Citations sur Le crépuscule et l'aube (82)
Le château offrait une perspective sur toute la campagne environnante, ce qui permettait de repérer de loin l’approche d’armées hostiles et de prendre à temps des dispositions défensives – ou la fuite. Le château de Cherbourg donnait également sur la mer, pour la même raison. Mais c’était la ville que Guillaume observait. La Divette serpentait à travers les maisons à colombages avant de rejoindre la mer. Les rues étaient remplies de charrettes qui se dirigeaient vers le port et en revenaient, leurs roues de bois soulevant la poussière qui recouvrait les rues séchées par le soleil. Les Vikings ne s’amarraient plus là, conformément à la promesse qu’avait faite le comte Hubert à Wilwulf, mais plusieurs navires étrangers étaient au mouillage dans le port tandis que d’autres étaient ancrés plus au large. Un bâtiment français profondément enfoncé dans l’eau, peut-être chargé de fer ou de pierres, s’apprêtait à toucher terre.
Wilwulf ne possédait pas le même genre de beauté qu’Aldred. L’ealdorman avait un grand nez et une mâchoire proéminente, les mains et les bras couturés. Ce qui n’empêcha pas toutes les servantes du château de rougir et de glousser quand il passa devant elles à cheval. Un étranger éveillait toujours la curiosité, mais ce n’était pas la seule cause de la fascination qu’exerçait Wilwulf. Sa haute stature, la souplesse de sa démarche et l’intensité de son regard n’y étaient pas étrangères. Et surtout, il possédait un aplomb tel qu’il semblait prêt à tout. Les filles avaient l’impression qu’il pourrait sans effort les soulever de terre et les emmener au grand galop.
Dans le jour grisâtre, Edgar aperçut une forme bizarre sur l’eau. Il avait une bonne vue et était habitué à repérer les navires à distance, distinguant les contours d’une coque de ceux d’une haute vague ou d’un nuage bas, mais en cet instant précis, il avait de la peine à reconnaître ce qu’il avait sous les yeux. Il tendit l’oreille, à l’affût d’un bruit lointain, mais n’entendit que le bruit des vagues sur la grève devant lui. Au bout de quelques secondes il crut entrevoir la tête d’un monstre et un frisson d’effroi le parcourut. Il lui sembla discerner des oreilles pointues, de puissantes mâchoires et un long cou qui se découpaient sur la faible lueur du ciel. Il ne lui fallut alors que quelques instants pour comprendre que ce qu’il avait sous les yeux était pire qu’un monstre : c’était un navire viking avec une tête de dragon à l’extrémité de sa longue proue incurvée. Un autre vaisseau surgit à l’horizon, puis un troisième et un quatrième. La brise du sud-ouest qui forcissait gonflait leurs voiles et les bâtiments légers franchissaient les flots à vive allure.
Les suppôts du mal parvenaient toujours à leurs fins, semblait-il: Dreng, Degbert, Wigelm, Wynstan. Peut-être en irait-il toujours ainsi en ce bas monde.
La possession d’un autre être humain était forcément mauvaise pour l’âme.La cruauté n𠆚vait rien d𠆞xceptionnel,et s’il existait des lois protégeant les esclaves des mauvais traitements,elles n’étaient guère appliquées et les châtiments étaient cléments.Cette liberté de battre ,violer ou même tuer faisait ressortir ce que la nature humaine avait de pire.
Se pouvait-il qu'une mère, ou une belle-mère, soit jalouse des femmes qu'aimait son fils?
L'esclavage était un trait de la vie anglaise qu'elle avait du mal à accepter. Cette pratique avait été plus ou moins abandonnée en Normandie, mais, ici, elle était monnaie courante. Il y avait une centaine d'esclaves à Shiring, dont plusieurs vivaient et travaillaient dans le domaine. Beaucoup se chargeaient des tâches ingrates, pelletaient le fumier et nettoyaient les écuries, ou effectuaient des travaux de force, creuser des fossés ou transporter du bois, par exemple. Les plus jeunes travaillaient certainement dans les bordels de la ville (....)
Les esclaves n'étaient généralement pas enchaînés. Ils pouvaient s'enfuir, et certains le faisaient, mais on les reconnaissait facilement à leurs haillons, à leurs pieds nus et à leur accent étranger. La plupart des fugitifs étaient rattrapés et rendus à leur propriétaire en échange d'un récompense.
Certains hommes savaient se battre, d'autres pouvaient réciter un poème des heures durant, d'autres encore piloter un navire en se guidant d'après les étoiles. Edgar était doué pour les formes, et pour les nombres; de là lui venait une compréhension intuitive et mystérieuse des poids et des tensions, de la pression et de la résistance, de la force de rotation. P. 422
J'envie tous ceux qui ont le bonheur d'épouser celle qu'ils aiment. J'ai été privé de cette chance et maintenant, les mariages m'attristent.
Ma et Pa avaient appris à leurs fils à rester propres en se baignant au moins une fois par an.