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EAN : 9782366511383
268 pages
Paul et Mike (01/09/2021)
4/5   9 notes
Résumé :
Ella, Pierre et Juliette sont amis depuis le lycée. Confiés pour raison sanitaire aux Embruns, une vieille maison en bord de falaise aux confins du Cotentin, les trois trentenaires et leurs conjoints respectifs vont rapidement affronter un virus bien plus pernicieux. Au rythme des assauts de la Manche, au coeur des rires et des tempêtes, les premiers symptômes se propagent : secrets et non-dits, jalousie, trahison, rancoeur et amertume.
L'épidémie n'épargnera... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je remercie d'ores et déjà chaleureusement Les Éditions Paul et Mike, ainsi que Babelio, pour l'envoi de ce roman, choisi dans la liste réjouissante de la dernière Masse Critique!

• Quel joli livre, à la couverture illustrée de tons pastels, aux couleurs changeantes de l'océan. C'est ce qui a tout d'abord attiré mon oeil. le graphisme est très doux, (renforcé par la texture satinée de la couverture!), l'aquarelle fait la part belle à la nature. Elle fige le paysage morne d'une mer assombrie par le gros temps, laissant dans un second temps l'oeil du lecteur, encore dans l'expectative du récit, se poser sur cette petite maison qui ne tient plus qu'à un fil au flanc de la falaise, menaçant de s'écrouler dans cet océan terne.

Nous sommes dans le Cotentin et "la tempête approche", dans tous les sens de cette expression.

• Ella, Juliette et Pierre sont d'anciens copains de lycée. Si certains se contentent de se retrouver sur des sites dédiés aux amitiés nostalgiques, ce trio là, arrivé à la trentaine, n'a jamais coupé le fil de leur relation.
Aux prémices d'une crise sanitaire dont personne n'a encore saisi la gravité, les trois amis se retrouvent avec leur conjoint respectif dans la maison de famille d'Ella, en Normandie. le cadre est idyllique : sentiers côtiers, la mer à perte de vue, la falaise et sa plage en contrebas...
L'annonce d'un confinement, perçu comme l'occasion d'aller se mettre au vert quelques jours, sert de prétexte à un joyeux regroupement. le récit s'ouvre sur les arrivées de chacun dans la bâtisse d'Ella et son époux Tom, dans une ambiance qui se voudrait joviale.

Or, nous, lecteurs ayant vécu cette période, nous savons bien déjà que cette retraite rurale ne pourra pas s'en tenir à une "petite semaine sympa entre potes"...

L'auteure est prompte à rentrer sans ambages dans la satire sociale, maniant ces petits agacements qui viennent tirer les fils de ce tissu amical si soyeux, créant l'amorce d'accrocs bien plus profonds.

Dès son arrivée, le conjoint de Juliette, Marcus, businessman patenté, s'autorise un "mépris de caste", jaugeant ce trou perdu et ceux qui l'habitent, à l'aune de son bel appartement haussmannien. Pierre quant à lui, un des trois amis de lycée, passe le seuil de la masure de granit, déjà déçu de s'apercevoir que son conjoint Malik, et lui-même, logeront dans la cabane de jardin, et non dans la suite rénovée à l'étage.

• Au fil des pages, émergent des discordes latentes conjugales, de petites jalousies, des antipathies franchement affichées. Dans un huis-clos contraint, confinement sanitaire oblige, la tension, générée par une cohabitation finalement moins choisie que contrainte, va monter crescendo.
L'amitié que chacun croyait être un ciment immuable de leurs relations va s'étioler. Empreintes d'un malaise diffus, certains relations vont laisser place aux dissensions et au ressentiment:
"Juliette trouvait même qu'il se complaisait quelque peu à flotter dans un bain d'idées noires , toujours persuadé d'être unique, incompris, ce qui avait agacé la jeune femme plus d'une fois par le passé." (P.96)

Quant à la politesse, habituellement seule garante du maintien d'une certaine paix sociale, elle ne pourra plus suffire à freiner les instincts de rivalité, les petites mesquineries et bassesses entre "amis" (de 30 ans !!)

A mesure qu'à l'extérieur l'épidémie progresse et que les informations se font plus anxiogènes, que le mauvais temps se déchaîne, à l'intérieur de la maisonnée, jalousie, amertume et colère se font plus prégnantes :
"Bien sûr, elle était sincèrement heureuse de voir son amie épanouie, amoureuse d'un homme gentil et charmant. Mais une partie plus sombre d'elle jalousait avec aigreur le couple qu'Ella et Tom formait (P.122).

Et plus le huis-clos est oppressant, plus les ressentiments s'aiguisent :
"Pierre, que tout le monde qualifiait de fragile, qu'elle-même affublait du surnom de chaton sans défense, n'avait au final jamais eu à endurer le moindre obstacle dans sa vie lâchement subie. [...] Elle pria avec aigreur que Malik abandonne son conjoint sur le bord de la route. Qu'il se retrouve seul et désoeuvré. (P.185)

• Mais d'où vient l'aisance d'Emma de Foucaud à égratigner ainsi ses personnages, à les étriller en pointant leurs petits travers presque de façon caricaturale? La toute fraîche écrivaine est aussi comique de stand-up confirmée: "Toulouse Comedy Night", "Cap ou pas cap comedy", "Trop tard pour annuler", sans oublier son blog dont j'ai extrait cette petite phrase qui donne le ton :
"Utiliser « rayonnement » et « vivre-ensemble » dans la même phrase, ça me donne envie de faire des meetings à Roubaix"!

Et comment ne pas faire le lien entre cette capacité d'écriture caustique et acérée, et les portraits de plus en plus acerbes qu'elle va dresser de ses protagonistes, habituée qu'elle est à s'inspirer de situations vécues, pour appuyer là où ça fait mal.

Si Emma de Foucaud est sans concession dans sa radiographie des relations sociales, elle "pousse le bouchon" encore un peu plus loin en déshabillant ensuite chacun de ses personnages, les obligeant à se dévoiler tels qu'ils sont, sans filtre et dans ce qu'ils renferment de plus intime, de secret, voire honteux. Affleurent alors la culpabilité, le remord, le regret. Et a ce jeu là, ce ne sont pas toujours les plus antipathiques qui sont perdants au "déshabillage"...

Même les coeurs tendres finissent par révéler leur facette plus sombre:
"Malik secouait désormais la tête dans tous les sens, haletant. À la merci des horreurs de ses souvenirs. Pierre ressentait une force phénoménale. Obscure, inavouable, mais décuplée. Il détenait entre ses mains le contrôle total de cet être qui dormait à ses côtés. Il pouvait choisir de le libérer ou non de sa torture. Pour la première fois, Pierre eut l'impression d'être le bourreau d'un autre et non uniquement le tortionnaire de sa propre âme mutilée." P.139

• Ce roman se lit avec fluidité, sans que jamais "le soufflé ne retombe" et la forme du récit n'est pas en reste : il est présenté comme un journal, tenu quotidiennement, débutant au 15 mars (avec pour une même journée plusieurs entrées), mais surtout, il alterne avec des incursions épistolaires, mettant en scène un personnage inconnu, qui retrace sa relation tragique avec un certain Édouard. Si cette alternance de récits est intriguante, elle maintient un intérêt croissant pour les deux histoires, l'une contemporaine en pleine crise sanitaire, l'autre semblant surgir du passé, jusqu'au point de jonction, qui donne encore plus de sens à cette "étude sociologique en milieu clos"!! C'est très habile.

"Quatre murs de granit" ou la chronique d'une implosion annoncée. Si le granit est solide, les relations, elles, grignotées par les non-dits et les apparences trompeuses, se fissurent. Quelles conséquences sur un groupe, sur un couple ou sur une amitié lorsque le vernis a irrémédiablement craqué ?

On aurait pu craindre que l'auteure ne s'en tienne à un "jeu de massacre jouissif", tirant à coups de boulets dans ce jeu de quilles. Mais elle a su avec aisance alterner les critiques incisives avec des apartés plus sensibles, dévoilant certains personnages sous un jour plus intime, explorant la "mécanique interne", les blessures personnelles, nous invitant dans l'humanité des protagonistes.
J'aurais apprécié que la figure de Juliette soit un peu plus fouillée, ses failles plus explicitées, mais j'ai été très séduite par la subtilité du procédé visant à "retourner" un personnage : la face communément acceptée comme plaisante par tous faisant place à un côté beaucoup plus sombre... Et inversement !
Emma de Foucaud m'aura fort bien convaincue qu'il ne faut pas se laisser abuser par les apparences...
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Un grand merci à Babelio/Masse Critique ainsi qu'aux éditions Paul & Mike pour l'envoi de ce roman, qui faisait partie de ma « longue » liste de livres à lire.
En pleine épidémie de Covid, Ella, Juliette, Pierre et leurs conjoints décident de vivre ensemble la période de confinement qui est imposée et mettent le cap sur le Cotentin pour s'installer aux "Embruns", la vieille maison que restaurent Ella et son mari Tom.
Amis d'enfance ils s'entendent plutôt bien et même s'ils ont des caractères très différents tout devrait bien se passer.
Ella et Tom ont abandonné leur vie parisienne pour venir s'exiler dans cette vieille maison familiale perdue au milieu de nulle part afin de concrétiser leur rêves : Les photos réalisées par la jeune femme au cours de ses longues promenades sur les chemins isolés battus par les vents font le bonheur des agences touristiques de la région et lui permettent de vivre de sa passion, quant à Tom son restaurant bio tourne à plein régime.
Juliette semble avoir une autre vie dans sa tête et se laisse porter par les évènements, et Marcus ne voit pas l'utilité de s'enfermer dans cette maison qu'il déteste ; Marcus déteste tout ce qui perturbe sa vie et n'aime pas être contrarié.
Quant à Pierre et Malik ils donnent l'apparence d'un couple soudé.
Pas de chapitres dans ce roman, chaque personnage est mis en avant au cours des différentes journées dont la date est précisée.
Au fil des pages une voix off nous dévoile un douloureux drame passionnel très ancien, mais l'auteure ne donne aucun indice sur l'identité de la personne à qui elle appartient et qui porte en elle cette blessure toujours aussi vive.
Elle sera révélée à la fin, et le suspens est habilement maintenu car nous passons en permanence du présent au passé.
Le présent ce sont ces retrouvailles forcées qui prennent des allures de vacances, mais très vite l'ambiance devient pesante. Les faiblesses des six amis apparaissent et sont évidemment impardonnables aux yeux des autres, et quand la maladie frappe à la porte des « embruns » l'entente et la complicité n'existent plus.
Ils font face malgré tout, mais à la fin de ce huis clos ils ont déjà compris que rien ne sera plus comme avant.
Emma de Foucaud distille par petites touches les secrets, les non-dits et les failles de chacun et personne n'est épargné.
Ce roman est une belle découverte pour moi et je le relirai certainement, pourquoi pas au cours d'un de mes nombreux séjours en Bretagne dans un cadre rappelant « les Embruns » avec la mer en bruit de fond. Ambiance assurée…
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Mon humble ressenti post-lecture: un premier roman terriblement attachant mais dramatique.

En achetant ce premier roman d'Emma de Foucault je m'attendais à retrouver de l'humour et des moments de rires. Cela a été tout le contraire. Très bien écrit il n'y a rien à redire mais terriblement dramatique.
Les descriptions de personnages sont si complètes qu'on s'attache à eux, comme si on les connaissait. Et notre région du Cotentin est mise à l'honneur dépeinte comme un tableau.
De plus, la période de pandémie et du premier confinement est d'une réalité frappante, elle ravive nombre de récents souvenirs: la migration vers le Cotentin, la hausse du nombre de contaminés, le stress relayé par les médias… Se retrouver à 3 couples dans une maison au bout du monde dans ces conditions, donne un climat presque oppressant. On veut savoir comment cela va se terminer
Je ne peux pas aller plus loin dans mon ressenti sans risquer de raconter l'histoire.
Je dirais juste que ce n'est pas un livre léger à lire en période de déprime.
À découvrir et partager.
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Ça parle de quoi ?

Alors qu'une pandémie frappe le monde entier et que des mesures sanitaires sont mises en place, un groupe d'amis decident de se confiner ensemble en bord de mer dans le Cotentin.
Les non-dits et les secrets vont alors surgir lors de cette cohabitation forcée.

Ce que j'en pense.

Oui oui je sais, la pandémie, les confinements, l'isolement etc … ça fait presque deux ans qu'on est dedans et on a pas forcément envie de se plonger dans un roman qui aborde ce sujet si actuel.

Et pourtant, ici, Emma de Foucaud réussi l'exploit de pratiquement nous faire oublier la raison pour laquelle ces amis de lycée et leurs conjoints se retrouvent à vivre ensemble.
Les histoires personnelles de chacun et chacune prenant rapidement le pas sur le reste.
Sans oublier le sens du suspens de l'auteure, qui distille des indices au fils de pages mais laisse le lecteur deviner facilement ce qu'il adviendra aux protagonistes.
Pour une fois j'ai réussi à deviner petit à petit les intrigues 🤣

Un joli premier roman sur la puissance des liens amicaux, entre autres.
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Le scénario de base est simple : trois couples décident de se confiner dans une vieille maison normande, dans le genre coupée du reste de la civilisation. Tourmentés, ils portent en eux des secrets et sur eux le poids de leur masque social. Pour corser le tout, l'intrigue a lieu au tout début du premier confinement… Vous l'imaginez bien : les illusions vont rapidement laisser place à un regain d'humanité, non sans casser quelques oeufs.

L'ensemble de la trame narrative se déroule sur quelques jours, même si le roman intègre des éléments du passé et du futur. Sans trop vous en dévoiler, ces trois tableaux apportent de la saveur et de la profondeur à une histoire prenante.

Une science du rythme au service d'une plume affûtée

J'ai pris une claque. Son sens du rythme, sa capacité à passer du rire au drame est très forte, surtout en début de carrière. Happés : c'est ça que vous allez vivre. Dans ce roman, Emma de Foucaud va vous balader, vous émouvoir à bien des égards. (...)
Lien : https://www.lespotdurire.fr/..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ella s'allongea de son côté du lit conjugal, sans un regard pour Tom qui continuait la lecture de son roman fantastique. Non pas qu'elle fut fâchée à proprement parler, seulement, elle ne savait plus quoi lui dire. Parfois la bulle de tristesse gonflant entre deux amants peut être si grosse qu'aucune parole ne saurait la crever.
Alors le meilleur choix semble être celui de l'apprivoiser, comme on accueille un indigent à sa table. Épuisée, elle éteignit d'un geste machinal sa lampe de chevet et se blottit sous sa couette, tournant le dos à son mari. (P.79)
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Marcus réalisa alors que le pire dans la mort n'était pas de laisser des proches orphelins et endeuillés, mais bel et bien de partir inconnu, de mourir incompris. (P.179)
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Son amie ne comprenait pas que le maquillage ne servait pas qu’à séduire, à plaire ou à attirer les regards. Non. Il servait surtout à camoufler les marques troubles du passé et il constituait un masque derrière lequel cacher la laideur de l’inquiétude.
Il figeait, en quelque sorte, le visage dans une expression neutre et lisse, encourageant l’âme de sa propriétaire a, à son tour, camoufler rides, plaies et cicatrices disgracieuses.
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Pourquoi diable ne suis-je jamais comme tout le monde, gémit l’homme en pensée ? Pourquoi fallait-il toujours que son corps fonctionne à l’envers et que son être tout entier marche à contresens, à reculons, sur les chemins de l’existence ?
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Je voulais remercier nos hôtes pour leur accueil. Si, si, sincèrement. Même si parfois, lorsque l’on voit l’état de la maison, il est difficile de savoir si nous sommes des invités ou des ouvriers à bas coût. C’est pas bête remarquez. En trois semaines de confinement, vous pourriez quasiment avoir un salon habitable !
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