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sur 428 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dix-sept ans, c'est l'âge qu'a la mère du narrateur, Eric, au moment de sa naissance en 1960. Naissance illégitime puisque sa mère n'est pas mariée, naissance honteuse pour sa grand-mère bigote puisque son géniteur est d'origine juive.

Lors d'un repas de famille 50 ans plus tard, la mère d'Eric va faire une terrible révélation : entre sa naissance et celle de ses deux demi-frères, elle est à nouveau tombée enceinte et sa mère lui a enlevé sa petite fille juste après son accouchement pour la faire adopter.

Profondément choqué, Eric part s'isoler à Nice, ville de sa naissance qu'il a toujours refusé de visiter. C'est dans la vieille ville qu'il va partir sur les traces de sa jeune mère, imaginer ce qu'elle a pu ressentir.

C'est là aussi qu'il va trouver le courage de regarder en face les relations ou plutôt les non-relations qu'il a toujours eu avec elle, affronter le manque d'amour dont il a toujours souffert, comprendre ce à quoi cette femme a survécu.

Au terme de ce voyage, il réalisera qu'il a finalement toujours eu une maman, même s'il refusait de l'appeler ainsi.

Ce roman est touchant car, même si l'on n'a pas vécu la même situation que le narrateur, il y a toujours eu un moment, dans notre enfance ou à l'âge adulte, où les relations avec les parents ont été difficiles.

Tout est dit dans une économie de style et chaque phrase sonne avec justesse. Magnifique moment de lecture.


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Près de dix ans après avoir évoqué la mémoire de son père adoptif et cinq ans après « Le marcheur de Fès » qui rend hommage à son géniteur, Eric Fottorino poursuit la quête de son identité familiale en se penchant sur le destin de sa mère qu'il n'a jamais comprise et avec laquelle il a toujours eu des difficultés à communiquer. Elle est pour lui une énigme alors qu'elle approche de la fin de sa vie.
Le déclic a lieu lorsque celle qu'il appelle Lina et non maman annonce à ses fils qu'elle a donné naissance à une petite Marie en 1963 alors qu'Eric n'avait que 3 ans. La grand-mère de l'auteur qui stigmatise les « chaleurs de lapine » de sa fille oblige cette dernière à abandonner l'enfant. Une blessure qui fonde le mystère du comportement de Lina.
En se rendant à Nice, ville où il est né, Fottorino revient sur les traces de ses origines et, lui qui avait perdu la mémoire de l'enfance, est submergé par les souvenirs. Il découvre que sa mère l'a vraiment aimé.
Récit d'un malentendu, « Dix-sept ans » est le portrait touchant et délicat d'une femme abandonnée et seule à vivre avec sa douleur.

EXTRAITS
- La preuve de sa solitude, c'étaient ses chats.
- Je me demande, petite maman, est-on juif par la mère ou par la peur ? Comme il avait peur, Moshé. Etre juif, c'est avoir peur, c'est tout ce qu'il m'aura dit avant de mourir, l'année de nos retrouvailles tardives, j'avais passé quarante-cinq ans. Je suis le fils de cette peur ajoutée à la tienne, ta peur d'être abandonnée.
- Je suis le fils d'une pute qu'un salaud de juif a tringlée avant de se tirer.
- Juste une jeune fille livrée au gang des soutanes.
- Nice, bord de mère.
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Un roman très personnel, comme une quête d'identité ou plutôt comme une quête d'amour maternel.
Lina, la mère de l'auteur, réunit ses trois garçons pour leur révéler un secret longtemps enfoui. Ils ont eu une soeur qui lui a été enlevée à la naissance.
Tout au long du livre, l'auteur Eric, fils de Moshé, le juif marocain, rejeté par sa grand mère, replonge dans ses souvenirs d'enfance et part sur les traces des 17 ans de sa mère, alors qu'elle était enceinte de lui et avait été envoyée accoucher à l'abri des regards, à Nice.
Ce qu'il cherche, ce sont des traces d'amour maternel.
Ce roman très poignant, nous révèle les blessures profondes de l'auteur et le destin dramatique de sa mère. Il va à travers la recherche de ces moments qu'il croyait perdus va faire renaître un lien fort, des souvenirs lumineux.
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Quand un fils ouvre les yeux sur sa mère : une magnifique histoire autobiographique de re-naissance
****
Ancien directeur du journal le Monde, Eric Fottorino nous embarque avec lui dans un voyage spatio-temporel interpelant via ce livre publié en 2018 chez Gallimard. Sa plume nous frôle avec une sensibilité à fleur de peau et nous égratigne avec une franchise écorchée dans l'âme. A la recherche de celle qu'il ne semble pas connaître au point de l'appeler par son prénom, Lina, et dont il écrit « Pour t'appeler maman, il m'aurait fallu être sûr que tu étais ma mère » (p.24).

Cet imparfait laisse toutefois entrevoir un présent différent et c'est bien là toute la beauté de ce livre qui nous plonge dans cette eau froide de l'enfance où le lien maternel semblait si absent aux yeux de celui qui se sentait abandonné malgré cette fratrie, ces pères qui ont essayé, et surtout cette mère qui cachait un secret.

Un déjeuner de famille en compagnie de ses trois enfants et cette maman de soixante-quinze ans leur révèlera le pourquoi de son regard qui s'est éteint un 10 janvier 1963 et a depuis vécu avec ce voile terne la protégeant de la société, de ceux qui l'avaient malmenée, à commencer par sa propre mère.

Un enfant qui devient parent traverse sans doute le miroir en portant un autre regard sur ses évidences autocentrées qui l'ont construit mais qui s'effritent au contact de sa propre vie de parent. Car avant d'être une mère ou un père, nous sommes des femmes ou des hommes. Avec un vécu, des souffrances, des jardins secrets. Nos enfants n'ont pas à porter ces valises et à s'en rendre responsables. Mais pourtant, il est de ces générations ou de ces éducations qui ne laissent que peu de place à la communication, la verbalisation, la transparence, les confidences pour alléger l'histoire familiale de ses fantasmes ou de ses réalités. C'était comme ça, c'est sans jugement. La question du déterminisme familial est d'ailleurs largement posée dans la mesure où l'abandonnisme et la honte sociale ont largement été transmis de génération en génération. La relation mère-fils accentue sans doute encore cette blessure et le thème de la place dans une famille où le père, même très intégrant, n'est pas le même que celui du reste de la fratrie, donne une nuance sombre supplémentaire. Sur un fond socio-religieux où l'antisémitisme croise les représentations et les oppositions ecclésiastiques qui plus est.

Pourtant, malgré ce décor qui peut sembler sombre et heurtant, et grâce à cette plume d'une fulgurance inouïe dans l'art de la métaphore et de la personnification, le style de l'auteur donne effectivement une figure criante de vérité, franche, sincère, sensible, effrontée parfois, mais toujours juste et volontaire à la compréhension du passé, celle qui permet enfin de s'apaiser. Les jeux sont faits, la respiration passe de l'apnée parfois à l'hyperventilation, on reprend notre souffle avec lui, le coeur battant, on recouvre la vue progressivement, la colère s'apaise et se mue en admiration… et l'on peut retrouver dans les traits de cette Lina tant de femmes croisées dans nos vies que désormais je regarde en me demandant : et toi, qui a voilé l'éclat de tes yeux ? Mais la reconstruction est là aussi et c'est à ce prix que la re-naissance prend parfois tout son sens, et qu'elle peut aussi se faire à deux.

Et vous, l'avez-vous lu ? Avez-vous apprécié un autre livre de cet auteur ? Hâte de vous lire…
Lien : https://www.lemotsurlegateau..
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Après avoir consacré des livres à ses pères, le génétique juif marocain et l'adoptif, français de Tunisie qui lui a peut-être donné son nom, quoi qu'après ce roman, on en est plus très sûr, il a consacré celui-ci à sa mère, Lina, qui l'a mis au monde à dix-sept ans (d'où le titre). Eric Fottorino est un des champions de l'auto-fiction. Avec ses origines compliqués, il écrit des romans qui sont toujours plaisants, facile à lire, mais dont on ne sait pas exactement la part de vérité. Pour évoquer sa mère, il part à Nice, la ville de sa naissance, il arpente les quartiers, rencontre des témoins des années 60 qui ont connus sa mère, sa grand-mère. On est à la fois dans ses pas sur la Prom'(Promenade des anglais) et dans sa vie. On voyage de Nice à Bordeaux, Nieul-sur-mer et La Rochelle (les différentes villes ou il a passé son enfance). Il revient sur ses pères bien-sûr, mais il nous fait rencontrer ses grands-parents maternels, le grand-père absent, la grand-mère tyrannique, ses oncles, ses frères, il nous fait partager le secret que leurs révèle sa mère, qui est le point de départ du roman. Comme dans tous ses livres son écriture est fluide. Il a de l'empathie pour ses personnages. Les descriptions des lieux sont justes, il y a de la poésie mais elle n'est pas forcée. Après cette pérégrination dans Nice, il retrouve sa mère, et lui propose d'y retourner, le voyage est plein de tendresse et d'émotion. Personnellement, Eric Fottorino avec ses romans, me fait toujours passé un bon moment de lecture.
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Chacun peut trouver en soi de quoi nourrir un roman, on dit alors autobiographie, et celle-ci est souvent déguisée en autofiction. Michel Tournier se rangeait parmi ceux qui n'ont rien à dire sur eux-mêmes et écrivent sous l'empire de leur imagination.
Je lis peu d'autofictions. Dix-sept ans est une exception. Cet ouvrage est essentiellement construit autour d'un personnage, la mère de l'auteur-narrateur, et d'une relation, originale en l'occurence, celle d'un fils à sa mère. Pas de construction psychologique, ni psychanalytique. Plutôt descriptive, rêveuse, poétique.
Tout commence quand Lina, soixante-quinze ans, convoque pour leur faire une révélation, ses trois garçons, les cadets François et Jean nés de son mariage avec Michel, et Éric le narrateur, l'aîné, né de son amour avec Moshé, étudiant juif marocain de passage à Bordeaux quand elle avait seize ou dix-sept ans. Elle annonce donc qu'elle a été enceinte et a accouché d'une fille née trois ans après Éric, et cela toujours hors-mariage. Chaperonnée par sa mère, véritable adjudant baignant dans toutes sortes de bondieuseries, elle a dû l'abandonner à la naissance.
Éric, qui a réagi assez froidement à cette révélation difficile, décide alors de partir pour Nice où il est né, où sa mère âgée de dix-sept ans, a dû accoucher, loin de Bordeaux et du qu'en dira-t-on, mais escortée de son adjudant de mère.
S'ensuit une quête effrénée pour saisir des traces du passage de cette jeune fille cinquante ans avant, pour cerner cette adolescente dont le narrateur imagine qu'elle rayonnait, amoureuse de celui qui l'a engrossée et déjà folle du “garçon“ qu'elle mettra au jour, insouciante, curieuse de cette ville, de sa Promenade, de ses plages de galets, de ses hôtels de luxe. le narrateur fait ensuite la rencontre de Betty qui a bien connu Lina, apporte quelques réponses à ses multiples questions, et lui fournit toute une série de photos d'époque.
Appelé par sa mère souffrante, Éric retourne la voir et ensemble, ils reviennent sur Nice, une occasion pour Lina de ne pas démêler l'écheveau de son premier amour, de sa grossesse et de la naissance de ce fils, préféré entre tous. En toute conscience et non par sénilité, elle joue d'une confusion entre Éric et Moshé, appelle le fils par le prénom du père. le livre se clôt de la sorte sur des scènes apaisées, même si le narrateur et le lecteur n'ont pas toutes les réponses à leurs questions.

Ce livre agit comme un reflet de ce qui se jouait (mais se joue encore) dans les années 1960 dans bien des familles : secrets et mensonges avec pour conséquences bien des souffrances, des pesanteurs, des vies fracassées. La famille se présente le plus souvent masquée, élaborant avec ténacité ses légendes, ses croyances, guidée par un esprit fort qui distribue les rôles et les appréciations, surtout les détestations, et qui cherche avant tout à aplanir, à rassurer, à éviter les regards curieux et les ragots. L'amour a une place accessoire.
Eric finit par comprendre qu'il a aimé sa mère comme on aime une mère, puis s'en est détaché, physiquement (il ne la touche pas), affectivement (il reste à distance de toute tendresse) : comment chérir une mère si jeune, si immature, si déconsidérée par sa famille, voire niée car pécheresse par deux fois ? Éric la regarde plutôt comme sa soeur. Il se demande aussi s'il ne l'a pas trop aimée, raison pour laquelle il a fini par ne plus l'aimer.
Ce livre est un plaidoyer, une quête de l'origine, une recherche destinée à combler un manque identitaire, peut-être un vol de son identité, car que reste-t-il par exemple en lui de la judéité que son père biologique lui a transmise ? Il lui faut aussi s'expliquer cette carence émotionnelle émanant de sa mère mais aussi de lui même.
Il s'agit pour Éric de réinvestir le lien mère-fils, de le revitaliser, de lui donner de la substance, même cinquante ans après. Cette renaissance passe par une mise en mots des douleurs, des absences, des non-dits ou des mensonges, par une auto-analyse au scalpel, par une accusation mezzo voce, voire simplement implicite des rigidités de l'époque, en particulier des hypocrisies de la religion.
Éric Fottorino s'est bien sûr inspiré de faits réels, mais il a inventé des situations, des personnages, pour donner corps à un roman. Comment faire autrement avec une mémoire toujours fragmentaire, des souvenirs plein d'ombres, des refoulements inévitables ? Il a en outre infusé une poésie remarquable, qui donne le véritable ton à cet écrit.
Lien : https://lireecrireediter.ove..
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Ce livre est agréable à lire bien sûr, l'écriture est maîtrisée, et l'histoire du narrateur/de l'auteur est intriquée dans l'histoire de Nice, lui marqué par une identité qu'il cherche, elle marquée par une identité qu'un gars au volant d'un camion blanc a essayé de lui ôter.
Mais ce livre m'a rendu un peu… mélancolique? Un peu à l'image de « Quand Dieu boxait en amateur ». Dans celui-là c'était l'histoire du père, dans celui-ci l'histoire de la mère, mais surtout, c'est l'histoire d'une rencontre ratée. C'est l'histoire de fils qui ne rencontrent pas la personne qu'est leur parent. Et c'est douloureux à lire, douloureux de se dire que leur vie a duré des années, 50, 60 ans sans qu'ils ne comprennent à quel point ils avaient été aimé. Sans qu'ils ne comprennent qui étaient réellement leurs parents. Et toutes ces années à vivre avec cette blessure, la blessure de l'enfant bien sûr, parce que même à 60 ans on reste l'enfant de ses parents, mais aussi la blessure du parent qui n'a pas su, qui n'a pas pu, qui souvent a fait de son mieux…
Alors il en sort des livres magnifiques, remplis des sentiments qui n'ont pas pu être dits. Mais mon coeur d'enfant et mon coeur de maman se retrouvent après la lecture, mélancolique de penser à ces rencontres qui ne se sont pas faites. Peut être que de lire ce genre d'écrits permet de remettre en lumière nos propres relations avec nos parents. Peut être qu'ils nous permettent de relativiser sur ce que l'ont peut apporter à nos enfants. J'espère que les miens n'auront jamais cette sensation d'être passés à côté de nous…
Lien : https://stephalivres.wordpre..
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J'ai adoré ce livre. Je ne pense pas que l'auteur avait pour objectif d'écrire un thriller et pourtant c'en est bien un! Qu'est-ce qui a tué l'amour de ce petit garçon pour sa maman? L'auteur écrit une vraie enquête familiale; découvre et nous donne la clé du mystère. Un livre qui nous rappelle que les secrets de famille peuvent la faire imploser. Un style simple, efficace, des descriptions profondes, émouvantes. Je conseille vivement!
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Un bel ouvrage sur la quête de la mère par un homme qui n'a jamais su poser les mots sur ses sentiments envers elle. Eric Fottorino illustre ici le fossé qui peut se creuser avec les autres quand on fait partie d'une famille différente de celle présentée comme "traditionnelle". L'influence néfaste de la grand-mère, les deux pères étrangers qui disparaissent, etc. Il faut attendre de nombreuses années pour que le personnage principal se décide à creuser son passé pour retrouver les traces de sa mère jeune et des événements qui ont forgé sa personnalité si atypique. Un voyage sera nécessaire pour réparer les liens brisés il y a des années. Mais en terme de famille, rien n'est jamais définitif.
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Un livre écrit sur la mère de Eric Fottorino, mère qu'il n'a jamais réussi à appeler par ce doux mot: maman
Dix-sept ans,c'est l'âge de sa mère quand il vient au monde
à Nice.
Cinq décennies ,après la révélation d'un secret de famille, il part à la recherche de ses souvenirs dans cette ville baignée de soleil.
L'auteur nous dit avec beaucoup de justesse combien il est difficile de s'aimer et se le dire.
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