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EAN : 9791092159103
190 pages
Tusitala Editions (15/09/2016)
3.47/5   35 notes
Résumé :
Piliers de bars, prostituées, receleurs, clochards, arnaqueurs en tout genre ou même monsieur tout-le-monde… tels sont les personnages qui jalonnent le récit nerveux de Larry Fondation, assemblage de vignettes, d’éclats de voix, de bribes d’action, d’inventaires aberrants ou de nouvelles laconiques. Dans une Los Angeles hallucinée, vue au ras du sol, tout semble régi par une violence brute, épidermique, désinvolte ; chaque s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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« Les guirlandes de Noël brillaient au-dessus de la scène, au-dessus des stripteaseuses, toute l'année, rouges et vertes. Les filles dansaient principalement sur du mauvais rock'n'roll. Les barmans, les serveuses, les danseuses et le videur étaient des femmes. L'endroit s'appelait The Last Stop. »

Plaisir avouable que de rentrer dans ce sombre bar qui doit sentir la fumée du siècle dernier, la sueur des danseuses d'il y a dix ans, le foutre et la pisse de la veille. Un dernier arrêt avant la fin de la nuit, un dernier verre avant la fin d'une vie. En vieil habitué de ces lieux mythiques où traîne mon imagination perverse, je me fonds, le regard triste, les yeux sombres dans le noir de cet endroit aux décolletés chamarrés. En vieil habitué, la serveuse m'apporte sur son plateau argenté une pinte d'une bière assez fade et un bourbon au gout de vieille planche. En vieil habitué, je reluque son cul en train de flotter vers une autre table, l'envie irrévérencieuse de lui fourrer mon désir ardent. En vieil habitué, je me rabats vers la danseuse qui arrive à garder un semblant de sourire malgré le glauque de sa vie, et lui glisse un billet en compensation entre les charmes luisant de sueur et la ficelle de son string. Des habitués comme moi, le coin en déverse chaque nuit sa flopée de solitaires venus juste boire un verre, lire un livre, attablé, assoiffé dans un brouhaha immonde et quelques poupées bien roulées.

« Ron aimait boire seul, mais il n'aimait pas être seul à sa table. Quand il commandait au bar, il demandait toujours un verre de tequila puis il allait toujours à une table où il y avait des gens qu'il ne connaissait pas et à qui il n'adressait pas la parole. Les gens jetaient un coup d'oeil dans sa direction mais ils ne disaient rien. »

Évidemment, j'en suis également de la partie. Boire seul semble être la seule chose que je sois capable de faire. Chacun ses compétences ou ses plaisirs. Quand le désir a abandonné toute vie, il reste des lieux fréquentés pour un dernier arrêt, The Last Stop et ainsi méditer un verre plein une bouteille vide sur les « Effets indésirables » de la vie. Des bouts de vie anonymes qui virent lorsque la lune cache sa luminescence bleue à l'absurdité de vies en parcelles invisibles. Larry Fondation écrit sur les caniveaux, le bitume, l'asphalte brûlant et tous ceux qui trainent leurs démarches bringuebalantes autour, entre deux bars illuminés de néons bleu ou entre deux ruelles sombres qu'arpentent des porte-jarretelles rouge incandescents. Des minuscules nouvelles, tendance polars ou paumées, Los Angeles et son univers glauque, celui des bas quartiers et des quartiers de bars où des pauvres types boivent seuls leur bière, devant leur souvenir d'une vie ratée.
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Commençons par nous réjouir que quelqu'un ait eu la riche idée de continuer à éditer en France les écrits de Larry Fondation après que Fayard a cessé de le faire. Sans surprise, ce sont les audacieuses éditions Tusitala qui ont choisi de le faire et on ne peut que les en remercier.
Ceux qui connaissent déjà Larry Fondation ne seront pas dépaysés ; quant aux autres ils prendront le délicieux risque de se faire secouer par un auteur singulier. Comme à son habitude, Fondation balance des fragments de vies – et de mort – à la face du lecteur dans de courtes nouvelles qui vont de quelques lignes à quatre ou cinq pages.
Dans les quartiers de Los Angeles que sillonne Larry Fondation se croisent SDF, femmes et hommes célibataires à la recherche de compagnie ou de sexe, drogués, travailleurs pauvres, petits bourgeois libéraux, déséquilibrés, voleurs à la petite semaine ou retraités. Ils sont blancs, latinos ou noirs et sont en quelque sorte l'âme de la ville même si on ne les voit pas.
Tour à tour violentes, désespérées, durement ironiques et bien souvent très émouvantes, ces trajectoires heurtées ou interrompues forment des flashs qui s'impriment autant dans le cerveau que sur les rétines tant l'écriture de Larry Fondation, malgré une apparence trompeuse d'économie de moyens est évocatrice.
Témoin et poète, Fondation donne une voix à ceux que l'on n'entend généralement pas et prend irrémédiablement aux tripes. Autant dire qu'il ne faut pas passer à côté de ses écrits.
« J'avais vraiment envie de tuer quelqu'un, mais je ne voulais pas faire de taule. Il a fallu que j'élabore un plan. Ça devait être de la légitime défense. J'ai réfléchi à mes options. [...]
Un soir où je me promenais pas loin de Sunset, près d'Echo Park, j'ai entrevu un début de réponse. Une école d'arts martiaux.
-Vous apprenez comment tuer quelqu'un à mains nues ? j'ai demandé.
-Oui, m'a assuré le professeur. Mais surtout, on vous apprend comment ne pas avoir à le faire.
-Bien entendu, j'ai répondu.
J'ai su que c'était le bon endroit. » (« Envie de sang »).

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Sdf, stripteaseuses, pilliers de bars, dealeurs, voleurs, etc… Nous voilà entraînés dans le Los Angeles que l'on ne dévoile pas sur les cartes postales ou sous les paillettes de la télévision. Larry Fondation propose bel et bien avec son recueil Effets indésirables un regard entre réalisme et absurde comique sur ces minorités beaucoup moins représentées. Et dès la première nouvelle mettant en scène un client venu braquer un bar pour un verre, le ton est donné. Souvent fantasque et amusant, ce recueil offre un point de vue intéressant sur ces existences le plus souvent dans l'illégalité et pourtant doués de bon sens pour la plupart.

Oui, parfois, il est difficile de comprendre le comportement de ces personnages ou d'être d'accord avec leur décision finale mais tout le monde n'a pas la même perception du danger ou tout simplement les mêmes limites. Certaines nouvelles se ressemblent, d'autres poétiques sont parfois difficiles à déchiffrer mais le mélange de ces vies illicites reste attractif. Larry Fondation possède un verbe amusant et ses histoires, parfois banales mais le plus souvent inattendues, sont très distrayantes tellement elles paraissent loin du quotidien de la grande majorité des individus.

Au sein d'Effets indésirables, nous naviguons entre les rues d'un Los Angeles que certains découvriront. Là-bas, tout n'est pas toujours beau à voir et chacun peut devenir la victime d'un autre. Entre vols, deals, prostitution, violences, alcool et sexe, bienvenue dans la Cité des Anges ! Merci aux éditions 10/18 et à Babelio pour ce partenariat.
Lien : https://entournantlespages.w..
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LA CITE DES ANGES FURIEUX

On nous avait prévenus. Ce livre exhalerait d'âcres effluves ? On y va, ça ne fait ni une ni deux. Autant demander à un blogueur d'accepter les services de presse - cependant cet exemplaire (notre unique choix) nous a été aimablement envoyé par Babelio.

A la lecture des premières nouvelles de ce recueil, c'est un silence intérieur qui s'impose. Lecture vigilante - on nous a averti -, lecture qui bientôt se laisse porter par le flux d'un philtre insidieux. Une image incongrue frappe notre rétine, celle d'un immeuble entouré d'un silence pesant qui précède les détonations des explosifs et ce bâtiment qui s'effondre dans un fracas assourdissant. On a beau s'y préparer, il est quasiment impossible de ne pas tressaillir. Qu'elles se limitent à quelques lignes ou bien qu'elles couvrent plusieurs pages, chaque nouvelle est saturée de cette déflagration qui prolonge le vide d'existences troublées, en suspens. Ces instants de vie (et de mort) nous éclatent dans les mains comme autant de pétards que l'on croyait mouillés. On sursaute. On n'était pas préparés.

Larry Fondation, que nous découvrons ici, témoigne en nous trimbalant dans la Cité des Anges, anges furieux. Dans cette folle parade cosmopolite ce sont des individus qui défilent avec souvent le trépas au bout de la route. Au coeur de cette violence - qui stoppe dans leur élan ces êtres souvent (dés)abusés - la stupidité du destin avec son sourire vicieux montre ses crocs pour annoncer le terme. Ces femmes et ces hommes sont tous en partance pour le pire. On rit sous cape, tant pis on s'esclaffe. le désordre associé à la folie est un cocktail détonnant, un remarquable pourvoyeur de plaisirs immoraux - ici la lecture, ne soyons pas fous. On pouffe puis l'on est proche de l'effarement, le choc des contraires. Et elle danse cette poésie impertinente et affreusement savoureuse. L'auteur est féroce et canaille. La malice est létale. La vie semble si fragile - un faux pas ? C'est la dégringolade.
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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L'auteur met en valeur le banal avec un verbe simple, direct et compréhensible. Un quotidien bien lointain pour la plupart des petits français même si l'on ne doute pas que des situations similaires existent ici aussi avec un peu moins de sang. Sexe, drogue et rock'n roll sont au service de sa plume pour une plongé dans la littéraire noire. le format de nouvelles permet d'avoir un grand panel de courtes histoires. Ainsi on peut aller à la rencontre d'un alcoolique à une prostitué en passant par une famille pauvre. N'espérez pas trouver une bouffée d'espoir et un peu d'humour. Rien de cela n'est présent. Vous aurez juste du désespoir, de la solitude, de la déprime et de la méchanceté avec parfois un mélange de tout. Un réalisme cru qui n'épargne aucun détail pour une plongée fugace dans un monde sans pitié. Est-ce que cela m'a fait tomber sous le charme de la cité des anges? Bien entendu que non. Et l'écriture a t'elle incité tourner les pages? Pas vraiment non plus. le choix des histoires n'est pas sans rappeler ce cher Charles Bukowski mais en moins bien, en moins percutant, en moins sombre. Quitte à mettre sous la lumière les plus miséreux autant le faire avec éclat, cruauté et sauvagerie. Et là, je me suis un peu ennuyée à tourner d'aller de nouvelles en nouvelles. 
Lien : https://wp.me/p1F6Dp-8gr
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
C'est un plan à la con dans un bar. Elle est trop mignonne, elle ne me voit même pas. Elle sert au comptoir et le bar est blindé.
Ce type arrive. Il fume un cigare. C'est La Nouvelle-Orléans. D'entrée, je sais que c'est un connard. Il confirme l'hypothèse. Il claque des doigts pour attirer l'attention de la serveuse.
Je réagis direct. Je cogne le type - fort.
La bagarre se poursuit dans Bourbon Street. Il saigne. Pas de flics en vue. Le videur nous sépare et ce connard s'éloigne. Puis il commence à me dire des saloperies, par-dessus l'épaule. Je lui réponds en gueulant et je fais un pas en avant dans sa direction. Ses potes le poussent plus loin dans la rue - l'éloignent de moi. J'ai encore les boules.
Quand j'essaie de retourner dans le bar, le videur me refoule. Je suis viré, j'y crois pas. La serveuse va penser que je ne suis qu'un connard de plus. Elle ne saura jamais pourquoi j'ai fait ça - pour elle.
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J'étais censé l'abattre, mais je me suis dégonflé. C'était devenu nuageux alors que je m'attendais à ce que ce soit dégagé. Je veux dire, dehors. Là, je suis en Floride, ou plutôt c'est là que je suis censé me trouver.
J'écoute Steve Miller, et ce depuis les années 70, et puis l'autre jour ce type se ramène - un gars que je connais à peine - et il me dit que je devrais écouter autre chose ; que c'est les années 90. Le lendemain, j'ai acheté des CD de groupes récents - Gun N' Roses, The Smiths, Nirvana - mais je ne sais pas trop. Je me passe encore Space Cowboy.
Je n'ai plus de crackers et j'ai faim.
Je ne vais pas être payé ; j'en suis sûr.
Elle est belle et blonde, elle est assise à côté de moi, se fait les ongles des pieds.
- Vous attendez le vol pour Miami ? je demande.
- Oui, elle répond poliment, sans quitter ses ongles des yeux.
Son vernis est orange fluo. Je luis dis que j'aime bien la couleur et elle me demande de souffler dessus pour que ça sèche pendant qu'elle se fait l'autre pied. Elle est pressée et veut finir ses ongles avant d'embarquer dans l'avion, alors je le fais. Me voilà en train de bander. Mes lèvres sont tout près de son pied. Quand ils appellent les passagers, elle s'en va. Pas moi. Je lui fais un signe de la main, sans conviction me semble-t-il.
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On avait bu. On était pressés. La nuit était sur le point de tomber. Le feu allait changer de couleur alors qu'on tournait à fond la caisse à l'angle de la 2e Rue et de Broadway, dans le centre-ville de Los Angeles. On allait retrouver des meufs de Chinatown.
Le feu était vert. Le type était habillé avec des vêtements sombres et il était en plein milieu du passage piéton. On l'a violemment percuté. Il a rebondi sur le capot et et il est passé par-dessus le toit. Même avec la radio à fond, on l'a entendu s'écraser sur la chaussée.
Chris était assis à côté de moi ; il flippait comme un malade.
Il a mis le flingue contre sa tempe.
- Non, Chris !
Il a appuyé sur la détente. Des morceaux de sa tête ont giclé sur le tableau de bord, les vitres et le pare-brise.
La voiture de police se rapprochait, ma sirène devenait plus forte, les gyrophares plus aveuglants.
J'allais avoir beaucoup de choses à expliquer. J'étais au volant.
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J'étais assis seul au bar. Je ne connaissais personne. Le type à côté de moi était plutôt balèze. Il avait l'air bourré. Il avait deux bouteilles de Heineken devant lui. Le barman a ramassé celle qui lui semblait vide. J'imagine qu'elle ne l'était pas, ou alors le type cherchait les problèmes. Quoi qu'il en soit, il m'a accusé.
- T'as bu ma bière.
- Non.
- Viens dehors, on va régler ça entre hommes.
- Pas ce soir.
- Quoi ?
- Demain. Ce soir, j'ai la grippe.
- Arrête tes conneries.
- J'ai sorti mon .45 et je lui ai collé sur la tête.
- J'ai dit demain.
- D'accord, il a dit.
Je me suis pointé le lendemain soir après avoir passé vingt-quatre heures à tousser et à bouffer des médocs.
Le type m'a mis une branlée.
Je ne sais pas si c'était volontaire ou non mais j'avais laissé mon flingue chez moi.
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L'air de la nuit collait à la peau comme une toile d'araignée. Les réverbères se dressaient sur le trottoir tels des sceptres tenus par des mains illuminées. La boîte aux lettres de la rue se tenait sur son flanc et elle avait été bombée à la peinture noire. Le vent charriait des odeurs d'ordures et de graisse brûlée. Des griffes de chats avaient percé les sacs-poubelle laissés sur le bord du trottoir et leur contenu s'étalait dans le caniveau, papiers et os de poulet, canettes et mégots de cigarettes.
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Video de Larry Fondation (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Larry Fondation

Larry Fondation, James Ellroy. LA deux visions
Extrait de la conférence de Larry Fondation, lors du festival Un aller-retour dans le noir en octobre 2013.
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