à fait lucide? J ’étais disposé à vanter les qualités de Patrick auprès de sa femme, à plaider les circonstances atténuantes. mais était-ce mon rôle? Je voulais écrire un livre, pas devenir une sorte d’entremetteur. Mais en m’immisçant ainsi dans la vie d’une famille, je me retrouvais au carrefour de tous ses problèmes. J ’avais une vision d’ensemble; le spectateur d’un orchestre dissonant.
Certes, leur couple était en crise. Mais, soyons honnête. qui n’est pas en crise? La vie est une suite de crises. Qu’elles soient individuelles (adolescence, quarantaine, existentielle) ou collectives (financière, morale, sanitaire). Et je passe sur les manifestations du corps (le foie ou les nerfs, par exemple). Le monde occidental a fait de la crise un slogan tout-terrain. Au fond cela renvoie à la solitude absolue de chacun. Je pense si souvent à cette célèbre phrase d’Albert Cohen: «Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte. » Espérons au moins que cette île soit flottante. p. 102
Vous écrivez un livre sur Lola et sa famille, c'est ça ?
— Oui.
— Mais pourquoi ? demanda-t-il en écarquillant les yeux. Les gens vont vraiment lire ça ?